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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
Sujet: Re: Richard Powers Sam 8 Sep 2012 - 12:38
Comme nous sommes difficiles à satisfaire!... Ce qui m'a beaucoup séduite c'est le côté humain de cette histoire...dans son cadre musical...
Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
Sujet: Re: Richard Powers Sam 8 Sep 2012 - 13:29
Je l'ai également lu en une semaine. Le temps où nous chantions reste une des quelques lectures importantes de ma vie...je n'ai jamais retrouvé des pages à mon sens aussi justes sur la musique, dans l'expression d'une solitude et d'un rapport conflictuel à cet art. Sans compter son rapport à l'histoire qui est également une de mes passions.
mimi54 Zen littéraire
Messages : 6043 Inscription le : 02/05/2010
Sujet: Re: Richard Powers Sam 8 Sep 2012 - 13:34
Si j'ai bien compris, un indispensable ....
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Richard Powers Sam 8 Sep 2012 - 16:33
mimi54 a écrit:
Si j'ai bien compris, un indispensable ....
Oui, apparemment ça doit valoir le coup de tenter. Mais d'abord prévoir du temps ! Une semaine d'Avadoro, Marko ou Arabella, en "équivalent-temps-lecture-perso", ça fait largement plus...
coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
Sujet: temps où nous chantions Sam 8 Sep 2012 - 19:08
mimi54 a écrit:
Si j'ai bien compris, un indispensable ....
Toi qui aimes la musique et le chant, je pense qu'il peut te plaire...
petitepom Envolée postale
Messages : 155 Inscription le : 25/06/2012 Age : 59 Localisation : Corrèze
Sujet: Re: Richard Powers Dim 9 Sep 2012 - 9:54
Le temps ou nous chantions C'est un livre qui fut longtemps dans ma PAL, son épaisseur a de quoi impressionner, il fait parti de ses livres comme « Ambiguïté » et « le prince des marée » qui raconte une belle histoire mais qui ne se lit pas facilement et pas d’une traite pour ma part. En effet, afin d’arriver au bout de tel livre, je me donne des objectifs, tout les lundis, je lisais 150 à 200 pages et de lundi en lundi, je suis arrivée au bout ; mais je l’avoue, certains paragraphes longs et trop descriptifs ont été lu en travers, je me suis permis de sauter quelques lignes. Ce livre est très riche du point vu de l’histoire, mais la narration est trop descriptif.
Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
Sujet: Re: Richard Powers Sam 15 Sep 2012 - 21:29
Gains
Comme souvent pour les traductions françaises de Richard Powers, le décalage est important avec la première parution puisque l'ouvrage date de la fin des années 1990. Le roman s'attache à dresser à un parallèle entre l'expansion d'une entreprise familiale de savon au XIXème siècle et le quotidien d'une femme entre deux âges découvrant qu'elle est atteinte d'un cancer. Le lien entre les deux récits est assez vite évident mais Powers choisit de repousser au maximum les perspectives d'une dénonciation et l'identification du capitalisme comme mécanisme destructeur, offrant de multiples pistes de réflexion et laissant le lecteur adopter un point de vue. Il décrit le développement de l'entreprise avec une précision documentaire assez inouie...s'il faut évidemment s'accrocher, je trouve qu'il saisit une démesure quasiment messianique avec beaucoup d'intensité. L'entrepreneur est alors condamné à grandir, à voir de plus en plus haut car l'instrument d'un héritage familial devient l'enjeu d'une vie.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Richard Powers Sam 15 Sep 2012 - 21:48
On dirait du Zola!!!
Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
Sujet: Re: Richard Powers Jeu 14 Fév 2013 - 15:55
Marko a écrit:
Non! Vous ne pouvez pas dire ça du roman Le temps où nous chantions qui est vraiment trés beau! Si vous aimez la musique je n'ai rien lu d'aussi prenant sur le sujet. Le contexte historique est captivant, le récit suit le mouvement de la mémoire, le narrateur est un personnage magnifique et il y a du style et une force peu commune dans cette histoire de famille habitée par la musique! Je l'aime tellement que cette fois je resterai imperméable à toute critique négative
Et je vais même enfoncer le clou en joignant la critique du magazine LIRE qui résume exactement ce que j'aurais pu en dire:
La symphonie majeure par François Busnel Lire, avril 2006
Le dernier roman de Richard Powers revisite l'histoire américaine des soixante dernières années à travers le destin d'une famille de musiciens métis. Un chef-d'œuvre! Rencontre.
