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 Marcel Proust

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Harelde
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MessageSujet: Re: Marcel Proust   proust - Marcel Proust - Page 17 EmptyVen 27 Sep 2013 - 8:31

jack-hubert bukowski a écrit:
Il faut une disponibilité particulière pour lire les livres qu'on se destine à lire. Dans le cas de Proust, franchement, il constitue une telle référence qu'il est difficile de passer à côté. Mais j'ai une question pour vous... Entre Joyce, Proust et Céline parmi les grands innovateurs de cette époque, vous choisissez qui pour aborder son oeuvre en premier?
Facile : Proust ! dentsblanches 
(vu que je ne supporte pas Céline et que je ne me suis pas encore vraiment frotté à Joyce sauf à lire Ceux de Dublin)
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MessageSujet: Re: Marcel Proust   proust - Marcel Proust - Page 17 EmptyVen 27 Sep 2013 - 10:47

Je suis incapable de lire de la philo. (je n'y comprends rien !).
Bergson est-il un peu accessible ?

Pour la question que tu poses JHB, le trio Joyce, Proust, Céline, qui donne véritablement le tournis, je ne sais pas quoi répondre. J'ai lu Joyce trop jeune, donc rien compris. Il faut que je m'y remette. Je trouve Céline d'un abord difficile aussi mais c'est moins introspectif, donc à recommander en premier ?

Proust, en dernier, car quand même, c'est le nec plus ultra.

Le grand luxe.

De mémoire, Joyce n'atteint pas sa poésie.


Mais attendons d'autres avis bien plus éclairés.
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MessageSujet: Re: Marcel Proust   proust - Marcel Proust - Page 17 EmptyVen 27 Sep 2013 - 10:57

Tina a écrit:
Il faut que je m'y remette. Je trouve Céline d'un abord difficile aussi mais c'est moins introspectif, donc à recommander en premier ?

Proust, en dernier, car quand même, c'est le nec plus ultra.
Je me permets d'intervenir sur ton affirmation, Tina. Les derniers finissent les premiers et les premiers les derniers. Comme tu as lu Proust et qu'il a influencé Céline dans son écriture, tu es en bonne route. Oui, Céline est difficile mais il semblerait que la référence à Proust le taraude durement. Il s'en moque volontiers. Il faut tout de même apprécier le style célinien.

Continuez à émettre vos avis, c'est toujours aussi intéressant, sinon plus... Very Happy 
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MessageSujet: Re: Marcel Proust   proust - Marcel Proust - Page 17 EmptyVen 27 Sep 2013 - 11:42

tina a écrit:
Je suis incapable de lire de la philo. (je n'y comprends rien !).
Bergson est-il un peu accessible ?
Oui c'est quand même plus simple qu'Husserl par exemple, et puis si t'as un souci on est là Wink

je ne savais pas du tout Marko je suis conforté par ce que je pensais merci.
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MessageSujet: Re: Marcel Proust   proust - Marcel Proust - Page 17 EmptyMar 1 Oct 2013 - 14:21

Le côté de Guermantes

Un livre en deux parties :

Le côté de Guermantes I :

Dans ce troisième tome, le narrateur se rapprocha encore davantage du Saint Graal, de cette famille de Guermantes qu’il admirait de fort loin à Combray et dont il s’est approché à Balbec en faisant la connaissance de Madame de Villeparisis, de Monsieur de Charlus et de son ami Saint-Loup.

Le narrateur et ses parents ont déménagé pour s’installer dans un appartement qu’ils louent au sein de l’Hôtel de Guermantes. Ils sont désormais les proches voisins de Madame de Guermantes et de Madame de Villeparisis. Comme à son habitude, le narrateur eut du mal à s’accoutumer à ce déracinement. Tout comme la pauvre Françoise qui souffrit du fait que le quartier ne connut pas encore le prestige dont jouissaient ses maîtres (et le prestige dont elle tirait à servir de tels maîtres). Françoise s’étonnait que ses maîtres – avec leur fortune – ne se retiraient pas à Combray : son village lui manquait en effet cruellement et elle ne parvenait pas à comprendre qu’il n’en fut pas de même pour le narrateur et ses parents. Mais grâce à Jupien, un domestique de Madame de Guermantes qui vanta les mérites de la famille à tous ceux qui voulurent bien écouter, le nouveau logement trouva finalement gré à la vieille femme.

