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| René Char | |
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Auteur | Message |
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GrandGousierGuerin Sage de la littérature
Messages : 2669 Inscription le : 02/03/2013
| Sujet: Re: René Char Sam 29 Juin 2013 - 0:43 | |
| Tellurique ... Peu à peu les vers de Char semblaient mordre dans l'épopée de Gilgamesh. Et Merci &! | |
| | | Esperluette Sage de la littérature
Messages : 1660 Inscription le : 09/04/2012
| Sujet: Re: René Char Sam 29 Juin 2013 - 10:01 | |
| - GrandGousierGuerin a écrit:
- Tellurique ...
Peu à peu les vers de Char semblaient mordre dans l'épopée de Gilgamesh. Et Merci &! Eh bien GGG, jamais je n'aurais pensé à la lecture de ce poème être portée jusqu'à Gilgamesh. Ton commentaire m'ouvre des perspectives épiques. | |
| | | jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Re: René Char Sam 29 Juin 2013 - 12:17 | |
| Ton dernier extrait est particulièrement cisélé, esperluette. Je retourne aux Feuillets d'Hypnos : - René Char, Fureur et mystère, 2011, Poésie/Gallimard, p. 131-132. a écrit:
- 194
Je me fais violence pour conserver, malgré mon humeur, ma voix d'encre. Aussi est-ce d'une plume à bec de bélier, sans cesse éteinte, sans cesse rallumée, ramassée, tendue et d'une haleine, que j'écris ceci, que j'oublie cela. Automate de la vanité? Sincèrement non. Nécessité de contrôler l'évidence, de la faire créature. | |
| | | Esperluette Sage de la littérature
Messages : 1660 Inscription le : 09/04/2012
| Sujet: Re: René Char Sam 29 Juin 2013 - 15:42 | |
| Contente de savoir que tu apprécies cet Epi...., Jack-Hubert. Voici, un belle rencontre avec la Sorgue, poème de la création même si on peut en faire une autre lecture. LOUIS CUREL DE LA SORGUE
Sorgue qui t’avances derrière un rideau de papillons qui pétillent, ta faucille de doyen loyal à la main, la crémaillère du supplice en collier à ton cou, pour accomplir ta journée d’homme, quand pourrai-je m’éveiller et me sentir heureux au rythme modelé de ton seigle irréprochable ? Le sang et la sueur ont engagé le combat qui se poursuivra jusqu’au soir, jusqu’à ton retour, solitude aux marges de plus en plus grandes. L’arme de tes maîtres, l’horloge des marées, achève de pourrir. La création et la risée se dissocient. L’air-roi s’annonce. Sorgue, tes épaules comme un livre ouvert propagent leur lecture. Tu as été, enfant, le fiancé de cette fleur au chemin tracé dans le rocher qi s’évadait par un frelon… Courbé, tu observes aujourd’hui l’agonie du persécuteur qui arracha à l’aimant de la terre la cruauté d’innombrables fourmis pour la jeter en millions de meurtriers contre les tiens et contre ton espoir. Ecrase donc encore une fois cet œuf cancéreux qui résiste… Il y a un homme à présent debout, un homme dans un champ de seigle, un champ pareil à un chœur mitraillé, un champ sauvé.
René Char, Seuls demeurent (1938-1944), L’avant-monde, Fureur et mystère, 1948, vingt et unième poème, Poésie/Gallimard, p.41.
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| | | Esperluette Sage de la littérature
Messages : 1660 Inscription le : 09/04/2012
| Sujet: Re: René Char Sam 29 Juin 2013 - 23:00 | |
| Tu as raison Jack-Hubert de revenir vers les Feuillet d'Hypnos, je te réponds avec le feuillet suivant
195 Si j’en réchappe, je sais que je devrais rompre avec l‘arôme de ces années essentielles, rejeter (non refouler) silencieusement loin de moi, mon trésor, me reconduire jusqu’au principe du comportement le plus indigent comme au temps où je me cherchais sans jamais accéder à la prouesse, dans une insatisfaction nue, une connaissance à peine entrevue et une humilité questionneuse.
René Char, Feuillets d'Hypnos (1943-1944), Fureur et mystère, 1948, vingt et unième poème, Poésie/Gallimard, p. 137-138.
