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 Cervantès [Espagne]

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MessageSujet: Cervantès [Espagne]   Cervantès [Espagne] EmptyDim 14 Sep 2008 - 19:21

Miguel de Cervantes
(Alcalá de Henares- 29/09/1547 ? – Madrid, 22/04/1616)
Cervantès [Espagne] Cervat10


Son père était chirurgien (médecin).
Miguel a eu plusieurs frères et sœurs.
1551 : la famille s'installe à Valladolid. Le père a des problèmes de dettes… 1556 : Cordoue... 1566 : Madrid.
1569: quelques poèmes de Cervantès sont inclus dans un livre d'un certain Juan López de Hoyos.
1569 : une ordonnance demande l'arrestation de Cervantes : il aurait blessé quelqu'un dans un duel. Mais était-ce le même Cervantes ? On n'en est pas sûr. Toujours est-il que, pour cette raison ou une autre, il fuit en Italie où il devient soldat dans un régiment d'infanterie, et participe le 7 octobre 1571 à la bataille de Lépante. Malade, il se bat tout de même. Il est blessé, un nerf de sa main gauche est sectionné, il ne pourra plus se servir de sa main gauche.
Six mois plus tard, il reprend du service dans des expéditions navales.
Sur le trajet de Naples vers l'Espagne, Miguel de Cervantes est capturé par les Turcs, à bord d'une galère (comme passager…). Il est demandé 500 écus d'or pour sa libération.

Au bout du compte, il reste captif 5 ans à Alger, fait quatre tentatives d'évasion, est torturé…
Finalement, la somme est réunie, alors que Cervantes est dans une galère en partance pour Constantinople.
Il est libéré en septembre 1580. Retour en Espagne.
1581-1583 : écriture de Galatée, publié en 1585.
Décembre 1584 : mariage avec une jeune fille qui n'avait pas vingt ans, et une dot modeste. Echec du mariage, ils se séparent deux ans plus tard.
Il s'installe à Séville et devient percepteur des impôts.
1605 : publication de L'ingénieux hidalgo Don Quichotte de la Manche. Grand succès.
1613 : Publication des Nouvelles Exemplaires.
1615 : Don Quichotte, deuxième partie. Deux ans auparavant, un livre apocryphe d'un certain Alonso Fernández de Avellaneda (Lope de Vega ?) mettait en scène la suite des aventures de Don Quichotte.
Publication de Huit comédies et huit intermèdes nouveaux jamais représentés.

Il meurt en 1616. Un an après paraît son roman Les Travaux de Persilès et Sigismonde.
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MessageSujet: Re: Cervantès [Espagne]   Cervantès [Espagne] EmptyDim 14 Sep 2008 - 19:22

A propos de la traduction par Aline Schulman de L'ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche, chez Points.

Aline Schulman a passé 6 ans à traduire Don Quichotte.
Voici ce qu'elle dit dans "Traduire Don Quichotte aujourd'hui", préalablement au roman (pages 22-23) :
Citation :
"A utiliser un langage trop contemporain, on court le risque de perturber le texte, de produire un effet de brouillage qui le rendrait inaudible. Au départ, j'espérais qu'il suffirait de prêter l'oreille pour éviter ces bavures. Mais très vite, l'usage du Dictionnaire historique Robert m'est devenu indispensable ; à force de le fréquenter, j'ai pu conclure, de manière empirique, qu'en mettant la barre aux alentours de 1650 et en m'interdisant d'utiliser un mot ou une expression dans la langue après cette date, je pouvais traduire aussi "modernement" que m'y autorisait le texte. La première partie du Don Quichotte est publiée en 1605, la deuxième en 1615. Tracer une ligne de partage au milieu du XVII° siècle plutôt qu'à la fin me situait au plus près de l'état de la langue de l'époque, sans m'éloigner de notre discours littéraire d'aujourd'hui ; car il est évident que la traduction rend compte d'une oralité qui n'est pas celle de la langue parlée comme on la parle dans la rue, mais plutôt comme on la parle au théâtre. Il m'était donc possible de rester à la fois dans le respect du texte d'alors et du lecteur d'aujourd'hui.
Cela voulait dire, à tout prendre, Molière à Céline, mais aussi Molère à Rabelais ! Refuser bon nombre de termes, de calembours et d'expressions figées entrées tardivement dans la langue, pour chercher des équivalents qui, bien qu'anciens, aient toujours cours."
Elle met en évidence la différence de traduction d'une phrase :
Louis Viardot (1840) : "Ils résolurent donc de lui rendre visite et de faire l'expérience de sa guérison, bien qu'ils tinssent pour impossible qu'elle fût complète"
Jean Cassou (1946) : "C'est pourquoi ils résolurent de le visiter et de faire expérience de son amendement, quoiqu'ils le jugeassent presque impossible.
Aline Schulman (1997) : "Et ils décidèrent de lui rendre visite pour constater de plus près cette amélioration, à laquelle ils n'osaient pas croire."

