La nuit du chasseur - [Charles Laughton]

LA NUIT DU CHASSEUR

Réalisé par Charles Laughton

Année : 1955
Genre : Thriller

Avec : Robert Mitchum (Rivière sans retour ; Celui par qui le scandale arrive... ; Dead man) ; Shelley Winters (Lolita ; Portrait de femme) ; Lillian Gish (La toile d'araignée ; Un mariage)

Durée : 1h33
Pays : Etats-Unis

Un homme désespéré tue deux personnes lors d'un braquage, avant d'être retrouvé et arrêté par la police, il dit à son fils où il a caché l'argent volé. John est très jeune mais prend avec maturité ses obligations : protéger sa petite soeur Pearl et garder la cachette de l'argent secrète.
Quelques temps plus tard, un prêcheur itinérant arrive en ville. Il parvient à séduire la mère de John et Pearl, cachant son véritable but : se procurer l'argent.
Après avoir assassiné la mère, il va poursuivre les enfants en fuite.

Robert Mitchum est fabuleux dans le rôle de ce prêcheur démoniaque, toute l'ambiguité du personnage apparaissant sous forme de deux mots tatoués sur ses mains : (hate et love).
Franchissant les kilomètres avec aisance (il sifflote et chante une chanson qui semble plâner sans cesse au-dessus des enfants), il est omniprésent et effrayant, irréel et démoniaque. Ce film est constamment entre le cauchemar et le réalisme sombre (le travail sur la photo est tout simplement superbe : l'ombre de Mitchum qui envahit la chambre des enfants, le corps de la mère prisonnier des eaux dont la chevelure se mêle aux algues).
La nuit du chasseur baigne dans une atmosphère de romantisme noir qui réunit épouvante et beauté.

Charles Laughton exploite également les angoisses enfantines et transforme son film en fable terrifiante : les enfants poursuivis par un monstre puissant. Du coup, le spectateur est totalement immergé dans le suspens et ressent les frayeurs de John et Pearl.

Evidemment, on ne peut mettre de côté la critique évidente du film par rapport au système religieux. Robert Mitchum devenant le symbole de la manipulation des institutions religieuses sur des gens qui ne demandent qu'à croire et à avoir un peu d'espoir.

Ce film, a connu un terrible échec à sa sortie, ce qui découragea Laughton de répéter l'expérience. Ironie du sort : aujourd'hui La Nuit du chasseur est devenu un grand classique du cinéma très souvent étudié lors d'études sur le septième art.

Queenie a écrit:

Evidemment, on ne peut mettre de côté la critique évidente du film par rapport au système religieux. Robert Mitchum devenant le symbole de la manipulation des institutions religieuses sur des gens qui ne demandent qu'à croire et à avoir un peu d'espoir.

Ce film, a connu un terrible échec à sa sortie, ce qui découragea Laughton de répéter l'expérience. Ironie du sort : aujourd'hui La Nuit du chasseur est devenu un grand classique du cinéma très souvent étudié lors d'études sur le septième art.

C’est normal, la plupart des gens sont dans le déni des normes de leur époque, surtout quand elles sont dénoncées relativement clairement, avec virulence et habileté…

Si Charles Laughton est l’auteur d’un seul film, « La Nuit du Chasseur », on peut en dire autant de son musicien, Walter Schumann, qui meurt prématurément le 27 août 1958, trois ans après la sortie d’un film dont les musiques continuent de nous hanter.

Un seul film retenu par la postérité, ce n’est pas assez pour ménager à un musicien sa place dans l’histoire du cinéma. Et pourtant, quel film ! Et quelle musique, qui commente avec une infinie subtilité l’imagerie de Laughton et ses complexités !

Sous son apparente simplicité se dissimule un projet d’élucidation du récit dont on ne trouvera guère l’équivalent, toutes proportions gardées, que dans les partitions de Bernard Hermann….

Production indépendante de Charles Laughton et Paul Gregory, le film est tourné en marge du système, ce qui autorise d’en rechercher le musicien hors des équipes constituées dans chacun des grands studios.

Le recours à Schumann se comprend donc aisément, en raison à la fois de sa collaboration récente à la scène avec Laughton et de ses compétences chorales, particulièrement bien venues pour un projet d’adaptation d’un roman rempli d’indications musicales et vocales que préserve fidèlement le scénario de James Agee. (Le scénario fut dit-on, en grande partie récrit par John Collier et Peter Viertel, et la part prise par Charles Laughton à l’écriture semble importante)

NB Information sur W.Schumann : sera chef des chœurs aux studios RKO et Universal… Obtiendra en 1955 un Emmy Award pour son thème du feuilleton radio « Dragnet »… Musique de l’adaptation cinématographique par Jack Webb de « Dragnet » (« La Police est sur les Dents)

Mais JDP me semble être un vrai spécialiste des musiques de film...
Et un petit fil à ce sujet????Merci!!

J'ai un souvenir terrifiant de La Nuit du chasseur que j'ai vu il y a tellement longtemps... Je le regarderai dès que possible et sous un autre angle avec les informations que vous nous donnez là. Je ne savais rien de Charles Laughton.

En voici un peu plus Babelle, sur Charles Laughton bien sûr.

Tour à tour effrayant, désopilant, attendrissant ou répugnant, il avait marqué de son énorme personnalité un grand nombre de personnages, dont le souvenir est désormais indissociable de l’interprétation fréquemment géniale qu’il en avait proposée à des centaines de millions de cinéphiles éberlués.

On ne saurait même évoquer Henri VIII, Néron, le capitane Kidd ou le furieux capitaine du Bounty sans revoir sa trogne impériale et sublime….Né à Scarborough en Grande-Bretagne.

Fils d’un majordome de grande maison devenu aubergiste, il fit des études qu’il assure douloureuses, dans un collège de jésuites.

Ayant échoué à l’examen préparatoire de la marine britannique, il tenta de s’intéresser à l’hôtellerie en occupant les fonctions exemplaires de réceptionniste au Claridge de Londres.

La guerre interrompit cette carrière qui s’annonçait pourtant brillante ; gazé pendant l’offensive de 1918, Laughton fut démobilisé.

Renonçant à l’hôtellerie, il se tourna vers le théâtre qui le fascinait depuis longtemps.

Son succès fut immédiat ; après un an de travail, il s’adjugeait la plus haute distinction de la Royal Academy – l’équivalent du Conservatoire – pour une scène des « Joyeuses Commères de Windsor ».

C’est à la suite de son triomphe dans « Payement Différé », pièce tirée du célèbre best-seller de C.S. Forester, qu’il fut engagé pour jouer à Broadway.

C’est en 1932 qu’il débuta à Hollywood dans « Si J’Avais un Million » Film à sketches de Ernst Lubitsch). Il devait connaître une longue série de succès cinématographiques et ne cessa guère de tourner jusqu’à sa mort en 1962. …in Cinéma 1963/n°73, p.49-50

ça me revient... Une seule réalisation, quelle dommage!

Citation :

Réédité en tirage limité à l'occasion des dix ans de la collection Folio Policier, le roman de Davis Grubb est ici accompagné d'un DVD du film La nuit du chasseur adapté par Charles Laughton, auteur lui aussi d'une œuvre unique, en tant que réalisateur. Robert Mitchum, dans le rôle de Prêcheur, se révèle inoubliable dans ce chef-d'œuvre mondial du cinéma.