Denis Côté

Curling de Denis Côté

Citation :

Jean-François a la garde sa fille Julyvonne, 12 ans. Il l'élève seul, refuse qu'elle fréquente l'école et limite ses contacts avec le monde extérieur, par méfiance et par peur.

Pour la première fois, un film du québecois Denis Côté a droit à une distribution dans les salles françaises. Le cinéaste, bien connu des festivaliers, est avant tout un documentariste qui ne dédaigne pas, de temps en temps, se frotter à la fiction. Curling en est une, à son image, opaque quant à ses intentions, étrange, plus déconcertante que séduisante. Un cinéma taiseux assez indéchiffrable, qui brille cependant par intermittence dans des dialogues savoureux que l'on aimerait moins rares. Oui, mais voilà, Denis Côté ne compte pas changer et se plier aux règles d'un cinéma plus conventionnel. C'est à prendre, en compte, ou à laisser, de côté.

L'affiche est pas mal en tout cas...

traversay a écrit:

Curling de Denis Côté

Citation :

Jean-François a la garde sa fille Julyvonne, 12 ans. Il l'élève seul, refuse qu'elle fréquente l'école et limite ses contacts avec le monde extérieur, par méfiance et par peur.

Pour la première fois, un film du québecois Denis Côté a droit à une distribution dans les salles françaises. Le cinéaste, bien connu des festivaliers, est avant tout un documentariste qui ne dédaigne pas, de temps en temps, se frotter à la fiction. Curling en est une, à son image, opaque quant à ses intentions, étrange, plus déconcertante que séduisante. Un cinéma taiseux assez indéchiffrable, qui brille cependant par intermittence dans des dialogues savoureux que l'on aimerait moins rares. Oui, mais voilà, Denis Côté ne compte pas changer et se plier aux règles d'un cinéma plus conventionnel. C'est à prendre, en compte, ou à laisser, de côté.

ça c'est un foutu film. Il y passe des choses très sombres et inquiétantes et tout est baigné dans une douceur de maison, une intimité tranquille entre le père et la fille et quelques uns des personnages. Rarement un film m'aura autant fait sourire d'un sourire tout simple au cinéma. En plus entendre cette langue, cet accent, est un plaisir, absolument. L'image donne dans le réalisme granuleux avec quelques fulgurances de beauté hivernale, presque un pendant réaliste aux images de Kaurismaki... sinon c'est un mélange insensé et un peu heureux de morceaux de vie, un mélange tellement improbable, concret et salvateur que j'en évoque Béatrix Beck. On pourrait trouver beaucoup de principes à discuter, destructeurs ou non mais rien ne surpassera l'étrange beauté du film. Incroyable. Et les acteurs sont parfaits, tous. Et il y a un humour pas possible en plus. Non mais. Il faut le voir et l'entendre pour le croire !

J'adore, je suis euphorique. ça réveille. c'est contemplatif et mutique mais ça réveille !

Vic + Flo ont vu un ours de Denis Côté

Citation :

Victoria, une ex-détenue sexagénaire, s’installe dans une cabane à sucre retirée en forêt après avoir purgé une longue peine en prison. Elle tente d’apprivoiser sa nouvelle liberté en compagnie de Florence, avec qui elle a partagé des années d’intimité.

Cette fois, Denis Côté s'est investi dans une fiction pure en délaissant pour un temps ses amours documentaires. Si Vic + Flo n'est pas un film tout confort pour autant, il est néanmoins d'un format plus classique, jusqu'à un certain point, car le cinéaste québécois est toujours aussi déroutant dans ses ellipses narratives. La musique, principalement des percussions, étonne et détone. Il y a en filigrane une intrigue policière en même temps qu'une histoire et tragédie sentimentale, le tout assaisonné d'un humour incongru. Denis Côté assagi ? D'une certaine façon, oui, mais impossible de l'empêcher d'emprunter des sentiers de traverse plutôt que des routes carrossables. Au risque de se perdre lui-même ainsi que le spectateur. Mais on ne va pas voir un fil de Côté sans savoir à quoi s'attendre.

Ben voyons !  

traversay a écrit:

Vic + Flo ont vu un ours de Denis Côté

Citation :

Victoria, une ex-détenue sexagénaire, s’installe dans une cabane à sucre retirée en forêt après avoir purgé une longue peine en prison. Elle tente d’apprivoiser sa nouvelle liberté en compagnie de Florence, avec qui elle a partagé des années d’intimité.

