Akira Kurosawa

Je vais vous parler d'un film cerclé par marie et que je tiens bien au chaud chez moi en attendant que quelqu'un le réclame.



Il s'agit de "Après la pluie" conçu mais non réalisé par Akira Kurosawa, décédé avant le tournage. Pour lui rendre hommage, son assistant réalisateur depuis 25 ans, Takashi Koizumi,a terminé son oeuvre et le film est sorti en 1999. Comme il connaissait très bien Akira Kurosawa, sa manière de travailler, ce film doit être très proche techniquement et dans l'esprit de ce qu'aurait fait Akira Kurosawa lui-même. Le film est très beau, les images superbes et empreintes de poésie. Evidemment, les critiques n'ont pas fait de cadeau à l'assistant-réalisateur mais le public a fait un très bon accueil à ce film.

Akira Kurosawa est un maître du cinéma japonais. Tout le monde a vu ou du moins entendu parler des 7 samouraïs ? Eh bien, c'est lui ! Il est décédé en 1998 à l'âge de 88 ans. Voici sa filmographie :

http://mathieu.perrin.free.fr/filmo.html

L'histoire se passe au 18ème siècle. Ce film nous raconte l'histoire de Ihei Misawa, un samouraï sans maitre, un ronain, qui se retrouve bloqué par la pluie. La rivière qu'il doit traverser est en crue et il doit séjourner plusieurs jours avec son épouse dans une auberge fréquentée par des pêcheurs et des gens très pauvres. Les premières images du film, la pluie qui tombe sur les toits, sont très belles !!
L'atmosphère dans l'auberge est morose, les gens n'ont pas grand chose à manger et l'ambiance est plutôt pesante. Notre samouraï est calme, posé, très poli, très japonais quoi ! sauf qu'il a quelque chose de plus qu'un samouraï ordinaire, il sourit tout le temps ! et il se révèle être quelqu'un d'extrêmement gentil et humain. Comme il ne supporte pas de voir la tristesse s'installer chez les gens, il va faire quelque chose que le code d'honneur du samouraï réprouve... et on lui fera savoir.
Je vous laisse découvrir la suite !!!!!

Le film est chez moi, l'enveloppe bulle est prête !!
N'hésitez-pas, c'est un fil à voir, vraiment !!

Emprunté à la médiathèque hier par curiosité:
Rêves, d'Akira Kurosawa (1989)

On m'a parlé de Kurosawa il y a peu. Je ne le connaissais pas. Et apparement sa renomée est très grande. Peut-être quelqu'un pourra-t-il revenir là-dessus?

Quant-au film:
8 chapitres, 8 "visions" qui n'ont aucun lien entre-elles, sinon leur profondeur.
Présenter ces sujets comme des "rêves" (ou des cauchemards...?) est une démarche très interessante qui nous confronte de fait à des univers idéaux et naïfs, où le rationnel n'a qu'une emprise moindre. Une légereté et un onirisme sublimés par la réalisation de Kurosawa, esthétique, lumineuse et naturelle qui sait subjuguer ou transmettre l'effroi lorsque désiré.
Ces "rêves" cherchent avant tout et simplement à nous confronter à nous même, ainsi qu'à la nature qui nous environne. Une vision certes naïve mais ô combien magnifique et méditative.

(il y a aussi parmi ces huit un hommage assez exceptionnel à Van Gogh)

Un bijou que je ne demande qu'à compléter avec d'autre opus du réalisateur.

je n'ai (toujours...) pas vu Dreams mais je ne peux que t'encourager à regarder des films de ce réalisateur (qui fait relativiser bien des pseudos prouesses d'improbables grands films...)

anecdote : je fais tourner parmi mes collègues Ran (pour l'instant 1 convaincu surpris et 2 récalcitrants)... ce film est sublime.

