Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Leonid Andreïev [Russie]

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lekhan
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MessageSujet: Leonid Andreïev [Russie]   Leonid Andreïev [Russie] EmptyLun 10 Sep 2007 - 15:40

Leonid Andreïev [Russie] Leonid10


Petit Biographie par l'éditeurs:

http://www.jose-corti.fr

Citation :
Auteur russe dont l'œuvre est l'une des plus importantes du siècle passé.
Militant antitsariste puis militant antibolchévique, Leonid Andreïev est non seulement un auteur de grande envergure et un photographe particulièrement visionnaire, il est aussi une des consciences prémonitoires du siècle dernier.
"Né en 1871 à Orel, au sud de Moscou, Andreïev perdit très tôt son père. Pour venir en aide à sa famille, il endossa la toge de l'avocat. Il raconta dans une nouvelle de jeunesse comment son rêve d'être le chevalier de l'ordre, le défenseur des opprimés fit naufrage avec sa première plaidoirie : l'idéaliste dut traiter une affaire terre à terre, fut trompé par son client et reçut un pourboire pour avoir prouvé l'innocence de riches fraudeurs. Déçu, il se tourna vers la chronique judiciaire et c'est ainsi qu'il découvrit sa vocation littéraire. Il avait lu Schopenhauer à dix-sept ans, Nietzsche pendant ses années d'études. Il comptait aussi parmi les livres qu'il chérissait le plus Vingt Mille Lieues sous les mers de Jules Verne et les oeuvres d'Edgar Poe, qui, comme lui, était un « être erratique » dont Baudelaire vantait l'indéfinissable cachet de mélancolie. L'humeur noire l'avait rendu timide, ombrageux, prisonnier de l'alcool et des obsessions suicidaires. Ses premières nouvelles, parues en 1901, traduisaient cette hantise de la mort. Mais la noirceur de son univers exprimait si bien les angoisses de la fin du siècle et du nouveau millénaire que la Russie se reconnut dans ces cantiques du néant. Le succès ne le lâcha pas jusqu'en 1909, puis ce fut le déclin et l'oubli après sa mort, en 1919, malgré l'attention que lui prêta Hollywood à travers Victor Sjöström qui adapta une de ses pièces, Celui qui est giflé, dans un film intitulé Larmes de clown. Lon Chaney y jouait le rôle d'un savant volé, bafoué, trahi, devenu saltimbanque par un ultime désir d'avilissement. Ce n'est sans doute pas un hasard si Sjöström, qui devait incarner l'homme rompu des Fraises sauvages d'Ingmar Bergman, s'était passionné pour l'oeuvre d'Andreïev. Les nouvelles les plus célèbres du Russe, la scène du viol dans «Le Gouffre» et celle du meurtre de la prostituée dans «Dans le brouillard», annoncent les terribles séquences, sur les mêmes thèmes, de deux films de Bergman, La Source et De la vie des marionnettes." Linda Lê, Andreïev, le Diable probablement, in Le Monde des Livres, 6 Juin 2000.


Le Gouffre et autres récits (21,37euros à commander dans vos librairies, éditions José corti, collection domaine étranger (cela sont massicoté ^^)), est un livre qui m'a profondément touché et conforté dans mon idée de transitions, de mouvements, d'époques, tout s'imbrique et l'être se retrouve comme dans une zone de réflexion ou le passé et le futur influent en un même moment, en un même instant. Une zone entre les structures du temps ou l'être se compose et se décompose. On pourrait pour lui faire prendre forme, prendre l’exemple d’un voyage en train. Le départ influe sur l’être au même titre que l’arrivé et ce dans un même moment.

