Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Fabienne Verdier [Art]

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coline
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MessageSujet: Re: Fabienne Verdier [Art]   Fabienne Verdier [Art] - Page 2 EmptyDim 10 Aoû 2008 - 15:20

Evoqué plus haut sur ce fil, le livre magnifique Entre ciel et terre, consacré à Fabienne Verdier (textes de Charles Juliet)

Fabienne Verdier [Art] - Page 2 51xs4x10

Le prix de cet ouvrage est relativement élevé mais les Editions Albin Michel ont aussi édité le texte seulement:
Entretien avec Fabienne Verdier. Charles Juliet.
Fabienne Verdier [Art] - Page 2 41fd9i10

Pour saisir l'essence de l'art de Fabienne Verdier, ces ouvrages sont importants et complémentaires à ses ouvragesPassagère du silence et Le trait unique du pinceau.

Voici quelques extraits de son entretien avec Charles Juliet:

« Ma formation fut redoutable, longue et douloureuse. J’ai raconté tout cela dans Passagère du silence, le récit de mon parcours initiatique en Chine pendant dix ans.
Il faut bien trente ans de pratique acharnée pour ressentir l’amorce d’une libération du corps et du mental à l’œuvre.
[…] L’accomplissement, la libération tant recherchée survient un petit matin au cœur de l’ascèse, à notre insu, de manière subite. Alors tous les éléments dérangeants se dissipent, une clarté se fait et la concentration est là, reine-mère de tous les possibles. Le pinceau libre s’en va sur la toile avec une absolue tranquillité. Un agir efficace s’effectue et le trait advient « juste comme il faut »…

Fabienne Verdier [Art] - Page 2 16_fab10

« J’erre dans le jardin à l’heure bleue du ciel, passant de pierre en pierre sur le sentier qui mène à mon atelier. Dans l’apparente banalité du jour, je hume l’air frais, et qui vient me taquiner ? Des flocons de neige à profusion. Avec une sorte de gaieté première, j’accueille la neige. Je suis en béatitude, m’attardant à contempler les choses telles qu’elles sont. La plus petite manifestation ne révèle-t-elle pas la vérité tout entière ?

« Voilà peut-être que le « être sans vouloir », c’est ce « laisser-aller comme la vie va »… C’est une disposition intérieure matinale de base pour la peinture. Suivre le destin, la respiration du jour, une adhésion totale à l’instant, à l’univers vivant. »
[…] Après cette sorte d’errance, et une inspiration profonde, l’esprit délié, nourri par la réalité du jardin, je suis prête pour l’expiration profonde, et la transmission possible au pinceau. La peinture, c’est une belle histoire de respiration.

Fabienne Verdier [Art] - Page 2 Portra10
« On me dit souvent : « Un jour tu penses ceci, puis le lendemain son contraire. C’est insoutenable. » Mais le vent est-il en contradiction avec lui-même ? La pensée, les profondeurs de l’être ne sont-elles pas de même nature que le vent ? Ne sont-elles pas libres, selon les circonstances, d’aller où bon leur semble ?
Je n’ose pas vous décrire tous ces états que la peinture me fait traverser. »
Fabienne Verdier [Art] - Page 2 92839810
« L’éclat du cerisier en fleur devant l’atelier est à en perdre la raison.
Veuillez pardonner mon égarement, je me suis absentée longuement à le contempler. »
Fabienne Verdier [Art] - Page 2 19508210
« En ce début de février, le jour se présente plus tôt à la porte. Le printemps se fait sentir et j’ai pu cueillir une première branche de cognassier. Pinsons et sitelles sont en conversation intense. Un vrai tintamarre ! Comment vais-je trouver le calme pour passer un moment avec vous ?
Ce n’est pas bien raisonnable, mais avoir le courage de quitter le temporel. Tous les matins, l’oiseau chante, il babille avec le vent et la lumière. J’ai besoin de ressaisir ce langage de simplicité première.
Garder l’esprit neuf et vaste de l’enfant et tenir cette constance dans le temps. Il est ouvert à tout- vide- prêt à accueillir. »
Fabienne Verdier [Art] - Page 2 Portra11
« Une mouvance de parfait cumulus se dessine derrière les branches du noyer à droite du toit de l’atelier. Le ciel nous offre aujourd’hui un Tiepolo. Que demander de plus ? »

