Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Samuel Beckett

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colimasson
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MessageSujet: Re: Samuel Beckett   Samuel Beckett - Page 5 EmptyMer 13 Juil 2011 - 9:44

J'ai relu tout le fil sur Beckett avec beaucoup d'intérêt et bon, j'avoue que ma dernière contribution était un peu déplacée... innocent (il n'empêche que je la trouve toujours aussi drôle dentsblanches )

J'ai découvert Beckett avec En attendant Godot, une véritable révélation pour moi. J'ai ensuite lu Fin de partie, qui m'a un peu moins interpellée toutefois...
Et je viens de relire Molloy (deux lectures au minimum sont nécessaires pour ce "roman") qui me fait découvrir un Samuel Beckett au-delà de tout ce que j'avais pu en apercevoir dans les deux pièces de théâtre que je viens de citer ! surpris

Molloy (1951)

Samuel Beckett - Page 5 Molloy10

Résumé Evène :
Citation :
Molloy, vagabond sale et handicapé, n'a pas de mémoire. Il doit sans cesse s'inventer pour vivre. Moran commence à enquêter sur lui, mais se laisse rapidement piégé en s'identifiant à lui. Il doit arrêter son enquête, c'est un ordre de Youdi, dont on ne sait rien, transmis par Gaber. Un cercle d'existences qui se ferme sur lui-même ou l'impossibilité de vivre selon Beckett...

Molloy est le premier roman d’une trilogie qui se poursuit avec Malone meurt et l’Innommable.

Beckett en dramaturge et Beckett en romancier sont deux auteurs qu’on ne lit pas de la même façon. Si les pièces de théâtre de Beckett se lisent sans grande difficulté, ses romans requièrent plus d’attention.
La structure est déboussolante. On suit tout d’abord le personnage de Molloy, vagabond errant sans but dans un monde dépeuplé. Les seules rencontres qu’il effectue ont lieu dans le creuset de sa mémoire. Il s’agit une fois de sa mère, monstre sans visage auquel Molloy essaie d’échapper, sans y parvenir toutefois à cause de la solitude qui le ronge et de l’acharnement dont il fait preuve à vouloir réussir là où l’espoir du triomphe est impossible.

« Malheureusement ce n’est pas de cela qu’il s’agit mais de celle qui me donna le jour, par le trou de son cul si j’ai bonne mémoire. Premier emmerdement. […] / Ma mère me voyait volontiers, c’est-à-dire qu’elle me recevait volontiers, car il y avait belle lurette qu’elle ne voyait plus rien. Je m’efforcerai d’en parler avec calme. Nous étions si vieux, elle et moi, elle m’avait eu si jeune, que cela faisait comme un couple de vieux compères, sans sexe, sans parenté, avec les mêmes souvenirs, les mêmes rancunes, la même expectative. Elle ne m’appelait jamais fils, d’ailleurs je ne l’aurais pas supporté, mais Dan, je ne sais pourquoi, je ne m’appelle pas Dan. »

On retrouve dans ce roman le même désespoir qui surplombe les œuvres principales de Beckett : En attendant Godot ou encore Fin de partie. Les relations humaines sont dénuées de sens. Elles se prêtent seulement à un jeu de rôles où chacun est contraint de simuler des sentiments qu’il ne ressent pas. Le dégoût, la haine viscérale de l’autre, surgissent dans chaque paragraphe dans lequel Molloy ressasse ses anciens souvenirs. Qu’il s’agisse d’une de ses femmes ou d’un chien, il ressent le même dégoût :

« Elle s’appelait du nom paisible de Ruth je crois, mais je ne peux le certifier. Peut-être qu’elle s’appelait Edith. Elle avait un trou entre les jambes, oh pas la bonde que j’avais toujours imaginée, mais une fente, et je mettais, elle mettait plutôt, mon membre soi-disant viril dedans, non sans mal, et je poussais et ahanais jusqu’à ce que j’émisse ou que j’y renonçasse ou qu’elle me suppliât de me désister. Un jeu de con à mon avis et avec ça fatigant, à la longue. Mais je m’y prêtais d’assez bonne grâce, sachant que c’était l’amour, car elle me l’avait dit. Elle se penchait par-dessus le cosy, à cause de ses rhumatismes, et je l’enfilais par derrière. C’était la seule position qu’elle pût supporter, à cause de son lumbago. Moi je trouvais cela naturel, car j’avais vu les chiens, et je fus étonné quand elle me confia qu’on pouvait s’y prendre autrement. »

