J-B Poquelin dit Molière

Nibelheim a écrit:

Pourquoi ce sujet finalement ? Pour donner une quichenette aux généralités qu'on a pu entendre sur les bancs du collège (et que j'ai moi-même entendu des centaines de fois, au collège et au lycée) qui nous donnent une image bien sage de cet auteur finalement assez dérangeant. En relisant pas mal de ses pièces (et en découvrant pour la première fois certaines d'entre elles!) j'ai été marquée par les critiques virulentes de la société qui à mon sens n'ont pas tant vieilli que ça.

Comme quoi, ça dépend vraiment du prof parce que la mienne ne l'avait pas du tout décrit comme un auteur sage et lisse. On était tout de suite entré dans le vif du sujet : sa personnalité de trublion déguisé derrière les farces et ses critiques acerbes de la société.

swallow a écrit:

Je ne sais pas ce que vous avez pensé du personnage de Molière, dans " Le Roi danse" de G. Corbiau qu´Arte a retransmis l´autre soir à la TV. Moi, j´ai un faible pour Tcheky Karyo ( surtout pour sa voix) ce qui me rend l'interpretation du personnage attachante, même si la réalité est un peu déformée.

Molière interprété par Tcheky Karyo ? Mon Tcheky Karyo !? Je dois voir ça !

eXPie a écrit:

SarahCerise, moi il y a des livres qui m'ont moins plus qu'ils ne l'auraient dû parce que je les ai lus dans le cadre de l'école... Ca peut vraiment avoir du bon, ces lectures, parce que sinon on n'en aurait pas fait un certain nombre, mais parfois ça engendre une réaction de rejet (ça dépend de la prof, j'imagine).

Oui, j'ai déjà vu ce genre de réactions épidermiques chez des camarades de classe. Ils rejetaient même la lecture en bloc pour certains. Personne dans leur entourage ne les avait correctement initié et là, tout à coup, on leur imposait une lecture avec un travail d'analyse à fournir et accompagnée de longs cours magistraux avec des pages et des pages noircies sans réelle réflexion... C'était une corvée, aucun plaisir dans l'affaire.

De ton côté, c'est le côté "imposé" de la chose qui te poussait au rejet ?

troglodyte a écrit:

J'y vois le comique et le tragique extraordinairement liés, une densité de sentiments énorme en très peu de mots, la capacité de dire des choses très profondes derrière la façade de la comédie. Si Molière n'était pas un génie, alors qui le fut ?

sousmarin a écrit:

Comme quoi, l’on peut critiquer tous systèmes, même les plus despotiques, ce n’est qu’une question de formes…ou comment faire rire les puissants en se moquant d’eux…le pouvoir rend aveugle, c’est bien connu et Molière nous éclaire sur le sujet en flattant par devant ceux qu’il écharpe par derrière, sans qu'ils s'en aperçoivent vraiment...

Citation :

" Il n'est pas bien honnête, et pour beaucoup de causes, qu'une femme étudie et sache tant de choses. "

Chrysale est au désespoir face à l'attitude des femmes de sa maison. Flattées par le pédant Trissotin, celles-ci se piquent de grammaire et de philosophie, délaissent le bon sens au profit des bons mots... Les femmes peuvent-elles se mêler de sciences et prétendre à l'érudition ? La pédanterie est-elle ennemie du bonheur ? En cette fin du XVIIe siècle, la polémique va bon train, et Molière choisit son camp : celui de la comédie.

En dehors de ce qu'on nous apprend à l'école où, comme tous les écoliers de France et de Navarre, j'ai été contrainte et forcée de lire une ou deux de ses pièces, je ne connaissais que très peu Molière. J'éprouvais uniquement de la sympathie pour lui, une sympathie naïve et innocente, la même que celle qu'on éprouve devant un panda ou un koala. Puis, en 2007, j'ai eu l'immense plaisir de découvrir en salle, le film Molière de Laurent Tirard que j'ai littéralement adoré ! Coup de coeur pour le film mais aussi, à tort ou à raison, coup de coeur pour Molière, sans même savoir si le personnage décrit était véridique d'ailleurs, c'est là la force du film et de Romain Duris.

Depuis, je l'ai revu 4 ou 5 fois avec la même délectation et à chaque fois, ça éveillait en moi l'envie de m'intéresser à l'oeuvre de Molière mais "j'y pense et puis j'oublie, c'est la vie, c'est la vie"... Il aura fallu attendre l'impulsion d'un autre film : Alceste à bicyclette (dans lequel Fabrice Luchini et Lambert Wilson entreprenent de jouer la pièce Le Misanthrope), pour qu'enfin, le déclic ait lieu.

