LC Henri Bosco : L'âne culotte

Prêt à démarrer pour ma part, ce week-end, alors ?

Idem

ok ! je fais un rappel !

Quel plaisir de revenir sur Parfum et de voir que Bosco y est à la une!
Je ne peux pas faire cette lecture en même temps que vous mais je vais vous lire, soyez-en assurés!  

contente de te lire Coline, mais je m'y attendais un peu avec Bosco !   

Je vous rejoins surement un peu plus tard quand j'aurai pû me procurer le livre. D'ailleurs quel titre? Toujours L'âne culotte? Ou on s'est décidé pour un autre?

non c'est bien l'âne culotte Pia, à tantôt

Bédoulène a écrit:

contente de te lire Coline, mais je m'y attendais un peu avec Bosco !   

Oui mais ce n'est pas seulement pour lui que je suis revenue!  

J'ai dévoré ce petit livre !

L'écriture très poétique et pour moi des souvenirs d'enfance des petits détails mis de côté mais qui ressurgissent.

Les noms des personnages, des lieux, de la Nature rendent des musiques du Midi que le lecteur peut entendre s'il est attentif.

Constantin qui passe la fin des vacances à Peïrouré dans la maison familiale avec ses grands-parents, est intrigué par un âne qui fait les commissions au village pour un inconnu, vieil ermite, qui vit plus haut dans les collines. La particularité de cet âne est d'être culotté. Bravant l'interdit Constantin décide de le suivre pour découvrir qui et où habite l'ermite que le curé du village appelle Mr Cyprien ; il lui suffit de passer le pont.

"Irais-je plus loin ?...Toute la plaine fraîchement labourée, avec ses bonnes maisons de guingois et l'odeur domestique des celliers et des granges, me retenait devant le pont. Son étendue humaine et prudente, s'arrêtait en deçà de la petite rivière et tout ce qui s'en élevait donnait des conseils de sagesse : les arbres bien plantés, les carrés de légumes, le regroupement amical des toits et même le clocher trapu dans lequel, il est vrai, tintait un peu follement la cloche majeure."

tous ces termes à mon sens représentent le Bien, l'ordre, alors que :

"Mais la brise arrivait de l'Au-delà. Sa nappe qui descendait des plateaux, où poussent l'arnica sauvage, l'argelas et l'hysope des garrigues, avait ramassé au passage tous les parfums cachés dans les petits vallons, blottis dans les creux tièdes, assoupis dans les moindres fissures du calcaire, épine blanche, digitale, centaurée, ronce bleue, troène, genêt d'Espagne, encens de mer, herbe de Sainte-Véronique."

toutes ces plantes sauvages s'opposant aux plantes cultivées


"Maintenant tout ici devenait brusque, abrupt, mais de ces mouvements du sol, de ces rocs éboulés, de ces chênes noueux aux racines torses, passait en moi comme une noire force souterraine. L'âpre accent qui s'en exhalait faisait battre mon sang à coups plus larges, au milieu de l'ombre, des écorces fraîches et des feuilles amères ; j'étais enlevé, malgré la roideur des lacets et la sévérité des escalades virilement, vers cette immense zone aromatique des collines, pays des fleurs sauvages, des arbres et des bêtes fuyantes qui déjà, à travers les branches des chênes, tremblait, en pleine lumière devant moi."

de même ces termes qui qualifient  l'autre côté du pont, donc l'interdit, le pécher

Le curé Chichambre qui recommande la charité chrétienne pour les animaux et comme le souligne très justement l'auteur (ce qui est rare à la campagne) me fait penser à un curé de la banlieue Marseillaise qui bénissait un certain jour les animaux et qui a d'ailleurs ouvert un refuge.

La servante Péguinotte est un personnage aux convictions arrêtées (même si souvent elles sont fausses) que l'on pouvait rencontrer dans les petits villages, une croyance enrobée  de superstitions.

