Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 André Gide

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mimi54
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MessageSujet: Re: André Gide   André Gide - Page 4 EmptyMer 9 Fév 2011 - 21:43

La porte étroite

Je ne garderai pas de cette lecture un souvenir impérissable, bien au contraire. Elle s’est faite dans un climat de révolte quasi permanent. En outre je l’ai trouvée terriblement ennuyeuse, austère, et en tout cas plus efficace que n’importe quel somnifère.
Je n’ai pas aimé le style qui m’est paru immédiatement ampoulé, austère, tarabiscoté. Tout cela est désuet, vieillot, démodé. Il m’a fallu lutter pour lire les 30 pages que je m’assignais à chaque fois que j’ouvrais ce livre pour ne pas dormir.

Que dire de l’histoire ?
Jérôme aime Alissa, sa cousine, qui l’aime également. Pour l’instant tout va bien, il suffirait qu’ils se marient, qu’ils eurent beaucoup d’enfants, comme le prescrit la religion Chrétienne, et l’affaire serait entendu en on en reparlerait plus….. Et bien non, la sœur d’Alissa, Juliette, aime aussi Jérôme (quel succès !!), et Alissa s’en rend compte. Et c’est là que l’affaire tourne au vinaigre. Alissa se laisse aller, aspire à la sainteté, et, sublime un amour jusqu’au renoncement, au sacrifice.

D’emblée l’austérité protestante est palpable, et le moindre bout de chair visible, ou couleur inappropriée provoquent scandale et indignation.

« Et vous appelez aussi de deuil ce châle rouge qu’elle a mis sur ses épaules ? Flora, vous me révoltez ! S’écriait ma mère »
Au sein de cette famille, personne ne sait ce qu’il veut ; On hésite, se pose des questions, se tourmente, se déchire……

« Tout, en elle, n’était que question et qu’attente…Je vous dirais comment cette interrogation s’empara de moi, fit ma vie »

Alissa est versatile : quand elle est seule, elle écrit des lettres enflammées (dans la limite de la morale, tout de même !!!) à Jérôme, et quand ce dernier est dans les parages, elle ne veut pas le voir, et veut souffrir vertueusement……Elle aurait mérité d’être secouée un bon coup.

La clé de ce livre, se situe dans les Evangiles « Efforcez vous d’entrer par la porte étroite, car la porte large et le chemin spacieux mènent à la perdition, et nombreux sont ceux qui y passent » C’est cette voix du sacrifice, de la recherche de la difficulté suprême qui guident les personnages dans la conduite de leur vie…..
Cette vie de rigueur leur plait ; ils la recherchent. Alors Alissa souffre, c’est un fait, mais je reste impassible devant tout cela. C’est son choix, qu’elle assume. Qu’ils assument, car Jérôme est tout autant illuminé, endoctriné. Ils prennent tout pour vérité absolu ; il n’y a aucune lace pour le libre arbitre, et le sens critique…..

J’ai été, malgré moi, imprégnée de religion, et d’histoires de ce genre, et je me suis battue pour imposer mon propre chemin ; alors j’ai du mal à comprendre cette résignation, ce manque de combativité.
Toute idée de sacrifice, de vie excluant tout plaisir, le refus du bonheur, de culpabilité permanente m’est insupportable. Ce sont des notions très Chrétiennes auxquelles ne n’adhère pas du tout.

C’est pourquoi, je suis persuadée qu’il faut être infiniment croyant pour apprécier ce livre. Un chef d’œuvre pour certain, une histoire sans intérêt pour moi. Je n’ai pas aimé du tout. Je l’ai lu, presque en intégralité, puisque j’ai survolé de très haut je journal d’Alissa, parce qu’il était court. Sinon, il aurait connu le même sort que ses camarades plus copieux : retour au placard.




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MessageSujet: Re: André Gide   André Gide - Page 4 EmptyLun 21 Mar 2011 - 19:27

Cette biographie de Gide me tente...mais il faut que je révise avant...
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MessageSujet: Re: André Gide   André Gide - Page 4 EmptyLun 21 Mar 2011 - 22:08

mimi54 a écrit:


J’ai été, malgré moi, imprégnée de religion, et d’histoires de ce genre, et je me suis battue pour imposer mon propre chemin ; alors j’ai du mal à comprendre cette résignation, ce manque de combativité.
Toute idée de sacrifice, de vie excluant tout plaisir, le refus du bonheur, de culpabilité permanente m’est insupportable. Ce sont des notions très Chrétiennes auxquelles ne n’adhère pas du tout.


