Notre Café Littéraire...

ce qui me surprend le plus c'est que ça a l'air de faire l'impasse sur le fait que ça puisse malgré tout être représentatif d'une composition démographique... ou voir les différences qui restent serait plus intéressant ? hommes/femmes ? mais par rapport aux nombres textes soumis à des éditeurs ?

compliqué tout ça. et on risque de retomber sur la question de l'a priori vendable, la construction et l'entretien d'un marché...

je ne me suis jamais posé la question par rapport à mes lectures ? mais oui statistiquement ça va coller aussi le constat.

et, tant que nous sommes dans la diversité, la question des traductions, des textes venus d'ailleurs ?

Ayant lu du Ogawa Yoko, Toni Morrison, Sylvia Plath, Carson McCullers, Flannery O'Connor, Alice Munro, etc., je ne vois pas de problème...

La surreprésentation des hommes blancs, c'est normal : ça s'explique historiquement. Les choses changent avec la société.
Il y a beaucoup plus de femmes qui publient à notre époque, et qui sont reconnues : Alice Munro, Wisława Szymborska, Toni Morrison, Doris Lessing,  Elfriede Jelinek.
En SF, il y a beaucoup de femmes écrivains, aussi : Anne McCaffrey, Marion Zimmer Bradley. Et J. K. Rowling ! Voilà une femme qui est devenue une des personnes les plus riches d'Angleterre rien qu'avec sa plume !

Bien sûr, tout ce petit monde est très majoritairement Blanc (mais pas Toni Morrison). Mais il y a de plus en plus d'écrivains asiatiques et africains qui arrivent, et c'est tant mieux.

Quant à savoir si les écrivains hétérosexuels sont surreprésentés, c'est très difficile à dire. Ça reste parfois de la vie privée, parfois du mystère : Henry James, par exemple.

Les roux aussi sont sous-représentés, je pense. Je vais écrire un article dessus, que je vais publier anonymement, ça fera le buzz

Merci pour vos réponses, ça recoupe ce que je pensais (mais c'est mieux dit...)

eXPie a écrit:

Les roux aussi sont sous-représentés, je pense. Je vais écrire un article dessus, que je vais publier anonymement, ça fera le buzz

Je te sens bien parti pour laisser de côté les écrivains roux aux yeux vairons, à ta place je ne serais pas fier

et sur le forum nous avons fait une LC pays d'Afrique et notamment des auteurs d'Afrique noire que personnellement j'ai apprécié !

pas de roucisme non plus

Ça me rappelle vaguement la polémique suscitée par Richard Millet expliquant que la bonne littérature (?) ne pouvait être produite que par des hommes et qu'aujourd'hui les femmes étaient sur-représentées dans l'édition... Il suffit ici de jeter un œil sur les portails de chaque mois pour se rendre compte que nous sacrifions plus souvent à l'autel de l'écrivain, mâle, blanc et mort qu'à celui d'une jeune femme bien vivante (quoique Lola Lafon a eu un beau succès ses derniers mois...) et ce résultat est sans doute lié à la sur-représentation des auteurs blancs, etc. A nous, lecteurs et lectrices, d'influer sur le cours des propositions ! (je vois à l'instant que Bédoulène est dans cette même optique d'ouverture vers des littératures étrangères...).

Il y a aussi une question historique en ce qui concerne la littérature passée... Le continent africain a longtemps été constitué de peuples qui avaient une culture transmise oralement par exemple. Et pour des raisons historiques le capitalisme et donc le diffusion culturelle concerna d'abord les pays occidentaux où il y a une majorité d'hommes qui sont blancs.

Mais je ne pense pas qu'il faille être si négatif, la littérature asiatique, orientale, arabe, africaine, noire américaine ont quand même de plus en plus de visibilité.
A contrario arabella pourrait en parler la littérature dite slave a beaucoup de mal à s'implanter en France et pourtant ce sont des écrivains blancs. J'ai moi même beaucoup de mal à accéder à ma chère littérature tchèque.

Je ne crois pas qu'il y ait de racisme plus présent en littérature je pense même le contraire.
Ceci dit les femmes sont encore trop peu mises à l'honneur, elles sont éditées, mais il y a un déficit de reconnaissance de la richesse qu'elles apportent. Ca a tendance à changer notamment avec le prix nobel mais c'est très lent.

Après il faut peut être avouer, qu'un homme blanc, d'âge affirmé aura plus de lectorat potentiel bien que personnellement si le nom ne m'aide pas je me fiche de la couleur de peau ou du sexe. Si le livre est un chef d'oeuvre ou un bon livre eh bien je remercie l'auteur(e).

Hanta a écrit:

Après il faut peut être avouer, qu'un homme blanc, d'âge affirmé aura plus de lectorat potentiel bien que personnellement si le nom ne m'aide pas je me fiche de la couleur de peau ou du sexe. Si le livre est un chef d'oeuvre ou un bon livre eh bien je remercie l'auteur(e).