Je me rappellerais notamment longtemps d'un court récit (on peut dire une nouvelle je pense) présent dans le gouffre qui s'appelle le rire.
Contrairement à l'idée qu'on pourrait se faire en résumant l'histoire de cette nouvelle, un jeune homme éconduit par sa bien aimé. Le schéma s’en trouve différent, le style aussi.
Le jeune homme se voit d'abord saisis de l’oubli de sa prétendante, qui ne viendra pas à leur rendez vous.
Heureusement le soir, une fête est donnée dans la ville (le jour de noël), et ils vont s'y retrouver.
Tout l'après midi le jeune homme à affreusement souffert de l'incompréhension de la non présence de la jeune fille, car il n'aime qu'elle. Jusque là un topique de la littérature^^
Alors vient le soir et le choix du déguisement, malheureusement il n'en reste plus qu’un (celui d'un chinois), qui pour être complet se compose d'un masque sans expression, un masque absolument ridicule qui déclenche de multiples fou rire dans les rues, puis dans la soirée.
Le jeune homme, pourtant amoureux jusqu'à déclarer encore et encore sa flamme à sa tendre Hélène (Sens André Breton, femme universelle), en affinant de plus en plus ces mots et son discours, se voit répondre par des rires, d'affreux rires.
La soirée finie, repartant dans la rue, éconduit par sa fiancée et entouré de ces amis, il déchire rageusement son costume, et l’on s'aperçoit qu'il pleure.


J'ai trouvé ce très court récit, d'un sens étonnant. Il est d'ailleurs l'exemple parfait d'un personnage en transition, il est à l'image du recueil, des récits, d'accès multiple. La caricature que j’en fais ne reflète pas le brillant style d’Andreïev, j’en suis désolé.

Je crois qu’Andreïev malgré mes premières réticences à la lecture(les caractères en 10 sur des pages de 21cm me rappelle trop les seuils, je fus obliger de fermer les stores pour ne pas être distrait^^), il va rentrer dans mes auteurs russes préférés, tout à côté de Dostoïevski et Tolstoï.
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MessageSujet: Lui   Leonid Andreïev [Russie] EmptySam 29 Nov 2008 - 9:33

Lui(Originale en russe : « On »)

L’auteur de cette nouvelle est embauché par l’énigmatique Norden dans la domaine de celui-ci quelque part au bord de la mer, comme précepteur auprès d’un de ses enfants. Il y règne une atmosphère des plus bizarre : on semble y effacer les souvenirs, raclant chaque aube jusqu’aux empreintes des pas dans le jardin! En arrière-fonds il y a la noyade (suicide) d’une fille quelques années avant, et puis la mystérieuse vie cachée de la deuxième fois de Norden dans une chambre fermée. Le propriétaire des lieux ne veut qu’imposer une ambiance de drôlerie et d’amusement qui, pour des nouveaux arrivés, ont quelque chose de grotesque et artificielle (me rappelant fortement une tendance dans notre société !). Puis, à partir d’un jour, notre héros commence à avoir des visites, d’abord nocturnes, d’un mystérieux personnage qu’il ne nomme que « lui/il » jusqu’à ce qu’il va se trouver au bord du gouffre !

Ce récit « fantastique » est dans la pure tradition d’un Edgar Allen Poe. Aussi me rappelait-il des histoires comme « Rebecca » de Daphné du Maurier ou autres. Pour les amateurs du genre une vraie découverte !

Broché: 75 pages
Editeur : Ombres (25 novembre 1998)
Langue : Français
ISBN-10: 2905964324
ISBN-13: 978-2905964328
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Arabella
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MessageSujet: Re: Leonid Andreïev [Russie]   Leonid Andreïev [Russie] EmptySam 17 Jan 2009 - 15:33

Le gouffre et autres récits.



Ce volume est sensé être le premier d'une édition complète de nouvelles, j'espère que l'éditeur a poursuivi ce projet. 34 nouvelles et presque toutes exceptionnelles. L'écriture remarquable est le premier élément qui frappe. Ensuite, presque chaque nouvelle est le portrait d'un personnage, en général tout à fait médiocre, mais que l'auteur arrive à nous rendre d'une façon saisissante, dans un moment significatif, qui nous permet de le voir dans sa spécificité, avec tout l'environnemet humain qui constitue le contexte dans lequel il vit. On voit vraiment une personne en train de vivre, plus exactement en train de se débattre, dans le quotidien, l'insatisfaisant, le vide et le manque, tout en étant incapable de dire en manque de quoi. C'est très sombre, les rayons de lumière sont très rares, mais l'auteur regarde ses pauvres personnages avec attention, sans les juger, même s'ils sont par moment veules et lâches. Et surtout toujours tellement solitaires. D'autant plus que le groupe sait se montrer terriblement cruel pour l'individu isolé qui n'est pas exactement comme les autres.

