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| LC Dostoïevski | |
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+9Heyoka shanidar titete tom léo églantine Aeriale colimasson jack-hubert bukowski pia 13 participants | |
Auteur | Message |
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pia Zen littéraire
Messages : 6473 Inscription le : 04/08/2013 Age : 56 Localisation : Entre Paris et Utrecht
| Sujet: Re: LC Dostoïevski Ven 4 Avr 2014 - 12:58 | |
| Merci pour l'info Eglantine! J'aime beaucoup la radio, je vais les écouter! | |
| | | Max Main aguerrie
Messages : 381 Inscription le : 21/03/2014 Localisation : Toulouse
| Sujet: Re: LC Dostoïevski Ven 4 Avr 2014 - 13:50 | |
| Oui, merci Eglantine !!! | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: LC Dostoïevski Ven 4 Avr 2014 - 14:30 | |
| Merci Tom Léo, tu fais bien de remettre les pendules à l'heure. J'ai écrit un peu rapidement mais c'est vrai qu'un siècle d'écart, ça joue beaucoup... - jack-hubert bukowski a écrit:
- Colimasson, est-ce le fait que la lecture est un peu vieille ou encore que tu éprouves un trop-plein de lectures...?
Trop plein de lectures sans doute... ça doit jouer. Mais malgré ce trop plein de lectures, je suis encore régulièrement éblouie par certaines lectures donc il existe également d'autres raisons qui devraient pouvoir expliquer mon ennui. - pia a écrit:
Quel dommage! Je n´ai pas lu Pavillon des cancéreux. A part le fait qu'ils aient vécus dans le même contexte historique, politique et qu'ils soient Russes tous les deux, que trouves-tu de comparable à ces deux lectures?
La notion d'enfermement et de vie en communauté... | |
| | | Sigismond Agilité postale
Messages : 875 Inscription le : 25/03/2013
| Sujet: Re: LC Dostoïevski Ven 4 Avr 2014 - 21:24 | |
| - tom léo a écrit:
- pia a écrit:
- colimasson a écrit:
- En train de lire Souvenir de la maison des morts... partie pleine de bons a priori, et finalement, le courant ne passe pas tant que ça. Dosto m'ennuie. Je ne peux m'empêcher de comparer ce livre au Pavillon des cancéreux de Soljenitsyne pour la seule raison (mais pas suffisante) qu'ils sont russes et ont vécu sensiblement dans le même contexte historique et politique.
A part le fait qu'ils aient vécus dans le même contexte historique, politique et qu'ils soient Russes tous les deux, que trouves-tu de comparable à ces deux lectures? Je relève cette remarque de la comparabilité des époques, selon vous, du même contexte historique et politique. Pardonnez-moi si j'interviens: bien sûr - et vous avez raison - il y a eu une forme de continuité, de tradition de "bagne", de camps en Russie tsariste et puis en Union soviétique. Mais au même moment il y a eu quand même pleins de différences, justement entre le tsarisme et la dictature, la terreur rouge. Dosto était au bagne à partir de 1849, Soljenitsyne à partir de 1945! Un siècle les sépare. Bien sûr beaucoup de similitudes, mais d'autres contextes historiques et politiques, malgré tout.