« Elles avaient un aberdeen appelé Zoulou. On l’appelait Zoulou. Quelquefois, quand j’étais de bonne humeur, j’appelais Zoulou ! Petit Zoulou ! Et il venait me dire bonjour, à travers la grille. Mais il me fallait être joyeux. Je n’aime pas les bêtes. C’est curieux, je n’aime pas les hommes et je n’aime pas les bêtes. Quant à Dieu, il commence à me dégoûter. Accroupi, je lui taquinais les oreilles, à travers la grille, en lui disant des mots câlins. Il ne se rendait pas compte qu’il me dégoûtait. Il se dressait sur ses pattes de derrière et appuyait sa poitrine contre les barreaux. Alors je voyais son petit pénis noir que prolongeait une maigre tresse de poils mouillés. »

Beckett est un auteur qui m’interpelle énormément. Son sens de l’absurdité est poussé à l’extrême. Dans cette démarche, il me semble plus sincère et plus lucide que n’importe quel autre auteur. Il ne cherche pas à justifier ses actes par des motifs qui paraîtraient nobles aux yeux des autres. Jeté sur Terre pour accomplir une mission dont il n’a pas la connaissance et qu’il ne cherche pas à connaître, tout ce qui l’entoure est vidé de sens. Si ces personnages agissent malgré tout, c’est uniquement pour meubler le vide qui les entoure.

« Mais on change de merde. Et si toutes les merdes se ressemblent, ce qui n’est pas vrai, ça ne fait rien, ça fait du bien de changer de merde, d’aller dans une merde un peu plus loin, de temps en temps, de papillonner quoi, comme si l’on était éphémère. »

« Qu’il est difficile de parler de la lune avec retenue ! Elle est si con, la lune. Ca doit être son cul qu’elle nous montre toujours. On voit que je m’intéressais à l’astronomie, autrefois. Je ne veux pas le nier. Puis ce fut la géologie qui me fit passer un bout de temps. Ensuite c’est avec l’anthropologie que je me fis brièvement chier et avec les autres disciplines, telle la psychiatrie, qui s’y rattachent, s’en détachent et s’y rattachent à nouveau, selon les dernières découvertes. »


Dans la deuxième partie du livre, on suit Moran et son fils qui ont été chargés par Youdi de partir à la recherche de Molloy. Ici, moins de considérations existentielles. Moran représente la partie brute et vulgaire de Molloy, son penchant matérialiste, celui qui agit plus qu’il ne pense. On découvre ici une facette plutôt étonnante de Beckett qui ne transparaissait pas forcément dans ses pièces de théâtre. Ses digressions sexuelles et anales, caustiques à souhait, renforcent toute la sensation de dégoût qui suintait déjà dans la première partie. C’est jouissif, mais aussi complètement désespérant.

« […] il y a une chose que j’abhorre, c’est qu’on entre dans ma chambre sans frapper. Je pourrais être précisément en posture de me masturber, devant mon miroir Brot. Spectacle en effet peu édifiant pour un jeune garçon que celui de son père, la braguette béante, les yeux exorbités, en train de s’arracher une sombre et revêche jouissance. »

« As-tu chié, mon enfant ? dis-je tendrement. J’ai essayé, dit-il. Tu as envie ? dis-je. Oui, dit-il. Mais rien ne sort, dis-je. Non, dit-il. Un peu de vent, dis-je. Oui, dit-il. »

« […] je dois dire que je ne pensais plus guère à lui. Mais par moments il me semblait que je n’en étais plus très loin, que je m’en approchais comme la grève de la vague qui s’enfle et blanchit, figure je dois dire peu appropriée à ma situation, qui était plutôt celle de la merde qui attend la chasse d’eau. »


La vie vue à travers le regard de Beckett devient une raclure difficile à éliminer. Je ne sais pas s’il vaut mieux lire ce livre en étant soi-même de bonne humeur, afin de tolérer davantage les montées de désespoir qui le parcourent, quitte à en perdre sa bonne humeur, ou en étant de mauvaise humeur, mais Beckett est si convainquant qu’il risquerait vraiment de propager son désir de tout laisser tomber à son lecteur.