Entièrement d'accord avec toi Hanta

Un débat américain donc. Et bien, comme cela a déjà été suggéré précédemment, lisons donc moins de livres américain, car si une littérature, et donc un point de vue se trouve sur représenté, c'est bien celui-ci. En lisant à la place des littératures du monde, asiatique, africaine, latino-américaine, voire celles de pays européen peu représentés, on aura une multiplicité de points de vue, de cultures, et de talents divers.

Et puis cette vision de la littérature qui la réduit uniquement à un point de vue, dépendant de la position sociale occupée par une personne me gêne. Parce que ce qui m'intéresse dans la littérature, c'est lorsqu'au delà du particulier d'un individu, vivant dans une société donnée, à une place donnée, à un moment donné, elle arrive à saisir quelque chose d'universel, qui dépasse les situations et les moments historiques. Même si évidemment on ne peut complètement faire abstraction des particularités des personnes, lieux ou moments historiques. Mais ce n'est pas le plus important.

Cela me fait penser au roman de Percival Everett, dans lequel un écrivain noir écrit des livres que l'on pourrait définir comme des livres de "blancs", pétris de culture antique. Ces livres ont peu de succès, et notre auteur à un moment, comme une sorte de farce, écrit un livre se passant dans le ghetto, dans un langage adapté. Un livre qu'il trouve abominablement mauvais (et les extraits qu'il en donne sont effectivement atroces) mais qui a un grand succès. Parce que quelque part, il a donné aux gens ce qu'ils attendent d'un Noir. Et bien, je trouve que c'est le risque sous-jacent dans la démarche de l'article, que les gens soient édités ou lus pour leur appartenance, qu'il doivent évidement, d'une manière ou une autre justifier, quitte à se caricaturer eux-mêmes. Puisqu'il s'agit d'avoir le point de vue de. Poussée à l'extrême, ce type de démarche suppose une différence de nature entre les personnes de communautés différentes, qui me dérange terriblement.

Et puis s'il s'agit d'avoir le point de vue de, la littérature ne me semble pas le vecteur le plus adapté. Les médias sont quand même infiniment plus pertinents, et là il y aurait un sacré chemin à faire. Et pour la culture au sens large, les films, les séries télés, ont quand même un impact autrement plus forts que la littérature, et encore plus aux USA qu'en Europe. Sans même parler de poésie, puisque le polémiste s'intitule poète, je crois qu'il peut écrire tranquillement, se faire éditer s'il y arrive, cela ne fera ni chaud ni froid à qui que ce soit, pour le très peu de gens qui auront connaissance de ce qu'il a produit.

J'ai quand même un peu la sensation que ces personnes se prennent un peu pour le centre du monde, alors que pour la plupart des gens, ils n'existent pas, et que les vrais problèmes se trouvent ailleurs. L'accès à la qualification, à l'emploi, à l'égalité des salaires, au logement...je pense que si on veut militer pour quelque chose, il y a des causes qui sont quand même bien plus emblématiques et essentielles. Tient, ce qui changerait sans doute les choses en littérature, serait certainement que les postes clés dans le monde de l'édition ou dans la critique littéraire, ou dans les milieux universitaires soient autrement repartis, entre hommes-femmes, minorités.

Parce que Hanta a évidemment raison, ce qui est essentiel, c'est quand même la qualité littéraire des oeuvres, pas la plus ou moins mauvaise conscience de quelques enfants gâtés.

Arabella a écrit:

Cela me fait penser au roman de Percival Everett, dans lequel un écrivain noir écrit des livres que l'on pourrait définir comme des livres de "blancs", pétris de culture antique. Ces livres ont peu de succès, et notre auteur à un moment, comme une sorte de farce, écrit un livre se passant dans le ghetto, dans un langage adapté. Un livre qu'il trouve abominablement mauvais (et les extraits qu'il en donne sont effectivement atroces) mais qui a un grand succès. Parce que quelque part, il a donné aux gens ce qu'ils attendent d'un Noir. Et bien, je trouve que c'est le risque sous-jacent dans la démarche de l'article, que les gens soient édités ou lus pour leur appartenance, qu'il doivent évidement, d'une manière ou une autre justifier, quitte à se caricaturer eux-mêmes. Puisqu'il s'agit d'avoir le point de vue de. Poussée à l'extrême, ce type de démarche suppose une différence de nature entre les personnes de communautés différentes, qui me dérange terriblement.

Je me souviens parfaitement de ce livre, Effacement - merci pour ta contribution à la question (époustouflante, si je peux me permettre )...

Pour illustrer ton propos, j'ai retrouvé un passage du livre :

Citation :

J’ai la peau noire, les cheveux frisés, le nez épaté, certains de mes ancêtres étaient esclaves et j’ai été gardé à vue par des policiers pâlots dans le New Hampshire, l’Arizona et en Géorgie; selon la société dans laquelle je vis, donc, je suis noir; c’est ma race. Bien que de carrure plutôt athlétique, je suis nul au basket. […] J’ai passé ma thèse à Harvard, mention summa cum laude, dans un sentiment de parfaite horreur. Je suis bon en maths. Je ne sais pas danser. Je n’ai pas grandi dans une ville du centre ni dans le Sud rural. Ma famille possédait une petite maison près d’Annapolis. Mon grand-père était médecin, mon père, mon frère et ma sœur aussi.