Chez les détenus de Dosto il y avait partiellement encore un semblant de justice, même très dure, de "culpabilité", tandisque dans les bagnes de l'URSS il y avait absence de logique totale, cela pourrait arriver aux plus innocents... (je cherche mes mots, très pauvres) Oui, tout à fait. Dostoïevski a dû faire face à un simulacre d'exécution capitale avant d'échouer au bagne, ce qui doit être une expérience innommable, et ensuite a dû remuer ciel et terre pour être autorisé à quitter la Sibérie après sa peine, il y était en principe assigné ad vitam aeternam (comme Alexandre Petrovitch, voir entame du livre). Ajoutons que, sans manifester de réelle bienveillance, le personnel surveillant dans le bagne de " Souvenirs de la maison des morts" sait fermer les yeux, et en user à bon escient. La violence de l'autorité est moindre. Enfin, il y a la tolérance, entre autres envers la différence et envers la foi, la religion, support bien connu d'espérance -il est pas mal question de l'espérance du condamné chez Dostoïevski- et même un vrai respect envers les plus pieux, que ce soit "le" juif, les musulmans voisins de chambrée d'Alexandre Petrovitch, ou, bien plus répandus en ces lieux, les chrétiens; la fête de Noël (chapitre X), grande affaire au bagne de Dostoïevski, célébration à laquelle chacun se prépare de longue date, est juste inenvisageable chez Soljenitsyne (ou tout équivalent d'une fête quelle qu'elle soit). Les prévôts, dans les chambrées, sont une forme de civilisation à la limite de l'autogestion subalterne qui repose sur la confiance, vous ne lirez jamais quoi que ce soit de tel chez le Nobel 1970. Et, si je me souviens bien (vous confirmerez ou infirmerez), le bourrage de crâne idéologique et fondamentaliste, allié à la camisole chimique si besoin est, qu'on retrouve dans " L'archipel du goulag" et aussi -me semble-t'il- dans " Une journée d'Ivan Denissovitch" est inconnu des moeurs des bagnes tsaristes. Mais ces lectures datent d'aussi loin que ma première lecture de " Souvenirs de la maison des morts", donc elles seraient à reprendre, c'est sûr. Toutefois j'en avais alors conclu qu'un siècle plus tard, c'était pire, bien pire. L'analogie entre les situations est surtout que Dostoïevski et Soljenitsyne sont des prisonniers politiques embarqués en enfer pour des peccadilles, des "moindre des choses" à nos yeux occidentaux contemporains. Un degré supplémentaire est franchi depuis les écrits de Soljenitsyne, dans l'horreur pourtant déjà carabinée, en particulier en Corée du Nord; par exemple, par manque de courage, je n'ai pas pu lire " Rescapé du camp 14", de Shin Dong-hyuk (écrit pas Blaine Harden). Donc renvoi éventuel au fil Qui a lu ?, je n'ai pas pu le lire ce n'est pas faute de ne pas me l'être procuré, mais outre que la plume n'a pas la qualité, le niveau d'un Dostoïevski ou d'un Soljenitsyne, l'inhumaine ou plus certainement la contre-humaine horreur va trop loin dès les premières pages, trop poignant, trop insoutenable témoignage, j'ai remis à plus tard le fait de pouvoir cesser de dire "je ne savais pas" (même si je me doute...). | |
| | | HamsterKiller Main aguerrie
Messages : 544 Inscription le : 25/10/2013 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: LC Dostoïevski Ven 4 Avr 2014 - 21:48 | |
| Ha oui, j'avais un peu zappé :/. Et je viens de me prendre un livre aujourd'hui mais c'est pas du Dostoïevski. bon, je me procure les carnets du sous-sol en début de semaine prochaine, car demain ça me sera impossible. Je commencerai ma lecture mardi soir à priori en espérant qu'il soit dispo en librairie, ce que je pense tout de même.
Z'avez déjà tous terminé votre livre ça tombe ? | |
| | | Heyoka Zen littéraire
Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède
| Sujet: Re: LC Dostoïevski Sam 5 Avr 2014 - 10:57 | |
| - églantine a écrit:
- A titre d'infos : Les chemins de la connaissance sur FR CULT seront consacrés à Dostoievsky avec
Lundi : L'idiot ; invité André Marcowicz , traducteur des oeuvres complètes Mardi : Crimes et chatiments Mercredi : Les frères Karamazov Jeudi : Les carnets du sous-sol ça passe à quelle heure cette émission ? J'écoute pas souvent la radio mais je pourrais faire une exception. - Bédoulène a écrit:
- bonne continuation à tous et bon commencemement à Heyoka !
Merci Bédou. | |
| | | jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Re: LC Dostoïevski Sam 5 Avr 2014 - 11:09 | |
| - colimasson a écrit:
- jack-hubert bukowski a écrit:
- Colimasson, est-ce le fait que la lecture est un peu vieille ou encore que tu éprouves un trop-plein de lectures...?
