Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Emmanuel Carrère

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MessageSujet: Emmanuel Carrère   Emmanuel Carrère EmptyMar 10 Avr 2007 - 18:28

Emmanuel Carrère Carrer10

Emmanuel Carrère est un écrivain, scénariste et réalisateur français né le 9 décembre 1957 à Paris.
Il est diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris.
Il est le fils de Louis Carrère et de la soviétologue et académicienne Hélène Carrère d'Encausse, et le frère de Nathalie Carrère et de Marina Carrère d'Encausse.
Il commence comme critique de cinéma pour Positif et Télérama. Son premier livre, Werner Herzog, paraît en 1982. Il publie son premier roman L'Amie du jaguar en 1983 chez Flammarion. Le suivant, Bravoure, sort un an après chez POL, éditeur à qui il confiera tous ses autres ouvrages par la suite.
En 2010, il est membre du jury des longs-métrages du Festival de Cannes, présidé par Tim Burton.

Bibliographie

Citation :
Index: (cliquez sur les numéros de page pour y accéder directement)

Romans
1983 L'Amie du jaguar, Pages 4
1984 Bravoure, Pages 7
1986 La Moustache, Pages 2, 5
1988 Hors d'atteinte,
1995 La Classe de neige, Pages 1, 2

Récits
2000 L'Adversaire, Pages 2
2007 Un roman russe, Pages 1, 2
2009 D'autres vies que la mienne, Pages 2, 3, 4, 7
2011 Limonov, Pages  5, 6, 8
2014 Le Royaume, Pages 8,

Essais
1982 Werner Herzog,
1986 Le Détroit de Behring : Introduction a l'uchronie, Pages 2
1993 Je suis vivant et vous êtes morts, biographie romancée de Philip K. Dick Pages 2, 7,

Articles
Le dernier des possédés, paru dans le numéro Hiver 2008 de la revue XXI.

Citation :
mise à jour le 19/10/2014 page 8



Un roman russe. Editions POL 2007.

"L'auteur de " L'Adversaire " voulait sortir de l'horreur et de la folie qui habitent tous ses livres. Dans " Un roman russe ", il remonte aux sources géorgiennes de son histoire familiale pour exorciser le souvenir de son grand-père."


.

Il faut lire ce roman comme une confession, une quête de l'auteur à travers trois histoires entremélées: Celle du tournage d'un film, celle d'une passion et celle de la recherche de ses origines, la mise à jour d'un secret tenu longtemps étouffé ,celui-ci se révélant être la clé de voûte de l'ensemble et celle de sa propore identité.

On le suit pas à pas jusque dans ses fantasmes très intimes censés se dérouler dans un train et décrits à travers 'une nouvelle (réellement parue dans" le Monde") auxquelles la femme désirée se doit de participer en temps réels.
Ce passage est à mon avis le moins réussi car trop déjanté', et même carrément glauque!

Mais l'écriture est si âpre, si crue et si vibrante qu'elle ne peut laisser insensible.Carrère apparait avant tout comme quelqu'un de foncièrement authenthique, un écorché vif constamment en lutte avec lui-même et tentant d'exorciser les démons qui le harcèlent.
Un enfant gâté par la vie et adoré par cette mère si flamboyante mais qui tente de trouver ses propres marques,et qui met en fait à jour son extrème vulnérabilité.

La fin est magnifique d'émotion: Sous forme de lettre adressée à cette dernière , il parvient à affronter la réalité de plein fouet, à accepter et dépasser ses angoisses, à être lui-même et non ce qu'il aurait aimé .
Il s'impose dans toute sa vérité au cours d'un face à face fictif entre elle et lui, celle dont le regard le portait petit et lui renvoyait sa force.
Un bel hommage, une confession où derrière les non-dits et au delà des mots , reste l'amour.