Aujourd'hui, donc, en passant devant une librairie, j'ai vu Les Femmes Savantes et j'ai pris ça pour une intervention divine Je l'ai dévoré et je vous le dis solennellement : son nom fait honneur à notre langue. C'est drôle, pertinent, finement écrit. Le rythme des vers donne une lecture presque chantée, c'est formidable. C'est décidé, je vais entamer un cycle sur Molière et cette fois, je vais le faire de mon plein gré.

Kannskia a écrit:

eXPie a écrit:

SarahCerise, moi il y a des livres qui m'ont moins plus qu'ils ne l'auraient dû parce que je les ai lus dans le cadre de l'école... Ca peut vraiment avoir du bon, ces lectures, parce que sinon on n'en aurait pas fait un certain nombre, mais parfois ça engendre une réaction de rejet (ça dépend de la prof, j'imagine).

Oui, j'ai déjà vu ce genre de réactions épidermiques chez des camarades de classe. Ils rejetaient même la lecture en bloc pour certains. Personne dans leur entourage ne les avait correctement initié et là, tout à coup, on leur imposait une lecture avec un travail d'analyse à fournir et accompagnée de longs cours magistraux avec des pages et des pages noircies sans réelle réflexion... C'était une corvée, aucun plaisir dans l'affaire.

De ton côté, c'est le côté "imposé" de la chose qui te poussait au rejet ?

Le côté imposé, un peu, mais c'est surtout l'analyse souvent desséchante. Je veux dire qu'on peut nous obliger à passer des heures (ou du moins ce qu'on ressent comme étant des heures) à analyser un paragraphe, tout ça pour dire qu'il y a beaucoup d'adjectif, ou que le style est indirect, ou que sais-je encore. Et, un trimestre après, on est toujours dans la même oeuvre, mais quelques pages ont été tournées.
Mais parfois tout se passe bien. C'est grâce aux cours de français que j'ai commencé à lire du Shakespeare et tout s'est très bien passé. Comme quoi, tout dépend du prof... et un peu des oeuvres étudiées c'est vrai. C'est peut-être plus facile avec les pièces de théâtre, on peut étudier plus facilement une scène, un acte. Et Shakespeare peut plaire vraiment à tout le monde, puisqu'il y a aussi bien de la profondeur que de la blague facile.
Mais que de cours soporifiques ! On m'a assommé avec l'Assommoir de Zola, je n'y suis toujours pas revenu, à Zola.
Il y a aussi que parfois, ça n'est pas le bon moment pour lire un livre donné, et que là, on n'a pas le choix.


Les Femmes Savantes, c'est très drôle, oui. Et si ça nous fait encore rire, c'est bien que ça nous "parle" encore...

Molière considéré comme un panda ou un koala, ça m'aura bien fait rire, merci !

Merci en tout cas pour ces extraits des Femmes savantes qui donne envie d'en découvrir plus... (tiens, je savais pas qu'ils y faisaient référence dans Alceste, ça prend une place importante ?)

eXPie a écrit:

Le côté imposé, un peu, mais c'est surtout l'analyse souvent desséchante. Je veux dire qu'on peut nous obliger à passer des heures (ou du moins ce qu'on ressent comme étant des heures) à analyser un paragraphe, tout ça pour dire qu'il y a beaucoup d'adjectif, ou que le style est indirect, ou que sais-je encore. Et, un trimestre après, on est toujours dans la même oeuvre, mais quelques pages ont été tournées.

Oh oui, je ne comprends que trop bien ce que tu décris. Toi c'est Zola, moi c'est Jean-Jacques Rousseau qui reste gravé dans ma mémoire, ce fut laborieux pour arriver au bout de ce livre... Mais comme tu dis, ça dépend vraiment du prof, de la façon dont il s'y prend et de l'envie qu'il donne à ses élèves. Tu n'envisages pas de laisser une petite chance à Zola ?

colimasson a écrit:

Molière considéré comme un panda ou un koala, ça m'aura bien fait rire, merci !

Sur l'instant, je n'ai pas trouvé de meilleure façon d'exprimer mon ressenti

colimasson a écrit:

Merci en tout cas pour ces extraits des Femmes savantes qui donne envie d'en découvrir plus... (tiens, je savais pas qu'ils y faisaient référence dans Alceste, ça prend une place importante ?)

Oui ça prend tout de même une place importante, ils ont comme projet de monter une représentation de Molière donc on les voit répéter ensemble, se disputer quant à la façon de réciter le texte, le rythme, la diction... Ils citent de nombreux passages du Misanthrope, c'est ça qui m'a donné envie de lire Molière.

J'espère que tu liras Les Femmes savantes (ou un autre, je ne suis pas totalement despotique ).