Etant chrétien, je me retrouve pas beaucoup dans les notions que tu y attribues. C'est très douloureux d'avoir réçu une éducation qui t'a donné une telle impression, mais peut-être il est temps de voir comment vivent des croyants d'aujourd'hui leur foi?
Cela me rend très triste quand on ressent les choses comme ça.
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MessageSujet: Re: André Gide   André Gide - Page 4 EmptyMer 30 Mar 2011 - 18:11

Souvenirs de la Cour d'Assises

(dans la collection Folio à deux euros) .

La machine judiciaire exerçait sur André Gide « une fascination irrésistible ». Aussi il a insisté longtemps auprès du maire de Cuverville pour être inscrit sur la liste des "jurés volontaires".
Pendant douze jours, du 13 au 25 mai 1912, Gide fut choisi pour être juré lors d'une session aux Assises de Rouen.

Attentats à la pudeur, viols, vols, infanticide, incendie volontaire, passage à tabac, meurtres…les affaires jugées se succèdent…
Gide observe attentivement le déroulement des procès et prend des notes. Sait-il déjà qu’il voudra publier un compte-rendu de cette expérience qui ira bien au-delà de ce qu’il imaginait ?
"Profit très espéré, mais dépassant toute espérance.", a-t-il noté dans son Journal le 4 juin 1912.

« Je tiens à dire ici que ce qui m’a peut-être le plus frappé au cours de ces séances, c’est la conscience avec laquelle chacun, tant juges qu’avocats et jurés, s’acquittait de ses fonctions. J’ai vraiment admiré à plus d’une reprise, la présence d’esprit du président et sa connaissance de chaque affaire ; l’urgence des interrogatoires : la fermeté et la modération de l’accusation ; la densité des plaidoiries, et l’absence de vaine éloquence ; enfin l’attention des jurés. Tout cela passait mon espérance, je l’avoue ; mais rendait d’autant plus affreux certains grincements de la machine. »

La justice humaine est fragile, précaire…parfois injuste… La justice humaine …une « chose douteuse et précaire ». Gide le ressent « jusqu’à l’angoisse. »

André Gide note que dans les jurys populaires certains jurés sont limités intellectuellement et la plupart intimidés.
La justice se rend plutôt avec leur coeur qu’avec la raison.
Comment ne pas se laisser facilement influencer par les opinions extérieures, la presse, les a priori, les préjugés, les ressentis ?...

- certaines personnes qui doivent être jugées ne favorisent pas l’indulgence...
« Aucun n’a pu suivre l’argumentation d’Arthur, que moi-même je n’ai suivie qu’avec beaucoup de peine. Il a une sale tête, un physique ingrat, une voix déplaisante ; il n’a pas su se faire écouter. L’opinion est faite… »
- Le contraire peut se produire :
« L’accusé bénéficia du peu de sympathie que nous pouvions accorder à la victime. »
- Des défenses s’avèrent très mal préparées, voire inexistantes.
- Les prévenus ne comprennent pas forcément le vocabulaire des magistrats. Celui à qui l’on posa cette question ne sut pas répondre :
« Comment avez-vous obvié à cet inconvénient ? » .
- Des juges, dès le début du procès cherchent à orienter la vision influençable des jurés.
« Le juge interrogateur arrive avec une opinion déjà formée sur l’affaire dont le juré ne connaît rien. La façon dont le président pose les questions, dont il aide et favorise tel témoignage, fût-ce inconsciemment, dont au contraire il gêne et bouscule tel autre, a vite fait d’apprendre aux jurés quelle est son opinion personnelle. »
« Un juge habile peut faire du jury ce qu’il veut. »

« A présent je sais par expérience que c’est une tout autre chose d’écouter rendre la justice, ou d’aider à la rendre soi-même. Quand on est parmi le public on peut y croire encore. Assis sur le banc des jurés, on se redit la parole du Christ : Ne jugez point »

Les décennies ont passé…Je pense que les choses ont évolué…mais je ne peux m’empêcher de penser à l’affaire d’Outreau…

Autre sujet deréflexion:

« Janvier sourit facilement, joliment ; il a du mal à ne pas sourire ; il est de belle humeur. Il ne plaisante pas mais on sent encore frémir dans ses réponses un souvenir de l’amusement du vol…On jouait à voler, à chaparde… »
Gide cite alors John Galsworthy :
« He can be saved now. Imprison him as a criminal, and I affirm to you that he will be lost. »
(ce sont les paroles que John Galsworthy prête à l’avocat défenseur dans « Justice ».)


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MessageSujet: Re: André Gide   André Gide - Page 4 EmptyDim 10 Avr 2011 - 19:46

THESEE

Thésée, arrivé à la fin de sa vie parle. Ce Thésée, André Gide a mis une vingtaine d'années à l’écrire. Il est le dernier livre qu’il va publier de son vivant, en 1946.
Le propos de Thésée est proche de celui qui sous-tend l’œuvre de l’auteur. L’homme naît avec un héritage (hérédité, devoirs, culture, croyances…) et il tient à lui seul de se construire et, dans la quête de lui-même, de construire sa vie.

