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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Muriel Spark Dim 9 Sep 2012 - 12:06
topocl a écrit:
A bonne école
Pas sûre d'avoir choisi le bon. Pas sûre non plus d'avoir envie de lire un autre livre de cette auteure pour compléter mon point de vue.
Dans cette école très chic pour adolescents très riches, le directeur, Rowland, et l'un des élèves, Chris tentent chacun d'écrire un roman. Compétition certaine, jalousie envahissante ou sous-jacente, solidarité et petite vacheries, fascination morbide nourrissent les rapports au quotidien de ces deux personnages.
Il y a un côté volontairement léger, superficiel, une écriture d'une fluidité un peu inconsistante, des dialogues brefs tirés au couteau. Tout est plutôt « sympa » et « marrant » mais rien n’accroche vraiment et on regrette l'absence d’un vrai questionnement sur la création littéraire, la place de l'artiste, et le regard que la société porte sur lui. Un livre si rapide qu’on a à peine le temps de s’ennuyer, finalement assez insignifiant, qui sera vite oublié.
Je ne l'ai pas lu, mais ce n'est apparemment pas ce que MurielSpark a écrit de meilleur (ni de plus connu, d'ailleurs). Si tu dois faire un nouvel essai, autant tenter Les belles années de Mlle Brodie. Si tu n'accroches toujours pas, ce ne sera pas un auteur pour toi... C'est toujours le problème, quand on aborde un auteur par un livre qui est loin d'être son meilleur, on ne peut jamais savoir si on n'accroche pas parce qu'il n'est pas très réussi (et MurielSpark a beaucoup écrit), ou si c'est un manque d'affinités rédhibitoire...
topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
Sujet: Re: Muriel Spark Dim 9 Sep 2012 - 13:05
eXPie a écrit:
Si tu dois faire un nouvel essai, autant tenter Les belles années de Mlle Brodie. Si tu n'accroches toujours pas, ce ne sera pas un auteur pour toi... .
Pas dans ma médiathèque. ce sera sans doute pour plus tard à l'occasion d'une balade chez les bouquinistes.
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: Muriel Spark Dim 16 Sep 2012 - 19:13
Memento Mori(1959)
Pour débuter cette nouvelle rentrée scolaire, j’ai décidé de prendre une joyeuse résolution : me rappeler tous les jours la première des quatre fins dernières dont il faut toujours se souvenir – la Mort. Cette idée m’a été inspirée par l’un des personnages de Memento Mori après l’avoir lu dire :
«- Il est difficile, […] pour les personnes d’un âge avancé, de commencer à se rappeler qu’elles doivent mourir. Il vaut mieux prendre cette habitude dès la jeunesse. »
Peut-être ne deviendrais-je jamais « vieille » (et après avoir lu Memento Mori, on le souhaiterais presque), mais dans le doute, je préfère m’habituer à l’idée de ma mort dès à présent.
Est-ce que cela fonctionnera ? L’idée de la mort, en tant que mort personnelle, non conceptuelle et vécue dans l’instant de la réalité, semble ne jamais pouvoir s’implanter réellement dans une conscience. Un joyeux petit plaisantin en a fait l’expérience. Il ne cesse de passer des coups de téléphone à Charmian, Godfrey et leurs autres congénères du troisième âge, déambulateurs en mains et dentiers en mâchoires, pour leur rappeler quotidiennement cette vérité : « Rappelez-vous qu’il faut mourir ».
Plus que le message en lui-même, ce sont la régularité de ces appels, l’anonymat de l’interlocuteur et l’incompréhension de ses motivations qui perturbent ces seniors de la meilleure société londonienne. Pourtant, la menace proférée dans le message s’exécute bientôt, et les uns à la suite des autres, les victimes de ces appels téléphoniques meurent. Actes criminels, ou morts naturelles ? A quatre-vingts ans passés et parfois même largement révolus, cela n’a rien d’étonnant. Se met alors en branle la formidable valse des testaments. Les légataires se livrent des batailles silencieuses pendant que les vieux passent leurs derniers jours à se triturer la cervelle pour savoir qui de leur entourage mérite la plus grosse part du gâteau.