« J’ai toujours été particulièrement intéressée par un cercle tracé d’un seul mouvement par les grands maîtres chan. Ils méditaient sur cette figure comme trace ultime de la réalisation de soi.
[…]Un matin, parcourant du regard la retenue d’eau à droite de la porte d’entrée de l’atelier (l’entrée basse sous le noyer) que vois-je ? un têtard sautant dans l’eau, le clapotis de son plongeon a engendré une onde, un cercle parfait. La beauté des choses m’a stupéfiée…Par l’éveil à la vie qui se dégageait de cette scène. Le sourire au cœur, je me suis mise à broyer mon encre et à entrer en ascèse de peinture pour plusieurs mois sur le sujet.
Pour finir cette anecdote, bien plus tard, quand j’ai osé garder le premier cercle, j’étais dans un grand doute. Je me disais : il n’est peut-être pas assez ceci, pas assez cela. Triste et désemparée devant mon incapacité à traduire la totalité de mon intuition. Et sortant de l’atelier, une fine pluie faisait danser sur l’eau des myriades de cercles parfaits ! J’étais submergée de bonheur. Un enchantement qui me rassurait sur l’infinie possibilité des manifestations. C’était beau. Depuis ce jour, je ne me suis plus jamais posé de questions. »


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MessageSujet: Re: Fabienne Verdier [Art]   Fabienne Verdier [Art] - Page 2 EmptyDim 10 Aoû 2008 - 20:25

aime Merci Coline.. comme toujours très belle présentation..
et tu me tentes diablotin
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MessageSujet: Re: Fabienne Verdier [Art]   Fabienne Verdier [Art] - Page 2 EmptyMer 13 Aoû 2008 - 21:50

Entre ciel et terre (extrait)

Fabienne Verdier [Art] - Page 2 Snb10814

"Je pratique un acte de peindre qui n'est pas celui de la peinture occidentale sur chevalet. Je peins à la verticale, le pinceau en accord avec cette tension ciel-terre. La toile à peindre est au sol. L'oeuvre se réalise donc au sol, ce que faisait Jason Pollock, il y a quelques décennies. De la sorte, la peinture n'emprunte pas les mêmes chemins.
Je place mon corps et le pinceau au zénith, ce fameux point du ciel situé à la verticale. Mon pinceau de deux mètres de haut et qui peut faire jusqu'à soixante kilos lorsqu'il est chargé d'encre, je ne peux le déplacer par mes seules forces.


Fabienne Verdier [Art] - Page 2 Snb10812

J'ai donc inventé une nouvelle technique pour peindre de grandes oeuvres. La seule façon de manier le pinceau dans l'espace est de trouver le point d'accoche "x" sur la masse de celui-ci et de le fixer à un cordage de huit à dix mètres de haut qui descend du faîte du toit de l'atelier. Cette portée magique permet de me déplacer sur mes toiles, libre et sans entraves, sans sentir le poids du pinceau. A l'écoute de cette force vitale attractive et du centre de gravité, je joue avec cet axe.

Fabienne Verdier [Art] - Page 2 Snb10813

J'ai d'ailleurs fait construire un atelier spécial autourdu pinceau pour pratiquer ce principe et pousser plus loin mes expériences."