Un grand choc pour moi, car je ne connaissais pas encore cet auteur, mais je compte combler cette lacune et lire d'autres livres de lui.
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MessageSujet: Léonide Andreiev   Leonid Andreïev [Russie] EmptySam 17 Jan 2009 - 16:31

Il vaut mieux etre de bonne humeur et meme de très bonne humeur
avant de lire Andreiev...

Et ça ne suffit pas toujours !

A part l' uruguayen Horacio Quiroga et l' argentin Roberto Arlt peu de lectures ausi noires...
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MessageSujet: Re: Leonid Andreïev [Russie]   Leonid Andreïev [Russie] EmptySam 17 Jan 2009 - 22:53

bix229 a écrit:
Il vaut mieux etre de bonne humeur et meme de très bonne humeur
avant de lire Andreiev...

Et ça ne suffit pas toujours !

A part l' uruguayen Horacio Quiroga et l' argentin Roberto Arlt peu de lectures ausi noires...

Je préfére le noir au rose....

Le plus important est le talent d'un écrivain, quels que soient les thèmes qu'il aborde, sa vision du monde; c'est la façon dont il transmute son univers intérieur pour en faire de la littérature. Et je trouve qu'Andreïev a un talent fou.
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MessageSujet: Re: Leonid Andreïev [Russie]   Leonid Andreïev [Russie] EmptyDim 18 Jan 2009 - 8:38

ça m'a l'air sombre tout ce qu'il faut. Je vais le noter.

Un extrait sous le coude peut-être ?
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MessageSujet: Re: Leonid Andreïev [Russie]   Leonid Andreïev [Russie] EmptyDim 18 Jan 2009 - 8:58

Queenie a écrit:
ça m'a l'air sombre tout ce qu'il faut. Je vais le noter.

Un extrait sous le coude peut-être ?

Désolée Queenie, je ne l'ai plus, mais je compte acheter le volume 2 des nouvelles, et là je penserai à toi dentsblanches
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MessageSujet: Re: Leonid Andreïev [Russie]   Leonid Andreïev [Russie] EmptyDim 18 Jan 2009 - 21:29

Je n'ai guère lu que Dies Irae (Editions du Rocher). 45 pages.
Un homme est en prison (sans doute un activiste révolutionnaire, mais contre qui ?), il ne parvient pas à s'échapper... ses compagnons sont fusillés... puis la porte s'ouvre, c'est l'apocalypse, ou tout comme, la guerre, la ville ravagée...

Citation :
"Maintenant, ils l'ont fusillé, il est mort, mais un jour, lors de la résurrection des morts, tu entendras son discours et tu pleureras, si tes larmes ne sont pas épuisées, ô homme.
Il dit :
- Je prends le bien d'autrui parce que je n'en ai pas à moi. J'ai retiré ses vêtements à un mort pour habiller mon corps en vie, mais vous l'avez vu et vous m'avez de nouveau déshabillé ; et me voilà nu devant vos fusils. Tirez, soldats !" (pages 32-33).
Citation :
"De gros moines s'enfuyaient. Devant qui fuyaient-ils ? Derrière eux sur la route, il n'y avait rien ; les ruines se chauffaient doucement au soleil et le feu rentrait sous terre, fumait de lassitude." (pages 38-39)

Très curieux mélange de religion, de révolution, de symbolisme, de folie...
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MessageSujet: Re: Leonid Andreïev [Russie]   Leonid Andreïev [Russie] EmptyDim 18 Jan 2009 - 22:07

Cela m'intéresse ce que tu dis, parce que dans le volume de nouvelles que j'ai lu, les textes étaient trés réalistes, avec des descriptions de la vie quotidienne, alors que Dies Irae semble appartenir à un registre très différent. J'ai de toute façon l'intention de continuer à lire ses nouvelles (il y en a cinq volumes) et je verrai bien s'il y a une évolution dans le temps.
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MessageSujet: Re: Leonid Andreïev [Russie]   Leonid Andreïev [Russie] EmptyMar 17 Fév 2009 - 16:41

Arabella a écrit:
Le gouffre et autres récits.