A l’opéra, où le narrateur retourna après sa première déconvenue, la Berma interpréta de nouveau Phèdre. Et cette fois, le narrateur fut enthousiaste. Car cette fois, il n’était pas venu avec des idées préconçues, ni une attente démesurée et sans rapport avec l’œuvre en question. Son plaisir fut vif et il reconnut enfin le talent de l’interprétation. A l’opéra, la duchesse de Guermantes occupait sa loge (sa baignoire). Sa présence fut vécue par tous comme un événement important tant l’aura de cette noble famille (et de cette noble dame) était importante. Et lorsque la duchesse l’apercevant le salua d’un petit signe de la main, la vénération que le narrateur vouait aux Guermantes se reporta entièrement sur les épaules de la duchesse. Dans les jours qui suivirent, il s’arrangea pour se trouver sur le parcours de la promenade de la duchesse pour revivre sans cesse cet instant et être de nouveau remarqué par elle. C’était un véritable amour qui venait de naître.

Pour s’échapper de cette nouvelle obsession (tout en cherchant à se rapprocher d’elle en rendant visite à son neveu), il partit à Doncières où Saint-Loup était toujours encaserné. Le narrateur y retrouva ses peurs, peur de la nuit, peur de la solitude, peur de la nouveauté. On retrouva aussi son caractère d’enfant gâté quand il dérangea Saint-Loup pour une vétille en espérant le voir arriver au pas de course pour le materner (ce que fait d’ailleurs Saint-Loup). Avec Saint-Loup et ses amis, il est évoqué et disséqué les grandes tactiques militaires, celles qu’on se proposait de réutiliser en cas de nouveau conflit (la perte de l’Alsace et de la Moselle en 1871 a été très mal vécue et la haine de l’Allemagne était encore très vive).

Puis l’affaire Dreyfus éclata (cette première partie s’étend de l’été 1897 à l’été 1898). Avec elle, c’est toute la France qui se divisa en deux camps. Le narrateur et Saint-Loup sont dreyfusards. Le père du narrateur, lui, est convaincu de la culpabilité du capitaine juif, tout comme l’immense majorité de la bourgeoisie et de la haute société. Et de la gente militaire. L’affaire passionna. On ne parlait plus que d’elle à tous les niveaux de la société. Partisans et antis s’affrontaient quotidiennement et violemment.

En permission à Paris pour le week-end, Saint-Loup présenta sa maîtresse au narrateur. Celle-ci était une actrice qui, pour arrondir ses fins de mois, officiait de façon occasionnelle comme prostituée dans la maison de passe que le narrateur fréquentait jadis (à l’insu de son riche amant, évidemment). Le narrateur la reconnut aussitôt. Le parallèle entre les couples Swan/Odette et Saint-Loup/Rachel saute aux yeux. Les relations entre les amants apparurent comme tendues, à couteaux tirés (je t’aime, moi non plus). Menaces de rupture incessantes alternaient avec des réconciliations éphémères et fragiles. Une relation de chien et chat. En sa compagnie, Saint-Loup montra un autre visage : celui d’un homme pétri de jalousie, suspicieux, emporté, fébrile, nerveux et occasionnellement violent.

A la fin de cette même journée, au salon de Madame de Villeparisis, le narrateur fut enfin présenté à Madame de Guermantes. A l’écouter parler, à l’entendre se déclarer très hostile à Dreyfus et par extension aux juifs (la montée de l’antisémitisme en France étaient alors très importante), critiquer ouvertement Saint-Loup au sujet de sa passion pour un cocotte et à dénigrer Maeterlinck, la duchesse perdit de son aura auprès du narrateur qui se trouva bien bon de faire tant de kilomètres pour le plaisir de croiser une femme aussi hautaine, aussi glaciale au cours d’une de ses promenades quotidiennes. Au cours de cette visite qu’il fit à l’amie de sa grand-mère, il prit conscience de la grande hétérogénéité des personnes reçues. Il rencontra en effet son ami Bloch (juif), Monsieur de Norpois, le jeune baron de Guermantes, le jeune comte d’Argencourt, Monsieur de Guermantes, Madame de Marsantes (la mère de Saint Loup), l’obséquieux Legrandin, Madame Swann (à l’entrée de laquelle Madame de Guermantes s’éclipsa discrètement pour ne pas la rencontrer), Monsieur de Charlus (frère du duc de Guermantes et de Madame de Marsantes) et Saint-Loup. Un salon souvent jugé de troisième ordre et boudé par la plus haute société (hormis les Guermantes pour lesquels cette réunion n’était pas mondaine mais familiale).

En sortant, le narrateur est abordé par Monsieur de Charlus qui désirait ardemment lui parler. Celui-ci lui proposa de s’occuper de son avenir et lui servir de guide à la condition qu’il vint le voir chaque jour et qu’il renonça – pour le moment du moins – à sortir dans le monde.