Fabienne Verdier [Art] - Page 2 Snb10811

Fabienne Verdier [Art] - Page 2 Snb10810

(Photos des photos sublimes de Dolores Marat et Naoya Hatakeyama)
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MessageSujet: Re: Fabienne Verdier [Art]   Fabienne Verdier [Art] - Page 2 EmptyMer 29 Oct 2008 - 12:19

"Entre Ciel et Terre"

« Il (maître Huang) m'a d'abord appris à broyer mes bâtons d'encre sur la pierre à encre, à profiter de ce rituel, du geste répétitif qui prépare l'artiste à l'art de peindre. Une manière de quitter le monde des hommes et de faire le vide en soi. Il m'a aussi appris à charger d'encre le pinceau car, dans son manteau de crins, se trouve une réserve intérieure qu'il faut apprendre à maîtriser à la verticale. Il s'agit de prendre conscience de la pesanteur et de la gravitation universelle, le pinceau devenant alors un véritable pendule, un lien entre l'univers et le centre de la Terre. Il m'a enseigné l'attitude du corps : les deux pieds fermement ancrés à terre pour se nourrir des énergies du sol. Je devais m'entraîner à rester bien droite pour que le courant d'énergie entre le Ciel et la Terre passe à travers moi. Devais-je me transformer en paratonnerre pour capter les puissances telluriques ? Et ce n'était pas une blague ! L'idée peut paraître simple mais elle n'était certes pas facile à pratiquer. J'étais perdue et loin de penser que, pour manier un pinceau et inscrire un trait sur une feuille blanche, il fallait avoir compris intuitivement les grandes lois de la physique fondamentale. »

Ces quelques lignes tirées de « Passagère du Silence » évoquent l'une des premières leçons de calligraphie chinoise que Fabienne Verdier a reçue auprès d'un maître calligraphe dans la province du Sichuan. La verticalité du peintre et de son pinceau est en effet l'un des enseignements primordiaux que se doit d'acquérir tout étudiant en calligraphie. Et c'est cette verticalité – qui n'est pas seulement une posture mais avant tout un état d'esprit qui trouve ses racines dans le taoïsme et le bouddhisme Chan – qui donne son titre à ce magnifique ouvrage consacré à l'oeuvre picturale de Fabienne Verdier.

On y trouvera bien sûr de superbes reproductions des peintures de l'artiste, oeuvres propices à la contemplation et à la méditation, mais aussi, à travers l'objectif des photographes Dolorès Marat et Naoya Hatakeyama, des vues de l'atelier où l'artiste donne naissance à ses oeuvres ainsi qu'à ses carnets dans lesquels elle consigne idées et citations d'auteurs. On verra également des clichés pris lors des séances de peinture, clichés qui permettent de mieux comprendre sa technique picturale, notamment la peinture sur une toile posée au sol (à la manière de Jackson Pollock) et à l'aide du grand pinceau, un instrument d'une soixantaine de kilos fixé au plafond par un cordage de huit à dix mètres.

Fabienne Verdier [Art] - Page 2 19508210


Ces photographies et reproductions sont accompagnées en exergue de citations de peintres et d'auteurs qui invitent le lecteur à la contemplation silencieuse de la démarche et du travail de l'artiste. On y trouvera entre autres des écrits de Verlaine, de Grégoire de Nysse, de Saint-Bernard de Clairvaux, d'Héraclite, Debussy, Scriabine, etc...
Mais la plus grande partie est consacrée à un dialogue entre Fabienne Verdier et l'écrivain et poète Charles Juliet, dialogue au cours duquel l'artiste revient sur ses motivations, sur son apprentissage mais surtout sur l'état d'esprit qui est le sien lorsque elle réalise ses oeuvres. On y découvre alors tout un cheminement inspiré de la tradition des grands maîtres peintres et calligraphes chinois, cheminement aux implications spirituelles bien éloigné des mondanités et du mercantilisme trop souvent attachés à l'art contemporain.


Car le travail de Fabienne Verdier est avant tout une ascèse, un moment de recueillement où le silence et un esprit détaché des contingences de ce monde préludent à l'acte de création, un moment où l'artiste ne fait plus qu'un avec son instrument, le support sur lequel elle peint, et l'univers qui l'entoure.