Ce volume est sensé être le premier d'une édition complète de nouvelles, j'espère que l'éditeur a poursuivi ce projet.
Le libraire dit cinq. trois premiers à lire absoluments et deux "étonnants", c'est le mot qu'il a utilisé il me semble. (j'ai maintenant le premier volume).
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MessageSujet: Re: Leonid Andreïev [Russie]   Leonid Andreïev [Russie] EmptyMar 17 Fév 2009 - 18:37

Oui Animal, j'ai vu qu'il y avait cing tomes et j'ai même acheté le deuxième, Dans le brouillard, la semaine dernière.
J'espère en tous les cas que tu vas apprécier ces nouvelles si sombres.
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MessageSujet: Re: Leonid Andreïev [Russie]   Leonid Andreïev [Russie] EmptyDim 8 Mar 2009 - 17:15

Leonid Andreïev [Russie] 24917f11
Le gouffre et autres récits

quatrième de couverture a écrit:
Mieux que quiconque, Andreïev a su incarner rente à la fin d'une époque, et prévoir l'avènement d'un temps barbare.
Profondément marqué par Schopenhauer, Dostoïevski et Nietzsche, Andreïev est hanté par des thèmes récurrents : l'oppression des villes, l'absurdité d'un monde sans Dieu, la folie, le désespoir, la solitude de l'homme confronté au néant, au gouffre de ténèbres qui le guette de l'intérieur et le menace, alentour. Constat lucide où la précision du trait n'exclut pas le regard poétique et même tendre qu'il pose sur ses personnages et leur environnement dans une nature dépeinte avec sensualité. Andreïev connaît l'âme, ses idéaux et ses entraves et s'il s'inspire, dans ses premiers récits, d'expériences vécues, ses personnages et leur vie quotidienne intéressent tout autant qu'ils percutent par une sorte d'exotisme de proximité.
Si Léonid Andreïev n'est pas un inconnu pour le public français – certains de ses récits comme La Pensée, Le Mensonge, Le Rire rouge ou Le Gouverneur, ont pu être redécouverts récemment grâce à quelques éditeurs, après la longue période d'oubli – la publication, par ordre chronologique de la totalité de ses récits dans une nouvelle traduction n'ont d'autre finalité que de montrer l'incroyable constance d'un auteur dont chaque histoire renouvelle le sentiment qu'on vient de trouver la meilleure.

Lekhan avait présenté l'objet et l'auteur et arabella donné une belle et juste idée du contenu (c'est son commentaire qui a fait tilt dans ma pauvre tête).

je vais rester dans la veine de ce qui m'était venu sur le fil des lectures de février :

commencé hier, extraordinaire. émerveillement sur les premières nouvelles... à l'impression juste comme ça de début de lecture, dans la joie de lecture, malgré la différence de genre... je le range avec... les mille et une nuits, des morceaux de Buzzati... les pages qui ne se discutent pas. bonheur singe !!!!

ça a marché pour deux petites semaines. Des nouvelles courtes et souvent réalistes qui s'attardent sur des personnages de conditions et d'âges divers... quelques détours par les animaux et quelques nouvelles plus imaginaires ou fantastiques, sombres, marquantes... il y a une constante essentielle :

Le plaisir de lecture. Dans sa nuance lecture de nouvelle. C'est du bonheur. Dès les premières lignes c'est votre monde qui s'efface pour faire place à celui de la nouvelle que vous commencez, sans forcé, simplement... par quelques phrases aussi belles qu'efficaces vous êtes plongés dans un autre monde triste et beau. A chaque fois que j'ai ouvert ce livre la même chose. Et la dynamique de la nouvelle, les incontournables variations qui se doivent de l'habiter, les petites évolutions ou changements de tons, l'approche d'un dénouement... tout ça se fait avec une facilité et une maîtrise stupéfiante. C'est extrêmement bon, parfois surprenant (Le mur) très souvent (c'est dingue, presque injuste) dans le chef d'oeuvre (de temps en temps on peut le dire) : Sur la rivière, Le petit ange...