Trop plein de lectures sans doute... ça doit jouer. Mais malgré ce trop plein de lectures, je suis encore régulièrement éblouie par certaines lectures donc il existe également d'autres raisons qui devraient pouvoir expliquer mon ennui. Nous ne pouvons pas être éblouis par nos lectures instantanément... et à tous les coups. Ça peut être des considérations extérieures à la lecture. Mais bon, je t'accorderai le bénéfice du doute là-dessus. | |
| | | églantine Zen littéraire
Messages : 6498 Inscription le : 15/01/2013 Age : 59 Localisation : Peu importe
| Sujet: Re: LC Dostoïevski Sam 5 Avr 2014 - 11:49 | |
| - Heyoka a écrit:
- églantine a écrit:
- A titre d'infos : Les chemins de la connaissance sur FR CULT seront consacrés à Dostoievsky avec
Lundi : L'idiot ; invité André Marcowicz , traducteur des oeuvres complètes Mardi : Crimes et chatiments Mercredi : Les frères Karamazov Jeudi : Les carnets du sous-sol ça passe à quelle heure cette émission ? J'écoute pas souvent la radio mais je pourrais faire une exception. De 10 h à 11 h chaque jour de la semaine , j'aime beaucoup cette émission bien que ça dépende des invités et du thème aussi . Mais tu peux les écouter en Post-cast ! c'est ce que je fais la plupart du temps ! | |
| | | Sigismond Agilité postale
Messages : 875 Inscription le : 25/03/2013
| Sujet: Re: LC Dostoïevski Sam 5 Avr 2014 - 20:09 | |
| Le chapitre XI (le spectacle) est assez étonnant - la découverte continue, après les travaux, l'étuve, noël - autant de tableaux dont je me rends compte qu'ils sont parfaitement calibrés, soupesés. Dans cet univers, celui qui n'est pas en peine, c'est le lecteur ! | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: LC Dostoïevski Dim 6 Avr 2014 - 14:13 | |
| J'ai l'impression que socialement, cette considération a beaucoup marqué Dosto (dans la position du "gentilhomme") :
« Le point capital, c’est qu’au bout de deux heures, tout nouvel arrivé à la maison de force est au même rang que les autres ; il est chez lui, il jouit d’autant de droit dans la communauté des forçats que tous les autres camarades ; on le comprend et il les comprend, et tous le tiennent pour un des leurs, ce qui n’a pas lieu avec le gentilhomme. Si juste, si bon, si intelligent que soit ce dernier, tous le haïront et le mépriseront pendant des années entières, ils ne le comprendront pas et surtout — ne le croiront pas. — Il ne sera ni leur ami ni leur camarade, et s’il obtient enfin qu’on ne l’offense pas, il n’en demeurera pas moins un étranger, il s’avouera douloureusement, perpétuellement, sa solitude et son éloignement de tous. » | |
| | | pia Zen littéraire
Messages : 6473 Inscription le : 04/08/2013 Age : 56 Localisation : Entre Paris et Utrecht
| Sujet: Re: LC Dostoïevski Dim 6 Avr 2014 - 20:38 | |
| - Sigismond a écrit:
Oui, tout à fait. Dostoïevski a dû faire face à un simulacre d'exécution capitale avant d'échouer au bagne, ce qui doit être une expérience innommable, et ensuite a dû remuer ciel et terre pour être autorisé à quitter la Sibérie après sa peine, il y était en principe assigné ad vitam aeternam (comme Alexandre Petrovitch, voir entame du livre).
Ajoutons que, sans manifester de réelle bienveillance, le personnel surveillant dans le bagne de "Souvenirs de la maison des morts" sait fermer les yeux, et en user à bon escient. La violence de l'autorité est moindre. Enfin, il y a la tolérance, entre autres envers la différence et envers la foi, la religion, et même un vrai respect envers les plus pieux, que ce soit "le" juif, les musulmans, la fête de Noël (chapitre X), grande affaire au bagne de Dostoïevski, célébration à laquelle chacun se prépare de longue date, est juste inenvisageable chez Soljenitsyne (ou tout équivalent d'une fête quelle qu'elle soit). Les prévôts, dans les chambrées, sont une forme de civilisation à la limite de l'autogestion subalterne qui repose sur la confiance, vous ne lirez jamais quoi que ce soit de tel chez le Nobel 1970.
Et, si je me souviens bien (vous confirmerez ou infirmerez), le bourrage de crâne idéologique et fondamentaliste, allié à la camisole chimique si besoin est, qu'on retrouve dans "L'archipel du goulag" et aussi -me semble-t'il- dans "Une journée d'Ivan Denissovitch" est inconnu des moeurs des bagnes tsaristes.
