Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Günter Grass [Allemagne]

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MessageSujet: Günter Grass [Allemagne]   Günter Grass [Allemagne] EmptyDim 9 Mai 2010 - 16:44

Günter Grass [Allemagne] Grass10
Günter Grass (16/10/1927-)

Biographie : (source : wikipédia)

Günter Wilhelm Grass, né le 16 octobre 1927 à Danzig-Langfuhr et mort le 13 avril 2015 à Lübeck, est un écrivain et artiste allemand.
Lauréat du prix Nobel de littérature en 1999, il est principalement connu pour son roman Le Tambour.
Marquée par l'expérience traumatique du nazisme, son œuvre, baroque et ironique, puise son inspiration dans son origine germano-polonaise et condense réalisme et mythe afin d'explorer les méandres de l'Histoire, la mémoire et la culpabilité. Considéré comme l'un des plus grands écrivains allemands contemporains et le plus célèbre auteur germanophone de la seconde moitié du xxe siècle, il est aussi remarqué pour ses prises de positions politiques à l'origine de nombreuses controverses en Allemagne et à l'international.

Né d'un père allemand protestant et d'une mère cachoube catholique, Günter Grass dit avoir vécu une "jeunesse allemande modèle".
L'invasion par la Wehrmacht de la Pologne et de Dantzig est approuvée par sa famille même si l'un des oncles polonais du jeune Günter est fusillé après avoir participé, comme postier résistant, au siège de la poste polonaise. Il est dès lors interdit au garçon de jouer avec ses cousins et aucun mot n'est prononcé sur les proches tombés en disgrâce ni sur le sort qui leur a été réservé. Enrôlé dans la Jungvolk, subdivision des Jeunesses hitlériennes , il demande à 15 ans à s'engager dans les sous-marins mais rejoint à l'âge de 17 ans la 10e Panzerdivision SS Frundsberg des Waffen-SS, en octobre 1944.

À la fin de la guerre, il fuit l'avancée russe et est fait prisonnier par les Américains avant d'être libéré en 1946. Il dit n'avoir pris pleinement conscience des horreurs perpétrées par le nazisme qu'après sa libération en entendant les aveux de Baldur von Schirach au procès de Nuremberg. Effondré par ces découvertes, Grass reste en Allemagne de l'Ouest où il mène une vie de bohème, étant successivement mineur de fond dans les carrières de potasse près de Hanovre et tailleur de marbres funéraires. Il tente par ailleurs de se reconstruire après la découverte de drames familiaux : sa mère et sa sœur ont vraisemblablement été violées par des soldats de l'Armée rouge.

Après une traversée de l'Europe et des études de sculpture et d'arts plastiques à Düsseldorf et à Berlin-Ouest, il tente de gagner sa vie grâce à ses sculptures et ses gravures. Il s'essaie également à l'écriture et compose quelques poèmes. Il commence par ailleurs la rédaction d'un roman qui s'inspire lointainement de sa jeunesse. En 1955, il devient un proche du Groupe 47, mouvement de reconstruction et de réflexion littéraire dans l'Allemagne d'après-guerre.

Son premier recueil de poèmes est publié en 1956, suivi de pièces de théâtre.
Entre 1956 et 1960, il séjourne à Paris, fréquente les milieux intellectuels et découvre le nouveau roman.
Il devient célèbre en 1959 avec la publication du Tambour (Die Blechtrommel), son chef-d'œuvre, qui obtient un succès planétaire et lui vaut d'être considéré comme un grand nom de la scène littéraire internationale. Vingt ans plus tard, son adaptation cinématographique par Volker Schlöndorff se voit attribuer l'oscar du meilleur film étranger et la palme d'or à Cannes.

Dans les années 60, l'auteur s'engage en politique et participe aux campagnes des sociaux démocrates allemands. Il adhère au SPD en 1982 mais donne sa démission en 1992 pour protester contre les restrictions du droit d'asile.
De 1983 à 1986, il préside l'académie des arts de Berlin.