Aucun personnage de ce livre ne semble oublier la mort. Elle fait office de conversation quotidienne, et on place le sujet au milieu de deux évocations évasives, autour d’une tasse de thé. La mort, complètement décomplexée, donne tout d’abord un ton burlesque au livre de MurielSpark, mais son intérêt s’effrite rapidement lorsque le lecteur finit par comprendre que ce qu’il avait pris pour la transgression absolue d’un tabou n’est en fait qu’une confusion : les seniors de Memento Mori n’ont pas conscience que la mort les fera véritablement mourir. Leurs échanges réguliers autour de la question ne sont qu’une façon de dédramatiser cet évènement, et ils le font si efficacement que l’ennui de la question ne tarde pas à se propager entre les pages du livre. La mort, oui ? Et alors ?
Les vivants sont beaucoup plus drôles, surtout lorsqu’ils passent à travers le scalpel descriptif de MurielSpark. Intransigeante, elle ne se pare ni de tendresse, ni de condescendance pour dresser le portrait d’un troisième âge qui semble défini par le caprice et l’irrationalité. Devant ces tableaux de pensionnaires de maisons de retraite, le credo du « Memento Mori » ne semble plus vraiment effrayant. N’est-il pas beaucoup plus contraignant d’arriver à un âge où folie et sénilité se confondent ? C’est à ce moment-là qu’on comprend que le petit plaisantin à l’origine des appels téléphoniques anonymes n’était pas un contempteur de l’humanité, mais bien au contraire un philanthrope désireux de libérer les plus vieux spécimens de l’espèce humaine de leur condition dégradante. Pas tendre du tout sans être particulièrement drôle, Memento Mori laisse une impression terne de lassitude, projeté à l’arrière-plan d’une banalité éternelle.
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: Muriel Spark Dim 16 Sep 2012 - 19:17
J'aime particulièrement les descriptions que MurielSpark fait des personnes du "4e âge". Je les trouve pertinentes et elles correspondent à de nombreux tableaux que j'ai moi-même pu observer, le tout décrit avec un peu d'ironie qui ne fait pas de mal !
Citation :
« Au début, elle est partie dans une rêverie, tout en épluchant du bout des doigts la couverture qu’elle avait sur les genoux. Elle paraissait en proie à une certaine impatience. Elle n’a pas suivi du tout l’histoire que je racontais, mais manifestement les mots de « reine Victoria » avaient évoqué pour elle une autre figure royale. Dès que j’ai eu fini, elle s’est lancée dans une évocation (qui a de fortes chances d’être exacte dans le détail) du voyage qu’elle a fait à Saint-Pétersbourg en 1908 pour aller voir son père. »
Citation :
« Il s’en alla parler à Mme Bean : un visage minuscule parmi les oreillers, une petite bouche édentée ouverte en forme d’O, une peau blanche et fine tendue sur les os, des orbites immenses, des yeux au regard fixe comme ceux d’un bébé, et des cheveux blancs clairsemés en désordre sur le front. […] Alec dit quelques mots à Mme Bean, et reçut une réponse courtoise et cohérente, qui lui parut provenir d’une sorte de flûte primitive située dans son sternum, tellement sa voix n’était plus qu’un souffle ténu et aigu.»
C'est parfois un peu cruel, mais dans le contexte ce n'est jamais vraiment blessant :
Citation :
« […] Ce qu’il y a d’intéressant, dans la sénilité, c’est qu’elle présente certains différences par rapport à la maladie mentale. Les gestes de ces personnes, par exemple, diffèrent à bien des égards de ceux des vieillards à qui je rends visite à la clinique St Aubrey’s de Folkestone. Là-bas, on rencontre des malades qui ont été fous pratiquement toute leur vie. Par certains côtés, ils sont plus cohérents, beaucoup plus méthodiques, que ceux qui deviennent simplement un peu bizarres dans leur vieillesse. Les gens vraiment fous possèdent une plus grande expérience dans le domaine du comportement irrationnel, bien sûr. »
Citation :
« Là-bas, les personnes relevant de la gériatrie étaient regroupées autour du poste de télévision ; en conséquence, elles faisaient un peu moins de bruit que d’habitude, mais cela ne les empêchait pas d’émettre de temps à autre une grande diversité de sons dentaux et gutturaux, et même parfois de se lancer dans une longue période qui était censée vouloir dire quelque chose. Celles qui avaient encore l’usage de leurs jambes quittaient par moments leurs fauteuils et déambulaient d’un bout à l’autre de la salle, faisant des signes à celles qui étaient clouées au lit ou se mettant à leur parler. Une malade de grande taille se versa un gobelet d’eau, qu’elle commença à porter à ses lèvres ; mais, oubliant son intention avant de l’avoir réalisée, elle reversa l’eau dans un autre pot ; ensuite elle tint le gobelet à l’envers au-dessus de sa tête, si bien que quelques gouttes d’eau qui restaient vinrent s’écraser sur son front. Elle parut fort contente de cet exploit. Dans leur ensemble, les personnes relevant de la gériatrie avaient une certaine propension à placer des objets sur leur tête. »
Malheureusement, ces bons passages sont entourés de texte beaucoup plus insignifiant.