La grand-mère est la maîtresse de maison, c'est elle qui gère, mais elle a besoin de la présence du Grand-père, une simple présence qui représente le bonheur.

Je note que cette famille semble aisée, ce qui se confirme par les séjours dans une autre ville, l' éducation donnée à Constantin, le fait aussi de recueillir Hyacinthe.

à suivre

Je te rejoins demain soir pour en parler !!

Ma première réaction : comment peut-on classer ce livre dans la littérature jeunesse !!!!!!!!  

C'est un livre "magique" : Bosco réveille l'enfant tapi en nous , celui qui se réfugie dans le merveilleux , l'inaccessible pour le monde des "adultes" ....
C'est l'apparition du surnaturel dans cette nature enchanteresse ,
c'est un hymne à la vie car Bosco fait chanter la terre et exhale les effluves qui nous enivrent ....
C'est une histoire qui fait surgir au delà de cette lumière aveuglante de la Provence , la conscience collective puissante que l'on retrouve dans ces sociétés très enracinées à la terre où se mêlent superstitions , croyances anciennes , religion et crainte de l'inconnu ..
C'est une histoire qui n'est pas s'en rappeler certains mythes ( le mythe d'orphée ....)
C'est une invitation à construire son propre bonheur , affranchi de la notion de péché , au delà de l'invention des hommes ....
C'est un bijou ....à lire et relire ....
Je suis encore submergée d'émotion et c'est bon !  

églantine a écrit:

Ma première réaction : comment peut-on classer ce livre dans la littérature jeunesse !!!!!!!!  

Je crois que c'est un des gros problèmes pour Bosco...que l'on connaisse surtout de lui L'enfant et la rivière et L'âne culotte parce qu'on en a étudié des passages à l'école.
Peu d'enfants ont à ce moment-là accès à la magie et à la merveille de ces pages, de ces mots.
Et puis on est reste là...On s'est un peu ennuyé peut-être à l'époque...
Je vous souhaite, si cette lecture commune est pour vous une première lecture de Bosco, d'avoir le désir d'aller bien au-delà dans son oeuvre magistrale et trop méconnue. Sur le fil qui lui est consacré vous pourrez retrouver tous les enthousiasmes justifiés des Parfumés qui se sont déjà exprimés.

C'est bien un parcours initiatique, et  le "viol" de ce jardin paradisiaque commis  par Constantin va déchainer les passions maléfiques, car si M. Cyprien dans sa folie se prend pour Dieu, il n' a pas évidemment ni ses pouvoirs ni sa sagesse ; il est simplement humain et cède à l'orgueil en tuant le renard qu'il ne peut envoûter.

L'initiative de Constantin incitera celle de la jeune Hyacinthe, tous deux seront "punis".   (curieux d'ailleurs le prénom de la gamine hérité lui aussi de la mythologie et qui est mixte)

L'âne doit certainement porter un symbole outre ses pantalons, (après recherche, il y a bien des mythes et aussi l'arrivée de Jésus sur un âne le jour des Rameaux ; Mahomet a aussi admis l'âne dans son paradis) mais dès qu'il est délivré de l'emprise de la flute, il redevient un âne comme les autres.

Evidemment les descriptions sont enchanteresses, à croire que la flute de M. Cyprien agit aussi sur le lecteur !   

coline a écrit:

églantine a écrit:

Ma première réaction : comment peut-on classer ce livre dans la littérature jeunesse !!!!!!!!  

Je crois que c'est un des gros problèmes pour Bosco...que l'on connaisse surtout de lui L'enfant et la rivière et L'âne culotte parce qu'on en a étudié des passages à l'école.
Peu d'enfants ont à ce moment-là accès à la magie et à la merveille de ces pages, de ces mots.

Eh oui ........j'ai eu un coup de coup de foudre pour "Le mas Théotime" récemment et je continue avec autant de ravissement !!!