Pluvieux et lumineux (Après la pluie)

Ceci,pour confirmer Mimi.Le dernier film écrit par Akira Kurosawa a été réalisé par son assistant depuis 25 ans, Takashi Koizumi. Après la pluie c'est une étape dans la vie d'un ronin,samouraï non attaché à un maître.Bloqué par la pluie et les crues le héros trouvera un nouveau souffle dans l'amour simple et ample de sa femme et la droiture de sa condition de combattant du bien. Après avoir failli être engagé comme maître d'armes d'un seigneur local il reprendra la route.

Ce film n'est pas une fresque mais plutôt une estampe, testament de Kurosawa dont le message a été admirablement compris et mis en images par Koizumi. Le vert des forêts, le murmure des eaux, le vol d'un oiseau, le retour du soleil sont tout de lumière à la fois frêle et envoutante. Quelques combats très nobles et ...la noblesse aussi de s'avouer vaincu rythment ce film qui conclut merveilleusement la vie du grand montreur japonais Akira Kurosawa dont on ne louera jamais assez l'éclectisme.

Le médecin et le yakuza





L'ange ivre(1948) est l'un des premiers films d'Akira Kurosawa.Cinéaste des bas-fonds de l'après-guerre japonaise l'attirance pour cette frange du peuple nippon ne le quittera jamais.Dans L'ange ivre la caméra revient souvent sur une sorte de marécage faisant office de déchetterie.Les personnages y passent tour à tour.On dirait que c'est le pays tout entier qui crache le sang comme le gangster soigné par le médecin alcoolique.Les rapports entre ce bandit qui ambitionne de devenir le parrain local et ce médecin qui fait de l'humanisme bourru sans le savoir sont parmi les plus beaux du si riche cinéma de Kurosawa.

Dans l'Empire du Soleil Levant de 1948,post-apocalyptique comme presque tout le cinéma japonais les dancings ressemblent à ceux de Chicago et les voyous pourraient sortir d'un film de Scorsese,par ailleurs grand admirateur de Kurosawa.Les personnages féminins ne sont pas sacrifiés,surout la jeune fille en voie de guérison,très fraîche et enjouée.C'est bien sûr l'affrontement des deux hommes:le yakuza qui finit par douter et le toubib plein de bonne volonté faillible qui crée la tension et les scansions de L'ange ivre.C'est aussi le premier rôle de Toshiro Mifune chez Kurosawa.Les deux hommes ne se quitteront plus et Mifune deviendra le seul acteur nippon connu en Europe.Son jeu,assez occidentalisé,me fait penser à Brando pour le côté chien fou et à Gassman pour le côté hableur.Pardon pour ce raccourci.

Le marécage,symbole d'un Japon perdant et perdu, permet à Kurosawa des plans splendides aux accords d'un guitariste dans l'ombre.Je n'en citerai qu'un:le bandit, très affaibli par la tuberculose, est adossé contre l'un des rares arbres du cloaque.L'arbre est rachitique et l'homme,voûté de douleur,ressemble à un chômeur italien culpabilisant.Quel compliment

Le doute sous le portique



Rashomon(1950) est le film qui a révélé Akira Kurosawa à l'Occident.Le Japon put alors cinématographiquement relever la tête et l'on commença à découvrir la richesse de ce Septième Art nippon très spécifique et qui désarçonne parfois le spectateur européen.Adapté de deux récits d'un écrivain connu au Japon Rashomon est une réussite exemplaire de ce que j'appelle le cinéma de l'interrogation,vaguement affublé en France de l'adjectif pirandellien référence au grand dramaturge italien Pirandello auteur de A chacun sa vérité.

Les protagonistes d'un meurtre témoignent tour à tour.Mais chaque version diffère bien entendu et les trois personnages réfugiés pour cause de pluie battante(il pleut souvent dans le cinéma japonais) se heurtent sur la vérité et sur la faillite de l'humanité bâtie sur le mensonge.Le bonze,le domestique et le bûcheron méditent sur la fragilité du vrai et la relativité des déclarations.Savamment orchestré d'une série de retours en arrière Rashomon met en relief des classiques de la littérature du pays,bandit,femme soumise(pas tant que ça,là encore il y a doute),samouraï.Couronné de récompenses Kurosawa a été gentiment accusé de calcul à l'exportation pour toucher enfin le public de l'Ouest.Peut-être pas faux mais qu'est-ce qu'on s'en moque.Cette porte de Kyoto ouvrait la voie pour une découverte passionnante:il y avait donc un cinéma aux confins de l'Asie.Et d'une complexité inattendue

