Portrait (d'après Jacques Le Boucq vers 1550) - Citation :
- Hieronymus van Aken [ɦijeːˈroːnimʏs fɑn 'aːkə(n)], dit Jérôme Bosch ou Hieronymus Bosch [bɔs] (Bois-le-Duc — ‘s-Hertogenbosch en néerlandais, d'où son pseudonyme —, v. 1450 – v. 1516), est un peintre néerlandais, membre de l'Illustre confrérie de Notre-Dame.
source: wikipedia
Le jardin des délices
Le Jardin des délices est un triptyque (trois panneaux qui s’ouvrent et se referment) d’inspiration religieuse peint par l’un des artistes les plus énigmatiques de l’histoire.
● Le panneau de gauche représente Adam et Eve (Eve est source des malheurs de l’humanité selon la religion), dans le paradis terrestre (l’Eden). Des animaux fabuleux, mais non monstrueux, évoluent dans un paysage sans humains tandis que l’arbre étrange, à gauche, serait l’Arbre de la Connaissance. Le minéral, le végétal et l’animal se mêlent dans une atmosphère merveilleuse et fantastique.
● Le panneau central est un jardin insolite et délicieux où les enfants d’Adam et Eve, les hommes, se laissent aller au plaisir de la chair, à la luxure et au péché dans un décor surnaturel d’oiseaux et de fruits géants. Est-ce une apologie (glorification) ou une condamnation des plaisirs charnels ? Les avis divergent… Le bassin d’eau serait la fontaine de jouvence où l’on se baigne pour acquérir l’immortalité ou le perpétuel rajeunissement.
- UNE ŒUVRE A LA LOUPE -
Le triptyque refermé montre une sphère transparente et fragile bouillonnante de vie, symbole de la Outre le Surréalisme, Bosch et ses chimères ouvrirent les portes d’un monde peuplé de monstres qui donnent à réfléchir sur la Création et ses anomalies...
Le saviez-vous ?
Influences
Monstre à tête d’homme et corps de dragons. Eglise St-Symphorien, XIIème siècle, Gourvilette (Charente-Maritime) Thomas Grünfeld, Misfit (Pig/Bird), 2001
Ouverture
Bosch puisa son inspiration dans les diableries et les bestiaires du Moyen-âge. création du monde. Cet « oeuf » aurait un sens alchimique caché...
● Le panneau de droite montre les tourments de l’enfer. Il est aussi appelé « l’enfer du musicien » par la présence de nombreux instruments dont Bosch a détourné la fonction. L’enfer est un lieu où le pécheur peut expier, c’est-à-dire subir un châtiment en contrepartie de ses fautes (l’angoisse du péché hante les hommes de l’époque). L’endroit grouille de créatures horribles, hybrides ou diaboliques comme ces « grylles », petits monstres réduits à une tête et deux jambes. Un étrange oiseau sur un trône (Satan ?) avale un corps tandis que d’autres subissent des supplices terribles. Bosch introduit aussi des symboles sexuels (sorte de cornemuse pour
l’homme, vases et récipients pour la femme). Dans cet univers fou, les hommes ont chuté en perdant toute dignité. Cette œuvre peinte avec une extrême finesse et non sans humour parfois, apparait comme très morale, c’est une mise en garde contre le vice et le non respect des principes de la religion. Son thème en est le salut (fait d’échapper à la damnation) face aux démons et aux châtiments qui guettent l’humanité. Très pessimiste, le tableau reflète l’inquiétude d’une période en proie aux troubles sociaux et politiques.
Au-delà de l’opposition entre le bien et le mal, ce tableau est surtout pour Bosch un moyen de mettre en image la profusion de son imagination débordante, délirante, hallucinante et d’emmener le spectateur dans un monde fantasmagorique, évoluant
entre horreur et beauté, rêve et cauchemar.
Bal des pendus
Au gibet noir, manchot aimable,
Dansent, dansent les paladins,
Les maigres paladins du diable,
Les squelettes de Saladins.
Messire Belzébuth tire par la cravate
Ses petits pantins noirs grimaçant sur le ciel,
Et, leur claquant au front un revers de savate,
Les fait danser, danser aux sons d'un vieux Noël !
Et les pantins choqués enlacent leurs bras grêles:
Comme des orgues noirs, les poitrines à jour
Que serraient autrefois les gentes damoiselles,
Se heurtent longuement dans un hideux amour.
Hurrah! les gais danseurs, qui n'avez plus de panse !
On peut cabrioler, les tréteaux sont si longs !
Hop! qu'on ne sache plus si c'est bataille ou danse !
Belzébuth enragé racle ses violons !
O durs talons, jamais on n'use sa sandale !
Presque tous ont quitté la chemise de peau;
Le reste est peu gênant et se voit sans scandale.
Sur les crânes, la neige applique un blanc chapeau:
Le corbeau fait panache à ces têtes fêlées,
Un morceau de chair tremble à leur maigre menton:
On dirait, tournoyant dans les sombres mêlées,
Des preux, raides, heurtant armures de carton.
Hurrah! la bise siffle au grand bal des squelettes !
Le gibet noir mugit comme un orgue de fer !
Les loups vont répondant des forêts violettes:
A l'horizon, le ciel est d'un rouge d'enfer...
Holà, secouez-moi ces capitans funèbres
Qui défilent, sournois, de leurs gros doigts cassés
Un chapelet d'amour sur leurs pâles vertèbres:
Ce n'est pas un moustier ici, les trépassés !
Oh! voilà qu'au milieu de la danse macabre
Bondit dans le ciel rouge un grand squelette fou
Emporté par l'élan, comme un cheval se cabre:
Et, se sentant encor la corde raide au cou,
Crispe ses petits doigts sur son fémur qui craque
Avec des cris pareils à des ricanements,
Et, comme un baladin rentre dans la baraque,
Rebondit dans le bal au chant des ossements.
Au gibet noir, manchot aimable,
Dansent, dansent les paladins,
Les maigres paladins du diable,
Les squelettes de Saladins.
A.Rimbaud.