Quelques échos entre les nouvelles, de lieux ou de personnage. Beaucoup de souffrance... c'est vrai qu'il vaut mieux être du côté ensoleillé de son moral pour certaines pages, mais qu'est ce que c'est beau et qu'est ce que c'est bon. Deux semaines de bonheur de lecture certain, naturel, de découverte, de "perméabilité" sans question.

eXPie a écrit:
Très curieux mélange de religion, de révolution, de symbolisme, de folie...
un petit (avant) goût de ça... qui me rend curieux de le voir verser plus là dedans !


extraits (déjà postés ailleurs en attendant un autre) :

Citation :
Battant lourdement de ses ailes lasses, un choucas volait au dessus d'une plaine sans fin couverte de neige.
En haut se déployait un ciel d'une pâleur verdâtre qui, d'un côté, se confondait avec la terre dans une brume grise ; de l'autre côté, là où le soleil venait juste de disparaître, se mouraient les derniers feux du crépuscule, et le choucas pouvait encore apercevoir le globe mat et pourpre du soleil déclinant, alors qu'en bas, on voyait déjà s'épaissir les ténèbres d'une longue nuit d'hiver. A perte de vue, c'était la plaine grise, figée par un froid glacial, mordant. Le silence immobile de l'air vif était légèrement troublé par les vagues glacées soulevées par les battement d'ailes fatigués qui emportaient le choucas vers une forêt qu'il était seul à voir, et où il avait décidé de passer la nuit. Les étoiles brillaient déjà, et les ténèbres nocturnes enveloppaient d'un froid linceul la terre gelée, quand le choucas atteignit le bois touffu qui formait une vague tache noire sur la blancheur de la plaine. On entendait les arbres craquer de froid en déployant leurs branches chargées d'une neige fine et poudreuse. Des brindilles grinçèrent sous la patte prudente d'une bête des bois partant en chasse. Du lointain obscur montaient les sons plaintifs et terribles d'un hurlement de loup, sans fin, sauvage. Le choucas vira brusquement, changea de cap et, rassemblant ses dernières forces, se dirigea vers l'endroit où, il le devinait, passait une route.

Citation :
Le père et le fils ne se voyaient pas ; leurs coeurs à vifs souffraient, pleuraient et se réjouissaient de façon différente, mais il y avait dans leur émotion quelque chose qui les réunissait et faisait disparaître le gouffre sans fond qui sépare les hommes les uns des autres et les rend si seuls, si malheureux et si démunis.
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MessageSujet: Re: Leonid Andreïev [Russie]   Leonid Andreïev [Russie] EmptyDim 26 Avr 2009 - 20:11