A près de cinquante ans, Richard Powers ressemble toujours à l'étudiant en physique qui, jadis, songeait à devenir chercheur en laboratoire. A moins que ce ne soit à l'ancien élève de violoncelle, de saxophone et de clarinette qui se voyait jouer au sein des grandes formations classiques. Ou bien au programmeur informatique qu'il fut à ses débuts, lorsqu'il revint aux Etats-Unis après une jeunesse passée à Bangkok et une escale aux Pays-Bas, qu'il lui fallut prendre un métier pour gagner sa vie et que l'écriture ne l'avait pas encore, selon son propre terme, «kidnappé». Presque deux mètres, une silhouette efflanquée, de fines lunettes sur lesquelles retombe une frange grisonnante. Et le débit enflammé de ceux qui ont voué leur vie à leur passion. Celle de Richard Powers vient de lui inspirer l'un des romans les plus vertigineux que l'on puisse lire sur l'identité américaine. Le temps où nous chantions, paru il y a trois ans aux Etats-Unis, valut à son auteur, dont la notoriété était jusque-là confidentielle, d'être comparé à Philip Roth (pour l'ambition), Gabriel García Márquez (pour le style), Thomas Mann (pour l'usage de la musique) et même Marcel Proust (pour la méditation sur le temps). C'est à la fois prestigieux et insuffisant: Richard Powers est, tout simplement, l'un des meilleurs écrivains d'aujourd'hui. Sa prose est magnifique; son propos, saisissant. En sept cent soixante pages d'une élégance et d'une puissance rares, il a écrit le grand roman américain sur les problèmes raciaux. Et sur la musique.
Je suis dedans. Et il me tarde de reprendre le train et ma lecture. Ce soir ! Impossible de me détacher de ce livre ! Prodigieux !
Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
Sujet: Re: Richard Powers Ven 15 Fév 2013 - 16:09
Pour ceux qui ne l'aurait pas vu, je vous place ici l'extrait du carnet de route que François Busnel a consacré à Richard Powers.
Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
Sujet: Re: Richard Powers Jeu 28 Fév 2013 - 14:39
Le temps où nous chantions
9 avril 1939 : à l’aube de la seconde Guerre Mondiale, Marian Anderson – l’une des plus talentueuses et des plus célèbres contraltos de l’époque – donne un concert devant le Lincoln Memorial (Washington) et 75.000 spectateurs. En plein air, car en raison de sa couleur de peau, la salle de concert dans laquelle elle devait se produire lui fut interdite, alors même que la diva venait d’être acclamée sur toutes les plus grandes scènes des capitales européennes.
C’est à ce concert que Delia Daley et David Strom se rencontrèrent. Delia Delay, noire, fille d’un charismatique médecin de famille de Philadelphie, passionnée de musique et dotée d’un talent réel pour le chant. David Strom, blanc, juif allemand, ayant fui l’Allemagne nazie pour se réfugier dans un pays qu’il ne comprend pas et dont il parle tout juste la langue, physicien travaillant sur la relativité du temps dans les traces d’Einstein, professeur à la prestigieuse Université de Columbia.
Une rencontre improbable qui n’aurait jamais dû avoir lieu. Et qui fut possible que grâce à leur passion commune pour la musique. La musique, omniprésente, véritable thème de ce fabuleux roman.
Contre l’avis de tous, Delia et David se marièrent. La gentillesse, la simplicité et l’érudition scientifique de Da conquirent toutefois sa belle-famille. Mais dans l’Amérique ségrégationniste, les difficultés qu’eurent à surmonter le couple mixte furent innombrables. Confinés aux bas quartiers, leur vie ne fut qu’une lutte de chaque instant. Endurer les réprobations de tous. Survivre plutôt que vivre.
La naissance de leurs trois enfants (Jonah, Joseph et Ruth) compliqua encore leur situation. Le métissage les excluant des deux communautés, ils furent rejetés par la population blanche car de peau mate et marginalisés par la communauté noire car de teint anormalement clair. Entre les deux. Ni l’un, ni l’autre. Leurs parents les élevèrent donc au-delà de la couleur, niant le clivage scindant les Etats-Unis en deux, rejetant toute notion de caste. Leur famille était ce qu’elle était et l’avenir leur appartenait. Et pour leur éviter de se heurter au monde extérieur, ils furent scolarisés à la maison : Delia pour la musique, Da pour les sciences. On apprend les math, l’anglais, la physique en chantant. On mange en chantant, On va se coucher en chantant. La musique élevée au rang de culte.
Rapidement, les talents des deux garçons s’affirmèrent : Jonah en chanteur virtuose, Joseph en pianiste hors pair. Ecole de musique. Internat. Apprentissage. Progrès fulgurants. Jonah se transforma peu à peu en machine à remporter des prix et gagner des concours. Les deux frères en tournée, sur scène, l’aîné et sa voix d’or accompagné du cadet et de son piano.