je n'ai pas pu lire "Rescapé du camp 14", de Shin Dong-hyuk (écrit pas Blaine Harden). En effet je me dis que certaines choses qui étaient possibles au bagne ne devaient pas être possible dans les goulags. Tu parles de l’autogestion..En effet la « liberté » (toute relative bien sûr) de faire du trafic, d’acheter de la viande, de recevoir l’aumône, de pouvoir vendre le fruit de son travail. Je ne connais pas bien les goulags mais je me dis que avoir une religion dans les goulags n’aurait pas été possible. Alors que dans Souvenirs de la maison des morts, il y a le juif dont le culte est un véritable "spectacle" qui change du quotidien et qui est suivi par tout les bagnards ainsi que certains gardes curieux. - colimasson a écrit:
- J'ai l'impression que socialement, cette considération a beaucoup marqué Dosto (dans la position du "gentilhomme") :
Les classes étaient fortement marquées à cette époque. Il (je parle de Dostoëvski puisque je pense qu’il parle à travers son personnage) parle souvent de la différence entre le peuple (comme on disait) et les gentilshommes qui ne seront jamais accepté. Chose qui le rend extrêmement triste puisqu’il veut se rapprocher de ces hommes (en fait) . Son caractère observateur, psychologue, analytique, intéressé par l’autre fait qu’il est capable de surpasser ces classifications et voir l’autre comme un être complexe qui a autant de valeur que lui-même. Dostoïevski dit lui-même qu’il a appris à connaitre le peuple Russe au bagne. Ce qui alimenté son nationalisme, son Slavophilisme? Malgré tout il ne peut s´empêcher de faire des comparaisons ou de faire une recherche métaphysique sur les différences qui existent. Ce système de classification des hommes étant tellement ancrée en lui (son personnage). Je reprend le passage juste avant ton extrait coli. Passage qui illustre ce que je veux dire. Tout le premier je suis prêt à certifier que parmi ces martyrs, dans le milieu le moins instruit, le plus abject, j’ai trouvé des traces d’un développement moral. Ainsi, dans notre maison de force, il y avait des hommes que je connaissais depuis plusieurs années, que je croyais être des bêtes sauvages et que je méprisais comme tels ; tout à coup, au moment le plus inattendu, leur âme s’épanchait involontairement à l’extérieur avec une telle richesse de sentiment et de cordialité, avec une compréhension si vive des souffrances d’autrui et des leurs, qu’il semblait que les écailles vous tombassent des yeux ; au premier instant, la stupéfaction était telle qu’on hésitait à croire ce qu’on avait vu et entendu. Le contraire arrivait aussi : l’homme cultivé se signalait quelquefois par une barbarie, par un cynisme à donner des nausées ; avec la meilleure volonté du monde, on ne trouvait ni excuse ni justification en sa faveur.
Je ne dirai rien du changement d’habitudes, de genre de vie, de nourriture, etc., qui est plus pénible pour un homme de la haute société que pour un paysan, lequel souvent a crevé de faim quand il était libre, tandis qu’il est toujours rassasié à la maison de force. Je ne dis-cuterai pas cela. Admettons que pour un homme qui possède quelque force de caractère, c’est une bagatelle en comparaison d’autres privations et pourtant, changer ses habitudes matérielles n’est pas chose facile ni de peu d’importance. Mais la condition de forçat a des horreurs devant lesquelles tout pâlit, même la fange qui vous entoure, même l’exiguïté et la saleté de la nourriture, les étaux qui vous étouffent et vous broient.
Dernière édition par pia le Lun 7 Avr 2014 - 16:13, édité 1 fois | |
| | | tom léo Sage de la littérature
Messages : 2698 Inscription le : 06/08/2008 Age : 61 Localisation : Bourgogne
| Sujet: Re: LC Dostoïevski Dim 6 Avr 2014 - 22:44 | |
| Merci pour ces précisions que j'aurais du mettre dans mes affirmations plus haut pour souligner des différences entre le bagne et les Goulags. Evidemment, dans un certain sens, on devrait au même moment même pas comparer les degrés d'horreurs de ces formes, bien qu'ils existaient. On est tiraillé un peu... - pia a écrit:
- Sigismond a écrit:
Ajoutons que, sans manifester de réelle bienveillance, le personnel surveillant dans le bagne de "Souvenirs de la maison des morts" sait fermer les yeux, et en user à bon escient. La violence de l'autorité est moindre. Enfin, il y a la tolérance, entre autres envers la différence et envers la foi, la religion, et même un vrai respect envers les plus pieux, que ce soit "le" juif, les musulmans, la fête de Noël (chapitre X), grande affaire au bagne de Dostoïevski, célébration à laquelle chacun se prépare de longue date, est juste inenvisageable chez Soljenitsyne (ou tout équivalent d'une fête quelle qu'elle soit).