« Fabienne se prépare à peindre. Cet instant a été précédé par une méditation qui lui a permis de se rassembler, de s'unifier, de rejoindre sa source. Hissée à la pointe d'elle-même, concentrée et détendue, intense et détachée, libre de la crainte d'échouer et de la volonté de réussir, elle enchaîne avec maïtrise et sang-froid une succession de gestes qui libèrent l'énergie amassée. L'encre a fait apparaître des formes qui ne tolèrent aucune reprise, des figures elliptiques et vigoureuses dans lesquelles elle a coulé son ascèse, sa liberté, son innocence, sa connaissance, sa sérénité, sa clairvoyance, les richesses qu'elle a tirées de ses rencontres, de ses lectures, de sa fréquentation des oeuvres du passé, de son amour et de sa contemplation de la nature, à quoi s'ajoute sa recherche de l'excellence, de la perfection, de l'impérissable – une quintessence de haute densité où brûle en secret la flamme voilée de son incandescence. »

Fabienne Verdier [Art] - Page 2 75309310


(Un grand merci à Marie sans qui je n'aurais sûrement pas pu avoir accès à ce livre)
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MessageSujet: Re: Fabienne Verdier [Art]   Fabienne Verdier [Art] - Page 2 EmptyJeu 30 Oct 2008 - 21:24

"Passagère du Silence"

C'est à l'âge de seize ans, au milieu des années 70, qu'une jeune fille, jusqu'ici sans histoires, prend une décision qui va bouleverser sa vie. Cette jeune fille s'appelle Fabienne Verdier et sa décision est de consacrer sa vie à la peinture.
Elle quitte alors sa mère ainsi que son école catholique d'Asnières pour retrouver son père dans la région de Toulouse. Ce choix n'est pas fortuit, son père a suivi des études d'art et vit retiré à la campagne. Elle espère trouver auprès de lui un appui et faire ses premiers pas dans le monde de la peinture. Mais très rapidement elle s'épuise entre les travaux de la ferme, les séances de dessin que son père lui impose, la solitude et l'isolement de cette maison perdue au fond de la campagne.
Elle décide alors d'entrer à l'École des Beaux-Arts de Toulouse mais n'y éprouvera finalement que des désillusions :

« L'enseignement à l'École des Beaux-Arts m'a déçue. On n'étudiait plus les maîtres, il n'existait plus de modèles sur lesquels s'appuyer, les élèves n'avaient plus le droit de pénétrer dans l'atelier de Léonard de Vinci ; on n'apprenait plus la pratique des techniques, ni aucune expression picturale. « Enfermez-vous dans une pièce et exprimez-vous ! » nous répétaient les professeurs. La psychanalyse avait fait des ravages au sein de l'Éducation nationale. Le problème de savoir s'exprimer quand on n'a pas appris diverses sortes de langages pour y parvenir me rendait folle. À quoi servaient donc les enseignants ? Restaient quelques cours de dessin classique devant un nu, une nature morte ou un plâtre. Pas très excitant pour l'esprit ! Ce qui m'intéressait, c'était le vivant, le trait qui saisit la vie. Les cours de peinture étaient désespérants. Le professeur, machiste, détestait les femmes, ce qui ne facilitait pas les choses. Mais cela importait peu. Le plus redoutable était qu'il nous exhortait à nous « exprimer » sans savoir s'exprimer lui-même. Il peignait ce qu'il nommait une « forme d'abstraction lyrique ». « Il faut un beau jeté », répétait-il, et il admirait les étudiants qui se lançaient dans dans un idéal gestuel sans aucune préparation ni aucune technique de composition. Le « n'importe quoi » était érigé en art du Beau. »

Pourtant, une matière réussit à capter son intérêt :