Aline Schulman, ainsi, s'arrange pour supprimer nombre d'imparfaits du subjonctif. Même Sancho, bien qu'illettré, parlait en usant de ces imparfaits du subjonctif ! On pourra dire que le texte gomme le côté ancien, dissipe une certaine atmosphère, mais le lecteur gagne énormément en lisibilité.
De plus, la mise en page met bien en évidence les dialogues, ce qui n'était absolument pas le cas dans l'édition de La Pléiade sous la direction de Jean Cassou (depuis, La Pléiade a publié une autre traduction…).

Le roman est composé à 90% de dialogues. Il a connu un énorme succès populaire : les gens comprenaient le texte. Le parti pris de la traductrice est que les gens d'aujourd'hui le comprennent également, sans avoir besoin de recourir à des encyclopédies.

Autre parti pris : quasiment pas de notes. C'est vrai qu'il n'y en a généralement pas besoin, mais parfois, indiquer d'où provient telle ou telle citation, cela peut être également satisfaisant.
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MessageSujet: Re: Cervantès [Espagne]   Cervantès [Espagne] EmptyDim 14 Sep 2008 - 19:22

L'ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche, Tome 1 (Points, 578 pages, traduction d'Aline Schulman). On y trouve une préface de Jean-Claude Chevalier (pas possible… ça sentirait presque le gag).

Le prologue est déjà vraiment drôle. Cervantès dit qu'il ne sait pas écrire un prologue, que les écrivains sérieux exposent la liste de toutes leurs références, mais que lui, Cervantès, n'a pas cette érudition. Heureusement, un ami à lui arrive. Il a une grande culture, lui dit de mettre dans sa liste des auteurs qu'il ne citera pas dans son livre : qui ira vérifier ? Il lui donne plein de conseils, de l'art de frimer avec des références bateaux, histoire de frimer un peu (ce ne sont évidemment pas les mots de Cervantès, mais l'idée est là).
Puis viennent quelques éloges, écrits par des personnalités aussi connues que Roland Furieux ou Amadis de Gaule (le célèbre chevalier). On continue donc dans l'humour.

Et, enfin, nous arrivons au livre.
Citation :
"Dans un village de la Manche, dont je ne veux pas me rappeler le nom, vivait il n'y a pas longtemps un de ces gentilshommes avec lance au râtelier, bouclier de cuir à l'ancienne, levrette pour la chasse et rosse efflanquée. […] Il y avait chez lui une gouvernante de plus de quarante ans, une nièce qui en avait moins de vingt, et un valet bon à tout, qui sellait la rosse aussi bien qu'il maniait la serpe.
Notre gentilhomme frisait la cinquantaine ; il était de constitution robuste, sec de corps, maigre de visage, toujours matinal et grand chasseur. […]
Or, il faut savoir que ce gentilhomme passait ses heures d'oisiveté, c'est-à-dire le plus clair de son temps, plongé avec ravissement dans la lecture des romans de chevalerie, au point qu'il en oublia presque l'exercice de la chasse et l'administration de son bien. Pour satisfaire cette avidité extravagante, il finit même par vendre plusieurs arpents de bonne terre et s'acheta autant de romans qu'il put en trouver" (pages 55-56).