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| | | Esperluette Sage de la littérature
Messages : 1660 Inscription le : 09/04/2012
| Sujet: Re: René Char Sam 29 Juin 2013 - 23:13 | |
| J'interromps un instant Seuls demeurent pour vous livrer deux feuillets :
15 Les enfants s'ennuient le dimanche. Passereau propose une semaine de vingt-quatre jours pour dépecer le dimanche. Soit une heure de dimanche s'ajoutant à chaque jour, de préférence, l'heure des repas, puisqu'il n'y a plus de pain sec. Mais qu'on ne lui parle plus du dimanche.
René Char, Feuillets d'Hypnos (1943-1944), Fureur et mystère, 1948, vingt et unième poème, Poésie/Gallimard, p.90.
59 Si l’homme parfois ne fermait pas souverainement* les yeux, il finirait par ne plus voir ce qui vaut d’être regardé.René Char, Feuillets d'Hypnos (1943-1944), Fureur et mystère, 1948, vingt et unième poème, Poésie/Gallimard, p.101[/center] *en italique dans le texte. Voilà pour aujourd'hui, retour vers L'avant-monde! NE S’ENTEND PAS
Au cours de la lutte si noire et de l’immobilité si noire, la terreur aveuglant mon royaume, je m’élevai des lions ailés de la moisson jusqu’au cri froid de l’anémone. Je vins au monde dans la difformité des chaînes de chaque être. Nous nous faisions libres tous deux. JE tirai d’une morale compatible les secours irréprochables. Malgré la soif e disparaître, je fus prodigue dans l’attente, la foi vaillante. Sans renoncer.René Char, Seuls demeurent (1938-1944), L’avant-monde, Fureur et mystère, 1948, vingt deuxième poème, Poésie/Gallimard, p.42. | |
| | | Esperluette Sage de la littérature
Messages : 1660 Inscription le : 09/04/2012
| Sujet: Re: René Char Dim 30 Juin 2013 - 10:10 | |
| Je n'allais pas vous laissez sans un petit poème de René Char en ce beau dimanche ensoleillé! Un petit clin d'œil, au passage à Jack-Hubert! LE DEVOIR
L'enfant que, la nuit venue, l'hiver descendait avec précaution de la charrette de la lune, une fois à l'intérieur de la maison balsamique, plongeait d'un seul trait ses yeux dans le foyer de fonte rouge. Derrière l'étroit vitrail incendié l'espace ardent le tenait entièrement captif. Le buste incliné vers la chaleur, ses jeunes mains scellées à l'envolée de feuilles sèches du bien-être, l'enfant épelait la rêverie du ciel glacé : « Bouche, ma confidente que vois-tu ? -Cigale, je vois un pauvre champignon au cœur de pierre, en amitié avec la mort. Son venin est si vieux que tu peux le tourner en chanson. -Maîtresse, où vont mes lignes ? - Belle, ta place est marquée sur le banc du parc où le cœur a sa couronne. - Suis-je le présent de l’amour ? » Dans la constellation des Pléiades, au vent d’un fleuve adolescent, l’impatient Minotaure s’éveillait.
René Char, Seuls demeurent (1938-1944), L’avant-monde, Fureur et mystère, 1948, vingt troisième poème, Poésie/Gallimard, p.43.
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| | | Esperluette Sage de la littérature
Messages : 1660 Inscription le : 09/04/2012
| Sujet: Re: René Char Dim 30 Juin 2013 - 19:41 | |
| J'étais venue poster un nouveau poème au départ, j'ai failli oublier! 1939 PAR LA BOUCHE DE L’ENGOULEVENT
Enfants qui cribliez d'olives le soleil enfoncé dans le bois de la mer, enfants, ô frondes de froment, de vous l'étranger se détourne, se détourne de votre sang martyrisé, se détourne de cette eau trop pure, enfants aux yeux de limon, enfants qui faisiez chanter le sel à votre oreille, comment se résoudre à ne plus s'éblouir de votre amitié ? Le ciel dont vous disiez le duvet, la Femme dont vous trahissiez le désir, la foudre les a glacés. Châtiments ! Châtiments !
René Char, Seuls demeurent (1938-1944), L’avant-monde, Fureur et mystère, 1948, vingt quatrième poème, Poésie/Gallimard, p.44.