« Car en moi il y a toujours eu deux pitres, entre autres, celui qui ne demande qu’à rester là où il se trouve et celui qui s’imagine qu’il serait un peu moins mal plus loin. De sorte que j’étais toujours servi, en quelque sorte, quoi que je fisse, dans ce domaine. Et je leur cédais à tour de rôle, à ces tristes compères, pour leur permettre de comprendre leur erreur. »


Si ce livre m’avait déplu la première fois, à cause de ses passages déconstruits et de sa densité, il m’a plu à la seconde lecture pour les mêmes motifs. Cette œuvre est d’une richesse que ses pièces de théâtre ne parviennent pas à égaler, c’est peu dire.
Cela fait du bien de lire des textes aussi dégoûtés pour les moments durant lesquels on se sent comme le Molloy ou le Moran de ce roman, alors que la plupart des choses autour de nous nous incitent à faire un effort permanent pour nous émerveiller de ce qui nous entoure. Si cette dernière démarche est louable, il faut être lucide : au quotidien, ce n’est pas le sentiment qu’on ressent le plus souvent. Et Beckett est là pour nous dire que nous ne sommes pas seuls à être dans cette situation.

« C’est le nom de votre maman, dit le commissaire, ça devait être un commissaire. Molloy, dis-je, je m’appelle Molloy. Est-ce là le nom de votre maman ? dit le commissaire, Comment ? dis-je. Vous vous appelez Molloy, dit le commissaire. Oui, dis-je, ça me revient à l’instant. Et votre maman ? dit le commissaire. Je ne saisissais pas. S’appelle-t-elle Molloy aussi ? dit le commissaire. S’appelle-t-elle Molloy ?dis-je. Oui, dit le commissaire. Je réfléchis. Vous vous appelez Molloy, dit le commissaire. Oui, dis-je. Et votre maman, dit le commissaire, s’appelle-t-elle Molloy aussi ? Je réfléchis. Votre maman, dit le commissaire, s’appelle -, Laissez-moi réfléchir ! m’écriai-je. »
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MessageSujet: Re: Samuel Beckett   Samuel Beckett - Page 5 EmptyDim 19 Fév 2012 - 21:18

Compagnie

Un court texte de moins de 90 petites pages. Quelqu'un tout seul dans le noir sur le dos. Une voix lui parvient. Des souvenirs remontent.
Difficile de qualifier ce texte, l'appellation de roman ou de nouvelles ne paraît pas appropriée à cette prose, dense, poétique et étrange. Pas d'histoire, peut être des bribes, incompréhensibles comme le seraient des souvenirs épars de quelqu'un d'autre que soi, mais en même temps suffisamment familières pour qu'on y retrouve quelque chose de soi, quelque chose qui interpelle comme la voix interpelle la personne couchée dans le noir.

Un beau texte étrange, que je ne suis pas sûre d'avoir entièrement compris et qui me donne la bizarre envie de l'entendre lu par quelqu'un, comme si la voix devait se matérialiser, et donner un rythme, une respiration à la phrase, à la pensée.
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MessageSujet: Re: Samuel Beckett   Samuel Beckett - Page 5 EmptyJeu 15 Nov 2012 - 11:44

Le dépeupleur

Petit livre et grosse impression. J’enrage presque que personne ne m’ait fait lire ce chef d’œuvre lorsque j’étais adolescente.

Beckett nous enferme dans une mécanique à la fois totalement surréaliste et parfaitement connue. Terrible sensation, allégée par une ironie féroce qui permet le recul et favorise la réflexion du lecteur.

