François Emmanuel [Belgique]

La chambre voisine

Citation :

Présentation de l'éditeur
Ignace est enfant lorsque sa sœur aînée, Else, disparaît dans des circonstances mystérieuses lors d'un voyage en Pologne. Dans le domaine familial, règne une atmosphère étrange, centrée sur cette disparition que personne ne mentionne jamais. Entre la mère, vivant dans sa douleur, l'oncle Cyril, et la sœur Maud, perdue dans son monde depuis que sa jumelle a disparu, flotte l'ombre d'Else. Bien des années plus tard, Ignace retrouvera sa trace grâce à Tadeusz, ami du père disparu. Un roman pudique et inoubliable sur l'absence et les liens invisibles tissés entre les êtres.

Au centre de ce roman de François Emmanuel il y a une famille où il n’y a pas d’amour comme un des membres de cette famille le dit à un certain moment donné.

Mais pour compenser cet amour inexistant, il y a un secret – et de tel sorte qu’il va devenir l’intrigue centrale du livre.

Ignace, au début du livre il a 14 ans, va devenir les yeux et les oreilles de cette famille pour nous faire partager comment chaque membre se prend avec cette disparition de sa sœur.

François Emmanuel arrive à construire sur même pas 200 pages une histoire qui emporte son lecteur dans un monde reclus d’une famille qui se retrouve autour de ses morts et n’arrête pas de déployer son destin malchanceux.
Mais c’est aussi Ignace qui va arriver à ce que toutes les questions trouvent une réponse.
Tout ceci décrit non loin au style d’un Modiano qui sait happer son lecteur aussi bien par une énigme qu’avec des mots..

L'enlacement

Un homme, à présent plus âgé, revisite mentalement sa rencontre avec une femme et l'importance extrême que cela a eu pour eux deux.
Matériellement, ils ont partagé fort peu de temps et de choses ; intérieurement, cela a bouleversé leur vie.
Un texte immobile donc. Une langue naturellement riche et précise, tout en restant sobre (j'ai pensé à Duras ) , belle (très) et sans recherche d'effet.
Un grand moment de vérité des êtres, sur leur mystère aussi, au-delà de la comédie sociale.
J'aime beaucoup.

monilet a écrit:

J'aime beaucoup.

Merci
J'aime bien ton commentaire.. et je souhaite beaucoup de lecteurs à cet écrivain...

Moi qui aime peu commenter, j'ai fait un petit effort, pour toi entre autres.
Oublié de préciser : un excellent jeu du futur antérieur et du futur...dans le passé, rare et précieux.

monilet a écrit:

Moi qui aime peu commenter, j'ai fait un petit effort, pour toi entre autres.

alors un double merci

monilet a écrit:

Oublié de préciser : un excellent jeu du futur antérieur et du futur...dans le passé, rare et précieux.

je te crois sur parole.. ce n'est pas ce qui m'a sauté aux yeux lors de ma lecture

Que veux-tu : une langue si belle et un un emploi quasi naturel de temps oubliés (dans cet emploi)..., je n'ai pu qu'y être sensible.

monilet a écrit:

Que veux-tu : une langue si belle et un un emploi quasi naturel de temps oubliés (dans cet emploi)..., je n'ai pu qu'y être sensible.

tu as raison.. et il me faudrait faire plus attention à de tels détails

Au temps pour moi qui ai fait le post de mémoire : il s'agit du conditionnel et du conditionnel passé...oups.

monilet a écrit:

Au temps pour moi qui ai fait le post de mémoire : il s'agit du conditionnel et du conditionnel passé...oups.

ma lecture date d'avril dernier.. ce n'est pas moi qui va te dire des détails sur le temps utilisé..
mais je sais encore que ce livre m'a fait beaucoup de plaisir - tout comme les autres de cet auteur ..
et que j'attends chez lui toujours avec plus d'impatience que chez d'autres du nouveau....

Jours de tremblement

Citation :

Editeur
Dans cette saisissante allégorie François Emmanuel ouvre peu à peu le champ de la conscience par un récit vibrant, profondément visuel, dont les résonances ébranlent sourdement les fondements de notre rapport au monde.
Huit jours et huit nuits d’une hallucinante dérive quand le Katarina, luxueux bateau de croisière, se vit transformé en prison flottante, pris au piège d’une insurrection armée sur les berges de ce fleuve africain dont les dépliants vantaient la douceur des paysages et la tranquillité des peuples riverains.

kenavo a écrit:

j'attends chez lui toujours avec plus d'impatience que chez d'autres du nouveau....

cela reste toujours vrai.. même si ce dernier livre de lui me laisse un peu mitigée..
Lu il y a quelques jours, je voulais voir si mon impression allait changer.. mais cette idée d’être passée un peu à côté persiste.
J’ai bien compris cette allégorie.. je vois où l’auteur veut emmener son lecteur.. mais je reste en dehors de cette histoire, de ces événements..

N’empêche que j’adore cet auteur pour son écriture et que je vais lui rester fidèle

-Cheyenn-



Le narrateur, réalisateur de documentaires, vient de terminer un film sur le monde des SDF, lorsqu' il apprend le meurtre de l'un d'eux, dont le regard perçant l'avait troublé, un certain Cheyenn. Commence alors pour lui un travail de mémoire, une sorte d'enquête parralèle non pour déterminer le nom du ou des coupables, mais dans le but de redonner sa dignité perdue à cet homme dont il ne sait rien...