La grand-mère du narrateur, alitée, fut contrainte de sortir s’aérée par son médecin qui affirmait qu’elle n’était pas malade. Dès sa première sortie, elle fit une attaque alors qu’elle se promenait dans Paris en compagnie de son petit-fils. Marcel Proust désirait-il tourner l’ordre des médecins en ridicule et les faire passer pour des charlatans ?


Le côté de Guermantes II :

Chapitre I :

Après un pénible déclin au cours duquel elle resta alitée, la grand-mère mourut. De nombreuses personnes rendirent visite au narrateur et à ses parents, par devoir et obligation, par politesse ou par amitié. Le duc de Guermantes, puis des parents de la grand-mère qu’on ne connaissait pas, comme cet ecclésiastique de ses cousins. Maman fut très affectée de l’agonie puis de la disparition de sa mère.

Une agonie certifiée par le professeur Delafoy (spécialiste qui n’a pas son pareil pour constater les agonies) et rythmée par les visites de Cottard (le médecin) et de Bergotte, lui-même très malade.

Avec sa grand-mère, c’est son enfance que le narrateur à perdu.

Chapitre II :

Il reçoit une lettre de Madame de Stermaria – jeune fille qu’il rencontra accompagnée de son père à l’hôtel de Balbec et dont la grâce l’avait fortement impressionné. La vicomtesse, mariée et récemment divorcée est de passage à Paris. Prévenu par Saint Loup, le narrateur s’est empressé de l’inviter à dîner. Dîner que la jeune femme vient d’accepter.

Il se félicite de cette chance quand Albertine reparait, vient le voir chez lui et se laisse embrasser : dans la chambre du narrateur, elle allongée, lui assis, jouant ainsi la scène inverse de Balbec. Elle aimerait même un peu plus qu’un chaste baiser.

Retardé par ce baiser, le narrateur arrive à la fin du spectacle auquel il était convié chez Madame de Villeparisis. Dans le salon, il rencontre Madame de Guermantes pour laquelle il n’éprouve plus que de l’indifférence et qu’il a cessé de guetter le long de sa promenade matinale. La Haute Société (les majuscules sont intentionnelles), sûre d’être convoitée avec ardeur, s’émeut qu’on ne recherche pas leur compagnie. Ce détachement leur apparaît alors comme une qualité exceptionnelle qui les attire invariablement : le narrateur (maintenant qu’il s’en moque) est invité à dîner chez la duchesse.

Mais le narrateur n’a pas la tête à tous ces événements. La perspective du dîner en tête à tête avec Mademoiselle de Stermaria l’occupe à chaque instant : il compte les secondes. C’est dire si sa déception est immense lorsqu’il reçoit un courrier de cette dernière annulant le rendez-vous. Mademoiselle a un empêchement dont la nature n’est pas précisée dans la lettre. Le narrateur – aussi bien que le lecteur – s’en doute néanmoins, car quelques temps plus tard, on annonce le mariage de la jeune femme avec un quidam lambda. Alors que le moral du narrateur n’est pas au beau fixe, Saint Loup débarque à l’improviste chez lui et l’emmène dîner dans un restaurant parisien. C’est la fin d’une brouille qui avait séparé les deux amis – brouille qui avait pour origine la séparation du couple Rachel/Saint-Loup : Saint-Loup soupçonnait son ami d’avoir ardemment œuvré auprès du clan Guermantes pour provoquer cette rupture. Maintenant que Saint-Loup n’était plus amoureux, l’implication (réelle ou supposée) du narrateur n’avait plus aucune importance.

Au cours de ce repas, Saint-Loup communique deux informations d’importance à son ami. Communications de la part de son oncle, Monsieur de Charlus : d’abord de ne pas se rendre le lendemain à l’invitation de la duchesse de Guermantes, puis qu’il tenait à le voir chez lui (toujours le lendemain) à onze heures du soir.

Désobéissance du narrateur qui se rend tout de même au dîner comme prévu. Après avoir passé un temps infini à admirer les toiles d’Elstir en possession du couple ducal, il entre dans le salon où tous les invités l’on attendu (on a retardé pour lui le repas de 45 minutes). Il est présenté à la Princesse de Parme ainsi qu’à tous les autres convives. S’en suit une réception mondaine avec des invités triés sur le volet (le salon de Madame de Guermantes est réputé difficile d’accès). Madame de Guermantes continue de baisser dans l’estime du narrateur ; notamment lorsqu’elle refuse ouvertement d’aider son neveu Saint-Loup qui (par l’intermédiaire de la Princesse de Parme) sollicitait son intervention auprès du général de Saint-Joseph pour que celui-ci modifie son affectation : Saint-Loup est en poste au Maroc, position dangereuse d’où il aimerait s’éloigner.