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| | | Esperluette Sage de la littérature
Messages : 1660 Inscription le : 09/04/2012
| Sujet: Re: René Char Lun 1 Juil 2013 - 9:42 | |
| Une mise en appétit charienne. VIVRE AVEC DE TELS HOMMES
Tellement j'ai faim, je dors sous la canicule des preuves. J'ai voyagé jusqu'à l'épuisement, le front sur le séchoir noueux. Afin que le mal demeure sans relève, j'ai étouffé ses engagements. J'ai effacé son chiffre de la gaucherie de mon étrave. J'ai répliqué aux coups. On tuait de si près que le monde s'est voulu meilleur. Brumaire de mon âme jamais escaladé, qui fait feu dans la bergerie déserte? Ce n'est plus la volonté elliptique de la scrupuleuse solitude. Aile double des cris d'un million de crimes se levant soudain dans des yeux jadis négligents, montrez-nous vos desseins et cette large abdication du remords! ………………………………………………………………………………………………
Montre-toi ; nous n'en avions jamais fini avec le sublime bien-être des très maigres hirondelles. Avides de s'approcher de l'ample allègement. Incertains dans le temps que l'amour grandissait. Incertains, eux seuls, au sommet du cœur. Tellement j'ai faim.
René Char, Seuls demeurent (1938-1944), L’avant-monde, Fureur et mystère, 1948, vingt cinquième poème, Poésie/Gallimard, p.45.
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| | | Esperluette Sage de la littérature
Messages : 1660 Inscription le : 09/04/2012
| Sujet: Re: René Char Lun 1 Juil 2013 - 17:22 | |
| Vous reprendrez bien un peu de Char en ce début de semaine? L’ÉCLAIRAGE DU PÉNITENCIER
Ta nuit je l'ai voulue si courte que ta marâtre taciturne fut vieille avant d'en avoir conçu les pouvoirs.
J'ai rêvé d'être à ton côté ce fugitif harmonieux, à la personne à peine indiquée, au bénéfice provenant de route triste et d'angélique. Nul n'ose le retarder.
Le jour s'est soudain resserré. Perdant tous les morts que j'aimais, je congédie ce chien la rose, dernier vivant, distrait été.
Je suis l'exclu et le comblé. Achevez-moi, beauté planeuse, ivres paupières mal fermées. Chaque plaie met à la fenêtre ses yeux de phénix éveillé. La satisfaction de résoudre chante et gémit dans l'or du mur.
Ce n'est encore que le vent du joug.
René Char, Seuls demeurent (1938-1944), L’avant-monde, Fureur et mystère, 1948, vingt- sixième poème, Poésie/Gallimard, p.46.
A y réfléchir, l'image de la mère appelée "marâtre" dans ce poème, est loin d'être flatteuse. Peut-elle symboliser le poids d'une éducation paralysante, comme si elle pouvait imposer le silence au poète? | |
| | | Esperluette Sage de la littérature
Messages : 1660 Inscription le : 09/04/2012
| Sujet: Re: René Char Mar 2 Juil 2013 - 0:13 | |
| Cette fois, un poème qui glace le sang. LE BOUGE DE L’HISTORIEN
La pyramide des martyrs obsèdent la Terre.
Onze hivers tu auras renoncé au quantième de l’espérance, à la respiration de ton fer rouge, en d’atroces performances psychiques. Comète tuée net, tu auras barré sanglant la nuit de ton époque. Interdiction de croire tienne cette page d'où tu prenais élan pour te soustraire à la géante torpeur d'épine du Monstre, à son contentieux de massacreurs. Miroir de la murène! Miroir du vomito! Purin d'un feu plat tendu par l'ennemi!
Dure, afin de pouvoir encore mieux aimer un jour ce que tes mains d'autrefois n'avaient fait qu'effleurer sous l'olivier trop jeune.
René Char, Seuls demeurent (1938-1944), L’avant-monde, Fureur et mystère, 1948, vingt- septième poème, Poésie/Gallimard, p.47.
D'après Paul Veyne, René Char, stigmatise tout ce qu'il a fait depuis sa première publication, peu après la mainmise nazie sur le moitié sud de le France. | |
| | | jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Re: René Char Mar 2 Juil 2013 - 8:52 | |
| Esperluette, Esperluette... hahaha! J'apporte une autre contribution bien modeste... pigée des Feuillets. - René Char, Fureur et mystère, 2011, Poésie/Gallimard, p. 92. a écrit:
- 31
J'écris brièvement. Je ne puis guère m'absenter longtemps. S'étaler conduirait à l'obsession. L'adoration des bergers n'est plus utile à la planète. | |
| | | Esperluette Sage de la littérature
Messages : 1660 Inscription le : 09/04/2012
| Sujet: Re: René Char Mar 2 Juil 2013 - 9:41 | |
| Ah ben te voilà Jack-Hubert, je me suis sentie un peu seule sur ce fil, je dois le reconnaître. 32
Un homme sans défauts est une montagne sans crevasses. Il ne m’intéresse pas. (Règle de sourcier et d’inquiet) René Char, Fureur et mystère, Poésie/Gallimard.p.94 Bon, je vous rassure, j’ai presque fini de vous harceler avec René Char.