En 1995, la publication de Toute une histoire (Ein weites Feld) provoque un tollé en Allemagne après que l'auteur y affirme que l'Allemagne de l'Ouest a pris en otage et victimisé, par le biais d'un libéralisme effréné, les habitants de l'ancienne RDA après la réunification.
Il reçoit le prix Nobel de littérature en 1999  " pour avoir dépeint le visage oublié de l'Histoire dans des fables d'une gaieté noire".

Il révèle en août 2006 son enrôlement en octobre 1944 dans les Waffen-SS après avoir prétendu auparavant avoir servi dans la Flak. La divulgation tardive de ce secret, qui « le hantait depuis toujours » et qui est faite quelques jours avant le lancement de son dernier livre autobiographique, Pelures d'oignon (Beim Häuten der Zwiebel), suscite malaise et incompréhension en Europe. Elle est à l'origine d'une controverse entre intellectuels européens, certains d'entre eux considérant que cet aveu lui ôte son statut de caution morale, d'autres au contraire pensant que cette sincérité, même tardive, ne fait que renforcer sa légitimité artistique et intellectuelle.
Jusqu'à la fin de sa vie, Grass a affrimé avoir été simplement dans la défense anti-aérienne, et a expliqué cet engagement par son souhait de fuir une ambiance familiale rendue pesante par l'exiguïté de l'appartement et une rivalité avec son père. Il dit s'être engagé par idéalisme, dans l'espoir de rejoindre les sous-mariniers et sans vraiment savoir ce que représentaient les Waffen-SS.

Günter Grass met un terme à sa carrière littéraire en 2014, à l'âge de 86 ans. Il décède en avril 2015.



Anesthésie locale

J'ai découvert cet auteur avec ce livre dont voici la 4è de couverture:

Citation :
Quadragénaire tourmenté, Eberhardt Starusch est professeur d'allemand et d'histoire dans un lycée berlinois. Souffrant des dents, il passe de Longues heures chez le dentiste: allongé face à l'écran de télévision, il invente ses propres émissions et un dialogue fictif avec le praticien. Il s'évade dans les souvenirs de l'après-guerre et dresse le bilan d'une génération désabusée.

Mon avis:

C'est bien la première fois que je lis un livre de Gunter Grass. Un auteur dont j'avais déjà beaucoup entendu parler et j'avais lu beaucoup d'avis positifs sur son roman « Le tambour ».
Le titre du livre en lui-même est intrigant « Anesthésie locale », sans oublier l'image de couverture qui montre des outils de médecine
dentaire. Tout cela semble très technique et l'on s'attendrait plus à ce que ce soit la présentation d'un manuel médical plutôt que celle
d'un roman.

Les premières pages du livres sont susceptibles d'en rebuter plus d'un. Nous ne voyons pas à quoi l'auteur veut en venir. La
réalité et le fantasme se confondent et il me semble que l'auteur maintient parfois presque sciemment cette confusion.
Les chapitres ne sont pas numérotés et le texte est découpé en plusieurs paragraphes.
Le style reste tout à fait accessible et certains passages sont empreints d'humour.
La description des femmes en train de se gaver de sucreries et le parallèle avec le consumérisme m'a beaucoup fait rire mais c'est
tellement juste.
Quant aux personnages, je les ai tous trouvés très attachants.
Va-t-on chez son dentiste comme on irait chez son psychiatre ? Que représente « l'arracheur de dents », correcteur d'imperfections mandibulaires ?
Que représentent les dents , la bouche et les soins dentaires ?
Il y a beaucoup de symboles dans ce roman déroutant et complexe même si Grass éclaircit parfois sa pensée avec quelques phrases clés très significatives.
Connaître l'histoire Allemande de cet époque est un plus pour mieux comprendre ce livre et ce n'est malheureusement pas mon cas.