A l’université, j’ai adhéré au Black Panthers Party, tout moribond qu’il fût, dans le principal souci de prouver que j’étais bel et bien noir. Selon certains membres de la société dans laquelle je vis, que l’on dit être noirs, je ne suis pas assez noir. D’autres, qui sont dit blancs, toujours selon les critères de cette société, me tiennent le même discours. Je l’ai surtout entendu à propos de mes romans, de la part d’éditeurs qui m’ont refusé et de critiques que j’ai semble-t-il rendus perplexes; deux ou trois fois aussi sur un terrain de basket, quand, ayant raté un panier, j’ai laissé échapper un « Grand Dieu ! »

*****

Je n’ai jamais su parler le dialecte, je n’ai donc même pas essayé, et cela ne m’a pas mal réussi d’être moi-même. Mais, à l’adolescence, j’ai désespérément tenté de m’intégrer. Sous mes yeux, mes amis, qui parlaient à peu près comme moi, se métamorphosaient pour entrer en représentation:

« Ouais mon pote. C’est quoi, l’problème ? disaient-ils.

– C’est toi, l’problème, tu captes ? » était la réponse rituelle.

Je n’y comprenais rien, mais cela faisait décontracté, à l’aise et , exigence suprême, cool. […]

Régulièrement, j’essayais, mais cela sonnait toujours faux. A vrai dire, cela me parut toujours sonner faux quel que fût le locuteur, mais je voyais bien que d’autres parlaient le dialecte beaucoup mieux que je n’y arriverais jamais. Je me trompais toujours de façon de taper dans la main, en haut ou en bas. Evidemment, j’étais le seul à me soucier de ma maladresse, je l’appris plus tard, mais à l’époque j’étais persuadé que c’était le trait qui définissait ma personnalité. « Thelonious Ellison, tu sais, le mec bizarre. » Celui qu’est coincé quand il parle ? Qu’on dirait un Blanc ? Sait même pas jouer au basket.

Arabella a écrit:

J'ai quand même un peu la sensation que ces personnes se prennent un peu pour le centre du monde, alors que pour la plupart des gens, ils n'existent pas, et que les vrais problèmes se trouvent ailleurs. L'accès à la qualification, à l'emploi, à l'égalité des salaires, au logement...je pense que si on veut militer pour quelque chose, il y a des causes qui sont quand même bien plus emblématiques et essentielles. Tient, ce qui changerait sans doute les choses en littérature, serait certainement que les postes clés dans le monde de l'édition ou dans la critique littéraire, ou dans les milieux universitaires soient autrement repartis, entre hommes-femmes, minorités.

Parce que Hanta a évidemment raison, ce qui est essentiel, c'est quand même la qualité littéraire des oeuvres, pas la plus ou moins mauvaise conscience de quelques enfants gâtés.

entièrement d'accord, d'autre part montrer du doigt un groupe d'individus sous pretexte de la couleur de sa peau est condamnable quelle que soit la couleur de la peau (alors que les scientifiques n'arrêtent pas de dire que nous venons tous d'un génome commun), si il y a inégalité elle est historique, c'est l'accès à l'écriture, aux supports de l'écrit qui est en cause. Pourquoi sous x pretexte pénaliser l'accès à l'écriture les blancs plutot que tout autre couleur, ce serait un fossé de plus qui se créerait. Faciliter l'accès à l'alphabetisation pour les enfants, viser à l'égalité homme-femme serait plus prometteur...Mais bon si ca fait vendre, un sujet de plus pour alimenter les médias...

Le Huffington Post a écrit:

En Roumanie, les transports en communs sont gratuits pour ceux qui lisent

Voici une initiative aussi originale qu'intelligente pour inciter les gens à lire. Comme le rapporte le site spécialisé ActuaLitté, la ville de Cluj-Napoca, commune de 300.000 habitants située dans le nord-ouest de la Roumanie, a proposé aux usagers des transports publics de s'exonérer de tickets de transports à condition de se plonger dans un bouquin le temps de leurs trajets.

Cette idée joignant l'utile à l'agréable a été formulée dès 2014 par un citoyen de la ville, Victor Miron, qui est allé en parler au maire de la commune, Emil Boc. Un an plus tard, ce dernier a donc accepté de tenter cette expérience. Pour les lecteurs, les transports en communs ont été complètement gratuits pendant trois jours au mois de juin. "Je crois qu’il est préférable de promouvoir la lecture en récompensant ceux qui lisent au lieu de critiquer ceux qui ne le font pas", expliquait Victor Miron au moment de cette opération.

Sur Facebook, ils sont plus de 2700 lecteurs à s'être manifestés pour l'occasion. Par ailleurs, de très nombreuses photos d'usagers en train de lire ont été postées sur la page de l'événement. Les médias se sont également intéressés à cette initiative qui devrait être reconduite l'an prochain.

Super idée, non ?

Marrant en tout cas !

Comme je prends surtout le train avec des livres (parce que je prends rarement le bus/tram et sur des trajets relativement courts), je propose que la SNCF fasse la même chose !

Et Air France !

En effet. Pas de discrimination dans les transports en commun...