Vraiment poignantes, les dernières pages m'ont bouleversée au point d'oublier les dérapages ou les petites lenteurs de rythme que j'ai pu trouver parfois.
A lire pour son extrème sincérité!:heart:
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MessageSujet: Re: Emmanuel Carrère   Emmanuel Carrère EmptyMar 10 Avr 2007 - 18:50

cette invite me donne l'énergie de terminer le dernier monde, je m'y sens un peu seul.
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MessageSujet: Re: Emmanuel Carrère   Emmanuel Carrère EmptyJeu 24 Mai 2007 - 19:10

oulala, je sens que aérial ne va pas du tout aimer le commentaire que je prépare à propos du roman russe. En résumé : je n'ai pas accroché. Je m'en explique mardi de retour de vadrouille.
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MessageSujet: Re: Emmanuel Carrère   Emmanuel Carrère EmptyJeu 24 Mai 2007 - 19:37

bertrand-môgendre a écrit:
oulala, je sens que aérial ne va pas du tout aimer le commentaire que je prépare à propos du roman russe. En résumé : je n'ai pas accroché. Je m'en explique mardi de retour de vadrouille.

Oulala bis !Very Happy
Bertrand n'aime pas mes petits protégés (Dubois et Carrère) !!
Crying or Very sad
Sais-tu au moins que parmi notre "groupe" d'amies ayant suivi cette sélection, pratiquement toutes (sur 6 , seule une n'a pas trop accroché) ont aimé ce Roman russe ...

Je crois qu'en fait, ce qui nous a séduites , c'est cette confession d'un homme tourmenté , cette mise à plat de son âme et ce bouleversant aveu à la fin qui par contre ,et je le conçois , peut aussi irriter...
En fait, je ne connais pas tes griefs, et j'ai donc très hâte de te lire mardi!Basketball
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MessageSujet: Re: Emmanuel Carrère   Emmanuel Carrère EmptyJeu 31 Mai 2007 - 15:40

aériale prévient
Citation :
Sais-tu au moins que parmi notre "groupe" d'amies ayant suivi cette sélection, pratiquement toutes (sur 6 , seule une n'a pas trop accroché) ont aimé ce Roman russe ...
oulala, je sens que je vais me faire de noubelles amies.
Je commence en douceur alors, en utilisant un seul mot pour qualifier l'individu : pédant.
Tel livre écrit qui croyait vendre.
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MessageSujet: Re: Emmanuel Carrère   Emmanuel Carrère EmptyJeu 31 Mai 2007 - 15:46

bertrand-môgendre a écrit:
aériale prévient
Citation :
Sais-tu au moins que parmi notre "groupe" d'amies ayant suivi cette sélection, pratiquement toutes (sur 6 , seule une n'a pas trop accroché) ont aimé ce Roman russe ...
oulala, je sens que je vais me faire de noubelles amies.
Je commence en douceur alors, en utilisant un seul mot pour qualifier l'individu : pédant.
Tel livre écrit qui croyait vendre.

Laughing
A vous deux, vous excitez vraiment notre curiosité!... Very Happy
Je compte les points car j'hésite à lire ce livre... Very Happy
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MessageSujet: Re: Emmanuel Carrère   Emmanuel Carrère EmptyJeu 31 Mai 2007 - 20:15

Carrère d'origine russe descend d'une famille aristocratique encore reconnue, avant la chute des privilèges.
Fernand Khnopff aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique à Bruxelles me donne la clef de l'autobiographe clenché dans l'isolement.Hautain, dans sa démarche de journaliste ennuyeux, il sollicite une approche plus humaine dans le but d’obtenir un reportage chaleureux.
Le pauvre homme, placé devant la vérité des dures réalités rurales, se raccroche à l’unique fait divers insignifiant, sans intérêt.
Ce triptyque de Khnopff nous révèle à gauche, un guerrier, féminin, masculin, ambivalence sous-jacente corroborant à merveille la fonction violence dans la relation conflictuelle vécu avec la concubine de l’auteur, fier de sa « conquête ».
Au centre de l’œuvre, seul pastel coloré, la solitude, gardienne du Moi , tant nombrilisé par le romancier en question, arbore droit le glaive magistrale.
Troisième volet grisé : la volupté, ou l’histoire d’amour passion vécu avec son égérie, vêtue de la légereté des maîtresses trop jolies pour le rustre qu’il est.
Impassible et froid, Carrère longiligne, se vautre dans la débauche, sous couvert d’un amour perdu. Comment une femme intelligente peut elle vivre avec un amant si dur et cruel ?
Jaloux, piètre menteur, l’entente des corps ne peux autoriser tant de méchanceté.
Il est gris, je le sais, son avenir me le dit.
Il est froid je le vois, son impassible discours est mépris.