Le héros, professeur, est un ex révolutionnaire assagi. Il porte beaucoup de choses dans son inconscient ( Une culpabilité liée aux
développements politiques de son pays et au rôle qu'il a joué auparavant plus une déception amoureuse mal digérée).
Les séances chez le dentiste sont de véritables psychothérapies en apparence.
J'hésite sur le véritable rôle du dentiste. Confesseur "d'erreurs passées" ou correcteur de caractères, ou bien les deux ?
Le prognathisme signe de rébellion est corrigé, la douleur qui pourrait pousser à l'agissement est calmée (Vive l'Arantil et l'anesthésie, sans oublier le rôle de la télévision). L'objectif de ces soins dentaires serait-il de contenir toute rébellion et d'inciter au conformisme ?
D'où l'importance de la prévention préscolaire...
Quel est la symbolique du tartre qui se dépose au fil des années ? Je n'avais jamais vu la bouche sous cet angle...
Pourtant la bouche a un rôle très important dans notre vie, notamment pour manger, parler et respirer.
La relation entre le professeur et son élève est également très intéressante. L'espoir que la jeunesse et la relève qu'elle peut
représenter suscitent chez les plus âgés.
L'épisode où l'élève veut protester d'une certaine manière contre l'utilisation du Napalm est très intéressant. Le dentiste prendra la chose en main en commençant de grands travaux dans l'orifice buccal du jeune homme.

Ce livre est très puissant et devrait être lu plusieurs fois pour mieux en saisir le sens.
Mon avis reflète le peu que j'ai pu comprendre de ce livre et je souhaiterais vivement en discuter avec une autre personne qui l'aura lu.

Une citation intéressante:

« Pourtant,
afin que la vilaine petite piqûre ne soit pas trop consciente, je peux
demander du secours à notre télévision... » page 83
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MessageSujet: Re: Günter Grass [Allemagne]   Günter Grass [Allemagne] EmptyDim 9 Mai 2010 - 17:21

Merci pour la création de ce fil Lyana. (Faudra peut-être ajouter une photo de l'auteur pour compléter).

J'ai L'agfa box dans ma pal. Histoires de chambre noire. QUand je l'aurai lu je te rejoindrai sur ce fil.
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MessageSujet: Re: Günter Grass [Allemagne]   Günter Grass [Allemagne] EmptyDim 9 Mai 2010 - 18:10

Le tambour et Le Turbot sont des incontournables de l'oeuvre de Günter Grass. Le Tambour est l'histoire (devenue quasiment légendaire) d'un petit garçon qui après une chute dans les escaliers décide de ne plus grandir. L'histoire se développe sur un rythme effréné et épique, débridé et truculent. Un grand, grand plaisir de lecture, pour ceux qui aiment les oeuvres au long cours.
Le Turbot s'adresse plus à nos âmes de gastronome, car il s'agit de récits successifs, traitant de l'itinéraire de onze femmes, onze cuisinières, de Ava vivant pendant la Préhistoire, à Maria, économe aux chantiers Lénine de Gdansk, en passant par Amanda Woyke qui accueille la pomme de terre en Prusse. Tout à la fois réflexion sur la place des femmes dans l'Histoire, de la place de l'Histoire dans la construction de la Pologne et de l'Allemagne, le livre est un bijou qui se déguste avec jubilation.
J'ai été beaucoup moins séduite par La ratte, qui traite du féminisme et réintègre le personnage du Tambour. Mais la lecture de Grass est toujours alléchante, pleine de rebondissements, de rêverie, de questionnement sur le sens de l'Histoire, sur l'écologie, sur la place de l'homme sur terre. Une littérature enjouée, qui ne se prend pas au sérieux, bourrée de digressions vertigineuses et distrayantes, tout en gardant un oeil grand ouvert sur le monde.
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MessageSujet: Re: Günter Grass [Allemagne]   Günter Grass [Allemagne] EmptyDim 9 Mai 2010 - 18:27

'Videmment que j'en ai entendu parler.

Mais n'empêche que les quelques lignes que tu donnes sur Le tambour et Le turbot me donnent envie Shanidar.

Et Anesthésie locale a l'air étrange... déjà que ça tourne autour d'histoires de dentiste...


Bref.

Faudra que je me décide à zieuter de plus près un de ces quatre !
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domreader
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MessageSujet: Re: Günter Grass [Allemagne]   Günter Grass [Allemagne] EmptyLun 10 Mai 2010 - 18:50

J'avais vraiment adoré Le Tambour et j'étais persuadée d'en avoir lu un autre, mais je ne le retrouve pas dans mes listes (peut-être bien Les Années de Chien') - Je ne pensais plus à cet auteur, c'est bien que le fil soit remonté. Je note Le Turbot pour plus tard.