« Séjour où les corps vont cherchant son dépeupleur. Assez vaste pour permettre de chercher en vain. Assez restreint pour que toutes fuite soit vaine. C’est l’intérieur d’un cylindre surbaissé ayant cinquante mètres de pourtour et seize de haut pour l’harmonie. » « Un corps par mètre carré soit un total de deux cents corps chiffre rond. (…) Premièrement ceux qui circulent sans arrêt. Deuxièmement ceux qui s’arrêtent quelquefois. Troisièmement ceux qui à moins d’en être chassés ne quittent jamais la place qu’ils ont conquise et chassés se jettent sur la première de libre pour s’immobiliser de nouveau. (…) Quatrièmement ceux qui ne cherchent pas ou non-chercheurs assis pour la plupart contre le mur dans l’attitude qui arracha à Dante un de ses rares pâles sourires. »

Le monde devient un univers concentrationnaire dont tout espoir est lentement et méticuleusement chassé et où pourtant l’espoir résiste (Dante sourit encore pâlement). On y croise une charge féroce contre notre besoin de foi aveugle en « autre chose » alors que les solutions seraient en nous. Une issue dans le sans-issue, rejoignant alors le Camus de Sisyphe, le Calaferte du « il faut vivre l’absurde ou mourir » et le Primo Levi de Ecce Homo : « Et le voilà en effet ce dernier si c’est un homme qui lentement se redresse... »

C’est beau, poignant, émouvant, chavirant.


Dernière édition par MezzaVoce le Dim 18 Nov 2012 - 9:28, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Samuel Beckett   Samuel Beckett - Page 5 EmptyVen 16 Nov 2012 - 22:28

Voilà qui donne envie... je n'avais encore jamais entendu parler de ce livre de Beckett...

Et pourquoi aurais-tu aimé le lire particulièrement au cours de ton adolescence ? Âge idéal pour la réceptivité du texte, à ton avis ?
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MessageSujet: Re: Samuel Beckett   Samuel Beckett - Page 5 EmptySam 17 Nov 2012 - 8:56

colimasson a écrit:
Et pourquoi aurais-tu aimé le lire particulièrement au cours de ton adolescence ? Âge idéal pour la réceptivité du texte, à ton avis ?
L'adolescence est une période où on butte particulièrement sur l'absurdité du monde, sur le sens à donner à sa vie, à ses relations aux autres, etc.
L'âge des grandes questions existentielles où on n'a pas surtout pas envie que quelqu'un nous donne des réponses clés en main.
Et puis, une dimension dont je n'ai pas parlée : il y a dans Le Dépeupleur une ironie féroce.
J'ai beaucoup ri, mais d'un rire qui gratouille.
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MessageSujet: Re: Samuel Beckett   Samuel Beckett - Page 5 EmptyDim 18 Nov 2012 - 22:34

Bien visé Mezza... Je l'ajoute à ma LAL !
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MessageSujet: Re: Samuel Beckett   Samuel Beckett - Page 5 EmptyJeu 2 Mai 2013 - 14:45

domreader a écrit:
lekhan a écrit:
L'écriture est épuisante, la lecture tout autant, et le lecteur se sent emporté, attiré, inexorablement vers ses questions, vers ses cercles.
Je n'ai lu que deux pièces de théâtre de Becket 'En attendant Godot' et 'Endgame' il y a déjà un moment, et j'ai ressenti exactement la même chose, une sorte de fascination, comme un spectateur au dessus du vide.
Je partage votre ressenti ainsi que le tien, Coline. C'est un auteur qui me parle, qui est touchant et qui sait faire vibrer les cordes de son lecteur.


coline a écrit:
« D'abord le corps. Non. D'abord le lieu. Non. D'abord les deux. Tantôt l'un ou l'autre. Tantôt l'autre ou l'un. Dégoûté de l'un essayer l'autre. Dégoûter de l'autre retour au dégoût de l'un. Encore et encore. Tant mal que pis encore. Jusqu'au dégoût des deux. Vomir et partir. Là où ni l'un ni l'autre. Jusqu'au dégoût de là. Vomir et revenir. Le corps encore. Où nul. Le lieu encore. Où nul. Essayer encore. Rater encore. Rater mieux encore. Ou mieux plus mal. Rater plus mal encore. Encore plus mal encore. Jusqu'à être dégoûté pour de bon. Vomir pour de bon. Partir pour de bon. Là où ni l'un ni l'autre pour de bon. Une bonne fois pour toutes pour de bon ».
Magnifique citation et ce phrasé...


colimasson a écrit:
Samuel Beckett - Page 5 90_liv10 Tiré de 90 autres livres cultes à l’usage des personnes pressées, par Henrik Lange. dentsblanches
rire J'ai bien ri, même si En attendant Godot trône parmi mes meilleurs souvenirs de lecture. J'ai cru comprendre qu'il ne faisait pas l'unanimité parmi vous mais je garde un souvenir tendre et stimulant de cette lecture, pourtant imposée par les diktats de l'école.