« C’est pour mon fils Hippolyte que je souhaitais raconter ma vie, afin de l’en instruire ; mais il n’est plus, et je raconterai quand même. »

« Il s’agit d’abord de bien comprendre qui l’on est, disais-je à Hippolyte ; ensuite il conviendra de prendre en conscience et en main l’héritage.»


A Thésée, son père Egée disait déjà :
« Les armes importent moins que le bras qui les tient ; le bras importe moins que l’intelligente volonté qui les guide. Voici les armes.[…]Sois homme. Sache montrer aux hommes ce que peut être et se propose de devenir l’un d‘eux. Obtiens-toi. »

Héros mythologique, Thésée n’a pas peur des dieux. Contre eux, il va s’affirmer. Pour lui, l’homme ne doit rien demander aux dieux, ne rien en attendre :

« Les premières et les plus importantes victoires que devait remporter l'homme, c'est sur les dieux ».
« Les hommes, lorsqu'ils s'adressent aux dieux, ne savent pas que c'est pour leur malheur, le plus souvent, que les dieux les exaucent ».


C’est à l’homme seul de construire son destin et pour cela, se connaître d’abord, « bien comprendre qui l'on est ». L’homme doit ensuite aller seul jusqu’au bout de lui-même, il « doit faire jeu des cartes qu'il a », tout au long de sa vie avec courage et détermination car « l’on n'obtient rien de grand ni de valable, ni de durable sans effort ».
Il convient d’avancer toujours, en regardant vers le futur et en restant maître de soi-même et de ses décisions, d’être libre :

« Ainsi fus-je toujours moins occupé, ni retenu par ce que j'avais fait, que requis par ce qui me restait à faire ; et le plus important me paraissait sans cesse à venir ».
« ... sache rester maître de toi : tout est là ».
« Je n'avais rien promis du tout et tiens surtout à rester libre. C'est à moi-même que je me dois ».


On se souvient du mythe de Thésée. Le Roi de Crète, Minos, exige chaque année d’Athènes, en représailles pour la mort de son fils, un tribut. Des jeunes athéniens sont livrés à un monstre, le Minotaure. Thésée, fils du roi d’Athènes, se rend un jour volontaire.
La découverte du palais de Minos est pour lui un enchantement, et Ariane, la fille de Minos, une enchanteresse :
« Quelle terrasse ! et quel palais ! O jardins en extase, suspendus dans l’attente d’on ne savait quoi, sous la lune ! C’était au mois de mars ; avec une tiédeur délicieuse palpitait déjà le printemps… Ariane courut à moi, et tout de go colla ses chaudes lèvres aux miennes, si véhémentement que nous chancelâmes tous deux ».
Ariane, amoureuse de Thésée, lui indique comment vaincre le Minotaure et ressortir du dédale où le monstre est enfermé:
« Ce qu’il faut tout de suite que tu comprennes, c’est que ta chance unique, c’est de ne jamais me quitter. Entre toi et moi, désormais, c’est, ce doit être : à la vie, à la mort. Ce n’est que grâce à moi, que par moi, qu’en moi, que tu pourras te retrouver toi-même. C’est à prendre ou à laisser. Si tu me laisses, malheur à toi. Donc commence d’abord par me prendre. Sur ce, m’abandonnant son quant-à-soi, elle s’offrit à mon étreinte, et me retint entre ses bras jusqu’au matin. Le temps, il me faut l’avouer, me parut long. […] Ensuite elle disait : « Tu m’as promis. » Je n’avais rien promis du tout, et tiens surtout à rester libre. C’est à moi-même que je me dois. »

L’architecte Dédale qui a construit le labyrinthe conseille Thésée :
« j’ai imaginé ceci : relier Ariane et toi par un fil qui te permettra, te forcera de revenir à elle après que tu t’en seras écarté. […] reviens à elle, ou c’en est fait de tout le reste, du meilleur. Ce fil sera ton attachement au passé. Reviens à lui, reviens à toi, car rien ne part de rien, et c’est sur ton passé, sur ce que tu es à présent, que tout ce que tu seras prend appui ».

Thésée échappe aux pièges du Labyrinthe, tue le Minotaure, se défait d’Ariane, enlève puis épouse Phèdre la sœur d’Ariane, et fonde Athènes.

Ainsi se termine le Thésée d'André Gide:
« J'ai fait ma ville. Après moi, saura l'habiter immortellement ma pensée. C'est consentant que j'approche la mort solitaire. J'ai goûté des biens de la terre. Il m'est doux de penser qu'après moi, les hommes se reconnaîtront plus heureux, meilleurs et plus libres. Pour le bien de l'humanité, j’ai fait mon œuvre, j’ai vécu ».