Une page plus loin, il a perdu l'esprit.
Citation :
"[…]il lui vint la plus étrange pensée que jamais fou ait pu concevoir. Il crut bon et nécessaire, tant pour l'éclat de sa propre renommée que pour le service de sa patrie, de se faire chevalier errant, et d'aller par le monde avec ses armes et son cheval chercher les aventures, comme l'avaient fait avant lui ses modèles; réparant, comme eux, toutes sortes d'injustices, et s'exposant aux hasards et aux dangers, dont il sortirait vainqueur et où il gagnerait une gloire éternelle. Le pauvre se voyait déjà récompensé de sa vaillance et couronné, pour le moins, empereur de Trébizonde." (page 57)
Mais un vrai chevalier errant est un homme amoureux de sa Dame. Il se choisit une paysanne, Aldonza Lorenzo, qui devint dame de ses pensées.
Citation :
"Voulant pour elle un nom qui ne fût pas indigne du sien et annonçât la princesse ou la grande dame, il l'appela Dulcinée du Toboso, car elle était native de ce village."(pages 59-60)
Citation :
"Ses préparatifs achevés, don Quichotte ne voulut pas attendre davantage pour mettre à exécution son projet, persuadé que s'il prenait le moindre retard il priverait grandement le monde, où il avait, croyait-il, beaucoup d'offenses à venger, de torts à redresser, d'injustices à réparer, d'abus à corriger, de dettes à honorer." (page 61).
Il entraîne dans sa folie un paysan, Sancho Panza (qui laisse femme et enfants). Il lui promet qu'il lui donnera rapidement un poste de gouverneur d'archipel. Aucun doute à ce sujet, la force de son bras l'amènera très vite à la gloire.

Ses amis, le curé et le barbier, arriveront-ils à sauver Quichada ou Quesada, alias Don Quichotte, de son obsession pour les romans de chevalerie ?

Don Quichotte a tout son bon sens, est instruit, raisonne avec une grande justesse, mais dès qu'il est question de chevalerie, il voit rouge, confond réalité et fiction.

Alors, bien sûr, il y a des épisodes connus ("Chapitre VIII – De la grande victoire que le vaillant don Quichotte remporta dans l'épouvantable et incroyable aventure des moulins à vent, avec d'autres événements digne de mémoire"), mais aussi plein d'histoires, de récits annexes (dont une fait presque cinquante pages !), d'arnaques en tous genres (ah, l'illustre infante Micromiconne !), de hasards incroyables et de coïncidence également troublantes…
Les aventures abondent de jeunes filles toutes plus belles et intelligentes les unes que les autres, c'est incroyable. Au fin fond de la forêt, dans la montagne, elles sont partout ! Et Don Quichotte est là, de par sa profession, pour redresser les torts ! Qu'on se le dise !

Plein d'aventures, de personnages, de la parodie, de l'excentricité,de l'ironie, et parfois de la profondeur… ce roman se veut traduit par Cervantès, mais il ne s'agit bien sûr que du compte-rendu du livre de l'historien Sidi Ahmed Benengeli. Cela complique parfois délicieusement les choses, car on se demande qui, exactement, raconte… C'est génial.

578 pages qui se lisent toutes seules.


Il paraît que Cervantes a créé le roman moderne. Je n'y connais rien, je ne peux pas l'affirmer, mais ça y ressemble.


Dernière édition par eXPie le Dim 14 Sep 2008 - 19:23, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Cervantès [Espagne]   Cervantès [Espagne] EmptyDim 14 Sep 2008 - 19:22

Don Quichotte, Tome 2 (Points, 591 pages, traduction d'Aline Schulman)

Le deuxième volume, écrit dix ans après le premier, se concentre plus sur Don Quichotte et Sancho Panza.
Cervantès crée ici le roman post-moderne. Je ne sais pas exactement ce que cela veut dire, mais jugez-en plutôt…

Après les trépidantes aventures du premier volume, Don Quichotte et Sancho Panza sont devenus célèbres. Comment cela ? Eh bien, grâce au succès du premier volume, écrit par Sidi Ahmed Benengeli et traduit par Cervantes.
Encore un coup des enchanteurs, se disent Don Quichotte et Sancho Panza. C'est en effet un prodige : Don Quichotte constate que Sidi Ahmed a retranscrit fidèlement ses paroles et ses pensées, alors même qu'il se croyait tout seul !
Incroyable…

Cette notoriété apporte de la nouveauté. Les gens, rencontrés au cours du chemin, savent généralement (tous ne lisent pas de romans de chevalerie, et certains pensaient que c'était juste un livre, Don Quichotte, pas la réalité… qu'ils se trompent !) à quoi s'attendre de la part de Don Quichotte, et se jouent de sa crédulité. Pas méchamment, juste pour se distraire…

Dans ce volume, Sidi Ahmed et Cervantès interviennent plus souvent que pendant le premier.
Exemple, page 44 :
Citation :
"Parvenu au cinquième chapitre, le traducteur de cette histoire déclare qu'il le considère comme apocryphe, parce que Sancho y parle dans un style trop bien élevé et qu'il y dit des choses bien trop subtiles pour sa petite intelligence. Il le traduit néanmoins, pour ne pas manquer au devoir que son métier lui impose, et continue comme suit : […] "

