Kiyoshi Kurosawa

Un réalisateur japonais qui s'interesse tout particulièrement aux films de genre (horreur - thriller..) comme on en voit pleuvoir depuis quelques années.
Il est un peu le pilier entre le cinéma de genre et le cinéma d'auteur. Ses films sont à la fois effrayants, esthétiques et intelligents.

Pourtant, un réalisateur qui est extrèmement peu distribué en France. De quoi énerver je vous jure !!

LOFT


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Une jeune romancière semble étouffer dans son appartement, au point qu'elle a de fortes quintes de toux, et crache... de la boue : hallucinations ? Aidée par son éditeur, elle va emménager dans une maison en pleine campagne.
Un soir elle aperçoit un homme porter un corps inanimé dans la petite baraque en face - elle apprendra plus tard qu'il s'agit d'une étrange momie et que l'homme est un chercheur.
A deux pas de chez elle, le marais, étendue d'eau boueuse où se cachent peut-être des réponses à ses questions...


Ce film utilise pas mal de codes que l'on connaît du cinéma fantastique nippon : les apparitions spectrales, les utilisations d'ambiance sonore très travaillées qui joue sur le parquet qui grince, les rideaux qui bruissent, les portes qui couinent... A celà s'ajoute une musique particulièrement flippante.
L'histoire en elle-même n'a pas non plus grand chose d'originale : c'est même limite du réchauffé, et c'est peut-être une des raison qui fait qu'on peut le trouver un peu longuet ce film...

Après bien sûr, il y a des plans superbes, une manipulation du cadre qui transporte directement dans une ambiance à la limite du gothique (la vieille maison, le marais, le vent, les lumières...)
Et finalement on ressort de ce film encore un peu transporté par l'univers de Kurosawa, mais pas transcendé non plus (je lui préfère Jellyfish).

A celà s'ajoute une histoire d'amour naissant que je trouve particulièrement niaise... mais bon, est-ce que c'est parce que cette histoire d'amour n'est qu'une répétition de ce qui se passe depuis des milliers d'années ? Quelques portes restent ouvertes.

Je viens de regarder Loft qui fiche bien les chocottes. Je ne connais pas les "codes" nippons remâchés mais c'est vrai qu'il y a de terribles longueurs et la musique sature. J'aimerais bien passer à autre chose avec Kurosawa.

Queenie a écrit:

Quelques portes restent ouvertes.

tu devrais regarder Jellyfish, si tu ne l'as jamais vu. D'ailleurs, je le conseillerais à beaucoup Jellyfish : Ce n'est pas du tout un film d'horreur. C'est plutôt "dans la veine" L'anguille d'Imamura.

Bande Annonce

Je peux pas trop vous en dire plus, je me souviens juste d'une ambiance, et de sensations. Je l'avais vu à sa sortie ciné en France.

Tokyo Sonata

Un homme perd son emploi du jour au lendemain, un poste haut placé. Désemparé, dans une sorte d'instinct de survie, il va le cacher à sa famille. Et à partir de là, ouvre-t-il les yeux ou sa chute fait-elle craqueler les fondations, mais toute leur équilibrée existence va flancher.


Kurosawa filme la solitude au milieu des autres, le mensonge dans le silence, la recherche de soi dans le désespoir, le vide du quotidien, l'étouffement de la famille, de ses codes.
C'est très juste, jamais trop silencieux, trop poétique ou trop lourd.

Y'a des petits moments légers qui aident à respirer, à avoir de l'espoir (le gamin qui s'inscrit en douce à des leçons de piano), mais c'est surtout cette sorte de distance constante avec l'action et les émois des personnages qui font qu'on ne sombre pas dans le glauque.
Après, je l'ai trouvé peut-être un peu trop "loin" justement, à être juste spectateur.

Mais le propos, le fond, est cruellement réaliste. Cette famille déstructurée qui ne tient que par des bouts de ficelle, qui ne fait que vaguement partager un repas, qui ne se connaît pas.

La fin est très touchante aussi, pas vraiment inattendue, mais juste, humainement.


C'est un film à se regarder un jour de pluie.

Je sors de Tokyo Sonata.

Je trouve que c'est un film très noir dans sa manière de percevoir, de dépeindre le monde économique et social.

Le monde du travail est hautement cruel, l’expérience du chômage est parfaitement traduite (même si ce n'est pas nouveau et que Kurosawa ne propose rien d'innovant non plus), la destructuration de l’emploi du temps et du temps, le sentiment d’inutilité, la honte ressentie, l’humiliation (j’ai par exemple trouvé la scène de l’entretien où le recruteur demande au père de chanter, très dure).