Comme je le disais sur un autre fil, ce matin, j'ai décidé de découvrir L'Avare mais en audio.

Je n'avais encore jamais fait l'expérience du livre auditif, c'est Igor sur le fil de Camilla Läckberg (ici) qui m'a donné envie d'essayer. J'ai donc choisi une pièce de théâtre en me disant que c'était un genre qui se prêtait bien à l'exercice, puis, je suis allée m'installer confortablement dans un bon bain chaud, lumière éteinte, pour m'immerger totalement dans la narration. Résultat ? Je ne peux malheureusement pas cacher que c'est une petite déception... Les torts sont partagés, une partie de la déception vient du support audio et l'autre partie est due à l'oeuvre elle-même. Trois raisons majeures :

1. Je n'ai pas apprécié l'expérience auditive, les voix des comédiens étaient assez désagréables et leurs intonations ne m'ont pas convaincue. Je ne suis pas férue de théâtre donc je ne voudrais pas m'avancer sur la qualité de leur prestation mais elle m'a tout de même paru assez moyenne... Elle ne m'a pas embarquée en tout cas.
   
   
2. Je n'ai pas retrouvé le rythme des vers en alexandrin qui m'avaient séduite dans Les Femmes savantes. L'écriture est en prose, c'est moins exaltant. La plupart des rares passages qui m'ont agréablement interloquée, sont ceux où je reconnaissais les répliques du film Molière. C'est maigre...
   
   
3. Le dénouement de la pièce m'a paru ubuesque. Je me rappelais des pirouettes et des rebondissements à la Molière pourtant mais là, je suis restée sur le bas côté de la route.

Bon, c'était pas un calvaire non plus à écouter, j'ai suivi les tribulations de tout ce petit monde avec attention. Et même si je veux bien reconnaître que mon antipathie pour les voix a certainement desservi le texte, je n'y reviendrai pas, ni en audio, ni en papier.

Kannskia a écrit:

Tu n'envisages pas de laisser une petite chance à Zola ?

Peut-être...
Déjà, depuis que je sais qu'il fait du rap (merci Tsotsi), ça va mieux.

eXPie a écrit:

Kannskia a écrit:

Tu n'envisages pas de laisser une petite chance à Zola ?

Peut-être...
Déjà, depuis que je sais qu'il fait du rap (merci Tsotsi), ça va mieux.

Ah c'est pas tout à fait la même soupe

Bien courageuse d'avoir tenu l'audition jusqu'au bout...

Je me souviens également d'une expérience de "lecture auditive" désastreuse. Je n'avais pas tenu plus de 5 minutes et je n'arrivais désespérément pas à accrocher au rythme lent de la lecture. Ceci dit, c'était un roman, et j'imagine que pour une pièce de théâtre, ça doit quand même être plus vivant...

Bonjour à tous !

Mon cher et tendre m'emmène à Paris cet été pour voir Amphitryon au théâtre du Vieux-Colombier par la Comédie Française.
J'ai décidé de ne pas lire la pièce avant de l'avoir vue, mais j'ai quand même jeté un coup d'oeil à la trame, qui m'a l'air bien sympathique.
Du coup, je voulais juste avoir votre avis sur la pièce, savoir si vous avez aimé ou pas. Bien entendu, je vous donnerai le mien une fois revenue.
Et si en plus de l'avoir lue, vous l'avez vue jouée, comment avez-vous trouvé la représentation ?
Merci bien, et vivement cet été...

Je l'ai lu. Je l'ai vu joué. Il y a très très longtemps quand même.
Ce n'est pas ma pièce préférée de Molière, c'est repris de Plaute, et je trouve que ce n'est pas ce qu'il a fait de plus universel, cela date à mon sens. Même si la pièce a eu beaucoup de succès, je crois que le mot Sosie est entrée dans la langue à cause du valet de la pièce. Mais c'est toujours une expérience à vivre.

J'ai beaucoup de Molière de retard... Concernant amphitryon, je n'ai lu que la 38ème version, celle de Giraudoux...
Il m'en reste 37 à lire...

Je ne suis pas sûre qu'elles soient toutes trouvables.

Merci beaucoup de cette réponse Arabella !

De ce que j'en ai lu, l'Amphitryon de Giraudoux a l'air d'être une pièce excellente. Évidemment pas exactement le même humour que Molière.

Non, c'est un peu ironique, cela prend de la distance avec cette oeuvre qui a inspiré tant d'auteurs. Mais à défaut de lire Molière, tu pourrais pour te familiariser avec la trame et voir les modifications qu'a faites Molière lire Plaute.

C'est une excellente idée ! Je le mets sur ma liste pour mon prochain passage à la BU ! Merci :)