Ce texte est très beau, le récit remarquablement construit et l’écriture fluide. André Gide reprend le mythe mais fait de Thésée un homme, et cet homme se transforme lui-même, et tout seul, en héros.
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MessageSujet: Re: André Gide   André Gide - Page 4 EmptyLun 11 Avr 2011 - 14:24

J'ai tenté de rédiger mon commentaire des Faux Monnayeurs sur Word et au moment d'enregistrer tout s'est perdu...Je ne sais pas si j'aurai le courage de le refaire... hs
Heureusement, sur ce fil, d'autres ont posté sur Les Faux-Monneyeurs.


Dernière édition par coline le Lun 11 Avr 2011 - 14:36, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: André Gide   André Gide - Page 4 EmptyLun 11 Avr 2011 - 14:33

Corydon

Corydon est un essai sur l'homosexualité et la pédérastie.

Il est composé de quatre dialogues.
Les deux premiers ont bénéficié d'un tirage privé en 1911 : les amis à qui Gide a soumis cet essai, comme Roger Martin du Gard, se sont effrayés du scandale possible et des conséquences sur la vie publique et privée d’André Gide. Les douze exemplaires « furent remisés dans un tiroir ».
L’'ensemble des quatre bénéficia d'un deuxième tirage privé en 1920 (vingt six exemplaires), puis d'une publication en 1924 sur laquelle apparaissait le nom de l'auteur.
Gide fut prudent par crainte de ne pas faire de peine à quelques personnes, « une âme en particulier », dit-il.
Ce n’est que dans le contexte personnel de la séparation d'avec sa femme qu’il se résolut à assumer cette œuvre .
Son ami Paul Claudel lui demanda de renoncer à la publier, avant de rompre avec lui devant son refus.

Il faut savoir que longtemps avant, dans un ouvrage juridique de son propre père, Paul Gide, sur La Condition de la femme dans l'Antiquité, André Gide avait trouvé des propos violents contre l’homosexualité ,tels que "vice infâme", ou "amour sans nom"…Propos qui l’avaient profondément blessé.
Sa vie personnelle s’inscrivit donc douloureusement sur des mensonges.

Dans Les Bucoliques de Virgile (écrit sous forme de dialogues), Corydon est un berger.
André Gide fait dans son essai se rencontrer et dialoguer le docteur Corydon, partisan de l’uranisme, avec un visiteur hétérosexuel.
Il ne s’agit donc pas d’une confession de Gide mais d’un dialogue où les arguments de Corydon, scientifiques, historiques, artistiques, remettent en cause la morale en cours que lui oppose son visiteur.

Je ne forme bien sûr aucun jugement personnel sur le sujet traité, l’uranisme….
Je veux bien entendre les arguments pro-uranistes de Corydon mais je n’ai pas apprécié cette lecture.

Au début de l’essai, Corydon montre une tristesse et, avec mesure, débute le dialogue où il défend son idée de l’homosexualité comme partie intégrante de l’espèce humaine. Ce qui met volontiers le lecteur bien disposé à l’écoute de ses arguments.
« Je gage qu'avant vingt ans, les mots: contre nature, antiphysique, etc., ne pourront plus se faire prendre au sérieux. Je n'admets qu'une chose au monde pour
ne pas être naturelle: c'est l'oeuvre d'art. Tout le reste, bon gré,
mal gré, rentre dans la nature et, dès qu'on ne le regarde plus en
moraliste, c'est en naturaliste qu'il convient de le considérer. »


Puis il bascule progressivement vers ce qui semble une presque propagande où l'homosexualité est présentée comme la sexualité naturelle, voire comme le modèle d'excellence (il se réfère notamment à la biologie, et aussi au monde gréco-romain et en particulier à la Grèce antique, Sparte et Athènes.). L'hétérosexualité comme satisfaction du désir n’existerait que parce qu’elle a été inventée par la morale. Et enfin la pédophilie serait acceptable…

Je pense que la publication de cet ouvrage a dû provoquer des réactions violentes en son temps car il ne s’y montre pas plus modéré et ouvert que ceux qui soutiennent, encore aujourd’hui, que seule l’hétérosexualité est acceptable, la norme.

« L'homosexualité dans l'un et l'autre sexe est plus spontanée, plus naïve que l'hétérosexualité ».