« Un cours m'intéressait, celui de calligraphie, occidentale évidemment. Par chance, je me trouvais dans la seule institution de France où il existait encore : cette tradition était tombée aux oubliettes. Mon professeur, M. Bernard Arin, était sympathique et ne manquait pas de courage ; il en fallait, dans l'ambiance régnante, pour réapprendre humblement à écrire, à dessiner une lettre, un alphabet. Différents styles étaient à l'étude : la rustica, la quadrata, pour laquelle j'avais un faible, la capitale romaine, l'onciale latine primitive, la cursive romaine des Vie-VIIe siècles, la mérovingienne, la wisigothique. De la chancellerie du XVe siècle et la bâtarde, jusqu'à la didone et l'alinéale du XXe siècle, nous revisitions l'histoire de l'écriture. Nous dessinions des pages et des pages d'associations de capitales et de minuscules, sur papier droit ou incliné, pour donner une pulsion différente à l'interprétation de la lettre. Tout tenait dans l'angle d'attaque de la plume. Nous avions souvent des crampes, car les exercices exigeaient de la patience et une extrême rigueur d'exécution.
Je calligraphiais des textes classiques écrits par les vieux sages grecs que nous choisissions ou qui nous étaient imposés. On nous donnait des modèles d'écriture à copier et à recopier sans cesse : la caroline primitive sur des fragments de l'Ancien Testament de l'époque de Pépin le Bref ; l'humanistique du XVe siècle que nous travaillions à la plume d'oiseau sur des textes de Sénèque ; des ex-libris en gothique bâtarde flamande, extraits de fragments de manuscrits anciens, ou même, pour nous divertir un peu, des menus d'autrefois que nous nous amusions à calligraphier. Mon goût pour les courtes maximes philosophiques qui aident à sublimer le quotidien est né alors. Je prenais un grand plaisir à calligraphier des phrases comme : « L'éclosion reste cachée », d'Héraclite (extraite de ses fragments, n° 123) ou encore : « Toute beauté est joie qui demeure », de John Keats.
Grâce à ces modestes plaisirs, commençait à s'ancrer en moi la conviction que, dans l'art calligraphique, se profilait aussi un art de vivre. »


Une discussion avec son professeur de dessin, la lecture de « Le Vide et le Plein » de François Cheng, la peinture d'Hokusaï puis de celle des grands maîtres chinois et japonais, vont bientôt orienter Fabienne Verdier vers l'Orient et la découverte de la peinture chinoise.

Après de nombreuses démarches, elle arrive à Pékin en septembre 1983, bénéficiant d'un échange entre étudiants chinois et français organisé par la mairie de Toulouse. Dans ses bagages, un seul ouvrage pour tout viatique : « Les propos sur la peinture du Moine Citrouille Amère » de Shitao, traduit et commenté par Pierre Ryckmans. On lui propose d'étudier à Pékin, à la rigueur dans la ville de Hangzhou, mais la jeune femme n'a qu 'un seul but : se rendre à l'institut des beaux-arts de Chongqing, dans la province du Sichuan. Malgré les réticences de l'ambassadeur de France, elle atteindra son but, après six jours de voyage dans une ville grise et polluée, accueillie par des officiels du parti qui lui ont réservé un banquet de bienvenue à base d'alcool de riz... et de sauterelles grillées.

C'est ainsi que pendant dix ans, jusqu'aux évenements de la place Tian-An-Men en 1989, Fabienne Verdier va vivre et partager le sort des étudiants chinois, dans un décor sordide, au sein d'une université où les conditions de vie sont déplorables, la nourriture exécrable, l'hygiène plus que douteuse. Elle va pourtant s'accrocher, malgré l'incompréhension des autres étudiants, convertis au réalisme socialiste qui ne comprennent pas que l'on puisse s'intéresser à ces formes d'art décadentes et poussiéreuses que sont la peinture et la calligraphie traditionnelles. Elle va suivre, dans une semi-clandestinité, les enseignements d'un maître calligraphe : maître Huang.

