LUZI MARIO (1914 -2005)
Il naît le 20 octobre 1914 à Castello, près de Florence, où son père est employé des chemins de fer. Une enfance mi-urbaine mi-paysanne et une adolescence à Sienne marquent de leur empreinte une œuvre qui restera toujours fidèle, triplement, au paysage toscan, à des origines modestes fièrement revendiquées, et à une foi catholique incarnée surtout par la mère et jamais reniée en dépit de multiples crises intérieures.
Étudiant à Florence, Luzi s'oriente vers la littérature française. Il sera professeur de latin et d'italien en lycée pendant de longues années avant de terminer sa carrière aux universités de Florence et d'Urbin.
Le travail universitaire aura favorisé chez lui le développement d'une réflexion théorique de grande ampleur sur la poésie. Comme Eliot, Paz ou Bonnefoy, Luzi établit avec la tradition littéraire un rapport de lucidité critique aussi éloigné de la soumission aveugle que du rejet systématique.
Ces permiers poèmes l'imposent d'abord comme l'un des principaux représentants de « l'hermétisme » italien.
Il est fasciné par l'œuvre de Mallarmé mais à l'athéisme de laquelle il ne saurait adhérer. C'est vers Dante, poète à ses yeux plus humble, plus libre et plus aventureux, qu'il se tourne alors.
Son écriture se fait ensuite plus transparente mais jamais, cependant, elle ne sera exempte d'inquiétude. Les ouvrages de cette seconde période enregistrent le choc d'une modernité qui, en Italie, est celle des luttes sociales, du terrorisme, de la prise de conscience de ce qu'aura vraiment signifié, au-delà du fascisme, le scandale d'Auschwitz.
Luzi a entendu les critiques qui lui reprochaient son apolitisme, son esthétisme nourri de références classiques. Sa poésie enregistre désormais le choc des discours contemporains, s'ouvre aux décors urbains, en même temps qu'un événement capital, la mort de sa mère, renouvelle son rapport à la foi.
Mario Luzi a aussi écrit pour le théâtre : d'Hypatie (1971-1973) au drame sacré Opus florentinum (2000), près d'une vingtaine de pièces en vers, représentées avec succès, ont fait de lui un authentique dramaturge.
Au cours des vingt dernières années de sa vie, Mario Luzi devint un personnage public. Il accepta d'incarner, aux yeux de l'opinion, la figure du poète, sans reculer devant des tâches officielles.
Sa nomination comme sénateur à vie, le jour de ses quatre-vingt-dix ans, put apparaître comme l'ultime étape de ce parcours. Mais jusqu'à la veille de sa mort, le poète s'employa à démontrer, notamment par des propos virulents contre le gouvernement de Silvio Berlusconi, qu'aucun titre officiel ne pouvait le priver de son indépendance d'esprit. Aussi ses obsèques nationales à la cathédrale de Florence furent-elles moins la conséquence de son statut officiel que le signe d'une prise de conscience collective. En Mario Luzi, l'Italie a trouvé l'un des poètes qui, issus du peuple des humbles, l'auront aimée avec le plus d'exigence, de rigueur et de fidélité.
(Présentation établie d'après Jean-Yves MASSON http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/mario-luzi/)
Quelques œuvres traduites en françaisLa Barque, suivi de Avènement nocturne, trad. J.-Y. Masson, La Différence, Paris, 1991
Cahier gothique, trad. J.Y. Masson, Verdier, Lagrasse, 1989
Livre d'Hypathie, trad. B. Simeone, Verdier, Lagrasse, 1994
Pour le baptême de nos fragments, trad. P. Renard et B. Simeone, Flammarion, Paris, 1987
Prémices du désert, suivi de Honneur du vrai, trad. A. Fongaro et J.-Y. Masson, La Différence, Paris, 1994 / Poésie Gallimard Mai 2004
Voyage terrestre et céleste de Simone Martini, trad. J.-Y. Masson, Verdier, Lagrasse, 1995.