« La décadence d'Athènes commença lorsque les Grecs cessèrent de fréquenter
les gymnases. »


Il y a plein de choses intéressantes et sans doute justes, de réflexions, de références de tous ordres dans cet essai mais je vais rester sur une impression désagréable. Elle n'a, me semble-t-il, rien à voir avec un manque d'ouverture de ma part mais bien plutôt avec une réaction de réticence devant des arguments si péremptoires et, pour certains, possiblement discutables…


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MessageSujet: Re: André Gide   André Gide - Page 4 EmptyLun 11 Avr 2011 - 15:06

Tu me donnes envie de me remettre à Gide, Coline. J'avais beaucoup aimé les livres de lui que j'ai, il y a bien longtemps, et c'est peut être le moment de le relire. Merci en tous les cas de tes commentaires si riches.
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MessageSujet: Re: André Gide   André Gide - Page 4 EmptyLun 11 Avr 2011 - 15:10

Arabella a écrit:
Tu me donnes envie de me remettre à Gide, Coline. J'avais beaucoup aimé les livres de lui que j'ai, il y a bien longtemps, et c'est peut être le moment de le relire. Merci en tous les cas de tes commentaires si riches.

Merci de ces encouragements Arabella...J'espère te retrouver prochainement sur ce fil...
Pour l'avoir "fréquenté" trop tôt sans grand enthousiasme, j'avoue avoir laissé Gide longtemps de côté...Je me suis régalée avec Si le grain ne meurt...J'en dirai un peu plus...mais je ne sais pas faire des commentaires courts... content
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MessageSujet: Re: André Gide   André Gide - Page 4 EmptyLun 11 Avr 2011 - 15:22

coline a écrit:
Corydon
Il y a plein de choses intéressantes et sans doute justes, de réflexions, de références de tous ordres dans cet essai mais je vais rester sur une impression désagréable. Elle n'a, me semble-t-il, rien à voir avec un manque d'ouverture de ma part mais bien plutôt avec une réaction de réticence devant des arguments si péremptoires et, pour certains, possiblement discutables…

Il est d'ailleurs étonnant que Gide ait opté pour une démonstration aussi caricaturale pour dénoncer une intolérance qui l'était déjà tout autant. A croire qu'il était convaincu de cette plus grande "pureté" naturelle (il parle de naïveté et de spontanéité) de l'homosexualité. Une vision idéalisée et imprégnée d'une approche plus esthétisante que naturaliste. Comme s'il fallait à tout prix démontrer la supériorité supposée d'un mode de sexualité sur l'autre. Au lieu de n'y voir que différentes formes d'expressions d'une même pulsion de vie et de désir. Marguerite Yourcenar avait une approche bien plus subtile et riche notamment dans les entretiens qu'elle a accordés à Matthieu Gallay (Les yeux ouverts).
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MessageSujet: Re: André Gide   André Gide - Page 4 EmptyLun 11 Avr 2011 - 17:09

Paludes est aussi très intéressant, avec sa critique de certains écrivains un peu "fumeux", c'est assez drôle à lire même si un peu déroutant :)
Il faudrait que je lise L'Immoraliste, aussi, et Les nourritures terrestres.
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MessageSujet: Re: André Gide   André Gide - Page 4 EmptyLun 18 Juil 2011 - 9:29

Les nourritures terrestres (1897)


André Gide - Page 4 20703610

Citation :
« La jeunesse intellectuelle française devra guérir du gidisme pour retrouver le mouvement de l'histoire. Comprendra-t-elle qu'être jeune à la manière de Ménalque ou de Nathanaël, c'est être terriblement vieux ? Cette quête des plaisirs, cette jouissance minutieuse et appliquée suppose des rentes, un patrimoine, dénoncerait la fin d'une race. »

Jean Guéhenno, Journal des années noires, 5 janvier 1944, Gallimard, 1947.

Difficile d’accrocher aux premiers passages des Nourritures (et des suivants aussi, mais l’habitude aidant, l’exaltation forcée du ton choque moins lorsqu’on avance dans la lecture). On ouvre le livre en lisant qu’il faut se débarrasser des livres, et même si on comprend que par « livres », Gide entend plus vraisemblablement parler de la culture et du savoir en général, cette affirmation d’une indépendance et d’une liberté totales vis-à-vis de la culture laisse à sourire… Gide apparaît aux premiers abords comme un homme rempli de paradoxes. On sent qu’il tente de prendre ses distances avec l’enseignement qu’il a reçu, sans pouvoir toutefois s’empêcher d’y revenir. Au milieu de tout ça, le lecteur est un peu perdu… Lorsque les dix premières pages d’un livre ne cessent de se contredire, faut-il jeter le livre au feu ou essayer d’aller voir plus loin, au moins pour rire un peu ?
Bon, j’ai eu envie de rire…

Tout n’est pas mauvais dans ces Nourritures, et de nombreux passages sauront rappeler au lecteur contemporain (forcément moderne, stressé, et blasé) qu’il faut savoir profiter des choses simples que la Nature peut nous offrir (c’est-à-dire des fruits purs, des fleurs, de la rosée, des jardins, des parcs et même des villes, si elles sont grandes, belles et ensoleillées). Quid des autres productions de la Nature, des inventions pas toujours reluisantes de son rejeton l’être humain ? Car la Nature, si on l’entend dans sa définition la plus étendue, regroupe également des éléments qui déplairaient certainement à Gide, qui n’entend dans ce terme-là que les productions simples et bêtes qui sortent de la terre.