Samuel Beckett - Page 5 15353510
En audio - lu par Michael Lonsdale

« Un sentiment qui s'arrogeait peu à peu, dans mon esprit glacé, l'affreux nom d'amour. »

Le ton est donné. Ce premier amour n'aura rien de romantique, rien de mièvre, pas mignon, pas rose-bonbon. C'est de l'amour crasse, amer, subi. Quand on ne sait pas à quoi s'attendre - ce qui était mon cas - ça fait tout drôle, on se rétame du 5ème étage. Ceux qui étaient venus chercher du ventre qui gazouille, de la midinette affriolée et des bisou-bisou dans les champs de blé, vont redescendre illico-presto du petit nuage de guimauve prévisualisé en voyant le titre. On est bousculé, perturbé par cette vision froide et inhabituelle du sentiment amoureux, LE grand sentiment. Mais aucune déception, je me suis réfugiée avec plaisir dans les bras de l'humour grinçant signé Beckett. Une idylle loin d'être idyllique, à lire, ne serait-ce que pour son originalité. Moi, en tout cas, j'ai beaucoup aimé.


« Mais à vingt-cinq ans il bande encore, l'homme moderne, physiquement aussi, de temps en temps, c'est le lot de chacun, moi-même je n'y coupais pas, si on peu appeler cela bander... Elle s'en aperçut naturellement, les femmes flairent un phallus en l'air à plus de dix kilomètres. »

« Savez-vous où sont les cabinets? dit-elle. Elle avait raison, je n’y pensais plus. Se soulager dans son lit, cela fait plaisir sur le moment, mais après on est incommodé. »

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MessageSujet: Re: Samuel Beckett   Samuel Beckett - Page 5 EmptyJeu 2 Mai 2013 - 22:04

Kannskia a écrit:

coline a écrit:
« D'abord le corps. Non. D'abord le lieu. Non. D'abord les deux. Tantôt l'un ou l'autre. Tantôt l'autre ou l'un. Dégoûté de l'un essayer l'autre. Dégoûter de l'autre retour au dégoût de l'un. Encore et encore. Tant mal que pis encore. Jusqu'au dégoût des deux. Vomir et partir. Là où ni l'un ni l'autre. Jusqu'au dégoût de là. Vomir et revenir. Le corps encore. Où nul. Le lieu encore. Où nul. Essayer encore. Rater encore. Rater mieux encore. Ou mieux plus mal. Rater plus mal encore. Encore plus mal encore. Jusqu'à être dégoûté pour de bon. Vomir pour de bon. Partir pour de bon. Là où ni l'un ni l'autre pour de bon. Une bonne fois pour toutes pour de bon ».
Magnifique citation et ce phrasé...


Oh merci de raviver le souvenir de ce texte Kannskia. Il me semble impossible de le lire en lecture silencieuse...
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MessageSujet: Re: Samuel Beckett   Samuel Beckett - Page 5 EmptyVen 21 Juin 2013 - 23:11




Watt


Revenons, une semaine après sa fin, sur cette lecture. Watt c'est un peu du flux de conscience auquel on aurait par un exercice littéraire pas étranger à une forme d'ennui (au sens ou les forces appliquées semblent parfois se relâcher) retirer le filtre de la raison.

Dans une ambiance crasseuse de misère sociale éthylique on fait connaissance avec le rebut ou presque Watt, qui va prendre le train pour aller travailler chez Monsieur Knott. Le début est relativement pénible, l'humour ne se mariant pas forcément très bien avec la misère et les surcharges sonnent un peu trop maniérées. Notre Watt n'en finit pas moins chez Monsieur Knott et n'en finit pas moins de gamberger à tort et à travers avec ses maigres moyens.