PS: Queenie il est beau ton nouvel avatar !!
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MessageSujet: Re: Günter Grass [Allemagne]   Günter Grass [Allemagne] EmptyLun 22 Nov 2010 - 21:59

L'agfa Box, histoires de chambre noire

QUel joyeux bordel que ce livre. Ce qui le résume le mieux, c'est le texte en quatrième de couverture :

Citation :
Pour feuilleter l'album photo de sa mémoire familiale, Grass confie, une fois encore, à l'artifice d'une fable ironique bien à lui le soin de tourner les pages. Il réunit ses enfants dans sa maison d'aujourd'hui et leur fait raconter, chacun avec sa parole et ses souvenirs propres, une enfance diversement concernée par la notoriété et l'existence particulière du père. Mais au coeur de leurs souvenirs, rivalisant avec l'affection filiale, surgit sans cesse la longue silhouette amicale de la vieille Marie et de son Agfa Box magique, qui toujours transfigurait les épisodes photographiés dans le sens du désir de chacun, et pouvait aussi inscrire dans les modestes clichés quotidiens une vision de l'avenir. Les pouvoirs fantastiques du tambour d'Oskar Matzerath sont déposés dans le
boîtier affectueux d'une photographe pleine de sagesse qui visite les lieux et les maisons où l'auteur a vécu depuis un demi-siècle, mais tire aussi avec soi entre les lignes la question de l'invention poétique et de l'écriture.

"la question de l'invention poétique et de l'écriture" on la retrouve tout au long des pages, au fil des discussions décousues et entrechoquées des huit enfants du P'tit père. L'agfa box aussi, cet appareil qui a réchappé à une guerre, à un incendie, à la destruction d'une maison. Et qui s'est détraqué juste un petit peu ; juste suffisamment pour sortir des photos qui prévoyaient ce qui allait se passer ; ou montraient ce qui c'était passait ; ou rendaient visibles ce que le personnage désirait le plus ; ou....
La vie des enfants de l'écrivain est bercé par ces fables, par le personnage de la vieille Marie, de Mariette, qui au service du p'tit père, alimentait son imagination, dirigeait l'orientation que prenait les livres qu'il écrivait...
Les enfants ont beau dire qu'ils n'y croient pas, on sent qu'au final ils restent incrédules devant les ressorts qu'actionne l'imagination de leur père.
Ce livre peut rester confus, notamment pour le lecteur qui ne connait pas l'oeuvre de Grass ( comme moi). Mais dans le bordel ambiant, dans la fusion des conversations des enfants, on sent une force incroyable ! Les différentes conversations structurent ce livre, qui n'a rien de stucturé. Et les livres écrits par Gunter Grass affleurent. Et certains, le point de vue que l'auteur fait adopter aux enfants sur ces livres m'ont donné envie de lire ces oeuvres. ( Le tambour, Le turbot, La ratte, Le chat et la souris...)

Je vous mets les premières pages qui expliquent bien la démarche de l'auteur :


Citation :
Il était une fois un père qui, parce que devenu vieux, battit le rappel de ses fils et de ses filles - quatre, cinq, six, huit au total - jusqu'à ce qu'au terme d'une assez longue hésitation
ils finissent par accéder à son désir. Les voilà donc assis autour d'une table et ils commencent aussitôt à bavarder : chacun pour soi et tous en même temps, certes selon ce que leur dictait l'imagination du père et en utilisant ses mots à lui, mais en même temps sur un mode personnel et non soucieux, malgré tout l'amour qu'ils éprouvaient à son égard, de lui faire le moindre cadeau. Pour l'instant, ils sont encore en train de jouer avec la question : qui commence ?
Sont d'abord arrivés, par fécondation de deux œufs, des jumeaux qu'on appellera ici Patrick et Georg, en raccourci Pat et Jorsch, lesquels dans la réalité se prénomment autrement. Suivis, pour la plus grande joie des parents, d'une fille qu'on appellera désormais Lara. Ces trois-là ont enrichi notre monde surpeuplé avant que la pilule soit en vente libre, que la contraception soit la règle générale et qu'on planifie les familles. En sorte que, sans qu'on l'eût convoqué - et comme offert en cadeau par un caprice du hasard - , un nouvel individu est encore venu s'ajouter, censé répondre ici au nom de Thaddeus, mais que tout le petit monde rassemblé autour de la table appelle Taddel :
«Arrête de faire l'andouille, Taddel !», «Ne marche pas sur tes lacets, Taddel !»
- «Allez, Taddel, fais-nous ton numéro de j'sais-pas-quoi-faire ... ».