Fabienne Verdier [Art] - Page 2 Fv2-5010


Mais l'apprentissage est long et difficile, il faut s'armer de patience et de sérénité pour accéder au savoir de ces vieillards qui pour la plupart ont été victimes de la Révolution Culturelle. Peu importe! La jeune femme, douée d'une volonté de fer, réussira à gagner la confiance du maître et à suivre ses enseignements, malgré la fatigue, les remarques acerbes de ses camarades étudiants, les obstacles dressés par les cadres du parti et enfin la maladie qu'elle va contracter, maladie qui mettra gravement sa vie en danger.
C'est cette quête du savoir que nous relate Fabienne Verdier dans ce très beau récit qui nous plonge dans la Chine d'après la mort de Mao Zedong, une Chine où la Révolution Culturelle a fait des ravages, un état totalitaire où chacun est l'espion de son prochain et où la discipline du parti règne sur la communauté. Bien sûr, tout n'est pas si sombre dans ce récit et les moments douloureux cèdent la place à des instants de grâce, quand Fabienne Verdier retrouve les vieillards de la maison de thé de Jiu Long Po, quand elle va à la rencontre des minorités ethniques : Miao, Yi, Buyi... C'est aussi un voyage au Tibet où elle visitera le monastère de Shigatse, une excursion avec son maître sur le mont Emei Shan, mais aussi les rencontres émouvantes avec les anciens maître de peinture et de calligraphie, vieillards ayant eu à subir toutes sortes d' avanies lorsque la Révolution Culturelle s'abattit sur eux.
Formidable récit, témoignage précieux, « Passagère du Silence » est un ouvrage qui se lit comme un roman d'aventures, une aventure humaine vécue par une femme hors du commun, dont la détermination n'a peut-être d'égale que celle d'une autre « passagère » qui emprunta les mêmes chemins, dans des condition qui, bien que différentes furent aussi extrêmes : Alexandra David-Néel.
Un très beau livre qui nous permet d'approcher et de saisir les motivations et les sources d'inspiration d'une grande artiste contemporaine.

Magnifique.

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MessageSujet: Re: Fabienne Verdier [Art]   Fabienne Verdier [Art] - Page 2 EmptyJeu 30 Oct 2008 - 23:58

Je suis toujours contente de voir remonter un fil auquel je tiens...A celui-ci tout particulièrement... content
Merci de ces commentaires très étoffés Bibliomane...

Qui n'a pas encore lu au moins Passagère du silence?....Il faut le lire!... content
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MessageSujet: Fabienne VERDIER   Fabienne Verdier [Art] - Page 2 EmptyMer 6 Avr 2011 - 10:10

Marie qui lit aussi "les carnets de JLK" ( Jean Louis Kuffer) nous avait indiqué il y a quelques mois un article sur Fabienne VERDIER, extrait de ce Blog.
Il y en a un nouveau, daté du 2/04/2011 qui s´intitule " Que la beauté soit".

lien

A l'occasion de la première exposition de Fabienne Verdier à la Galerie Alice Pauli de Lausanne et d´une rencontre avec l´artiste.

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MessageSujet: Re: Fabienne Verdier [Art]   Fabienne Verdier [Art] - Page 2 EmptyMar 13 Mar 2012 - 9:29

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MessageSujet: Re: Fabienne Verdier [Art]   Fabienne Verdier [Art] - Page 2 EmptySam 2 Fév 2013 - 10:31

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malheureusement je n'ai pas la possibilité de voir cette émission, mais pour la France elle reste encore active pendant quelques jours:

Empreintes - Fabienne Verdier, peindre l'instant
Citation :
Peu connue en France alors que ses oeuvres sont à Beaubourg et qu'elles côtoient, au sein de la fondation Looser, celles de Yves Klein, Willem de Kooning, Richard Serra ou Alberto Giacometti, Fabienne Verdier prépare à Bruges, au Groeningemuseum, une grande exposition où ses peintures seront exposées au sein de la collection permanente. Après les Beaux-Arts de Toulouse, Fabienne Verdier a passé dix années en Chine, afin d'y apprendre la calligraphie et la peinture chinoise. Ses toiles, qu'elle peint au sol après de nombreuses études sur papier, reflètent aussi bien le fruit de son ascèse auprès de maîtres chinois exigeants que sa sérénité, sa clairvoyance et son talent. On y retrouve les richesses qu'elle a tirées de ses rencontres, de ses lectures, de son étude des oeuvres du passé, de son amour et de sa contemplation de la nature.

