[Manga] Hitoshi Iwaaki

Dessinateur de manga japonais né en 1960.
Il est surtout connu pour sa série Parasite qui a reçu en 1993 le prix Kōdansha.


Bibliographie

Citation :

Gomi no Umi (Open Manga - annexe du magazine Morning publié par Kōdansha)
1986-1988 : Fūko no iru mise (4 vol., Morning)
1990 : Hone no Oto (1 vol., Morning)
1990-1995 : Parasite (10 vol., Afternoon, publié en version française par Glénat)
1997-2000 : Tanabata no kuni (4 vol., Big Comic Spirits)
2001 : Yuki no touge, tsurugi no mai (1 vol., Kodansha)
2002 : Eurêka ! (1 vol., Hakusensha, publié en version française par Komikku Éditions)
2003-en cours : Historiē (8 vol., Afternoon)

Source

Ils sont tombés du ciel… ils ont besoin de corps humains pour se développer. Chaque parasite, comme chaque être humain, semble doté d’une intelligence particulière qui oriente sa manière d’investir le corps de sa victime et d’orienter ses actes. Shin’ichi est un adolescent qui a eu de la chance : son parasite n’a pas réussi à atteindre le cerveau et n’affecte que son bras gauche. Un dialogue s’établit entre les deux parties, Shin’ichi pour comprendre les intentions du parasite, le parasite pour comprendre le mode de fonctionnement humain et adapter son comportement aux conventions de la vie sociale et organique. Shin’ichi finit même par donner un petit nom à son parasite : il s’appellera Migy. Comme celui-ci le prévient : « Je protège ta vie, mais je pourrais par exemple t’empêcher de t’exprimer… », alors autant se mettre en de bons termes tout de suite avec lui.


Etrangement, les parasites ne semblent pas faire bon ménage entre eux. Capables de se repérer à distance les uns les autres, leurs pulsions meurtrières les menacent. Les parasites qui ont envahi totalement leur hôte n’hésitent pas à sacrifier celui-ci à leurs desseins. Parce que Migy n’est qu’un avorton de parasite, il ne peut pas sacrifier Shin’ichi dont il reste encore partiellement dépendant.


Le premier volume de cette série promet une suite de péripéties intrigantes entre horreur, cannibalisme et humour, propice à une réflexion qui ébranle toutes les certitudes affirmant que la planète Terre serait le monopole de l’être humain.

Citation :

« Je ne sais pas d’où je viens. Mon souvenir le plus ancien est quelque chose du genre « Si tu n’atteins pas le cerveau, dommage ».

HORREUR



CANNIBALISME



HU(A?)MOUR

L’intrigue se corse naturellement mais de manière décisive. La mère de Shin’Ichi sera complètement parasitée lors d’un événement aussi fortuit qu’un accident. Le mystère plane : tout le monde croit à sa disparition et à sa mort mais, parce qu’elle est retournée à la maison pour affronter directement le parasite de son fils, Shin’Ichi comprend ce qu’il s’est véritablement passé. Au cours de cet affrontement ambivalent, Shin’Ichi aurait pu mourir si son parasite n’avait pas tenté de le sauver. Cet acte aussi généreux que peut l’être tout comportement parasitaire aura des conséquences que nous ne pourrons mesurer qu’en lisant les autres épisodes de cette série aussi délirante que glauque.

Citation :

« Au fait, la tête de cette femme est un parasite. »

Les événements prennent une tournure plus tragique. Migy se fait plus discret mais ce n’est que pour signifier l’influence de plus en plus totalitaire qu’il étend à son hôte Shin’Ichi. L’adolescent banal devient un homme aussi fort mentalement que physiquement, mais il perd aussi ses capacités de compassion et d’amour. Il en reste cependant conscient et lutte intérieurement pour préserver ces qualités dont ne pourront jamais se prévaloir les parasites.
Au même moment apparaît au lycée un nouvel adversaire redoutable. Il se présente sous le nom de Shimada Hideo mais ce nouveau parasite sanguinaire semble être venu sur Terre pour s’amuser à de formidables carnages…

Citation :

« Depuis que les tentacules de Migy se sont réparties dans mon corps, je ne me sens pas plus mal. C’est même le contraire. J’ai l’impression d’être plein d’énergie, et mes sens sont plus aiguisés. »

Les parasites passent à la vitesse supérieure : les premiers massacres se déroulent dans le lycée de Shin’Ichi et l’obligent à une lutte qui se doit d’être à la fois discrète et efficace.  C’est l’occasion pour lui de prouver modestement sa supériorité physique et mentale, et pour nous d’assister à des scènes de massacres plus glauques et incroyables que jamais. Pendant ce temps, la police et les scientifiques rament, stupides petits pions ignorants d’une jolie satire politique et sociale. Nous sommes proches de la surenchère, mais ça reste encore suffisamment modéré pour que les enjeux ne deviennent pas tout simplement stupides.