Certains passages sont très mignons :

« Et notre vie aura été devant nous comme ce verre plein d’eau glacée, ce verre humide que tiennent les mains d’un fiévreux, qui veut boire, et qui boit tout d’un trait sachant bien qu’il devrait attendre, mais ne pouvant pas repousser ce verre délicieux à ses lèvres, tant est fraîche cette eau, tant l’altère la cuisson de la fièvre. »


Ils donnent envie de voir la vie de la même manière que Gide. Mais il y a quand même quelque chose qui cloche… Un doute pointe dans l’esprit du lecteur : faut-il faire un immense effort de concentration pour que chaque instant de l’existence ait l’air aussi exaltant que pour Gide, ou faut-il consommer les mêmes substances hallucinogènes que lui ? Rien d’inné là-dedans en tout cas.
La vie est-elle vraiment si belle qu’il faille faire tant d’efforts pour arriver à la percevoir de cette façon ? Il y a forcément quelque chose qui cloche s’il faut mobiliser toute son attention et sa concentration pour trouver que ce qui nous entoure est une porte d’accès direct au bonheur. Comme si personne n’avait déjà essayé. Si c’était aussi simple, ça se saurait non ?

Si Gide, comme il le clame lui-même, méprise autant la culture, l’éducation, les travaux intellectuels, si la vie –presque sauvage, dans le dénuement le plus complet- telle qu’il la décrit, peut très bien se passer de toutes ces inventions humaines, pourquoi y revient-il donc, à travers l’écriture par exemple ? Il y a de la mauvaise foi là-dedans…

Je ne critique pas la recherche assidue des plaisirs de Gide. Après tout, chacun fait comme il peut pour être heureux et trouver un semblant de sens à sa vie. Mais stigmatiser, comme il le fait, ceux qui ne se donnent pas la peine de trouver en chaque instant de leur vie une joie à consommer, c’est faire preuve d’une prétention difficilement égalable. Quid du commun des mortels, de tous ceux qui, contrairement à lui, n’ont pas eu la chance de pouvoir s’évader dans des pays lointains ? Car lorsque Gide nous parle de bonheur et d’émerveillement, jamais il ne se situe ailleurs que dans les lieux les plus idylliques de notre planète, faisant la liste de tous les sites qu’il a visités à l’instar d’un gamin tout fier de sa collection de cartes Pokémon.

Mais enfin, Gide n’est pas non plus un gentil bisounours sur toute la longueur des Nourritures. Il faut avouer que parfois il s’énerve, car le bonhomme n’aime pas tout ce qui « empêche l’homme d’être lui-même » (paradoxe encore jamais résolu).

« Au soir, je regardais dans d’inconnus villages les foyers, las de travail ; les enfants revenaient de l’école. La porte de la maison s’entrouvrait un instant sur un accueil de lumière, de chaleur et de rire, et puis se refermait pour la nuit. Rien de toutes les choses vagabondes n’y pouvait plus rentrer, du vent grollant du dehors –Familles, je vous hais ! foyers clos ; portes refermées ; possessions jalouses du bonheur.-«

Le bonheur se trouve n’importe où, nous dit Gide, mais voilà une chose qui fait exception, et pas des moindres : l’attachement en fait partie. Enfin, peu importe ce que dit Gide, puisqu’il nous conseille lui-même de ne pas l’écouter et de jeter ce livre après lecture. C’est peut-être la meilleure idée qu’il n’ait jamais eue…


(et comme je suis pas tout à fait méchante non plus, de beaux passages qui m’ont tout de même plus. Ils n’impliquent personne d’autre que Gide, mais chacun peut y retrouver du sien…)

« J’enrageais de la fuite des heures. La nécessité de l’option me fut toujours intolérable ; choisir m’apparaissait non tant élire, que repousser ce que je n’élisais pas. Je comprenais épouvantablement l’étroitesse des heures, et que le temps n’a qu’une dimension ; c’était une ligne que j’eusse souhaitée spacieuse, et mes désirs en y courant empiétaient nécessairement l’un sur l’autre. Je ne faisais jamais que ceci ou que cela. Si je faisais ceci, cela m’en devenait aussitôt regrettable, et je restais souvent sans plus oser rien faire, éperdument et comme les bras toujours ouverts, de peur, si je les refermais pour la prise, de n’avoir saisi qu’une chose. L’erreur de ma vie fut dès lors de ne continuer longtemps aucune étude, pour n’avoir su prendre mon parti de renoncer à beaucoup d’autres. »