Leonid Andreïev [Russie] Dansle10
Dans le brouillard et autres récits

quatrième de couverture a écrit:
Ce deuxième tome de l’œuvre en prose de Léonid Andreïev ne risque pas de décevoir les lecteurs qui ont été sensibles au charme souvent ténébreux du premier, Le Gouffre : outre de courtes nouvelles remplies d’humour, de sensibilité et de tendresse, il contient quelques-uns des plus grands textes de l’écrivain, écrits en 1902 et 1905.
Au fur et à mesure que sa renommée grandit, Andreïev prend de l’assurance : certains de ses récits s’allongent jusqu’à devenir de petits romans, et il y aborde de façon plus profonde et plus fouillée les thèmes qui l’obsèdent : celui de la folie – le dérèglement de la raison dans La Pensée, ou de la foi dans La Vie de Vassili Fiveïski, la vie quotidienne à la fois tragique et cocasse d’un asile de fous dans Les Fantômes – ; le thème de la sexualité, avec Dans le brouillard ; celui de la guerre dans Le Rire rouge, rempli des échos de la guerre russo-japonaise et de ceux, prémonitoires, de la guerre de 14. Et enfin, dans Le Gouverneur et Ce qui fut sera, le thème du terrorisme et de la révolution, qu’il traite avec une sensibilité " politiquement ambiguë ", qui lui vaut bien des critiques, mais témoigne d’une vision elle aussi prémonitoire.
Si les textes d’Andreïev sont si poignants, c’est peut-être parce que, à l’instar de l’un de ses héros, " il avait appelé à lui la détresse des hommes, et la détresse était venue à lui. Son âme flambait comme un autel sacrificiel, chaque homme qui s’approchait, il avait envie de le serrer dans ses bras et de lui dire : "Mon pauvre ami, viens, luttons ensemble, pleurons et cherchons ensemble. Car l’homme ne reçoit aucune aide de nulle part."
Sophie Benech

avec les nouvelles :
- La pensée.
- Un homme original
- Un vol se prépare
- Dans le brouillard
- Les promesses du printemps
- Dans une gare
- La vie de Vassili Fiveïski
- Ben Tovit
- Il n'y a pas de pardon
- Le voleur
- Le rire rouge
- Les fantômes
- Le gouverneur
- La Marseillaise
- Ce qui fut - sera

qui vont de quelques pages à, le plus souvent, quelques dizaines.

Une lecture un peu différente du premier volume, les textes sont plus longs et affichent moins le jeu de la nouvelle (articulation, rebondissements, chute)... et la tonalité est peut être d'emblée plus grave.

La qualité de l'écriture et du propos captivent et intriguent d'autant plus vite le lecteur convaincu d'avance par la lecture du gouffre. Risquons "le temps de se mettre dedans" ou atteindre La vie Vassili Fiveïski avant de passer du très bon à l'incontournable, à la lecture qui devient "constitutive".

recitons eXPie :
Citation :
Très curieux mélange de religion, de révolution, de symbolisme, de folie...

ça ressemble à une longue et minutieuse étude de la conscience menée et exprimée avec un grand sérieux. Conscience, conviction, religion (ou foi), morale... mort très présente et sous diverses manifestations. ça ne rigole pas beaucoup mais c'est terriblement beau. On oscille dans beaucoup de ces textes entre le réel et la folie, et cette incertitude entre les deux de "nous mêmes", on baigne dans un univers grave, puissant dont le fantastique parfois appuyé ne rend que plus présent. Ne pas être traumatisé et captivé par l'horreur du Rire rouge ça relève je crois du défi.

Au fil des pages on accepte de se laisser guider par une impression de compassion et de grande générosité, au sens où le texte, chaque texte, ressemble à (se lit naturellement comme) un don complet de l'auteur autour de son sujet, la dérive vers la folie, l'acceptation de la mort... conserver, trouver sa conscience... Le Gouverneur est une pure merveille.

Incroyable lecture, encore, à l'atmosphère entêtante et persistante. J'ai un faible pour son irréel qui mêle l'affectif et le sentiment aux plus essentielles des réflexions.

Suivant les goûts et en étant de très mauvais poil et horriblement exigeant, on doit pouvoir se trouver une moitié de chefs d'oeuvres qu'on se sent obligé d'avoir lus.

(va falloir trouver de l'extrait maintenant... )
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MessageSujet: Re: Leonid Andreïev [Russie]   Leonid Andreïev [Russie] EmptyDim 26 Avr 2009 - 21:35

Il est dans ma PAL, ton commentaire me donne envie de m'y plonger très vite, si Andreiev est sur le portail le mois prochain, je saute le pas, c'est sûr dentsblanches
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MessageSujet: Re: Leonid Andreïev [Russie]   Leonid Andreïev [Russie] EmptyLun 27 Avr 2009 - 21:50

Il réalise une terrible plongée dans la solitude ou l'isolement avec ses personnages dans leur pensées, qui suivent leur chemin propre. Et aussi folles que puissent devenir ces pensées ça ne perd pas en sens, au contraire.

j'ai un peu honte pour l'extrait qui ne rend pas compte de la multiplicité des sujets du recueil et qui est trop court pour rendre compte du ryhtme auquel le texte se dévoile. Sans compter que c'est un passage parmi d'autres, plein de sens sans être une "envolée", surtout pour cette nouvelle. Lisez la chose pour en savoir plus ou pour rendre justice à l'auteur ?