J'ai lu ce court récit sans déplaisir car l'auteur aborde le thème de l'identité de ces êtres dénués de liens sociaux avec beaucoup de sensibilité et une pudeur qui forcent le respect. Aucun voyeurisme ni pathos dans ces quelques pages mais un respect de l' homme capté au coeur de la sauvagerie des grandes villes, une attention faite d'empathie et d'un certain remord envers celui qu'il n'a pas su 'voir' en temps voulu. Mais cent pages c'est bien court pour donner une dimension à un homme, il en reste surtout l'approche d'un cinéaste scrupuleux pour qui chaque être détient sa propre histoire. Jolie démarche, je retiens ce nom pour une lecture plus fournie en tout cas car d'après ce que vous en dites il vaut bien le détour!

Aeriale a écrit:

je retiens ce nom pour une lecture plus fournie en tout cas car d'après ce que vous en dites il vaut bien le détour!

tout à fait.. j'ai lu ce livre avec un certain intérêt.. et parce que je suis une inconditionnelle de cet auteur.. mais il y a bien d'autres livres de lui pour donner plus accès à ce qu'il est capable de faire

La leçon de chant

Il faut dire peu de choses de ce roman sinon la grâce infinie qui s’en dégage, née de l’harmonie entre les mots de ce romancier-poète et le thème : la musique, la voix…
C’est l’histoire d’une voix qui a choisi d’interpréter le lied Nacht und Traüme de la merveilleuse cantate inachevée de Schubert : La cantate pour la mort de Lazare.

Je vous invite à l’écouter ici, interprétée par Barbara Hendricks
clic

Mais cette voix, qui est celle de Clara Mangetti, se brise un soir tandis qu’elle interprète la cantate sur la scène des Cordeliers.
Voix brisée, vie brisée.

Clara est belle et mystérieuse, souffrante et bouleversante. « Mon enfance a été triste. » dit-elle seulement à ceux qui l’aiment pour expliquer l’alternance de sa joie et de sa tristesse, de sa force et de sa fragilité, l’alternance de son investissement dans son métier ou son amour pour Pierre, un peintre, et ses disparitions soudaines.

De toute son attention et sa patience, le professeur de chant de Clara (un ancien ténor, un homme vieillissant et qui l’aime) va amener la jeune femme à libérer peu à peu son terrible vécu, son secret, sa blessure. L’Argentine, l’Espagne, sa mère, Milena sa sœur morte …

Narrée par le vieux professeur de chant, l’histoire de Clara est envoûtante, le récit teinté de poésie avance par touches délicates.
Quel bel ouvrage !

Je ne vais pas abandonner cet auteur.

La leçon de chant

Puisque Coline a déjà si bien parlé de ce livre, il ne me reste plus beaucoup à faire, à part vous montrer la couverture de ce livre, qui se lit tout en douceur et appartient pour moi dès à présent à mes favoris de cet auteur.

En parlant de couverture : je sais bien que les maisons d’éditions ne les choisissent pas toujours en fonction du contenu (dans ce cas, je ne vois pas d’autres liens que la nationalité des deux artistes, Paul Delvaux étant Belge, tout comme François Emmanuel.)
Mais à part cela j’ai eu dès le début du livre (page 16) une autre image en tête : à partir de la phrase : une grâce aux yeux gris perle de Modigliani. Et en effet, les femmes de Modigliani correspondent bien à mon idée de Clara…
Mais sinon peinture et images, musique et souvenirs font une grande partie de ce livre et le tout soutenu par sa belle écriture. Un pur délice !

J’aime bien ce que Jean-Claude Bologne dit dans sa ‘lecture’ de ce livre, ajout à la fin du texte, avec en plus quelques images, très bonne initiative, pas besoin d’avoir internet tout près pour se faire une idée des images dont on voudrait partir à la recherche après avoir lu le livre :

Un cliché galvaudé depuis Modiano évoque la « petite musique » de certains auteurs qui ont renoncé aux effets de manche. L’expression permet d’éviter l’analyse, et souvent avec raison, car rien n’est plus fragile qu’une harmonie. Si le poncif me revient à l’esprit en lisant François Emmanuel, ce n’est pas seulement à cause de l’importance qu’il accorde à la musique ou du travail très sensible sur l’harmonie de la langue, mais aussi parce que, comme dans une symphonie, l’écriture n’est pas une simple mise en forme, mais la matière même du roman.

Sur ce je ne peux naturellement qu'être d'accord avec Coline:

coline a écrit:

Je ne vais pas abandonner cet auteur.

kenavo a écrit:

La leçon de chant

Puisque Coline a déjà si bien parlé de ce livre, il ne me reste plus beaucoup à faire, à part vous montrer la couverture de ce livre, qui se lit tout en douceur et appartient pour moi dès à présent à mes favoris de cet auteur

Je pense qu'il pourrait plaire à beaucoup de Parfumés, tu ne crois pas?...Tu seras peut-être plus convaincante que moi...

kenavo a écrit:

En parlant de couverture : je sais bien que les maisons d’éditions ne les choisissent pas toujours en fonction du contenu (dans ce cas, je ne vois pas d’autres liens que la nationalité des deux artistes, Paul Delvaux étant Belge, tout comme François Emmanuel.)

J'ai pensé que c'était parce qu'elle posait (difficilement) pour Pierre, son amoureux.

kenavo a écrit:

Mais sinon peinture et images, musique et souvenirs font une grande partie de ce livre et le tout soutenu par sa belle écriture. Un pur délice !
[...]
Sur ce je ne peux naturellement qu'être d'accord avec Coline:

coline a écrit:

Je ne vais pas abandonner cet auteur.

Voilà...puisqu'on vous le dit!