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Muriel Spark Dim 16 Sep 2012 - 20:41
colimasson a écrit:
Malheureusement, ces bons passages sont entourés de texte beaucoup plus insignifiant.
Disons que généralement, elle ne traite pas de Grands Sujets, avec psychopathes, guerre, traumatismes psychanalytiques ou je ne sais quoi... Ce n'est pas Dostoïesvki : ce sont des romans courts, avec de nombreux passages amusants, spirituels et souvent féroces. Les passages sur les vieux qui perdent la tête, jouent avec la nourriture, c'est raconté de façon vraiment marrante, et en même temps c'est horrible. Parvenir à cet équilibre, ne pas tomber dans le mauvais goût, ça n'est pas donné à tout le monde, je crois. Même si ça paraît "simplement" amusant.
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: Muriel Spark Dim 16 Sep 2012 - 22:19
eXPie a écrit:
Disons que généralement, elle ne traite pas de Grands Sujets, avec psychopathes, guerre, traumatismes psychanalytiques ou je ne sais quoi... Ce n'est pas Dostoïesvki : ce sont des romans courts, avec de nombreux passages amusants, spirituels et souvent féroces.
Oui, et je ne lui reproche pas de ne pas être Dostoïevski, mais je trouve que ce qu'elle raconte est beaucoup moins prenant, du coup.
Citation :
Les passages sur les vieux qui perdent la tête, jouent avec la nourriture, c'est raconté de façon vraiment marrante, et en même temps c'est horrible. Parvenir à cet équilibre, ne pas tomber dans le mauvais goût, ça n'est pas donné à tout le monde, je crois. Même si ça paraît "simplement" amusant.
Ça demande aussi beaucoup de talent d'écrire des choses "simplement" amusantes !
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Muriel Spark Mar 18 Sep 2012 - 23:29
animal a écrit:
The Driver's Seat Ces petites pages sont une drôle, à leur manière, de passage à travers la banalité, avec un accent mis sur le shopping et quelques observations abominables de convenance qui poussent toujours un peu plus vers le déséquilibre. C'est presque méchant, outrancier, drôle comme à regrets et plus tout craque plus on ne sait plus quoi penser. Un constat froid de tristesse abyssal, un grand moment de doute, après tout il y a un peu de morale façon paire de claque. Et surtout le vertige masqué de tous les gouffres des décalages, des ratages. C'est horrible mais on est incapable d'antipathie. Et ça ne marche pas du tout comme ça devrait.
La place du conducteur
Tout ce que dit Animal me semble très juste mais je n'ai pas aimé ce livre parce que ce minimalisme anecdotique - qui se résume à un style sujet/verbe/complément - donne un sentiment de banalité extrême et de pauvreté narrative et stylistique. Je me suis ennuyé dès les premières pages et j'ai fait l'effort d'aller jusqu'au bout parce que le personnage principal était légèrement intriguant dans son décalage et une forme de folie.
C'est intéressant de le comparer au roman de Peter Handke que j'ai lu récemment. Dans "L'angoisse du gardien de but au moment du pénalty" on retrouve cette façon de suggérer la folie à travers des actes quotidiens. Sauf que chez Handke le minimalisme du langage a une densité incroyable et une grande force. Ici je n'ai pas décollé de ce sentiment de banalité ennuyeuse.