Bien qu'ils soient tous adultes maintenant et sollicités par un métier et une famille, les filles et les fils parlent tous comme s'ils avaient littéralement décidé de régresser, comme si ce qui n'était plus là qu'en contours vagues allait quand même se laisser capturer, comme s'il se pouvait que le temps ne passe pas, que l'enfance ne cesse jamais. Depuis la table on peut si l'on veut jeter des regards distrayants du côté de la fenêtre: sur les paysages de collines des
deux côtés du canal de 1'Elbe à la Trave bordé de vieux peupliers, lesquels, en vertu d'un décret de l'administration, qui les trouve trop insuffisamment d'ici, devraient être abattus sous peu.
Dans une ample cocotte fume un ragoût de lentilles que le père pour affriander la communauté a fait cuire à petit feu avec des côtelettes d'agneau et assaisonné de marjolaine vers la fin de la cuisson. C'est comme ça depuis toujours : le père aime faire la cuisine pour beaucoup de monde. Cette tendance à l'insistance dans la variété épique, il appelle ça de la sollicitude. D'une louche équitable il remplit les assiettes à la suite avec chaque fois l'une de ses petites formules, du genre « Dans la Bible déjà, Ésaü avait abandonné son droit d'aînesse pour un plat de lentilles». Après le repas, il va se retirer pour disparaître dans l'atelier et laisser filer le temps ou rester assis à côté de sa femme sur le banc du jardin.
Dehors, c'est le printemps. Dedans, on chauffe encore. Une fois les lentilles éclusées, les enfants peuvent choisir entre cannette de bière et jus de pomme nature. Lara a amené des photos qu'elle tente de classer. Il manque encore quelque chose : Georg - dont le nom est prononcé Jorsch par les autres -, et dont c'est le métier, installe les micros de table correctement, réclame des essais de voix, finit par dire que ça va. À partir de maintenant, ce sont les enfants qui ont la parole.
A toi Pat, commence! T'es le plus âgé, non ? T'es arrivé dix bonnes minutes avant Jorsch.
Ouais, bon ! Pendant longtemps il n'y a eu que nous. Pas plus de quatre pour moi ça aurait dû suffire, d'autant que personne n'a demandé si on avait envie d'être plus que deux, trois et après quatre. Déjà nous, les jumeaux, on se sentait alternativement en surnombre.
Et toi, Lara, t'as rien désiré de plus pressant qu'un petit chien, après ça, t'étais la fille, t'aurais sûrement bien aimé rester la dernière.
Je l'ai été longtemps, même si parfois en plus d'un chien je me suis languie d'une petite sœur. C'était comme ça parce qu'entre Maman et P'tit Père il se passait plus grand-chose et que lui il en voulait une autre, comme elle, qui s'en était aussi pris un autre. Et comme lui et sa nouvelle désiraient quelque chose à eux deux, et qu'ils pensaient pouvoir se passer de la pilule,
ça a donné une autre fille, qui à vrai dire s'appelle comme la mère du père, mais qui aujourd'hui - c'est même elle qui l'a demandé - veut parler avec nous sous le nom de Lena.
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shanidar
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MessageSujet: Re: Günter Grass [Allemagne]   Günter Grass [Allemagne] EmptyMar 23 Nov 2010 - 11:08

J'hésitais car ma dernière lecture de Grass (Pelures d'oignons) m'avait semblé un peu répétitive par rapport à d'autres oeuvres, mais Steven tu me donnes envie de retrouver les sauts et gambades de cet auteur hors du commun... cheers
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Cachemire
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MessageSujet: Re: Günter Grass [Allemagne]   Günter Grass [Allemagne] EmptyMar 23 Nov 2010 - 18:55

