André Masson

Biographie:

Citation :

La formation artistique de Masson dure six ans : de 1907 à 1912, il est élève de l'Académie royale des beaux-arts de Bruxelles où il apprend surtout la décoration murale et reçoit un premier prix de décoration. Il quitte la Belgique, puis de 1912 au printemps 1914, se forme comme élève dans l'atelier de Paul Baudoüin à l'École nationale des Beaux-Arts de Paris. Après un voyage en Italie à la suite d'une bourse d'études, il va en Suisse et s'engage dans l'infanterie un an plus tard. Il est grièvement blessé au cours de l'offensive du Chemin des Dames et passe plusieurs mois dans divers hôpitaux. Il en gardera toute sa vie une répulsion pour la guerre et le bellicisme.
Après la guerre, il va peindre quelque temps à Céret (Paysage de Céret, Environs de Céret). S'installant 45 rue Blomet, il a Miró pour voisin et, ensemble, ils partagent le même atelier. Il rencontre alors de nombreux artistes et écrivains tels que Roland Tual, Max Jacob, Antonin Artaud, Juan Gris, Derain, Limbour, Leiris, Aragon, Desnos. Lors de son séjour à Céret, André Masson épouse Odette Cabalé (1899 - 1984), dont la famille paternelle est cérétane2. En 1920, à Paris, naissance de leur fille Gladys Masson dite Lily3. En octobre 1922, il se lie par un contrat verbal à la galerie Simon de Kahnweiler et y expose en 1924. S'intéressant aux manifestations dadaistes par l'intermédiaire d'écrivains comme Limbour ou Aragon, il reçoit André Breton à son atelier et rejoint le groupe des surréalistes (1924).
André Masson participe dès lors à leurs activités, rencontre Georges Bataille, ainsi que Paul Éluard. Sa participation au mouvement surréaliste s'interrompt lorsqu'il se brouille avec Breton en 1929. En 1930, il divorce avec Odette Cabalé4.
Durant ces années, il crée ses dessins automatiques. Il invente le procédé des "tableaux de sable", créés en étalant de la colle puis en projetant du sable sur la toile. Il s'initie à la gravure, à l'illustration (Justine de Sade en 1928, Histoire de l'œil, sous le pseudonyme de Lord Auch (1928) et Dossier de l'œil pinéal. L'anus solaire, illustré à la pointe sèche, de Bataille), à la décoration de théâtre et à la sculpture (Métamorphose, 1928). Il reçoit deux importantes commandes : de Pierre David-Weill, la décoration de son appartement parisien (1928) et des Ballets russes de Monte-Carlo, les décors et costumes du ballet Les Présages, dont la première a lieu le 13 avril 1933. En 1933, Masson expose à New York ses Massacres de 1932-33. Après des séjours dans le midi, il s'installe en Espagne au printemps 1934.
En 1937-1939, il participe à l'aventure de la revue Acéphale mais n'adhère pas à la société secrète de Bataille. Son style semble être influencé[évasif] par l'expressionnisme. Produit des dessins sous forme de « séries » : Destin des animaux ; Massacres ; Portraits imaginaires. En 1941, il rejoint les États-Unis pour échapper à la guerre ; y retrouve André Breton. En 1945, retour en France. Il illustre de nombreux décors de théâtre (La Putain respectueuse de Jean-Paul Sartre). En 1954, il reçoit le Prix national des arts. En 1965, il peint le plafond du théâtre de l'Odéon.
Ami de Georges Bataille, André Masson s'est marié avec Rose Maklès (1902-1986) (sœur de Bianca, comédienne à L'Atelier et épouse du dadaïste Théodore Fraenkel ; de Simone, épouse de Jean Piel, et de Sylvia, comédienne, épouse de Georges Bataille puis de Jacques Lacan).
Ses deux fils, Diego et Luis, épousèrent deux des filles de l'architecte Fernand Pouillon, lequel avait dessiné les plans de son atelier au Tholonet, près de la montagne Sainte-Victoire. Sa fille Gladys Masson, dite Lily, est également peintre et continue à exposer ses œuvres à Paris et à l'étranger.
Le cinéaste Jean Grémillon lui a consacré un court métrage présenté au Festival de Cannes en 1959, André Masson et les quatre éléments.
Source

André Masson - Le chantier de Dédale - 1939



André Masson - Le fauteuil Louis XVI - 1938


Et je compte sur la contribution de Constance -initriatrice de ma découverte d'André Masson- pour continuer à enrichir ce fil...