Vos choix de lecture (aériale) sont à ton image, très mesurés.
L'avantage d'un tel endroit, (parfum de livre) donne aux curieux, le goût de lire ceux qui nous séparent.
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MessageSujet: Re: Emmanuel Carrère   Emmanuel Carrère EmptyVen 1 Juin 2007 - 21:21

J'étais perplexe en lisant Bertrand...
A vrai dire, la fascination d'Emmanuel Carrère pour les psychopathes ( cf L'adversaire ) m'a toujours intriguée. Mais je compte bien lire Un roman russe! Le tryptique, c'est celui là?
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MessageSujet: Re: Emmanuel Carrère   Emmanuel Carrère EmptyVen 1 Juin 2007 - 22:14

oui marie, tu as raison pour la seule mauvaise photo disponible.
Bien sur je recommande ce livre toujours plus interessant à lire que d'autres... Même si je n'ai pas accroché, c'est très bien écrit. (je n'ai rien contre le romancier, excellent. Je suis farouchement opposé à l'homme).
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MessageSujet: Re: Emmanuel Carrère   Emmanuel Carrère EmptyDim 3 Juin 2007 - 18:48

bertrand-môgendre a écrit:

Impassible et froid, Carrère longiligne, se vautre dans la débauche, sous couvert d’un amour perdu. Comment une femme intelligente peut elle vivre avec un amant si dur et cruel ?
Jaloux, piètre menteur, l’entente des corps ne peux autoriser tant de méchanceté.
Il est gris, je le sais, son avenir me le dit.
Il est froid je le vois, son impassible discours est mépris .

C'est amusant comme une lecture peut être perçue de façon si différente et même totalement opposée suivant l'approche que l'on en a .
Là où tu n'as vu que froideur, mépris et impassibilité j'ai vu moi, tout le contraire :) !
A savoir: passion, vulnérabilité et sensibilité à fleur de peau !

On peut dire qu'il a ses adeptes et ses détracteurs et que tu n'es pas le seul . Celles qui ne l'apprécient pas autour de moi lui trouvent les mêmes qualificatifs ou presque : narcissique, égoïste à l'extrême, voire pervers dans ses relations sentimentales.
C'est vrai aussi qu'il est tout celà à la fois mais par son aveu, son objectivité et sa capacité à se voir tel qu'il est, il en devient profondément émouvant . Il se livre sans concession et ce constat implacable d'inaptitude à la vie, ce parti-pris d'honnêteté le rendent foncièrement humain .Mais il n'en ressort pas grandi, loin de là!

Aussi je te rassure nos choix n'ont pas été si mesurés que tu le suggères! Nous nous sommes même battues becs et ongles(si,si Laughing ) pour sa défense et la loi de la majorité a joué cette fois-ci en sa faveur!
Celà renvoit à une question que nous nous sommes posée ce jour-là: en fonction de quoi et selon quels critères peut-on dire: ce livre est à mon sens le meilleur...
critères littéraires purs, d'originalité ou d'émotions ressenties ?
Difficile d'être juré en tout cas...!Very Happy
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MessageSujet: Re: Emmanuel Carrère   Emmanuel Carrère EmptyLun 2 Juil 2007 - 1:18

Et, donc, Un roman russe..... Cool

Tu étais fière que je devienne écrivain. Il n'y a rien de mieux, à tes yeux. C'est toi qui m'a appris à lire et à aimer les livres. Mais tu n'as pas aimé la sorte d'écrivain que je suis devenu, la sorte de livres que j'ai écrits. Tu aurais voulu que je sois un écrivain comme, je ne sais pas, Erik Orsenna: un type heureux ou qui, en tout cas, le parait.Moi aussi, j'aurais bien voulu. Je n'ai pas eu le choix. J'ai reçu en héritage l'horreur, la folie ,et l'interdiction de les dire. Mais je les ai dites. C'est une victoire.


Une victoire.......oui, il faudra voir la suite... Voir s'il cesse de transférer sur chaque psychopathe qui passe ses angoisses existentielles. Il l'écrit ailleurs: " Je me demande si écrire, pour moi, revient nécessairement à tuer quelqu'un."Alors? C'est lui qui nous donnera la réponse dans ses écrits suivants. S'il écrit encore.

Parce que quand même.......dans ce livre à sa mère, dont elle ne veut pas ( parce que son équilibre, à elle ,a été construit ainsi), il ne tue peut être pas au sens propre du terme, mais il en fait , du mal!Très consciemment, d'ailleurs.
A sa mère ,donc. A la jeune femme qu'il croyait séduire par le biais d'une manipulation publiée,et qui n'en voulait pas non plus. A sa compagne actuelle, je suppose. A ses enfants........