Après cette réception, le narrateur se rend chez le baron de Charlus (surnommé « Mémé » par sa famille et « Taquin le Superbe » par Orianne de Guermantes). Après avoir fait le pied de grue durant près d’une demi-heure, il est introduit nuitamment auprès du baron qui le reçoit violemment. Il lui est reproché de n’être jamais venu le voir, de se rendre dans le monde et surtout de ne jamais avoir donné de suite à la proposition qu’il lui avait faite. Pour qui se prenait-il ? Et à qui croyait-il avoir à faire ? Le narrateur s’emporte à son tour, ruine le couvre-chef de Monsieur de Charlus et sort. Contre toute attente, l’homme le rattrape et s’adoucit. Avant de renvoyer le narrateur chez lui en lui assurant que leur relation naissante était dorénavant terminée, Il lui parle en termes élogieux de la Princesse de Guermantes, cousine de la duchesse et – d’après lui – autrement plus intéressante.

Quelle ne fut donc pas la surprise du narrateur quand, deux mois plus tard, il reçoit une lettre de cette même princesse qui l’invite à dîner. Il croit à une mauvaise plaisanterie et cherche à savoir si l’invitation est réelle ou non. Désireux de vérifier la validité de l’invitation, il guette le retour du duc et de la duchesse de Guermantes et assiste à une scène dont il préfère retarder la narration. Dans ce hall de l’hôtel Guermantes où il se tient en compagnie du duc, le narrateur voit arriver Charles Swann qui a très mauvaise mine : vieilli, fatigué et malade – et bien qu’il n’en laisse rien paraître –, il ne le reconnaît pas immédiatement lorsqu’il le salue.

Un troisième tome que j’ai abordé non sans quelques inquiétudes tant j’avais lu qu’il était, de toute la Recherche, le volume le plus épais, celui qui comportait le plus de longueurs. Et pas le plus aisé à lire. On me le présentait comme un Cap Horn de tous les dangers que le lecteur devait faire l’effort de doubler pour revenir à des eaux plus faciles à naviguer.

Il est clair qu’il contient un passage durant lequel j’ai réellement souffert (le dîner mondain dans le salon de Madame de Guermantes que j’ai vécu comme un interminable papotage de 150 pages dont je n’ai pas retenu grand-chose. Pour le reste, la tempête s’est révélée moins virulente que prévue. Je suis même fréquemment été happé par le texte, par l’atmosphère « Belle Epoque » merveilleusement campée par Proust.

Le rythme est maintenant pris !
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MessageSujet: Re: Marcel Proust   proust - Marcel Proust - Page 17 EmptyMar 1 Oct 2013 - 16:54

Harelde a écrit:
Il est clair qu’il contient un passage durant lequel j’ai réellement souffert (le dîner mondain dans le salon de Madame de Guermantes que j’ai vécu comme un interminable papotage de 150 pages dont je n’ai pas retenu grand-chose.
C'est vrai qu'il y a un passage très long que j'ai d'ailleurs un peu lu en diagonale même s'il y a de très bonnes choses.
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MessageSujet: Re: Marcel Proust   proust - Marcel Proust - Page 17 EmptyMar 1 Oct 2013 - 21:33

Bon, puisque vous avouez, j'avoue aussi.

Les 100 premières pages d'"Albertine disparue" m'ont, comment dire ça élégamment, un peu ennuyée. Mais vers les pages 160/170/180, waow !, on retrouve la grandeur du génie, le coeur de la problématique proustienne, le souvenir, l'habitude, l'oubli, le puzzle à reconstruire, etc. Et tout se recoupe. C'est GENIAL. Que dis-je ! Magistral, majestueux, totalement maîtrisé !
Je n'arrivais plus à arrêter ma lecture cet après-midi. Et puis, on s'approche des secrets de cette terrible Albertine... Une figure ambigüe. Ca vaut le détour, car je ne sais pas vous, mais moi je continue à douter sur ses "préférences" saphiques. Proust dit tout et suggère son contraire. Idem avec Andrée et ses personnages. Tout est troublant, à double sens, crypté, c'est hallucinant.

Quant à La prisonnière, c'est pour l'instant celui que j'ai moins aimé. (Quand même un peu toqué ce narrateur jaloux).