Face à l'ogre





Face à l'ogre Picasso au Grand Palais prenez 20 minutes pour Monsieur Kurosawa au Petit Palais.Une petite centaine de dessins du grand maître japonais nous invite au voyage dans la dernière partie de son oeuvre,Kagemusha,Ran Rêves,Madadayo.Plus que de simples croquis de storyboard de véritables bijoux sont accrochés dans ce hall du Petit Palais.Si cous connaissez les films vous apprécierez la précision et l'anticipation graphique parfaite de ces dessins.Les guerriers bien sûr,mais aussi les femmes,les fleurs, les bannières flottant,tout nous éblouit et nous immerge dans l'univers de Kurosawa à la fin de sa vie,entre médiévisme et mondialisation,lui qui fut le continuateur de la tradition nipponne et aussi le symbole de l'ouverture du Pays du Soleil Levant vers l'Occident.Le lui-a-t-on assez reproché d'ailleurs.

Mais si vous n'êtes guère cinéphile et ignorez tout de A.K. vous découvrirez un monde qui se suffit à lui-même et n'a pas besoin de Coppola et Scorsese (ils ont beaucoup fait pour Kurosawa sur ses derniers films).On sait Kurosawa proche des grands Russes,Tolstoï et Dostoïevski,et aussi grand shakespearien et cette exposition en est une preuve supplémentaire.Goüt de la fresque qu'il saisit bien sur quelques centimètres carrés,puissance des allures princières,couleur des costumes,douleur des vaincus.J'ai aimé cette parenthèse japonaise,moi qui suis très éloigné probablement définitivement de l'univers manga.Héritier de Ford et Griffith,devenu une icône,Akira Kurosawa est le pont idéal entre deux cinémas plus proches qu'on ne veut bien le penser.

Chouette information!
(Le dossier de presse ici)

...Paris, dommage

Une parenthèse pour Rhapsodie en août -Hachigatsu no kyoshikyoku (1991). Un Kurosawa serein tourné vers Nagasaki sous les regards bienveillants, sérieux mais plein de joie d'une grand-mère et ses petits-enfants. Même si certains pourront trouver ce film trop "pédagogique", il dégage par sa simplicité de l'enthousiasme...

Babelle a raison

Citation :

Une parenthèse pour Rhapsodie en août

Absolument.Je n'oublie pas Rhapsodie en août dans la bien belle filmo de A.K.Le drame nucléaire n'est jamasi absent du cinéma japonais.

Bellonzo a écrit:

Babelle a raison

Citation :

Une parenthèse pour Rhapsodie en août

Absolument.Je n'oublie pas Rhapsodie en août dans la bien belle filmo de A.K.Le drame nucléaire n'est jamais absent du cinéma japonais.

Le drame nucléaire est également présent dans Vivre dans la Peur (1955), qui n'est pas le meilleur Kurosawa (DVD réédité il n'y a pas longtemps).

A propos de Rhapsodie en août, il est tiré du livre Le Chaudron, de Murata Kiyoko. Le livre date de 1987, le film de 1991.
Le film étant meilleur que le roman, à mon avis. Le parapluie qui se retourne dans la tempête, tout ça... c'est cent fois mieux dans le film. Mais le livre n'est que la première moitié du film, en gros. Et ce qui a été ajouté par Kurosawa, c'est tout ce qui tourne autour de la Bombe.

A noter que Kurosawa avait du mal à trouver de l'argent pour faire des films à la fin de sa vie. Grâce notamment à George Lucas, il a pu réaliser plusieurs films (tout comme Satiajit Ray a eu, il me semble, le soutien financier de Gérard Depardieu pour plusieurs de ses films à la fin de sa vie, merci à lui pour ça).