Alors j'espère que cette auto-analyse, ce nombrilisme étalé lui auront au moins servi à quelque chose. Je n'y crois guère, on ne change pas comme cela, même en étalant ses secrets de famille. Des secrets qui pèsent tant dans sa vie (alors que sa mère n'a pu avancer que dans le déni) que le grand père disparu ( concrètement, puisqu'on ne sait pas vraiment ce qui lui est arrivé, et disparu surtout de la mémoire familiale, puisqu'il ne faut pas en parler) , il le recherche dans tous les personnages créés, soit de manière fictonnelle dans par exemple La classe de neige, soit par une étude tellement poussée qu'elle en devient aussi pathologique presque que le modèle , dans L'adversaire.. Des individus tellement malheureux, qui se supportent eux-même tellement peu, qu'ils retournent contre les autres leur haine de soi...

On ne change pas, et c'est sans doute tant mieux pour la littérature .
Car autant ,comme Bertrand , j'ai peu de goût pour son personnage, allo maman bobo, j'ai plus de 40 ans, je suis malheureux et je fais le malheur des autres parce que mon grand père etc......, autant je trouve ce livre extrèmement bien écrit, intelligent dans l'analyse , sincère oh que trop et brillant dans la construction.
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MessageSujet: Re: Emmanuel Carrère   Emmanuel Carrère EmptySam 1 Sep 2007 - 9:47

"Un roman russe"

Le moins que je puisse dire à propos de ce « Roman russe », c'est que je suis partagé sur ce que j'en pense.
Avant tout, et contrairement à ce que le titre pourrait laisser croire, ce livre n'est pas un roman. On pourrait plutôt parler à son sujet d'un récit, voire qualifier cet ouvrage d' autofiction, courant littéraire très en vogue ces dernières années.


Emmanuel Carrère se met donc en scène dans ce livre et nous entraîne dans une quête obsessionnelle de ses origines qui le mènera au sein d'une sinistre ville industrielle de la Russie post-communiste.


En contrepoint, il relate la naissance, l'épanouissement et la fin de l'histoire d'amour passionnelle qu'il vit avec une jeune femme.


Tout commence alors qu'il travaille sur un reportage portant sur un vieillard hongrois engagé dans la Wehrmacht à l'âge de dix-neuf ans, capturé par l'armée rouge en 1944 et retrouvé au fin fond de la Russie plus de cinquante après.
C'est à l'hopital psychiatrique de la ville de Kotelnitch – centre ferroviaire situé à 800 kms au nord de Moscou – qu' a échoué Andràs Toma, après avoir été interné dans un camp de prisonniers jusqu'en 1947.
Cet homme, que tous les siens en Hongrie croyaient disparu depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, fait remonter en Emmanuel Carrère le souvenir de son grand-père, disparu également – mais en France cette fois-ci – à la même époque, et probablement abattu pour avoir collaboré avec l'occupant allemand.
De ce grand-père, il sait bien peu de choses. Il est des secrets de famille peu glorieux qu'il est préférable de laisser dans l'obscurité. Mais passant outre, il va tenter de comprendre qui était son grand-père.
Il va donc retracer le destin de cet émigré russe, son parcours, de la Géorgie à Constantinople, puis Berlin et enfin Paris. Il va surtout, au travers de lettres destinées à sa grand-mère, découvrir la personnalité de cet homme extrêmement cultivé, à l'âme tourmentée, issu de la grande bourgeoisie, qui une fois arrivé en France ne sera plus rien et devra, pour échapper à la misère, exercer de nombreux petits métiers. Hostile aux démocraties occidentales qu'il accuse de n'avoir rien fait pour réprimer la Révolution d'Octobre, il n'hésitera pas à soutenir les idées du parti national-socialiste qu'il considère comme l'ultime rempart contre le communisme.
Dans la France occupée il sera employé par les services économiques allemands à Bordeaux en qualité d'interprète, ce qui lui vaudra d'être considéré comme collaborateur. Il disparaîtra un jour de septembre 1944 et personne ne retrouvera son corps.