En effet je me dis que certaines choses qui étaient possibles au bagne ne devaient pas être possible dans les goulags. (...) Je ne connais pas bien les goulags mais je me dis que avoir une religion dans les goulags n’aurait pas été possible. Alors que dans Souvenirs de la maison des morts, il y a le juif dont le culte est un véritable "spectacle" qui change du quotidien et qui est suivi par tout les bagnards ainsi que certains gardes curieux. Il faudra souligner dans cette domaine qu'une très grande partie de ceux envoyés aux Goulags étaient justement des croyants. Le premier d'entre tout était bien les îles Solovki, un Archipel dans la Mer blanche (où je suis allé en... 2006?) où il y avait un haut lieu de l'Orthodoxie, un grand et influent monastère depuis env le XVIème siècle. Ce lieu même, inclusif le monastère, étaient changé en Goulag! Sinistre. Et une grande partie des détenus étaient des prêtres, évêques, moines... beaucoup executés ou forcé au travaux. Pourtant, aussi dans ces circnstances-là, j'aimerais dire qu'il y en a qui arrivent à vivre leur foi. Peut-être pas dans le sens de "réligion" avec certaines rites bien rodées et admises, mais comme atitudes intérieure. Pour l'église orthodoxe ces "nouveaux martyres" constituent même une foule nombreuse de "Saints" nouvellement canonisées (en partie). Mais en dehors de cette considération il est sûr que des gens de grand valeur ont pu témoigner même dans ces circonstances si contraires pour quelque chose de lumineux. Ah, personne pourrait exiger cela, ou mettre sa main dans le feu en avance qu'il aurait fait pareil... Il y a des années j'ai lu avec admiration ce témoignage de Boris Chiriaev (grande récommandation!): La Veilleuse des Solovki Traduit du russe par Anne Kichilov La Veilleuse des Solovki est l'œuvre d'une vie : celle de Boris Chiriaev (né en1889 à Moscou), intellectuel moscovite qui fait mémoire de son expérience et écrit pendant vingt-cinq ans cette « chronique des temps de naufrage ». Chiriaev arrive aux Solovki en 1923 ;haut lieu de l'orthodoxie, les Solovki deviennent un haut lieu de souffrance, le premier camp destiné à regrouper les « ennemis » venant de la guerre civile. Dans cette généalogie du difficile on découvre les balbutiements de ce qui allait devenir le symbole de la répression soviétique : le goulag. Le livre de Chiriaev est un témoignage exemplaire : il donne le premier rôle à l'homme qui même dans les pires moments peut rester humain et à la vie qui exige d'être exaltée. Il souligne le paradoxe du camps des Solovki dans les premières années : à la terrible réalité du bagne s'allie une extraordinaire effervescence intellectuelle et artistique encore possible ces années là, car « le travail intellectuel est l'acte de l'esprit ». « Le régime des Solovki n'était pas encore bardé de la cuirasse du système », écrira Soljenitsyne dans L'Archipel du goulag. Et au milieu de cette désolation, une lumière : la lueur d'une veilleuse que rien ne peut éteindre, celle du dernier ascète des Solovki, que Chiriaev a surpris en prière dans sa hutte au milieu des bois. Les Solovki étaient un Golgotha, nous dit l'auteur, mais sur elles brillaient aussi la lumière de l'Esprit. Biographie: Boris Nikolaïevitch Chiriaev est né en 1889 à Moscou dans une famille aisée. En 1918, il est arrêté et condamné à mort pour avoir tenté de quitter la Russie, mais réussit à s’évader. Condamné une nouvelle fois à la peine capitale, il sera finalement envoyé aux Solovki en 1923. Déporté à Tachkent puis à Stavropol, il quitte l’URSS en 1944 pour l’Allemagne, puis l’Italie où il meurt en 1959.
