Véra Moutaftchiéva [Bulgarie]

Bio tirée de Wikipedia

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Véra Moutaftchiéva est née en 1929, à Sofia. Elle est écrivaine et historienne, spécialiste de l’Empire ottoman. Avec Yordan Raditchkov, décédé en 2004, c’est un pilier de la littérature et de la vie culturelle bulgares depuis les années soixante, c’est aussi une intellectuelle qui œuvre pour la tolérance et la compréhension dans les Balkans. Elle a reçu en 2004 le titre d’académicienne.

Elle est l’auteur de nombreux romans historiques, traduits dans de nombreuses langues, qui lui ont permis de renouveler le genre et de rompre, dans les années 60, avec le réalisme socialiste.

Depuis la chute du régime communiste, elle se consacre à l’écriture de ses mémoires et d’essais sur la situation dans les Balkans.

L’une de ses œuvres a été publiée en français sous le titre Le Prince errant (Stock, 1987, traduit par Claude Guilhot), ainsi que dans d’autres langues (turc, italien, allemand, russe, polonais, roumain).

Moi Anne Comnène.

Citation :

ANNE COMNÈNE (1083-1148)
Fille aînée de l'empereur Alexis Ier (qui régna de 1081 à 1118), Anne Comnène, née en 1083, épousa le césar Nicéphore Bryennios et brigua en vain la couronne impériale. L'échec de ses ambitions politiques lui valut une retraite forcée qu'elle mit à profit pour reprendre un projet laissé inabouti par la mort de son époux. À la demande de sa belle-mère, ce dernier avait commencé à écrire l'histoire du règne d'Alexis Ier. Sa femme se servit de ce travail, des archives impériales auxquelles elle avait eu accès, des témoignages des membres et des proches de sa famille ainsi que de ses propres souvenirs. Le résultat fut un ouvrage monumental en quinze livres, L'Alexiade, écrit sous le règne de Manuel Ier (1143-1180)

A priori je ne suis pas forcément fan des romans historiques mais celui ci m'a surprise par son originalité et j'ai aimé suivre Anne. Un roman un peu différent où plusieurs voix se recoupent, des voix de femmes uniquement, et qui font basculer la notion de temps puisque celle de Anne Comnène s'adresse directement à nous et prend le lecteur à témoin, avec humour ou malice, parfois même s'interroge sur son oeuvre "L'Alexiade" en y rajoutant quelques bémols.

On suit donc la narratrice partagée entre ses devoirs et ses envies de liberté, son rôle politique et son goût pour le monde des idées, du savoir et des lettres. Anne est une féministe d'avant l'heure, elle aime ses enfants et veut s'en occuper elle même, mais en même temps certaines choses lui sont interdites. C'est une rebelle à sa manière, une indépendante au caractère bien trempé, mais elle a aussi les fragilités de toute femme et ces tiraillements foncièrement féminins sont aussi le lot des autres voix qui l'entourent. Irène Dukas sa mère, plus sanguine, violente et incomprise, l'autoritaire Delassène sa grand mère, qui cherche à la façonner à son image, et même Zoé sa tendre et complice nourrice. En comparaison, les hommes sont la plupart veules et insipides, obnubilés par leur aura et leurs exploits guerriers, et apparaissent moins aptes à gouverner...

Au final le portrait très actuel de femmes de pouvoir, et de ce qu'il demande comme renoncement à soi et aux autres. C'est à la fois très contemporain et instructif, on y apprend beaucoup sur l'époque mais aussi sur l'humain, bref un plongeon dans le temps et l'espace qui m'a fascinée, servi par l'écriture très fine de l'auteure, découverte par Orientale, et que je remercie encore