Parfois, Cervantès et Sidi Ahmed se fichent carrément du style des romans de chevalerie :
Citation :
"A peine la blanche aurore avait-elle permis au brillant Phébus de sécher à la chaleur de ses rayons ardents les perles liquides qui parsemaient ses cheveux d'or, que don Quichotte, secouant la paresse de ses membres,se leva et appela son écuyer […]" (page 159)
Les titres des chapitres sont particulièrement savoureux. "Où l'on apprend à quelles extrémités pouvait atteindre le courage inouï de don Quichotte, et l'heureuse issue de l'aventure des lions", "Où l'on raconte ce qu'on lira", "Qui traite de ce qu'on verra si on le lit ou de ce qu'on entendra si on se le fait lire", "Où l'on raconte toutes sortes de balivernes aussi futiles que nécessaires à la bonne intelligence de cette grande histoire"…

Cervantes règle aussi ses comptes avec un écrivain qui s'était permis d'éditer la suite des aventures de Don Quichotte. Un opportuniste.
Dans ce volume, il s'en prend plein la figure. Don Quichotte, après l'avoir feuilleté, trouve qu'il est mal écrit, le bouquin de l'autre, et qu'il raconte n'importe quoi.

Il arrive plein d'aventures, burlesques, comiques, lamentables, à Don Quichotte, mais également à Sancho Panza (sans vouloir dévoiler l'histoire).
Que dire de plus ?
591 petites pages gouleyantes
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MessageSujet: Re: Cervantès [Espagne]   Cervantès [Espagne] EmptyDim 14 Sep 2008 - 19:55

Merci eXPie de tes éclaircissements sur ce livre fondateur dont tu comprendras aisément l'importance pour moi en relisant ma signature.
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MessageSujet: Re: Cervantès [Espagne]   Cervantès [Espagne] EmptyDim 14 Sep 2008 - 20:03

Hé hé, il est également bien fréquenté, ton bar, Bellonzo !

Mes éclaircissements sont très basiques, Nabokov a consacré un livre entier au Quichotte... Je vais essayer de me le procurer...
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MessageSujet: Re: Cervantès [Espagne]   Cervantès [Espagne] EmptyDim 14 Sep 2008 - 20:07

merci eXpie!Lu il y a longtemps, cela m'a rappelé des souvenirs! Effectivement, les têtes de chapitre sont souvent un roman à elles-seules.



Citation :
Il arrive plein d'aventures, burlesques, comiques, lamentables, à Don Quichotte, mais également à Sancho Panza
Et Rossinante!! J'ai toujours beaucoup aimé Rossinante!
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MessageSujet: Re: Cervantès [Espagne]   Cervantès [Espagne] EmptyDim 14 Sep 2008 - 20:22

Ah oui, Rossinante a même droit à un poème. Rossinante et l'âne de Sancho, c'est une grande histoire d'amour. Sidi Ahmed avait l'air de vouloir en dire plus, à un moment, mais il y a une certaine décence à respecter.
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MessageSujet: Re: Cervantès [Espagne]   Cervantès [Espagne] EmptyDim 14 Sep 2008 - 20:26

Marie a écrit:

Et Rossinante!! J'ai toujours beaucoup aimé Rossinante!
Alors tu veux peut être reprendre la route avec Rosinante... et John Dos Passos??
C'est par ICI


Et puisque moi j'adore toujours ce que les auteurs/artistes contemporains font avec les 'classiques' - mon livre préféré en ce qui concerne - version moderne de Cervantès: Peter Handke La perte de l'image ou Par la Sierra de Gredos, résumé ICI
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MessageSujet: Re: Cervantès [Espagne]   Cervantès [Espagne] EmptyDim 14 Sep 2008 - 20:37

J'ai noté les deux, Kenavo! Merci et..soupir innocent
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MessageSujet: Cervantes   Cervantès [Espagne] EmptyDim 14 Sep 2008 - 20:46

Il est relativement facile de parler d'un ouvrage contemporain...