PLISSEMENT
Qu’il était pur, mon frère, le prête-nom de ta faillite – j’entends tes sanglots, tes jurons -. O vie transcrite du large sel maternel ! L’homme aux dents de furet abreuvait son zénith dans la terre des caves, l’homme au teint de mouchard tuméfiait partout la beauté bien-aimée. Vieux sang voûté, mon gouverneur, nous avons guetté jusqu’à la terreur le dégel lunaire de la nausée. Nous nous sommes étourdis de patience sauvage ; une lampe inconnue de nous, inaccessible à nous, à la pointe du monde, tenait éveillé le courage et le silence. Vers ta frontière, ô vie humiliée, je marche maintenant au pas des certitudes, averti que la vérité ne précède pas obligatoirement l’action. Folle sœur de ma phrase, ma maîtresse scellée, je te sauve d’un hôtel de décombres. Le sabre bubonique tombe des mains du Monstre au terme de l’exode de temps de s’exprimer.
René Char, Seuls demeurent (1938-1944), L’avant-monde, Fureur et mystère, 1948, trentième poème, Poésie/Gallimard, p.50.
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| | | Esperluette Sage de la littérature
Messages : 1660 Inscription le : 09/04/2012
| Sujet: Re: René Char Mar 2 Juil 2013 - 11:25 | |
| Avant-dernier poème de Seuls demeurent! HOMMAGE ET FAMINE Le 3 janvier 1943, René Char rejoint Gilbert Lely et sa compagne à Bonnieux. Le poème « Hommage et famine » écrit le lendemain matin cristallise leur rencontre. Le 7, Char enverra à Lely la première version du manuscrit. Note trouvée Dans l’atelier du poète, de Marie-Claude Char, Quarto Gallimard, p.344. * Première version : Hommage et famine Honneur à vous, Femme qui vous accordez avec la bouche du poète, ce torrent au limon serein. (Il faisait nuit. Nous nous étions serrés sous le grand chêne de larmes. Le grillon chanta. Comment savait-il solitaire, que la terre n’allait pas mourir, que nous, les enfants sans clarté, allions bientôt parler ?) IL SAVAIT. * Version définitive : Femme qui vous accordez avec la bouche du poète, ce torrent au limon serein, qui lui avez appris, alors qu’il n’était encore qu’une graine captive de loup anxieux, la tendresse des hauts murs polis par votre nom (hectares de Paris, entrailles de la beauté, mon feu monte sous vos robes de fugues), Femme qui dormez dans le pollen de fleurs, déposez sur son orgueil votre givre de médium illimité, afin qu’il demeure jusqu’à l’heure de la bruyère d’ossements l’homme qui pour mieux vous adorer reculait indéfiniment en vous la diane de la naissance, le poing de sa douleur, l’horizon de sa victoire.
(Il faisait nuit. Nous nous étions serrés sous le grand chêne de larmes. Le grillon chanta. Comment savait-il solitaire, que la terre n’allait pas mourir, que nous, les enfants sans clarté, allions bientôt parler ?) Le poème Hommage et famine avant d’être intégré à L’Avant-Monde de Seuls demeurent (in Fureur et mystère) a été publié dans la revue Fontaine, dans sa version définitive. Information trouvée Dans l’atelier du poète, de Marie-Claude Char, Quarto Gallimard, p.395. René Char, Seuls demeurent (1938-1944), L’avant-monde, Fureur et mystère, 1948, trente et unième poème, Poésie/Gallimard, p.51. | |
| | | jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Re: René Char Mar 2 Juil 2013 - 12:29 | |
| La première version est plus belle je dirais. La deuxième me semble plus emberlificotée. Merci de nous partager tes découvertes, Esperluette. | |
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| Sujet: Re: René Char | |
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| | | | René Char | |
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