Grass vient de faire paraître en Allemagne "Grimms Wörter" (les mots des frères Grimm) qui doit, comme il a annoncé, être son dernier roman. Il s'agit d'un éloge à la langue allemande à travers les recherches sur le langage et les contes des Grimm au 19ème siècle. Je ne l'ai pas encore lu mais j'ai été attirée par un élément inattendu: un très beau livre relié, une bel objet... le contenu tiendra-t-il ses promesses? La critique a réagi diversement à la parution.
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MessageSujet: Re: Günter Grass [Allemagne]   Günter Grass [Allemagne] EmptyLun 14 Fév 2011 - 19:01

Le tambour


Oscar, enfermé dans un hôpital nous raconte sa vie. En partant de ses grands parents. L'évènement majeur est la décision prise par Oscar à trois ans de ne plus grandir, et il provoque une chute dans la cave pour fournir une pseudo explication au phénomène aux adultes. C'est ainsi qu'âgé sans changer d'un pouce de trois ans, et équipé d'un tambour dont il joue avec frénésie qu'il traverse l'approche de la deuxième guerre mondiale et cette dernière, qu'il vit la mort de ses proches. Il finit un jour, devant la tombe de son père officiel, et l'armée rouge occupant Dantzig, par dépasser le stade de trois ans, même s'il ne trouve jamais la taille d'un adulte.

L'histoire du petit garçon qui ne voulait pas grandir, qui fuit les horreurs d'un monde qui entre dans la folie en refusant de devenir adulte, la description de cette période déjà tant décrite d'une autre façon, décalée, puisque c'est un enfant très jeune qui voit les choses, est une idée forte. Une façon d'aborder la deuxième mondiale différente, qui permet d'évacuer le pathos et le trop de tragique et de douloureux. Se mettre à la hauteur d'un garçon de trois ans change sacrement la vision des choses.

Je dois toutefois avouer que je n'ai pas été subjuguée par ce livre, comme je le pensais. Je crois que je l'aurais adoré il y a une vingtaine d'années, et que là, je ne sais pas si c'est moi ou le livre qui avant vieilli, les deux un peu sans doute, mais j'ai trouvé le point de départ du roman au bout d'un moment un peu artificiel. Il y a des passages qui m'ont touché, et je me suis ennuyé à d'autres endroits, globalement j'ai trouvé le livre un peu trop long, surtout dans la partie dans laquelle Oscar a renoncé à ses trois ans.
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MessageSujet: Re: Günter Grass [Allemagne]   Günter Grass [Allemagne] EmptyLun 14 Fév 2011 - 19:08

Arabella a écrit:
Le tambour

Je dois toutefois avouer que je n'ai pas été subjuguée par ce livre, comme je le pensais. Je crois que je l'aurais adoré il y a une vingtaine d'années, et que là, je ne sais pas si c'est moi ou le livre qui avant vieilli, les deux un peu sans doute, mais j'ai trouvé le point de départ du roman au bout d'un moment un peu artificiel. Il y a des passages qui m'ont touché, et je me suis ennuyé à d'autres endroits, globalement j'ai trouvé le livre un peu trop long, surtout dans la partie dans laquelle Oscar a renoncé à ses trois ans.

Même sentiment pour moi. Je crois aussi l'avoir lu trop tard... comme toi, certains passages m'ont paru trop longs, presque inutiles, en tout cas ennuyeux. Le film m'a plu davantage (c'est rare!). Tu l'as vu?
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MessageSujet: Re: Günter Grass [Allemagne]   Günter Grass [Allemagne] EmptyLun 14 Fév 2011 - 19:09

Arabella, ma lecture date d'environ 20 ou 25 ans, je me demande si comme toi, j'aurais une impression différente aujourd'hui. C'est possible, difficile à dire, j'avais beaucoup aimé, et j'avais aussi trouvé ce livre éprouvant.
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Arabella
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MessageSujet: Re: Günter Grass [Allemagne]   Günter Grass [Allemagne] EmptyLun 14 Fév 2011 - 19:14