Mais depuis que Kurosawa est mort, il y a moins de problèmes financiers.
Un génie mort, ça vend mieux qu'un génie vivant. Surtout si on peut faire réaliser ses films par des réalisateurs qui seront plus près, eux, des attentes supposées du public.

Après la pluie en 1999 (que personnellement je n'ai vraiment pas aimé : lumière moche, acteurs mauvais, plans mal tournés... étais-je de mauvaise humeur ce jour là ?) ; Dora-heita (réalisé par Kon Ichikawa en 2000), et puis encore Umi wa miteita (2002), Samurai 7 (un animé ! si,si !), Tsubaki Sanjûrô (2007) - eh oui, il s'agirait d'un remake de Sanjûrô, avec un certain Yuji Oda dans le rôle tenu par Mifune !
Mais le pire est à venir : Kakushi i toride no san akunin - The last princess (2008, réalisé par Shinji Higuchi): un remake de La Forteresse cachée.
Ce n'est pas tout !
2009 : The Seven Samurai, un remake des 7 Samouraïs ! Eh oui, un remake qui s'imposait.
L'idée de génie est de déplacer l'action en Thaïlande. Yeah ! Trop bien. J'attends le remake du remake en Corée, puis au Vietnam... et au Groënland. "Les 7 Esquimaux", ça fera un chouette titre en haut d'une affiche.

Alors, évidemment, Kurosawa n'est pas content. Et que fait-il ? Il revient !! Eh oui, Kurosawa est toujours vivant, il réalise actuellement un documentaire (sortie prévue en 2010).
Vous ne me croyez pas ? Allez voir sur http://www.imdb.com/title/tt1198401/
(OK, en fait, c'est un documentaire, là j'étais de mauvaise foi).
Mais quand même.

tu sais que pour te consoler tu as une variante du garde du corps avec jean-claude van damme, pat morita et danny trejo ? clic

pour revenir dans le sujet, il y en a que je reverrai bien, ceux que j'ai vu, le peu, les "habituels".... à part Ran que j'ai revu il y a moins longtemps. j'ai été un peu refroidi quand même par Dreams, un peu inégal ?

Je maîtrise mal l'Oeuvre de Jean-Claude VD; je connais plus ses pensées profondes (sur le mouvement perpétuel à la portée de l'homme, par exemple). Il faudra que je creuse !

Oui, Dreams est un peu inégal, mais il y a des choses très bien dedans. Et puis, parmi les lavandières se trouve l'auteur des sous-titres français, je trouve ça sympa (et anecdotique, c'est vrai).

Mes Kurosawa préférés, ce ne sont pas les grosses machineries comme Ran, mais plutôt ses films du début : L'Ange Ivre, Le Duel Silencieux, Scandale, Vivre (sauf la toute fin, moralisante).
Et puis l'Idiot. Et le Château de l'Araignée, aussi (McBeth japonais !).
Dersou Ouzala, également, très très beau.

Il faudrait que je revois Dodeskaden, le plus gros échec de Kurosawa, et qui a été à l'origine de sa tentative de suicide... Un film très curieux, qui ne cherche vraiment pas à plaire.

Au chien enragé,ne reste que la ligne droite



Il n'y a aucun paradoxe à aimer chez Kurosawa les sagas historico-shakespeariennes(pour faire court) et les polars secs et noirs des années cinquante.En 49 il met en scène Chien enragé,excellent western du bitume d'un Japon qui se relève lentement des ruines post-apocalyptiques.Il y a bien un duo de flics,une initiation,un rapport père-fils,schémas classiques. Mais il y a aussi un remarquable travail sur la musique et sur les bruits de la ville,avec une approche documentaire dont à mon avis s'inspirera Dassin dans sa trilogie urbaine à venir.Chien enragé est un film noir bien sûr avec boîtes de nuit,fumée,trafics d'armes et de très belles poursuites dans ce Japon hyper-urbain où le manque de place et la promiscuité,la misère et la violence cohabitent dans l'éternelle lumière bleue de l'essence du beau monde du polar.