Cette fois, Denis Côté s'est investi dans une fiction pure en délaissant pour un temps ses amours documentaires. Si Vic + Flo n'est pas un film tout confort pour autant, il est néanmoins d'un format plus classique, jusqu'à un certain point, car le cinéaste québécois est toujours aussi déroutant dans ses ellipses narratives. La musique, principalement des percussions, étonne et détone. Il y a en filigrane une intrigue policière en même temps qu'une histoire et tragédie sentimentale, le tout assaisonné d'un humour incongru. Denis Côté assagi ? D'une certaine façon, oui, mais impossible de l'empêcher d'emprunter des sentiers de traverse plutôt que des routes carrossables. Au risque de se perdre lui-même ainsi que le spectateur. Mais on ne va pas voir un fil de Côté sans savoir à quoi s'attendre.

Je l'ai vu au festival de Paris. Le réal et les actrices étaient là.

Film légèrement bancal - mais assumé comme tel. On s'y perd, et on l'accepte. De ne pas forcément comprendre parfois l'incongruité des choses et tout le pourquoi du comment, mais ça passe. Parce que l'essentiel est suivi, et qu'il faut parfois accepter l'état de perdition.

Cela dit, ce n'est pas un film incontournable, y'a un côté plat et linéaire qui endort légèrement.

Les acteurs sont vraiment bons, ce qui porte bien le film. Jeux simples et sincères. Du quotidien dans l'affect à fleur de peau, sans éclat ni renfermement. Un vrai équilibre.
Histoire d'amour complètement probable et bien filmée entre les deux actrices. Elles portent très bien les écorchures d'un passé qui ne se dit jamais mais qui pèse sur le présent, et le futur.
Le personnage de l'agent de probation est vraiment très bien interprété, Marc-André Grondin arrive parfaitement à garder cet équilibre entre sympathie, méfiance, côté obscure et luminosité.

Des sourires, du tragique, du mélo au quotidien.
Et du thriller qui fait très peur.
De l'humain.

Une fin carrément superbe, tellement magnifique de poésie. (Charlotte Gainsbourg en était toute fière du plan final).

Vic + Flo ont vu un ours

C'est un peu linéaire et pas si elliptique et la partie "criminelle" de l'histoire est la plus étrange. Ceci dit il fallait bien de quoi jouer de contraste avec cette ambiance terriblement douce. Inquiète mais douce. D'où le côté finalement sympathique des rencontres et sorties avec l'agent de probation qui a l'air d'avoir besoin de cette ambiance lui aussi.

Comme Curling on pourrait trouver que ça cause de solitudes en long en large et en travers, mais en passant par la pratique plutôt que par le discours.

Un bien beau moment de cinéma. (En plus ça fait du bien à écouter).

J'aurais zappé mais je suivrai vos conseils...

J'espère que je me trompe. Qu'après une petite absence du forum je n'ai plus mes repères et que je ne trouve pas les choses. Parce que j'ai vraiment du mal à croire que personne n'a parlé de ce film. Je ne peux me résoudre que Traversay, Avadoro, Marko et tous nos distingués cinéphiles ont pu s'abstenir d'aller voir ce film.  

Je connaissais Denis Côté de nom. J'avais failli voir son dernier film. Mais j'ai eu peur. D'un truc expérimental chiant un peu difficile. J'ai succombé cette fois-ci. Et j'ai eu un choc. Peut être mon choc de l'année. Un film à la fois d'une grande fluidité, avec une vraie trame, une histoire, même si un peu elliptique parfois mais on peut tellement bien reconstituer un schéma, puisque à force de suivre des histoires, il suffit de quelques indications pour qu'on soit dans un sillon. Et il y a des vrais personnages, forts et touchants, même si on ne sait pas tout d'eux, ce qui fait d'ailleurs plus dense encore.

Mais je crois que ce qui m'a emporté, c'est la fabuleuse capacité de Denis Côté de jouer de tous les registres, de passer de quelque chose de surréaliste, irréel, poétique, au plus réaliste, du rire à l'angoisse et à la tragédie, de l'humain le plus tangible à l'abstrait. Avec aucun décalage, aucune invraisemblance, avec un naturel et une fluidité incroyable. Une maîtrise impressionnante. Mais surtout pas gratuite. Tout fait sens et tout interroge. Des images qui restent dans la tête. Un cinéaste qui a un univers rien qu'à lui, qui ne ressemble à personne d'autre, et qui laisse trace chez chez le spectateur.