Mais que dire de Don Quichotte, des Frères Karamazov, de Hamlet, etc...
Que dire qui n'ait été déjà dit et redit d'une manière ou d'une autre.
Sinon ceci : il y a des oeuvres qui résistent aux commentaires et qui permettent des lectures toujours nouvelles.
Et donc, lisez Don Quichotte. C'est ce qu'on a écrit et tout autre chose encore.
Et puis sans doute ce qu'on n'a jamais encore dit ou écrit ou pensé et
qui sera votre lecture à vous, vos impressions personnelles.
C'est ce que je pense en tout cas.innocent
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MessageSujet: Re: Cervantès [Espagne]   Cervantès [Espagne] EmptyDim 14 Sep 2008 - 20:56

Petit extrait du chapitre Le Centre cervantesque dans l'excellent livre de Claudio Magris , Déplacements( Collection Voyager avec)

"El Toboso est avant tout une gamme de couleurs absolues : le blanc éblouissant des maisons, le bleu indigo du ciel et des bordures peintes sur les murs; le vent lui aussi semble avoir la clarté d'une couleur lumineuse. Il y a dans cette petite ville un Centre Cervantesque auquel entre autres les chefs d'Etat et de gouvernement du monde entier ont l'habitude d'envoyer, avec dédicace, de précieuses traductions du Don Quichotte dans la langue de leur pays. Exposées dans les vitrines, des éditions raffinées et des versions venant de tous les continents exhibent les signatures célèbres apposées sur les frontispices. Il y a même une édition italienne avec la signature de Mussolini, datée du 31 juillet 1930 : une grande écriture énergique, peut être un peu mégalomane, mais au trait généreux. Tous envoient des exemplaires de Don Quichotte, sauf deux. Hitler envoie une lourde édition de la Chanson des Nibelungen, avec une signature qui se voit à peine, un gribouillis informe, des lettres en position foetale. Il est cependant battu en muflerie par Khedafi qui envoie son Livre vert de la révolution. Tous deux montrent la condescendance, peu sûre d'elle, du chef de bureau qui menace d'un "vous ne savez pas qui je suis", quand toute la grandeur de don Quichotte, comme l'a écrit Unamuno, tient dans l'humble fermeté avec laquelle il dit : "Je sais qui je suis"."
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MessageSujet: Re: Cervantès [Espagne]   Cervantès [Espagne] EmptyDim 14 Sep 2008 - 21:39

A propos de Quichotte le film de Welles,inachevé quasi-volontairement est délectable également.A mon avis...
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MessageSujet: Re: Cervantès [Espagne]   Cervantès [Espagne] EmptyDim 14 Sep 2008 - 23:18

bix229 a écrit:

Mais que dire de Don Quichotte, des Frères Karamazov, de Hamlet, etc...
Que dire qui n'ait été déjà dit et redit d'une manière ou d'une autre.
Sinon ceci : il y a des oeuvres qui résistent aux commentaires et qui permettent des lectures toujours nouvelles.
Et donc, lisez Don Quichotte. C'est ce qu'on a écrit et tout autre chose encore.
Et puis sans doute ce qu'on n'a jamais encore dit ou écrit ou pensé et
qui sera votre lecture à vous, vos impressions personnelles.
C'est ce que je pense en tout cas.innocent

Oui, c'est d'ailleurs ce que dit Borges dans sa nouvelle "Pierre Ménard, auteur du Quichotte."

Bellonzo : Le film d'Orson Welles passe et repasse ces jours-ci sur une chaîne du câble...
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MessageSujet: Re: Cervantès [Espagne]   Cervantès [Espagne] EmptyMar 23 Sep 2008 - 20:40

J'ai lu le tome 1 de Don Quichotte, et j'attend de pouvoir emprunter le deuxième tome à la bibliothèque avec impatience.

Ce livre est un régal à lire, d'une simplicité qui est déconcertante pour un livre du XVIème siècle : l'histoire est écrit dans un langage très simple et la majorité du livre est constitué de dialogues. On dévore donc ce premier pavé avec facilité.

En plus d'être facile à lire, ce livre est aussi très drôle : les aventures de ce chevalier errant et de son fidèle valet Sancho Panza sont loufoques et cocasses. Don Quichotte, ce noble devenu fou à force de lire des livres de chevaleries, s'entête à imiter en tout point ces héros préférés, il est parfaitement ridicule pour notre plus grand plaisir, confondant une auberge avec un château, les moulins avec des géants, une paysanne avec une noble dame, et j'en passe !

De plus, une foule de personnages va croiser le chemin de nos deux héros tout au long du récit, nous faisant part de leurs aventures, leurs expériences, leurs malheurs...

Tout simplement passionnant, les aventures Don Quichotte se dévorent avec un grand plaisir, les pages filent sans que l'on s'en rende compte ! Je suis vraiment impatiente de retrouver ce chevalier !!
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