Une famille hors du temps, au milieu des évènements qui bouleversèrent l’Amérique depuis la guerre jusqu’aux années 90 : Pearl Harbor, les bombes atomiques larguées sur le Japon, l’embrasement de Harlem, la marche sur Washington et le discours historique de Martin Luther King, l’assassinat de JFK, celui de Malcom X, les émeutes de Watts, l’assassinat de Memphis, le Voting Rights Act, la guerre du Viet Nam, la conquête spatiale, les émeutes de L.A. engendrées par l’affaire Rodney King… qui s’achevèrent avec le Million Man March de Washington en 1995. Toute l’Histoire des Etats Unis d’Amérique et de la lutte pour l'égalité des droits civiques à travers la carrière musicale des deux frères. Alors que les bombes explosent, que des quartiers entiers sont les proies des flammes, que la loi martiale est décrétée et que l’armée venue en renfort tire pour tuer, le lecteur écoute Schubert, Dowland, Beethoven, Bach, Palestrina. Mais aussi James Brown, Duke Ellington, Ella Fitzgerald, Miles Davis, Thelonious Monk ou John Coltrane.
C’est Joseph le narrateur de cette saga familiale. Le membre le plus neutre et le plus en retrait de cette famille hors du commun. Alors que la famille connait des dissensions, il lutte également pour rétablir l’unité des siens. Le ciment, le trait d’union entre Jonah le ténor mondialement adulé, Da le scientifique perpétuellement dans la lune et la tête dans ses galaxies et Ruth la petite dernière qui, exaltée et révoltée, a choisi de renier son père blanc pour rejoindre les Black Panthers et la clandestinité. Joseph est le personnage central de cette famille, posé, lucide. Ili ne sait comment se positionner par rapport aux siens, à la société en pleine mutation. Il passe sa vie à se chercher et à servir les autres. Son témoignage confère au récit une grande distance par rapport aux bouleversements, à la guerre qui ravage le sol américain.
Une écriture d’une beauté inouïe pour un livre d’une richesse extraordinaire que ces quelques notes ne suffisent pas à résumer. Un livre très ambitieux et d’une rare puissance. Des personnages magnifiquement bien campés, d’une grande humanité, d’une grande justesse. Je n’avais jamais rien lu de tel. Rien qui m’emporte à ce point, qui me touche tant. L’horreur de la lutte contre la ségrégation confortablement installé dans un fauteuil moelleux d’une salle de concert à écouter des arias. Un demi-siècle d’Histoire et mille ans de musique.
Un livre gigantesque, ne serait-ce que par son épaisseur (plus de 1000 pages dans sa version poche) qui m’aura accompagné durant quatre merveilleuses semaines. Pour la première fois depuis des années, je n’ai pas dévoré le texte page après page. J’ai pris mon temps, j’ai savouré, tiraillé entre la hâte de connaître la suite et le souhait de prolonger la magie. J’ai su dès la page 200 que mon top 10 n’allait pas résister à cette immense vague : j’en attendais beaucoup, Richard Powers m’en a donné encore bien davantage. Puis mon podium personnel s’est mis à trembler sur ses bases pourtant solides. Le temps où nous chantions a finalement pris la tête de ma sélection. J’en reste ahuri.
Il me faut maintenant passer à autre chose. Je ne sais pas bien comment. Me plonger dans un autre livre qui ne pourra supporter la comparaison. Redescendre et revenir sur terre.
Je suis orphelin !
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Richard Powers Jeu 28 Fév 2013 - 17:32
J'ai eu le même ressenti que toi Harelde à l'époque de ma lecture. C'est un livre marquant et qui j'espère restera.
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Re: Richard Powers Jeu 28 Fév 2013 - 17:34
Décidément ce livre donne envie !
mimi54 Zen littéraire
Messages : 6043 Inscription le : 02/05/2010
Sujet: Re: Richard Powers Jeu 28 Fév 2013 - 19:44
Il faut vraiment que je me décide à le lire
Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
Sujet: Re: Richard Powers Ven 1 Mar 2013 - 8:50
Queenie a écrit:
Décidément ce livre donne envie !
mimi54 a écrit:
Il faut vraiment que je me décide à le lire
Et je ne peux que vous y encourager. A condition d'avoir du temps devant vous. Des vacances par exemple. Car il me semble important de prendre le temps d le lire. Car c'est un livre complexe, très riche où abondent les références qu'il n'est pas toujours aisé de repérer. Comme le célébrissime discours de Martin Luther King qu'on identifie que grâce au lieu et à la date, le nom du pasteur n'étant jamais cité (bon, cette référence-ci n'est pas bien compliquée. Mais il y en a de moins évidentes).