(Source: Editions des Syrtes) Le Père Pavel Florensky, un touche à tout, scientifique, prêtre, théologien, spirituel, biologiste... écrivait du même Goulag (j'ai ce livre sur ma PAL): "Lettres de Solovki". Bien sûr il se limte plutôt, face à la censure, aux observations naturelles, néanmoins... "Pavel (Paul) Alexandrovitch Florensky (1882-1937) était un théologien orthodoxe russe, philosophe, mathématicien, inventeur et néomartyr. Il fut parfois comparé par ses contemporains, du fait de l’étendue des domaines auxquels il s’intéressait et dans lesquels il excellait, à Léonard de Vinci. Arrêté en 1933 et condamné à dix ans de goulag, il fut exécuté au camp de Solovki en 1937. « Quand j’avais ton âge − écrit Florensky (lettre no 77) à son fils Mikhaïl âgé de quinze ans − chaque minute perdue me semblait un malheur ou un crime et j’essayais de remplir mon temps au maximum. J’avais des cahiers où je notais tout l’essentiel de mes lectures et mes réflexions sur les livres, des cahiers de citations intéressantes, des albums de croquis d’après nature, des cahiers d’expériences, des carnets pour les observations sur le terrain (...) C’est ainsi que j’ai acquis un bagage de connaissances, des aptitudes pratiques et surtout l’habitude de juger par moi-même en fonction de ce que j’avais observé. Les données que je récoltais, je tâchais de les confronter et d’en faire des synthèses sous forme de tableaux, de diagrammes, de cubes ... » Envers et contre tout, au goulag des îles Solovki, Florensky ne manque pas une occasion de faire de même, comme on le voit par toute sa correspondance, lui qui avait cherché à faire de sa vie une œuvre d’art, trouve la beauté partout où la nature sauvage n’a pas été abîmée par la main de l’homme, surtout de l’homme du goulag. C’est cette beauté qui lui donne la force de vivre et d’insuffler de l’optimisme et des perspectives scientifiques et culturelles aux siens, à sa famille et aussi à ses codétenus." (Editions d'Âge d'Homme - excellent éditeur pour les Russophiles!!!) Qui cherche trouvera des témoignages riches, même des Goulags? L'Archipel Goulag en parle des fois entre les lignes. Plus tard (il y avait aussi un développement des bagnes) Soljenitsyne raconterait dans la "Journée d'Ivan Dénissovitch", comment l'ouvrier va faire une pause pour prendre le petit déjeuner dans une grande dignité... Rituel, geste de dignité, voir symbole de l'Eucharistie? | |
| | | pia Zen littéraire
Messages : 6473 Inscription le : 04/08/2013 Age : 56 Localisation : Entre Paris et Utrecht
| Sujet: Re: LC Dostoïevski Lun 7 Avr 2014 - 18:10 | |
| - tom léo a écrit:
Il y a des années j'ai lu avec admiration ce témoignage de Boris Chiriaev (grande récommandation!): La Veilleuse des Solovki Traduit du russe par Anne Kichilov
Plus tard (il y avait aussi un développement des bagnes) Soljenitsyne raconterait dans la "Journée d'Ivan Dénissovitch", comment l'ouvrier va faire une pause pour prendre le petit déjeuner dans une grande dignité... Rituel, geste de dignité, voir symbole de l'Eucharistie?
Merci pour le livre que tu nous recommandes. je vais le mettre dans ma LAL, bonne façon d'en savoir plus sur les goulags. Interessant ce que tu racontes sur la foi qui se vivaient tout de même, quoique cachée. L'homme résistera toujours, même dans les moments les plus horribles. ça me fait penser aux Afro-Américains qui résistaient en chantant leur foi, aux femmes Afghanes qui écoutaient de la musique et se mettaient des pantalons en cachette. | |
| | | pia Zen littéraire
Messages : 6473 Inscription le : 04/08/2013 Age : 56 Localisation : Entre Paris et Utrecht
| Sujet: Re: LC Dostoïevski Lun 7 Avr 2014 - 18:17 | |
| Je vais un peu vous parler de l'autre Dostoïevski que j'ai lu. Le doubleGoliadkine est conseiller titulaire de 9ème rang donc qui n’a pas encore acquis la noblesse personnelle que le 8ème rang obtient. Ses employeurs appartiennent certainement à la noblesse. Il est invité à l’anniversaire de la fille de son supérieur mais on refuse de le laisser entrer. Il ne s’y résous pas et entre tout de même par une porte dérobée. Il se donne en spectacle et sort de cette fête humilié. En rentrant chez lui il se sent au bord du gouffre. Ses démons le poursuivent, ses ennemis qui le persécutent et veulent sa chute. il croise un homme à deux reprises, comme un rêve qui recommencerait deux fois, qui lui ressemble en tout point jusqu’à porter le