J-B Poquelin dit Molière

Je t'en prie. C'est toujours agréable de voir des gens passionnés.

Les Précieuses ridicules a été la première pièce de Molière à être imprimée (contre son gré au départ). Il y a une préface écrite de sa main où on sent une grande réticence à la publication de son oeuvre, il semble sincèrement inquiet de l'accueil et du jugement par le public. Si seulement il avait su...

Après une petite déception avec L'Avare, Molière fait son grand retour dans mon cœur.

Cette pièce, relativement courte, m'a séduite par sa justesse et son espièglerie. Les deux jeunes femmes suscitent le désir chez le lecteur et un fantasme bien particulier envahit soudainement notre psyché : leur coller une paire de baffes mémorable. Par conséquent, c'est avec un gigantesque sourire en coin qu'on observe le retour de bâton que ces deux précieuses ridicules se prennent en pleine poire et on jubile.


Cathos : Mon Dieu ! ma chère, que ton père a la forme enfoncée dans la matière ! que son intelligence est épaisse et qu'il fait sombre dans son crâne.
Magdelon : Que veux-tu, ma chère ? J'en suis en confusion pour lui. J'ai peine à me persuader que je puisse être véritablement sa fille, et je cris que quelque aventure, un jour, me viendra développer une naissance plus illustre.
Cathos : Je le croirais bien ; oui, il y a toutes les apparences du monde ; et pour moi, quand je me regarde aussi.

P.S : Merci Topocl, c'est grâce à toi que je reprends mon cycle Molière. Je veux lire des choses courtes pour pouvoir me jeter sur Twisted Tree quand il arrivera.

Citation :

Le titre de cette comédie de 1660, six mois après Les Précieuses ridicules, est déjà un programme. Le cocu, c'est le personnage éternellement ridicule de la farce et du fabliau médiéval, berné et furieux de l'être... Molière fait d'une marionnette un caractère. Le dernier mot du titre, l'imaginaire, désigne les illusions dont vivent les personnages, leurs égarements, la quête de l'authenticité et de la réalité sous les obsessions. On rit de la déformation, de la difformité : le masque déforme le corps, l'obsession déforme l'esprit, la passion torture l'âme.

Un plan parfaitement bien huilé.

Vite lu, agréable et avec, en bonus, le plaisir de l'écriture en vers.


"Il réserve, l'ingrat, ses caresses à d'autres,
Et nourrit leurs plaisirs par le jeûne des nôtres.
Voilà de nos maris le procédé commun :
Ce qui leur est permis leur devient importun.
Dans les commencements ce sont toutes merveilles ;
Ils témoignent pour nous des ardeurs non pareilles ;
Mais les traîtres bientôt se lassent de nos feux,
Et portent autre part ce qu'ils doivent chez eux. "

Certains hommes feraient bien de relire leurs classiques.

" Leur sexe aime à jouir d'un peu de liberté ;
On le retient fort mal par tant d'austérité
Et les soins défiants, les verrous et les grilles
Ne font pas la vertu des femmes ni des filles.
C'est l'honneur qui les doit tenir dans le devoir,
Non la sévérité que nous leur faisons voir.
C'est une étrange chose, à vous parler sans feinte,
Qu'une femme qui n'est sage que par contrainte. "

Alors nous feindrons la contrainte. C'est ce que j'ai cru comprendre. 

Heyoka a écrit:

Certains hommes feraient bien de relire leurs classiques.

Oulà... qu'est-ce qui t'es arrivé à toi, récemment ? un méchant dans les parages ?!  

colimasson a écrit:

Heyoka a écrit:

Certains hommes feraient bien de relire leurs classiques.

Oulà... qu'est-ce qui t'es arrivé à toi, récemment ? un méchant dans les parages ?!

Oh comme elle est mignonne, elle s'inquiète pour moi.

Les méchants, j'en fais des confettis.

A vrai dire, je pensais à certains hommes au-delà de nos frontières mais ça peut s'appliquer aussi à certains Français.

jack-hubert bukowski a écrit:

Alors nous feindrons la contrainte. C'est ce que j'ai cru comprendre. 

Ou à certains Québécois !

Heyoka a écrit:

jack-hubert bukowski a écrit:

Alors nous feindrons la contrainte. C'est ce que j'ai cru comprendre. 

Ou à certains Québécois !

Si tu en arrives à passer la frontière naturelle que constitue l'Atlantique. Ainsi, tu pourras faire connaissance avec certains compatriotes qui n'ont pas la langue dans leur poche.

De là, on se demande où ils la mettent (c'est du Molière ! ou pas).

Un compatriote sourd, Jacques Hamon, a déjà fait quelques vidéos en signes sur Molière. Lui non plus n'a pas la langue dans sa poche... Nous pouvons d'ailleurs retrouver un peu la genèse de sa démarche artistique (dans sa globalité) en consultant le mémoire de maîtrise de Marie-Claude Paradis-Vigneault sur les artistes sourds évoluant sur la scène montréalaise.

http://theses.ulaval.ca/archimede/meta/29327

Queenie a écrit:

De là, on se demande où ils la mettent.

Marivaux aurait adoré ce genre de réplique pour ses valets ! Mais je ne crois pas que l'expression existait au XVIIIe...

Queenie a écrit:

De là, on se demande où ils la mettent (c'est du Molière ! ou pas).

 

"Dans ce sac ridicule où Scapin s'enveloppe,
Je ne reconnais plus l'auteur du Misanthrope"

Autant que je m'en souvienne, il s'agissait plutôt d'ailleurs de Géronte.

Quoi qu'il en soit, ces deux vers de Boileau, un contemporain, mettent bien en lumière l'ampleur du registre théâtral de Molière.

Ce qui me frappe le plus chez cet auteur, c'est sa capacité à créer des archétypes. "Tartuffe" incarne l'hypocrisie et la duplicité, "Harpagon" l'avarice, "Alceste" la misanthropie, "Argan" l'hypocondrie etc.

(L'école des femmes)


Oh Mesdames Parfumées, ça va vous plaire :

" Héroïnes du temps, Mesdames les savantes,
Pousseuses de tendresse et de beaux sentiments,
Je défie à la fois tous vos vers, vos romans,
Vos lettres, billets doux, toute votre science,
De valoir cette honnête et pudique ignorance. "