Pas non plus d’échappatoire dans la famille, déstructurée comme tu dis Queenie, qui ne communique plus, institution qui n’est même pas solidaire, qui doute d’elle-même (le père à assurer sa fonction d’autorité, à transmettre ses valeurs à ses fils ; la mère qui est absente, qui rêve de s'évader de son rôle contraignant de mère de famille qui reste cloitrée chez elle) . Même l'école ne joue plus son rôle avec un maître décrédibilisé...

Seule la guerre (option choisie par l'aîné) devient une échappatoire pour sortir de l'étouffement de la famille et de la société japonaise plus généralement.

Cedi dit, je ne suis pas dans la critique négative de cette noirceur, je trouve aussi ce film très juste.

Un constat très noir, un film ancré dans une réalité fort peu réjouissante. Alors forcément, la scène de fin, fait entrevoir de la lumière (enfin), j’ai comme l’impression que tout conduisait vers cette scène finale. Rien d'étonnant, c'est vrai mais essentielle, émouvante.

Li a écrit:

Je sors de Tokyo Sonata.

Il faut que j'attende mi-juin pour le voir...mais je VEUX le voir...

Li a écrit:

Je sors de Tokyo Sonata.

[...]

Un constat très noir, un film ancré dans une réalité fort peu réjouissante. Alors forcément, la scène de fin, fait entrevoir de la lumière (enfin), j’ai comme l’impression que tout conduisait vers cette scène finale. Rien d'étonnant, c'est vrai mais essentielle, émouvante.

ça fait plaisir de retrouver un avis sur ce film !

Tokyo Sonata


Très gros coup de coeur pour ce film à la fois subtil, dense et au final très émouvant dans sa sobriété. Je n'entendrai plus le célèbre "Clair de Lune" de Debussy de la même façon.

On pourrait s'attendre au parcours classique du petit génie qui deviendra grand pianiste. Mais ce n'est pas le propos du film qui est avant tout un portrait d'une famille ordinaire dans le Tokyo moderne touché par le chômage et les rapports humains ancestraux marqués par la discipline, la soumission à l'autorité des pères, la pudeur des émotions, la fierté qui conduit à l'autodestruction.

La sonate c'est le morceau de Debussy mais c'est avant tout ce récit discret du délitement d'une famille, d'une société. Il y a un petit côté théorique mais qui s'incarne avec justesse.

La construction est malgré tout celle d'un mélodrame qui dans un magnifique crescendo émotionnel nous laisse durant la dernière séquence à la fois libérés et bouleversés. On la voit venir mais elle est tellement belle et sobre que l'impact est très fort.

Je retiens des moments en suspension comme ces mains levées de la mère sur le canapé qui appellent une aide qui ne vient pas, un salut militaire à travers la vitre d'un car qui emmène le fils ainé à la guerre et qui remplace l'étreinte que la pudeur interdit, la cavale burlesque de la mère avec un cambrioleur improbable, le regard et l'aplomb de ce gamin qui observe les adultes avec étonnement et générosité (une constante du cinéma asiatique avec notamment le magnifique Yi Yi d'Eward Yang auquel on pense un peu).

Surtout ne le manquez pas en salle ou en DVD!

Marko a écrit:

Tokyo Sonata


Très gros coup de coeur pour ce film ...

Je l'ai vu aussi ce week-end...Très gros coup de coeur également...
Je souscris à tout ce qu'a écrit Marko et tenterai de faire un petit commentaire personnel...

Tokyo Sonata

J'aimerais savoir si c'était l'enfant qui jouait réellement du piano dans la scène finale...Belle à pleurer...
Ce gamin adorable est un excellent comédien...S'il est un pianiste virtuose, la nature l'aura beaucoup gâté...

coline a écrit:

Tokyo Sonata

J'aimerais savoir si c'était l'enfant qui jouait réellement du piano dans la scène finale...Belle à pleurer...
Ce gamin adorable est un excellent comédien...S'il est un pianiste virtuose, la nature l'aura beaucoup gâté...

A l'écran on voit qu'il joue vraiment:

J'ai trouvé ça... Attention ce passage raconte la fin!

Spoiler:

Merci Marko!...
Euh...si vous n'avez pas vu ce film, ne regardez pas la citation de Marko parce que...vous devez absolument voir!

Bon allez je mets Clair de lune par Aldo Ciccolini (un des mes interprètes favoris pour Debussy):

Clair de lune

et dans le film (un extrait à regarder après l'avoir vu) ... Tokyo Sonata

Marko a écrit:

Bon allez je mets Clair de lune par Aldo Ciccolini (un des mes interprètes favoris pour Debussy):

Clair de lune