Afin d'exorciser cette histoire, d'en apprendre un peu plus sur ses origines slaves, de retrouver un peu de l'âme de ses ancêtres, Emmanuel Carrère, après en avoir terminé avec le reportage sur Andràs Toma, décide de retourner quelques temps plus tard à Kotelnitch afin d'y réaliser un film sur les habitants de cette ville. Il souhaite réaliser le portrait de différents personnages qu'il a rencontrés au cours de sa première visite et par là même de capter quelque chose de cette Russie qui ne cesse de l'obséder.
Mais parallèlement à tout cela, il lui faut en France mener à bien la relation passionnelle qu'il entretient avec Sophie, une jeune femme dont il est éperdument amoureux mais qu'il finira par perdre à cause de son insistance, de sa jalousie et de son égocentrisme.



« Un roman russe » est un récit qui se déroule sur deux tableaux : la quête des origines d'une part, où Emmanuel Carrère se met en quête de ses racines, raconte ce grand-père au passé douloureux et au destin tragique, puis se rend en Russie à plusieurs reprises afin d'approfondir sa connaissance de ce pays et de sa culture.
C'est aussi d'autre part le récit d'une passion amoureuse qui va peu à peu tourner au cauchemar puis à l'inévitable séparation. Le récit d'une relation tissée d'incompréhension, de non-dits et d'intolérance.


Emmanuel Carrère mène donc de front ces deux récits qui souvent se mélangent, se confondent, la quête de soi empiétant sur l'histoire d'amour et inversement. Tout cela est raconté avec brio et un talent d'auteur qu'Emmanuel Carrère n'a plus à prouver.
Mais pourquoi ai-je eu en le lisant la désagréable impression qu'il en faisait trop et que ce livre sentait le « coup » éditorial, l'opération marketing destinée à faire vendre un maximum d'exemplaires ?
Jouant le jeu de l'autofiction, Emmanuel Carrère dans ce livre ne nous épargne rien. Il est, certes, de bon ton dans la littérature française contemporaine « tendance Bobo-Angot-Parigot » d'en rajouter un maximum et, de la part des auteurs, de ne rien nous cacher de leurs petites frasques sexuelles et autres galipettes plus ou moins glauques, voire sordides, mais toujours inintéressantes au possible. Las ! Emmanuel Carrère est tombé lui aussi dans le piège du voyeurisme de pissotières et nous inflige au milieu de son livre une nouvelle qu'il a réellement fait paraître dans Le Monde, nouvelle mettant en scène Sophie, la femme dont il est amoureux.
Je ne suis pas prude et je ne sors pas du Couvent des Oiseaux mais j'avoue que j'ai été un tantinet écoeuré par ce déballage érotico-porno où abondent les scènes de masturbation et les termes salaces. Tout cela sent l'artificiel, le frisson du petit-bourgeois qui s'encanaille en matant des vidéos pornos dans les Sex-Shops. Tout cela sent la provocation gratuite, la course à celui qui fera dans le plus sordide : « Vous avez aimé Angot et Houellebecq, vous allez adorer le dernier Carrère ! »
Bref, ce déballage pathétique, ridicule et frelaté n'apporte rien au récit et je dirais même qu'il le décrédibilise. Pourquoi s'être enferré dans cette impasse ? Pourquoi Emmanuel Carrère n'a-t-il pas pu résister aux sirènes boboïsantes qui font qu'un microcosme de crétins juge le talent d'un auteur sur le nombre de fellations et de cunniligus relatés dans son ouvrage ? A trop vouloir ressembler à la télévision dans ce qu'elle offre de plus vulgaire : le voyeurisme et la facilité, la littérature française ne risque-t-elle pas l'implosion ?