Il me faudra voir ses autres films maintenant. D'urgence.

Message personnel pour Queenie et Animal : si vous manquez ce film, c'est tant pis pour vous.

Arabella a écrit:

J'espère que je me trompe. Qu'après une petite absence du forum je n'ai plus mes repères et que je ne trouve pas les choses. Parce que j'ai vraiment du mal à croire que personne n'a parlé de ce film. Je ne peux me résoudre que Traversay, Avadoro, Marko et tous nos distingués cinéphiles ont pu s'abstenir d'aller voir ce film.

T'as perdu tes repères !

C'est marrant, je n'aurais pas pensé d'emblée à toi pour ce film.

En même temps, maintenant, en lisant ton avis, ça ne m'étonne pas que ça t'ait plu. L'aspect très réaliste qui s'enchaîne et s'emmêle dans le surréalisme. Du poétique et de l'humour.
ça me rappelle des lectures qui ont ce mélange, et que tu apprécies beaucoup.

Citation :

Message personnel pour Queenie et Animal : si vous manquez ce film, c'est tant pis pour vous.

On l'a échappé belle !

Je vais finir par le voir. Merci pour cette belle critique, arabella. Pour ma part, je te dis bienvenue dans l'univers cinéma québécois... Ça me rappelle d'ailleurs que je n'ai toujours pas vu Curling. Peut-être qu'un petit tour à la bibliothèque...

Et bien, je suis déçue. Que tu n'aimes pas tellement ce film au final, Queenie. Et puis que tu n'aies pas pensé à moi. J'adore ce genre de film, dans lesquels on ne sait pas où l'on va, où tout est possible, dans lesquels il n'y a pas de schémas pré-établi que l'on suit, mais dans lesquels le metteur en scène, lui, sait très bien où il nous amène.

C'est une honte de ne pas l'avoir encore vu, Jack-Hubert.  

Arabella a écrit:

C'est une honte de ne pas l'avoir encore vu, Jack-Hubert.  

Que veux-tu, Arabella, j'ai été boulimique de films. Depuis quelques années, c'est les téléséries. Le rythme des téléséries me convient mieux qu'un film de longue haleine. Je reviendrai aux films, j'ai juste atteint un point de saturation à un moment donné de mon parcours d'amateur de films.

Arabella a écrit:

Et bien, je suis déçue. Que tu n'aimes pas tellement ce film au final, Queenie. Et puis que tu n'aies pas pensé à moi. J'adore ce genre de film, dans lesquels on ne sait pas où l'on va, où tout est possible, dans lesquels il n'y a pas de schémas pré-établi que l'on suit, mais dans lesquels le metteur en scène, lui, sait très bien où il nous amène.

Pas aimé le film ?!

J'émets quelques bémols, mais je trouve mon avis plutôt positif, non ?


C'est un film qui gagne à être revu, je pense.

(Je savais ton penchant pour la perdition en littérature, mais je ne l'avais pas assimilé avec le cinéma. Erreur réparée !)

Queenie a écrit:

Film légèrement bancal - mais assumé comme tel. On s'y perd, et on l'accepte. De ne pas forcément comprendre parfois l'incongruité des choses et tout le pourquoi du comment, mais ça passe. Parce que l'essentiel est suivi, et qu'il faut parfois accepter l'état de perdition.

Cela dit, ce n'est pas un film incontournable, y'a un côté plat et linéaire qui endort légèrement.
....

(Charlotte Gainsbourg en était toute fière du plan final).

Voilà, c'est cela qui m'a fait dire que tu n'avais pas aimé tant que ça.

Et ce n'est pas Charlotte Gainsbourg, mais Romane Bohringer.  

Et je pense aussi que le film vaut le coup d'être revu, il y a plein de choses qui font sens après, et plein d'idées, il y a des détails, on de doit pas tout saisir avec une seule vision. Après la fin, tout donne le sentiment d'avoir été pensé, alors qu'au début on se demande un peu où l'on va. Même si on sent immédiatement que le réalisateur sait où il nous mène.