vidéo
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MessageSujet: Re: Fabienne Verdier [Art]   Fabienne Verdier [Art] - Page 2 EmptySam 2 Fév 2013 - 10:49

Kenavo, as-tu pu voir la video dont tu nous indiques le lien depuis le Luxembourg? depuis l´Espagne : impossible.
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MessageSujet: Re: Fabienne Verdier [Art]   Fabienne Verdier [Art] - Page 2 EmptySam 2 Fév 2013 - 18:35

swallow a écrit:
Kenavo, as-tu pu voir la video dont tu nous indiques le lien depuis le Luxembourg? depuis l´Espagne : impossible.
j'avais dit dans mon message:
kenavo a écrit:
malheureusement je n'ai pas la possibilité de voir cette émission, mais pour la France elle reste encore active pendant quelques jours
Wink
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MessageSujet: Re: Fabienne Verdier [Art]   Fabienne Verdier [Art] - Page 2 EmptySam 2 Fév 2013 - 19:14

kenavo a écrit:
Fabienne Verdier [Art] - Page 2 A418

malheureusement je n'ai pas la possibilité de voir cette émission, mais pour la France elle reste encore active pendant quelques jours:


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cheers Je regrettais justement de n'avoir pas pu voir cette émission.
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MessageSujet: Re: Fabienne Verdier [Art]   Fabienne Verdier [Art] - Page 2 EmptyDim 12 Mai 2013 - 11:33

J´avais complètement oublié de vous signaler FABIENNE VERDIER sur FRANCE-CULTURE, dans les Racines du ciel, 07 heures du matin, ce Dimanche 12 Mai 2013.
Mais pour pouvez écouter l´emission disponible en podcast là

Elle publie ce mois "L´esprit de la peinture", Hommage aux maîtres flamands.
"Pour la première fois de son histoire, le Musée Groeninge de Bruges accueille les œuvres d’une artiste contemporaine dans ses murs, en écho à six chefs d’œuvre de Van Eyck, Van der Weyden, Marmion, Memling, Van der Goes… Fabienne Verdier, depuis toujours inspirée par les primitifs flamands (et par la mystique de la même époque), a scruté pendant quatre ans les œuvres de ces maîtres, pour y associer son regard propre : celui-ci se porte parfois sur des détails, parfois sur la structure d’ensemble du tableau, pour décliner en de multiples variations les formes abstraites qu’elle y a décelées. Introduit par un entretien entre Fabienne Verdier et Daniel Abadie, conclu par un essai de Pierre Daix, le livre comporte six séquences : chacun des six tableaux reproduits fait d’abord l’objet de commentaires historiques (avec des détails de l’œuvre) par le Conservateur du Groeninge, d’un commentaire plus artistique d’une personnalité qui fait le lien avec l’œuvre de Fabienne, et de toute une déclinaison de peintures et de dessins, ponctués de pensées de l’artiste et d’extraits de ses carnets." (trouvé sur Albin Michel.fr).
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MessageSujet: Re: Fabienne Verdier [Art]   Fabienne Verdier [Art] - Page 2 EmptySam 21 Sep 2013 - 7:46

Fabienne Verdier [Art] - Page 2 A1076

La Galerie Jaeger-Bucher présente une nouvelle exposition de Fabienne Verdier intitulée « Energy Fields » conjointement dans ses espaces du Marais Rive Droite et de St Germain, Rive Gauche.  

Spoiler:

Fabienne Verdier [Art] - Page 2 A1077


site





















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MessageSujet: Re: Fabienne Verdier [Art]   Fabienne Verdier [Art] - Page 2 EmptySam 21 Sep 2013 - 11:24

coline a écrit:

Qui n'a pas encore lu au moins Passagère du silence?....Il faut le lire!... content
Son parcours est passionnant!
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Fabienne Verdier [Art]
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