Elle crée une sorte de faux suspens qui la rapproche encore davantage de certains romans de Bret Easton Ellis. Vide existentiel, appel vers le néant, absurdité de la dérive suicidaire. Chronique d'une mort annoncée dont je me suis finalement pas mal fichu de savoir qui, quoi, comment.
Une écriture qui n'est pas pour moi. Mais je suppose qu'il y a peut-être des romans plus marquants que d'autres.
A noter que ce roman a été adapté au cinéma en 1974 avec Elisabeth Taylor. J'essaierai de le trouver (existe en zone 1 à 3 euros sur amazon).
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Muriel Spark Mer 19 Sep 2012 - 18:49
Le bel âge de miss Brodie
eXPie a déjà résumé l'histoire, nous sommes dans une école anglaise de filles dans les années 1930, chez les petites (10-12 ans), leur institutrice, miss Brodie est une femme à forte personnalité, et très charismatique. Elle se choisit un clan, un groupe de filles qui seront les préférées, les confidentes et qu'elle suit au-delà de leur présence dans sa classe. Sorties diverses (musées, spectacles...), invitations au thé à son domicile, autant de moments privilégiés. En classe, miss Brodie dédaigne les matières du programme, ses cours sont des causeries, le principal sujet étant elle-même, sa vie, ses voyages, ce qu'elle aime ou pas. Les filles élues sont fascinée, tout au moins jusqu'à un certain moment, et des liens forts se créent entre elles. D'autant plus que miss Brodie n'est guerre appréciée du reste du personnel de l'établissement, en commençant par la direction, et en passant par presque toutes ses collègues. La seule exception étant les deux représentants masculin du corps enseignant qui sont pour leur part sous le charme de la dame en plein épanouissement.
On a certes déjà lu ce genre de choses ailleurs. Le questionnement sur l'éducation, acquisition de connaissances et méthodes ou construction d'une personnalité; le groupe d'adolescentes en train de franchir le cap délicat, de se définir, de prendre forme. Et une personnalité excentrique comme catalyseur. Aussi la nostalgie du temps qui passe. Mais il émane un charme, fugace et fragile mais indéniable du livre. Une sensibilité, qui malgré un chemin qui paraît un peu tracé d'avance, a une originalité et une personnalité subtile. Tout le monde n'y sera pas sensible, la différence entre le banal et le fin, est parfois mince. Pour ma part, j'ai pris un grand plaisir à suivre ces filles, à les voir évoluer et s'affirmer, en même temps que vieillissait et se fanait leur mentor. Tout est dans les détails, les petites choses en apparence, y compris dans l'écriture. Une façon modeste de dire les choses, mais qui n'en est pas moins juste.
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Muriel Spark Mer 19 Sep 2012 - 19:31
(ce fil m'éclate !)
Pour la place du conducteur, difficile d'imaginer ce que donne la traduction à partir d'un texte très lisible, il m'a semblé plus que vers la folie ou le vide existentiel tourné vers la solitude (moderne accessoirement). Ce qui va très bien avec le côté horrible mais pas mal tourné.
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Muriel Spark Mer 19 Sep 2012 - 19:48
Arabella a écrit:
Tout est dans les détails, les petites choses en apparence, y compris dans l'écriture. Une façon modeste de dire les choses, mais qui n'en est pas moins juste.
C'est bien ça !
Vous me donnez envie d'en lire un autre, dites. Pour vérifier si Mrs Brodie est vraiment au-dessus des autres, ou bien si simplement c'est un auteur qui ne plaît pas à tout le monde...
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Muriel Spark Mer 19 Sep 2012 - 20:09
animal a écrit:
(ce fil m'éclate !)
Pour la place du conducteur, difficile d'imaginer ce que donne la traduction à partir d'un texte très lisible, il m'a semblé plus que vers la folie ou le vide existentiel tourné vers la solitude (moderne accessoirement). Ce qui va très bien avec le côté horrible mais pas mal tourné.