Quand je pense à Masson deux images me viennent immédiatement à l'esprit. D'abord L'Acéphale, cette revue et société secrète (bien tordue d'après ce qui a filtré) dirigée par George Bataille juste avant la guerre et dont Masson dessine la couverture :



et puis la peinture que Masson a faite pour masquer l'origine du monde de Courbet (et qui le relie ici à Lacan) :



Où l'on voit les qualités de dessinateur et les obsessions de l'artiste, tout autant que ses liens avec certains intellectuels de premiers plans.

Il avait quelque chose contre L'origine du monde de Courbet ?
Merci pour les ajouts shanidar.






Méditation sur une feuille de châne - 1940



Pygmalion - 1938



Vague du futur

colimasson a écrit:

Il avait quelque chose contre L'origine du monde de Courbet ?

Non mais la peinture de Courbet étant jugée scandaleuse, elle a été très rapidement cachée derrière un rideau par son premier propriétaire et celui qui avait commandé l'œuvre : Khalil-Bey (un diplomate turc amateur d'œuvre érotique) et il semble que la tradition se soit conservée. Une autre peinture de Courbet (Le château d'Ornans) cachait la toile quand elle appartenait à François de Hatvany (un noble hongrois).

Quand Lacan en fait l'acquisition, il demande donc tout naturellement à son beau-frère André Masson de cacher la peinture derrière une toile surréaliste (Terre érotique).

Je pense que l'un des intérêts de l'œuvre est d'ailleurs tout autant dans ce quelle montre que dans ce qu'elle cache et que son dévoilement devait être aussi excitant que l'image vue immédiatement. Le désir est souvent bien plus excitant que son assouvissement.

J'avais pris connaissance de ce cache de l'origine du monde au musée Courbet à Ornan l'été dernier. (petit musée sympas au passage). bon on se doute qu'il n'y a pas ses plus grands chefs-d'oeuvre, mais il y a ce fameux chêne en bouquet finale evoqué sur le fil courbet d'ailleurs (Le chêne de Flageay (1864)). (clic)

Pour le cache, je trouve qu'il évoque délicatement plus qu'il ne cache ce tableau charnel de Courbet. Enfin j'aime bien ce petit jeu auquel s'est livré l'artiste.

shanidar a écrit:

Je pense que l'un des intérêts de l'œuvre est d'ailleurs tout autant dans ce quelle montre que dans ce qu'elle cache et que son dévoilement devait être aussi excitant que l'image vue immédiatement. Le désir est souvent bien plus excitant que son assouvissement.

Je n'ai pas eu l'occasion de voir le tableau avec son cache (il est a Orsay il me semble, le tableaux, enfin je crois que c'est là que je l'avais vu). Mais je pense également que ça doit être intéressant de lever ce voile, pour découvrir cette chaire, en forçant ainsi la proximité et le geste. Je ne sais pas trop parler de peinture, mais la couleur de la chaire, la représentation de cette peau et de cette "origine du monde", il y a quelque-chose de libidineux, d'une ambiguité extrême et assumé entre la fonction de cette partie du corps suggéré par le titre et son attrait presque odorant mais représenté sans réel érotisme, disons sans artifice de séduction.

Je le trouve encore audacieux, même à notre époque, puisqu'il se dégage du glamour souvent utilisé (je parle pas de l'art d'aujourd'hui (je ne sais pas vraiment si des artistes se penche sur de tel sujet(surement)) mais de la place de la séduction féminine dans notre société) pour faire naitre le désir, mais représente une réalité de la chair, en évoquant ce qu'elle engendre en nous et comme elle engendre "le monde". Deux aspect totalement confondu ici en une simple pose non personnifié.

Je suis absolument d'accord avec tout ce que tu dis Hamsterkiller ! et je pense que ce jeu de montrer-cacher ne pouvait que plaire aux surréalistes dont Masson était et à la frange bataillienne de ses amis (fortement branché érotisme voire pornographie...).

Cet acte me semble aussi provocateur dans le sens de l'ironie...

Some others :












Goethe or the metamorphosis of plants

cette toile datant de 1934 a été utilisée comme illustration pour la couverture du livre Paradiso de José Lezama Lima...

Orphée