Mais heureusement « Un roman russe » n'est pas que cela. Emmanuel Carrère, dans les pages qu'il consacre à la Russie post-communiste, nous décrit avec maestria un univers effrayant, une société cauchemardesque où règnent en maîtres la corruption, l'alcoolisme et la cruauté. Il nous dépeint, en un panorama dantesque cette société en décomposition où la vie humaine n'a aucune valeur et où le profit par tous les moyens possibles est l'unique credo. Cette partie consacrée à la Russie moderne, et qui pourrait s'apparenter à un récit de voyage où à un reportage, est extrêmement dure et cruelle mais permet de toucher du doigt la réalité de ce pays qui a vu des pans entiers de ses institutions s'écrouler pour laisser place à une nouvelle forme de barbarie.
On ne peut également que saluer le courage de l'auteur pour s'être ainsi mis en scène et nous apparaître comme un personnage souvent agaçant, voire franchement antipathique. Il ne cesse en effet de se montrer sous un aspect peu flatteur d'enfant gâté par la vie, égoïste, nombriliste, intolérant, à la limite de l'odieux parfois. Tour de force donc, d'oser se dépeindre de cette manière, bien qu'après tout personne ne l'aie forcé à se mettre en scène.
Il se rachète toutefois dans les dernières pages de son livre lors d'une lettre qu'il écrit à sa mère, Hélène Carrère d'Encausse, lettre dans laquelle il s'excuse d'avoir porté au grand jour un secret de famille peu reluisant, lettre où il s'excuse aussi d'être cet homme rongé par le doute et la souffrance, lettre émouvante où il exprime toute la gratitude et l'amour qu'il porte à sa mère.


On le voit, le dernier roman d'Emmanuel Carrère est un livre ambigü, une oeuvre bicéphale devant laquelle on hésite entre fascination et dégoût, entre admiration et exaspération, mais aussi et surtout un roman coup-de-poing, une confession dont on ne ressort pas indemne. Un livre qui inspirera au lecteur de nombrex sentiments mais qui, c'est sûr, ne laissera pas indifférent.
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MessageSujet: Re: Emmanuel Carrère   Emmanuel Carrère EmptySam 1 Sep 2007 - 14:50

Je trouve que Bibliomane a bien résumé ce roman, parfois irritant, voire glauque, dans son déballage sexuel dont on aurait pu effectivement se passer. Il nous oblige à jouer le rôle de voyeur... à des fins commerciales? je n'en suis pas si sûre par contre tant le reste de ses écrits est totalement sincère. ( Moi j'y ai surtout vu de la bargitude Wink )
Tu le notes toi-même
Citation :

Tour de force donc, d'oser se dépeindre de cette manière, bien qu'après tout personne ne l'aie forcé à se mettre en scène
Donc, en même temps très honnête et profondément bouleversant dans sa toute fin , ce qui m'a permis d'occulter les côtés moins reluisants et a emporté ( pour moi) largement la mise...
Citation :

surtout un roman coup-de-poing, une confession dont on ne ressort pas indemne.
...Oui, tout à fait d'accord...Ce livre peut paraître ambigû, mais l'âme se dévoile sans tabou, dans les moindres recoins, même les plus sombres...et cette impudeur ne peut que nous frapper.
Il m'a surtout fortement touchée par cette mise à nue.
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MessageSujet: Re: Emmanuel Carrère   Emmanuel Carrère EmptySam 1 Sep 2007 - 16:41

la classe de neige de Emmanuel Carrère
Relié : 171 pages Editeur : P.O.L. (3 mai 1995)
Collection : Fiction , Français ISBN-10: 2867444772


Résumé de l'ouvrage par l'éditeur : (extrait)
La classe de neige commence mal pour Nicolas ; déjà, son père n'a pas voulu le laisser monter dans le car avec les autres et a tenu à le conduire en personne au chalet, histoire qu'il se fasse bien remarquer. En plus, Nicolas n'est pas du genre à s'intégrer facilement ; or, arrivés la veille, les autres ont déjà pris leurs marques : ...
Un roman fascinant, pour lequel l'auteur a obtenu le prix Femina en 1995. --Karla Manuele

mon commentaire :
Avec un tel sujet, Carrère exorcise ses démons de l'avant puberté. Pour ceux et celles qui connurent ces classes de neige, en tant que participants ou encadrants, reconnaitront aisément les personnages et situations fort bien décrites par l'auteur.
Contrairement à certains lecteurs, je ne dévoilerai rien de cette petite aventure, genre suite d'anecdotes vécues par un enfant de onze ans, pigmentées par une histoire invraissemblable.
Facile à lire, le style est moderne. J'ai bien aimé.
De mon côté pas de chance, le hasard m'a livré ce bouquin à la suite de rose bonbon. Je navigue autour des enfants martyrisés. (lourd à porter)
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MessageSujet: Re: Emmanuel Carrère   Emmanuel Carrère EmptyDim 2 Sep 2007 - 1:33

Rose bonbon, ce n'est pas le livre qui parle de pédophilie et qui avait été interdit?
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