Oui je disais folie d'une manière très générale. Elle a un comportement antisocial et un peu hystérique qui masque sa dépression et son parcours suicidaire. Reste que l'écriture me repousse immédiatement. Sans chercher le style à tout prix j'aime qu'une écriture m'embarque, me surprenne, m'envoute... Et même en acceptant ce parti pris de minimalisme quotidien je n'ai pas su trouver de finesse ou de subtilité qui fassent de ce personnage et de sa dérive un moment de lecture intéressant ou touchant. Je me sentais totalement extérieur.
Igor Zen littéraire
Messages : 3524 Inscription le : 24/07/2010 Age : 71
Sujet: Re: Muriel Spark Mer 19 Sep 2012 - 21:09
Dans "Complices et comparses" je n'étais pas envouté mais surpris par cette histoire totalement loufoque. Une psychanalyste voit arriver à son cabinet un assassin recherché depuis une vingtaine d'années, et chose étonnante, quelques jours auparavant une autre personne était déjà venu la consulter en se prétendant être cet assassin... Elle tente de démêler le vrai du faux mais son passé lui revient dans la figure: Elle même consulte sous une fausse identité et est aussi recherchée pour un délit. Un imbroglio qui frise l'angoisse avec l'évocation de l'assassinat et du délit ayant pour point commun les quantités de sang versé... Une histoire qui pourrait être une grosse farce mais qui sans y toucher pose quelques questions quand au milieu social, à la crédulité ou encore à la culpabilité. Un bouquin court, très particulier, mais qui mérite d'être ouvert...
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Muriel Spark Mer 19 Sep 2012 - 21:34
Je pense que c'est un auteur qui ne plaît pas à tout le monde. Il y a une musique qui ne convient pas à tout le monde. Une mélodie ténue, chantée tout doucement. Faut arriver à faire le silence autour, et à tendre l'oreille.
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: Muriel Spark Mer 19 Sep 2012 - 21:47
C'est génial tous ces commentaires sur des livres différents de la même auteure.
Arabella a écrit:
Je pense que c'est un auteur qui ne plaît pas à tout le monde. Il y a une musique qui ne convient pas à tout le monde. Une mélodie ténue, chantée tout doucement. Faut arriver à faire le silence autour, et à tendre l'oreille.
Oui, je pense aussi. Mi-convaincue, mi-indifférente, je ne sais pas trop où me situer, et je pense que ça n'a rien d'étonnant et que cette réaction correspond justement à l'écriture de MurielSpark. Ca ne fuse pas, ça agit progressivement...
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Muriel Spark Jeu 20 Sep 2012 - 12:31
Demoiselles aux moyens modestes.
Fondé à une époque ancienne, le Club May de Teck se propose dans ses statuts :
Citation :
Le Club May de Teck a pour objet les Commodités Pécuniaires et la Protection Sociales de Dames aux Moyens Modestes, d'un âge inférieure à Trente Ans, obligées de résider en dehors de leurs Familles afin de tenir à Londres un Emploi.
Au lendemain de la guerre, où "tous les gens bien étaient pauvres", et le logement rare, ce Club est une véritable opportunité pour de nombreuses filles, qui n'auraient pas sans cela pu se loger dans la capitale. Les plus jeunes et les moins prestigieuses dorment dans des dortoirs, mais les plus âgées et brillantes ont droit à leur chambre. Et trois anciennes d'une cinquantaine d'année ont le privilège de rester au Club, bien qu'ayant dépassé l'âge légal.
Le Club est une sorte de famille, les filles papotent entre elles, se connaissent intimement, mangent ensemble, amènent des hommes dîner au Club, des hommes fascinés par ce rassemblement de jeunes femmes, certaines belles, d'autres avec des personnalités marquées. Toute une galerie de personnages. Et un moment clé dans le vie de ces jeunes femmes, entre l'adolescence et la vie adulte à proprement parlé, les choses se jouent, les personnalités s'affirment, les destins se tracent, l'air de rien, entre deux conversations et deux rencontres. Un moment de la vie où tout est encore possible, le futur n'est pas figé.
Un joli livre, entre l'entrain de la jeunesse et la nostalgie du temps qui passe, avec des aspects un peu plus cruels, surtout à la fin, tout ne se passe pas bien pour tout le monde en fin de compte. Dans le style de l'auteur, léger sans doute, mais qui arrive quand même à dire des choses plus graves et plus essentielles, sans en avoir l'air. Pour les amateurs de demi-teintes.