J'ai vu le film, mais pour le coup il y a vraiment très longtemps, au moment de sa sortie. Il m'avait vraiment fait une forte impression, tellement d'ailleurs que j'ai attendu très longtemps pour lire le roman. Et je trouve qu'arrêter le film au moment où Oscar décide de grandir est une bonne fin. Et les images dont j'ai gardé le souvenir ont peut être, malgré leur ancienneté plus fortes que les mots du roman, et c'est peut être pour cela que je n'ai pas trouvé le livre éprouvant, comme Domreader. La scène avec les anguilles par exemple, était tellement forte dans le film, que je n'ai pas ressenti la même force dans le roman.
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Cachemire
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MessageSujet: Re: Günter Grass [Allemagne]   Günter Grass [Allemagne] EmptyLun 14 Fév 2011 - 21:11

Je suis tout à fait d'accord, certaines scènes du film sont tellement impressionnantes que lire le livre ensuite fait moins grande impression...
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Cassiopée
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MessageSujet: Re: Günter Grass [Allemagne]   Günter Grass [Allemagne] EmptyDim 8 Jan 2012 - 20:59

Le tambour

Ce livre est le premier tome de : « La trilogie de Dantzig ».

Oscar, un homme, est dans un « institut » (nous finirons par savoir de quel type d’établissement il s’agit et pourquoi il se trouve là) et va de chapitres en chapitres égrener ses souvenirs, comme une autobiographie.

Nous allons découvrir son histoire mais aussi celles de ses grands-parents, de ses parents ainsi que celle de l’Allemagne aux alentours de la seconde guerre mondiale mais attention, ce n’est pas une fresque historique, nous ne voyons que le point de vue, le ressenti d’Oscar.
Oscar a refusé de grandir (il a imposé sa volonté à son corps) et a gardé la taille d’un enfant de trois ans, son esprit est lui, vif, alerte, observateur et son tambour, fil conducteur, est le seul élément de sa vie qu’il conserve jalousement et qui va, en quelque sorte, par ses roulements, cadencé le récit.


Trois choses m’ont parfois un peu gênée :
L’utilisation de l’imparfait du subjonctif et de beaucoup de passé-simple :
Citation :
« Nous souffrions que les répétitions ne durassent que deux heures… »
Le fait qu’Oscar (le narrateur) parle de lui-même parfois en disant « je, me, moi», parfois en disant
« Oscar », et cela peut arriver dans une même phrase… (Exemple :
Citation :
« Si désagréable que fût pour Oscar l’odeur du vinaigre, le fait que Sœur Dorothée perdait ses cheveux ne m’inspira qu’une floraison … »
)
Certaines phrases longues, longues … alambiquées qui, à mon sens, alourdissaient ma lecture, ralentissaient le rythme et entraînaient une certaine lassitude chez moi.

En revanche, j’ai beaucoup apprécié :
La découverte de l’Allemagne, des événements de la vie d’Oscar, à cette époque, à travers le regard du narrateur, parce que cette approche a un côté un peu « loufoque »,
Les « rencontres » d’Oscar avec divers personnages, cocasses, apportant un peu d’ironie dans l'expression de l'auteur.

Globalement une lecture que je ne regrette pas, malgré quelques longueurs et qui me donne envie de visionner le film éponyme.



PS : J’ai découvert qu’une nouvelle traduction avait été faite. Il me semble, malgré le court extrait que j’ai pu en lire que la lecture est considérablement allégée.
Aussi, je conseille aux jeunes qui voudraient se lancer dans la découverte de ce roman, de choisir cette nouvelle version (traducteurs (en 2009): Jean Amsler et Claude Porcell au lieu de Jean Amsler seul)

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Marko
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MessageSujet: Re: Günter Grass [Allemagne]   Günter Grass [Allemagne] EmptyLun 9 Jan 2012 - 0:36

Cassiopée a écrit:

PS : J’ai découvert qu’une nouvelle traduction avait été faite. Il me semble, malgré le court extrait que j’ai pu en lire que la lecture est considérablement allégée.
Aussi, je conseille aux jeunes qui voudraient se lancer dans la découverte de ce roman, de choisir cette nouvelle version (traducteurs (en 2009): Jean Amsler et Claude Porcell au lieu de Jean Amsler seul)

Voilà un conseil précieux même pour les moins jeunes Very Happy
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