L'humour finalement tient d'une caricature désespérée. Watt nous est proche, son monde obscur est très ressemblant à ce que nous connaissons bien. Et puis... on le quitte Watt. D'autres gamberges et raconte avec moult anecdotes langagières en forme de combinatoires acharnées et enracinent la perte du sens de l'intérêt et de la pertinence concrète du langage chez le lecteur.

Le lecteur, avec le narrateur n'en retrouvent pas moins ce Watt, ce reflet, au milieu d'un champ, sans doute d'une gigantesque maison de fous à ciel ouvert.

Paradoxalement le plaisir provient du laborieux de la lecture, qui achève, crève, étouffe le mot à mot, dilate les vacances de la compréhension... sans trop oublier non plus de très clairs points de repères, explicites, quelques très belles phrases... et sans complètement lâcher certains travers de manière affectée (du moins des trucs auxquels on n'est pas obligé d'accrocher fatalement).

N'empêche que l'impression risque d'être durable et que sur au moins une grosse deuxième moitié, j'étais dans ce rythme qui n'en est plus un, dans ces sens qu'on suit sans s'y intéresser avant de reprendre, heureusement pas tout à fait à l'identique.  

je reprends les bribes postées sur la LC (quelques courts extraits à l'intérieur :

Spoiler:
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MessageSujet: Re: Samuel Beckett   Samuel Beckett - Page 5 EmptySam 22 Juin 2013 - 9:54

@Animal :
Alors Watt puissant ou non ?
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MessageSujet: Re: Samuel Beckett   Samuel Beckett - Page 5 EmptySam 22 Juin 2013 - 11:42

intensité variable ? Samuel Beckett - Page 5 Lightb10

mais il y fait jour.
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MessageSujet: Re: Samuel Beckett   Samuel Beckett - Page 5 EmptySam 22 Juin 2013 - 15:39

Il y avait peut etre un peu trop de résistance ou de réticences au début de ta lecture. Dans mon cas, quans ça se produit, je sais que, soit je ne suis pas dans la bonne disposition nécessaire, soit que ce livre-là ne me convient pas. Et attention, je ne dirai jmais : ce livre n' est pas pour moi. Parce que je change d' humeur et de disposition. Sauf, bien entendu pour les livres jugés trop faibles ou encore ceux que j' ai lu dans l' adolescence (et encore pas tous).
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MessageSujet: Re: Samuel Beckett   Samuel Beckett - Page 5 EmptySam 22 Juin 2013 - 16:22

Je suis très sensible aux influences immédiates. Par exemple, à la sortie d' un film, je suis encore dans le film pendant les heures qui suivent. Les images continuent à m' impregner, certaines séquences et puis les acteurs aussi.Et la musique aussi, bien entendu. Ah la petite musique de In the mood for love !

Plus drole encore, pendant la dernière lecture de Beckett, il m' arrivait de marmonner des phrases de Malone ou d' autres que j' inventais. ça m' est arrivé aussi à la lecture de La lucidité de Saramago...!
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MessageSujet: Re: Samuel Beckett   Samuel Beckett - Page 5 EmptySam 22 Juin 2013 - 17:43

Citation :
Il y avait peut etre un peu trop de résistance ou de réticences au début de ta lecture.
Ouaip mais je suis câblé comme ça et je préfère une lecture comme ça, changeante, dans laquelle je trouve de belles choses quitte à en laisser d'autres. cat

et ça veut bien dire qu'il se passe quelque chose dans ces livres, qu'on y découvre sur le livre, l'auteur, d'autres choses et le lecteur.
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MessageSujet: Re: Samuel Beckett   Samuel Beckett - Page 5 EmptyDim 23 Juin 2013 - 13:41

J'ai lu à travers les quelques lectures butinées dans les livres de Beckett qu'il avait étudié l'oeuvre de Carl Gustav Jung. Freud ne faisait pas partie des références citées. Je commence à trouver un sentier de prédilection chez les écrivains que j'affectionne.
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MessageSujet: Re: Samuel Beckett   Samuel Beckett - Page 5 Empty

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