Citation :
Quand le père Vassili se releva, il faisait déjà jour, et un rayon de soleil, immense et rouge, déposait une tache claire sur les vêtements pétrifiés de la morte. Cela le surprit, car la dernière chose dont il se souvenait, c'était la fenêtre sombre, et les papillons voletant autour de la flamme. Plusieurs d'entre eux, calcinés, gisaient en petits tas sombres autour de la lampe qui brûlait encore d'une lueur jaune presque invisible ; l'un deux, gris et velu, avec une grosse tête monstrueuse, était encore vivant, mais il n'avait pas la force de s'envoler et se trainait lamentablement sur le verre. Il devait souffrir, il cherchait à présent la nuit et les ténèbres, mais une lumière implacable ruisselait sur lui de toutes parts, brûlant son petit corps difforme créé pour les ténèbres. Il agitait désespérément ses courtes ailes calcinées, mais n'arrivait pas à s'envoler et, tombant sur le côté, se trainant avec des mouvements gauches et anguleux, il reprenait sa quête.
Le père Vassili éteignit la lampe, jeta par la fenêtre le papillon palpitant et, ragaillardi, comme après un sommeil réparateur, rempli d'une sensation de force, de nouveauté, et d'une sérénité extraordinaire, sortit dans le jardin du diacre. Là, il marcha longtemps sur l'allée rectiligne, les mains dans le dos, heurtant de la tête les branches basses des pommiers et des merisiers ; il marchait et il réfléchissait. A un tournant, le soleil, qui commençait à réchauffer sa tête à travers le feuillage des arbres, l'inonda d'un flot brûlant et l'aveugla ; des pommes rongées par les vers tombaient avec un bruit mat et, sous les merisiers, une poule suivie d'une douzaine de poussins jaunes et duveteux fouillait la terre sèche et friable en caquetant, mais il ne remarquait ni le soleil ni les pommes, il pensait. Et ses pensées étaient merveilleuses, elles étaient radieuses et pures comme l'air de ce matin clair, et c'était des pensées nouvelles : jamais encore de telles pensées n'avaient traverseré son esprit assombri par des réflexions désolantes et pénibles. Il pensait que là où il voyait autrefois le chaos et une absurdité cruelle, une main puissante avait tracé un chemin droit et sûr. A travers le creuset des malheurs, en l'arrachant de force à son foyer, à sa famille et aux vains soucis de la vie, cette main puissante le poussait vers un grand exploit, vers un grand sacrifice. Si Dieu avait fait de sa vie un désert, c'était uniquement pour qu'il ne s'égare pas sur de vieux sentiers battus, sur des chemins sinueux et trompeurs, comme le font les autres hommes, et pour que, dans ce vaste espace sans limite, il cherche une voie nouvelle et audacieuse. La colonne de fumée et de feu de la veille, n'était-ce pas celle-làmême qui avait montré la voie aux Hébreux dans le désert sans route ? Il se disait : "Seigneur, mes faibles forces suffiront-elles ?", mais la réponse était une flamme qui illuminait son âme comme un nouveau soleil.
Il était un élu.
Il avait été choisi pour un exploit inconnu, pour un sacrifice inconnu, lui, Vassili Fiveïski, l'homme qui avait proféré des plaintes blasphèmes et folles contre son destin. Il était un élu. La terre pouvait s'ouvrir sous ses pas, et l'enfer darder sur lui ses yeux rouges et démoniaques, il ne le croirait pas ! Il était un élu. Et la terre ne restait-elle pas ferme sous ses pieds ?

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