Citation :

« Si tu manques d’appétit, j’en fais les frais. Il va falloir que je planifie d’autres méthodes pour te remonter le moral au cas où. »

J'avais beaucoup aimé cette série à sa sortie.
Sombre, torturée, drôle, l'histoire du parasite me rappelait furieusement les films de Cronenberg.

Oui, bien pensé pour Cronenberg. Les délires organiques, c'est un délice.
Je vais poursuivre avec la suite... (c'est mon ancien patron qui me prête ces mangas, l'a bon goût).

Sans compter qu'il y a le film (en plus de la série animée, je crois).
La première partie est sortie au Japon en novembre 2014, la deuxième partie en avril 2015.

Voici la bande-annonce de la partie (qui semble correspondre aux quatre premiers volumes, d'après vos résumés), Kiseijuu :


Le film est vraiment très sympa, un mélange de foutraque burlesque, de drame et de gros massacres (burlesques ou pas, la frontière est parfois très mince) ; mais vers la fin, c'est un peu moins bien, peut-être l'effet de surprise initial qui est passé.

Côté casting, c'est du lourd, avec notamment Tadanobu Asano (Battleship, Thor... mais aussi Gemini de Tsukamoto Shin'ya), et puis Eri Fukatsu (vue dans Akunin, l'adaptation de "Le Mauvais", de Shûichi Yoshida - fil ici - et que l'on verra bientôt dans L'Autre Rive de Kiyoshi Kurosawa) ...

Bande-annonce de la deuxième partie, Kiseijuu: Kanketsuhen, qui est sortie en avril :

On va bientôt être envahis en France aussi ?
Merci, je ne connaissais pas, bien marrant.

Ah tiens, je ne savais pour l'adaptation ! ça doit être marrant à voir

Alors que le rythme commençait à faiblir, Hitoshi Iwaaki relance l’intérêt de la série en focalisant son attention sur un de ses personnages secondaires, une jeune fille qui dispose de mystérieux dons qui la rendent capable de détecter la présence des parasites autour d’elle. Elle ignore toutefois la nature de l’attraction qu’elle ressent à proximité de Shin’Ichi et de ses autres semblables parasités, et confond cette acuité sensorielle avec l’amour. Shin’Ich, un peu moins insouciant que la jeune fille, doit alors se charger de modérer ses propres sentiments amoureux pour la préserver du péril parasitaire.

Citation :

« Un parasite candidat à la mairie ! Manquait plus que ça ! Qu’est-ce qu’ils trafiquent !? »

L’ennemi vient de l’extérieur, mais l’ennemi se trouve aussi à l’intérieur. Shin’Ichi doit affronter les pulsions meurtrières de son parasite. Comment rendre la justice en épargnant le plus de vies possibles ? Shin’Ichi montre encore une fois que ses émotions sont restées celles d’un homme. Pendant ce temps, mademoiselle Tamura élève son propre enfant humain et l’altérité ne semble pas la laisser indifférente. Malgré son extrême cruauté apparente, commencerait-elle à faire preuve de douceur et d’humanité ?


Toujours intéressant, et peu de longueurs inutiles. Dommage que la pulsion gore de la série ne soit pas totalement assumée et qu’on nous bassine à longueur de temps avec des questionnements moraux et sentimentaux. A croire que le manga aspire à revêtir quelques lettres de noblesse…

Citation :

« - Je n’étais pas comme ça avant. Je paniquais pour un rien. Je passais mon temps à ressasser.
-C’est ce que j’appellerais une perte de temps. »

Je croyais que les parasites devaient se montrer les plus discrets possibles pour asservir l’humanité jusqu’au moment où, leur pouvoir assuré, ils pourraient enfin affirmer leur présence sur Terre. Loin d’en être encore là, ils s’amusent pourtant de plus en plus à se livrer à des combats épiques en plein métro, dans les rues et dans les écoles. Un peu de sang, de tripes et de boustifailles n’ont jamais fait de mal à un bon manga.

Citation :

« Ils sont cinq à cohabiter dans ce corps ! »

Dans cet épisode, je n’ai rien compris à ce qui se passait dans le monde des humains, mais dans le monde des parasites, c’est très clair : ils commencent à devenir plus courageux que nous.

Citation :

« Si vous avez peur, allez donc faire un puzzle sur l’autoroute. »

La sphère politique, aveuglée par elle-même et par son aura d’innocence, renverse la chasse aux parasites et permet à ceux-ci de gloutonner gentiment quelques pauvres humains. Mais de la même manière que certains hommes sont meilleurs que d’autres, ainsi Migy devient-il le best-of parasites, faisant preuve d’un dévouement qui abolira tous les préjugés les plus mesquins.

Citation :

« Je perds lentement connaissance… Quelle étrange sensation de sommeil… Je me sens seul… Qu’est-ce que je me sens seul… C’est donc ça la mort… »