même nom de famille. Cet homme s’incruste petit à petit dans sa vie jusqu’à lui subtiliser son identité le fruit de son travail. Il va le pousser diaboliquement dans ses retranchement et se servir de son ridicule pour briller à sa place. Mais ce double existe-t-il vraiment ? Personne ne semble remarquer la ressemblance. Goliadkine n’a pas sa prestance et l’éloquence qui pourrait le sauver dans certaines situations épineuses. Goliadkine jeune, comme il l’appelle, est gouailleur, et sait se rendre sympathique. Le personnage de Goliadkine fait mention depuis le début du masque que les autres portent alors que lui n’est qu’honnêteté. Je ne peux pas ne pas faire un lien avec L’idiot, que je n’ai pas encore lu mais dont j’ai entendu parler dans l’émission de radio les nouveaux chemins de la connaissance(Eglantine ) sur L’idiot où le thème du double est très présent aussi. Et en écoutant cette émission j’ai retenu ce texte: Un mot exprime à lui seul ce double caractère solitaire et inconnaissable de toutes choses au monde, le mot idiotie. Idiot, signifie simple, particulier, unique, puis par une extension sémantique dont la signification philosophique est de grande portée, personne dénuée d’intelligence, être dépourvu de raison. Toute chose, toute personne, sont ainsi idiote dès lors qu’elle n’existe qu’en elle-même. C'est-à-dire sont incapables d’apparaitre autrement que là où elles sont, et telles qu’elles sont. incapable donc et en premier lieu de se refléter, d’apparaitre dans le double du miroir. Le traité de l’idiotie de Clément rosset Est-ce que le double est une autre version de lui-même, un être qui pourrait réussir s’il portait un masque, qui serait double au lieu d’être simple, entier jusqu’à l’indigestion des autres ? Un être honni qui saurait profiter de sa fragilité de son honnêteté, justement à cause de son caractère double ? Depuis le début G se sent persécuté, parle d’ennemis et essaye de convaincre ses supérieurs de l’injustice qu’il subit. Est-ce que ses supérieurs refusent de l’écouter et sont réellement injuste avec lui ou ses plaintes continuelles les laissent impuissants et gênés ? Etait-il vraiment invité à cette fête où on a refusé de le laisser entrer à cause des complots que ses ennemis auraient fomentés contre lui (comme il dit)? Ou a-t-il voulu croire qu’il était invité et alimenter son sentiment de persécution ? – Je vais droit mon chemin, moi, Christian Ivanovitch, au grand jour, sans chercher les voies détournées, car je les méprise et les laisse aux autres. Loin de moi le désir d’humilier certains qui sont peut-être plus honorables que vous et moi… pardon, je voulais dire : plus honorables que moi et d’autres, Christian Ivanovitch, et non que vous et moi. J’ai horreur des allusions : je suis impitoyable pour la basse hypocrisie, je méprise les racontars et les calomnies. Je ne porte le masque qu’à l’occasion d’une mascarade et non point tous les jours, devant tout le monde. Pour finir, je voudrais vous poser une question, Christian Ivanovitch, une seule : Comment vous vengeriez-vous d’un ennemi, d’un ennemi mortel – ou du moins que vous considéreriez comme tel ?…
Dernière édition par pia le Lun 7 Avr 2014 - 19:54, édité 1 fois | |
| | | Sigismond Agilité postale
Messages : 875 Inscription le : 25/03/2013
| Sujet: Re: LC Dostoïevski Lun 7 Avr 2014 - 18:57 | |
| Le balayage panoramique continue, avec les chapitres dédiés à l'hôpital, et l'occasion donnée à Dostoïevski d'aborder le point des supplices (verges et baguettes), en quelques propos, parfois un peu allongés, mais toujours fort édifiants; on note la tolérance envers ceux qui se font porter pâle, sans raison médicale valable, contrastant avec l'inhumanité réglementaire, celle des fers encore portés par les forçats au bord du trépas à l'hôpital.
On franchit un pas de plus dans le sordide, le glauque, la fange et une forme aigüe de misère sociale avec le chapitre IV de la seconde partie, intitulé Le mari dAkoulka pages 394 à 413 du lien.
La plume reste toujours aussi concise et alerte. Limite on aimerait quelque envolée, quelque échange ou quelque situation non dénuée de lyrisme, comme on en trouve parfois au détour des pages de L'idiot ou des Frères Karamazov, par exemple. Je suis conscient que ce propos peut sembler paradoxal s'agissant d'un livre fourni, pesant un peu plus de 400 pages ! | |
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