« Nos actes s’attachent à nous comme sa lueur au phosphore ; ils font notre splendeur, il est vrai, mais ce n’est que notre usure. »

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MessageSujet: Re: André Gide   André Gide - Page 4 EmptyMer 31 Oct 2012 - 20:18

J'ai découvert Gide par les nourritures terrestres (1897) que j'ai bien apprécié. J'ai aimé le style, poétique par moments, toujours assez lyrique. Il ouvre des pistes de réflexions philosophiques. L'essentiel sont, dans la seconde partie surtout, les descriptions de moments de vie, des instantanés fixés (surtout en Afrique); les nourritures.
Mais là où j'ai vraiment accroché, sans doute aussi par plusieurs pensées convergentes avec les miennes, c'est dans les nouvelles nourritures (1935), titre qui suit dans le livre de poche. Court (77 pages) mais puissant. Plus philosophique encore. Plus de poésie mais des rencontres (dont un dialogue fameux avec Dieu) entrecoupées de ses pensées.
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MessageSujet: Re: André Gide   André Gide - Page 4 EmptyMar 27 Mai 2014 - 14:00

L’ Immoraliste (1902)


André Gide - Page 4 L-immo10

Grandiose d’énergie, mais aussi effrayé par la nouvelle morale que sa santé foudroyante lui procure, Michel réunit ses anciens amis pour plaider son innocence. Il raconte son histoire et sa longue maladie, surmontée à force de confiance et de volonté, abattue comme un ennemi physiquement appréhendable. L’ennemi disparu, Michel retrouve ses forces et se sent envahi par un appétit que même son ancienne vigueur ne lui avait permis de connaître. Vivre, ce n’est plus se reposer tranquillement sur le fil d’un temps qui se déroule à notre insu : il s’agit désormais de dompter la vie comme la maladie –d’ailleurs, la vie n’est qu’une maladie appréhendée avec toutes les forces physiques et mentales de l’individu.


Michel ne veut se fixer à nul endroit mais il est contraint de se discipliner au rythme de vie plus apaisé souhaité par sa jeune femme. Séjournant en Algérie puis en Italie, il fait mine de s’installer en Normandie, puis en Suisse, mais finit irrémédiablement par souhaiter un retour en Algérie alors qu’entre-temps, la maladie a changé de camp pour frapper son épouse. Comment un individu ayant triomphé de la maladie peut-il accepter le rythme de vie languissant d’une femme affaiblie ?


« Ce qu’elle appelait le bonheur, c’est ce que j’appelais le repos, et moi je ne voulais ni ne pouvais me reposer. »


S’il n’avait pas traversé cette phase de dépression physique et mentale avant de recouvrer son énergie, Michel aurait peut-être accompagné sa femme calmement dans sa convalescence. Désormais, il n’accepte plus aucun sacrifice qui ne lui soit pas destiné. Héritier des nouvelles conceptions physiologiques de son époque, André Gide relie le corps à l’esprit, et donc à la morale : « Il me semblait avoir jusqu’à ce jour si peu senti pour tant penser, que je m’étonnais à la fin de ceci : ma sensation devenait aussi forte qu’une pensée ». L’homme nietzschéen se dresse et se prétend impitoyable, brandit sa fierté et son amour-propre à la façon d’une revanche qu’il s’agit de prendre sur les souffrances morbides surmontées : « J’ai horreur de la sympathie ; toutes les contagions s’y cachent ; on ne devrait sympathiser qu’avec les forts ».


André Gide parvient à installer authentiquement son personnage dans les contradictions de sa nouvelle morale. Ses pensées et ses idées semblent elles-mêmes issues d’un parcours similaire à celui de Michel, mais peut-être parce qu’il est encore tôt, en 1902, d’avancer un individualisme aussi impudique et cruel, l’Immoraliste se réfugie derrière une platitude rhétorique qui ne permet pas à André Gide de rejoindre l’amoralisme dansant de Nietzsche. Voilà peut-être pourquoi Michel se contente de n’être qu’un « immoraliste ».


André Gide - Page 4 Dix_se10

Citation :
« Je ne pus dormir cette nuit, tant le pressentiment de mes nouvelles vertus me grisait. J’avais, je pense, un peu de fièvre ; une bouteille d’eau minérale était là ; j’en bus un verre, deux verres, à la troisième fois, buvant à même, j’achevai toute la bouteille d’un coup. Je repassais ma volonté comme une leçon ; j’apprenais mon hostilité, la dirigeait sur toutes choses ; je devais lutter contre tout : mon salut dépendait de moi seul. »


On ne peut pas l'inventer, ça sent le vécu :

Citation :
« Il était tard ; je marchais à grands pas ; la neige commença de tomber en abondance ; j’étais heureux de respirer enfin un air plus vif, de lutter contre le froid, heureux contre le vent, la nuit, la neige ; je savourais mon énergie. »

Citation :
« Je me regardai longuement, sans plus de honte aucune, avec joie. Je me trouvais, non pas robuste encore, mais pouvant l’être, harmonieux, sensuel, presque beau. »


*image de Gérard Gasiorowski
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MessageSujet: Re: André Gide   André Gide - Page 4 EmptyMar 23 Sep 2014 - 14:27

L'aventure nord africaine de Gide lui permettra en partie de se reconcilier avec sa vraie nature, de se comprendre et de s'admettre, elle sera à l'origine de sa grande oeuvre : Les Nourritures Terrestres
(dixit wiki) :
"Gide y développe le thème du rapport à la matière et aux éléments naturels, dans une ode à la fois lyrique et sensuelle. À travers l'œuvre transparaît un enthousiasme quasi-extatique pour la vie, faisant du texte une sorte d'évangile de l'éveil des sens ; en effet, il semble que la sensualité y fasse presque office de profession de foi, voire de nouvelle religion, tant on y sent de ferveur et d'émotion, notamment pour la terre, les récoltes, les fruits, tout ce qui est charnel et charnu, tout ce qui peut être foulé, palpé, humé… Le texte tout entier peut être considéré comme une véritable hymne à la libido
En filigrane, c'est aussi de sexualité et d'eros qu'il s'agit, même si ce thème n'est pas vraiment évoqué de manière directe dans le livre. En ce sens, on peut interpréter l'œuvre comme une hyperbole sur le désir et sur l'érotisme, l'évocation des moissons et des « nourritures » ayant valeur de symbole du corps désiré. C'est, avant tout, un livre sur le désir, sur la soif, les objets évoqués servant de prétexte à l'expression de ce désir, souvent inextinguible, irrépressible, débordant, qui parvient à magnifier, à transcender le monde tout entier."....
André Gide - Page 4 41cj8110
Le 18 octobre 1893, accompagnant Paul-Albert Laurens (fils du peintre Jean-Paul Laurens, dont Albert Démarest avait été l'élève), il s'embarque à Marseille pour l'Afrique du Nord : « Je ne dis pas adieu au Christ sans une sorte de déchirement ... ».

À Tunis, puis à Sousse, Gide est malade : un mauvais rhume qu'il a pris à Paris ne guérit pas, se transforme en primo-infection ; pendant plus d'un an il sera d'une extrême fragilité et devra prendre les plus grandes précautions pour restaurer sa santé. À Sousse, en novembre, il découvre le plaisir sensuel avec le jeune Ali. En janvier, Gide et Laurens s'installent à Biskra, dans l'ancienne Maison des Pères Blancs.C'est à Biskra et singulièrement dans le jardin Landon que Gide trouva des nourritures à sa sensibilité " des fruits de saveur sauvage et subite. Une Oulad Naïl, Mériem ben Atala, initie Gide dans le lit de feu le cardinal Lavigerie. Inquiète de la santé de son fils, Mme Paul Gide, subitement arrivée à Biskra le 7 février, surprend les visites de la courtisane . Retour en Europe au printemps 1894.

Un écrivain algérien Hamed Grine publia en 2008 un roman "Le café de Gide" sur la vie de Gide dans cette ville.
André Gide - Page 4 05190910
Résumé lu livre :" Gide a fait plusieurs longs séjours à Biskra, qui était au début du siècle dernier une ville d’eau réputée. Azzouz, un jeune collégien de l’Algérie indépendante, découvre l’auteur des Nourritures terrestres et l’ex-prix Nobel. Découverte fascinante.

Il se met à sa poursuite en compagnie d’un vieil homme (le père d’un camarade) qui a connu Gide. Ils revisitent ensemble les hauts lieux gidiens qu’évoquent les œuvres de l’écrivain : le jardin Landon, le café de Seksaf dénommé Café de Gide par la suite, la palmeraie Ouardi… Le collégien est sous le charme d’un Biskra mystérieux qu’il ne soupçonnait même pas.

Quarante ans plus tard, l’adolescent qui a quitté la grande oasis du Sud-Est pour Alger apprend de son ex-condisciple Omar que son père, décédé, a laissé un document troublant concernant Gide.

Appâté, épaté, il décide de retourner à Biskra pour revoir son vieil ami et marcher une nouvelle fois sur les pas de Gide. Il ira de découvertes en surprises. C’est que le temps a fait son œuvre en révélant un autre visage de Gide…

Plus qu’un roman, Le Café de Gide est une enquête en même temps qu’une quête initiatique d’un homme à la recherche de lui-même et de son passé à travers l’histoire de sa ville."
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