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MessageSujet: Re: Marcel Proust   proust - Marcel Proust - Page 17 EmptyDim 6 Oct 2013 - 23:18

Dans un numéro du Nouvel Obs datant de Juillet, il y a un article intitulé : "Ils sont fous ces Proustiens !", sachez donc que vous êtes fous. dentsblanches 

Je ne connaissais pas cette dévotion Proustienne et pensais naïvement que vous étiez des cas à part mais visiblement, vous êtes légion. D'où vient ce phénomène ? L'article ne répond pas vraiment à la question. Quoi qu'il en soit, tout ça donne envie de faire remonter Du Côté de chez Swann en haut de la PAL.
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MessageSujet: Re: Marcel Proust   proust - Marcel Proust - Page 17 EmptyDim 6 Oct 2013 - 23:45

Heyoka a écrit:
D'où vient ce phénomène ?
Cette oeuvre est géniale tout simplement. Elle envoûte et c'est une vraie drogue.
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MessageSujet: Re: Marcel Proust   proust - Marcel Proust - Page 17 EmptyLun 7 Oct 2013 - 6:37

J'imagine que c'est la vision de l'écriture, et le fait que c'est philosophique comme univers un peu. Je ne peux pas parler en proustien patenté, mais je vais m'y atteler «down the road». Pas avant un bout de temps par exemple... :)
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MessageSujet: Re: Marcel Proust   proust - Marcel Proust - Page 17 EmptyLun 7 Oct 2013 - 17:01

Albertine disparue

Pour l’instant, et pour moi, c’est le livre le plus spectaculaire de la série. L’heure de la vérité approche, le dénouement se prépare et l’auteur dit qui il est : pas seulement un styliste hors pair, ou un original, mais bien un démiurge, un créateur, un inventeur de mondes. C’est titanesque.

Proust réunit ici tous les motifs qui ont animé la Recherche depuis le début, pour leur insuffler encore autre chose de nouveau et pourtant de très familier pour nous, ahuris devant tant de talent.

On retrouve tous les personnages de la fresque : de Bergotte à Morel, en passant par Gilberte ou Saint Loup, la grand-mère, la mère ... Mais aussi des instantanés bien connus, comme Mme de Guermantes dans sa baignoire à l’opéra.
Egalement les lieux : Combray par exemple, mis en parallèle avec Venise, sur les mêmes toiles de fond qu’avant : la chambre d’hôtel, l’église, la mer, etc…

Tant de symboles phares pour cette conscience en évolution, celle du Narrateur, qui, après s’être exploré lui-même (dans « La prisonnière ») explore les autres et conclut à l’ambivalence de tout être. On apprendra que Gilberte ou Saint Loup vivent aussi dans le mensonge, déguisant leurs vrais goûts sexuels.

L’homosexualité est une obsession chez Proust, et appelle deux remarques.

Je crois qu’au-delà d’elle, il faut y voir le thème antique de l’hermaphrodisme, avec l’origine mythologique qu’on lui prête. Les êtres chez Proust sont désunis, ils ont perdu leur unité primordiale et je pense qu’une vision trop charnelle de toute la démonstration ferait passer à côté de l’universalité exprimée par l’auteur. A côté d’une grande souffrance enrobée toutefois de langueur.

Ensuite, il y a le binôme vice/vertu. Ce livre est tout en duplicité. Tout a deux faces (comme la bisexualité ambiante) et ouvre la voie à la grandeur aussi bien qu’à la déchéance. On sent que l’auteur s’est attelé au mystère de l’âme humaine, n’y trouvant que sentiers bourbeux et autres marécages impraticables.

Qui ne se reconnaît pas ? Qui jugera de cette espèce fragile et boiteuse qu’est l’homme ?

Enfin, ici, on aborde l’écrit car le Narrateur publie dans Le Figaro. On retrouve d’ailleurs la thématique des mots (passage généalogique encore) et rappel de leur pouvoir occulte d’évocation.

L’Ecrivain va bientôt entrer en scène…
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MessageSujet: Re: Marcel Proust   proust - Marcel Proust - Page 17 EmptyLun 7 Oct 2013 - 18:49

@Tina : avec de tels commentaires, je souhaite que tu n'arrives jamais au bout de l'oeuvre de Proust dentsblanches 
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MessageSujet: Re: Marcel Proust   proust - Marcel Proust - Page 17 EmptyLun 7 Oct 2013 - 21:24

[quote="Heyoka"]
pensais naïvement que vous étiez des cas à part mais visiblement, [/quote]
Euh...:rire: 

"des cas à part" : c'est très drôle ! Plus je le lis, plus je me dis qu'il faut en effet être un peu maboul pour l'aimer !

Plus sérieusement, j'ai beaucoup réfléchi à cette "pregnance", que je ressens depuis le début.

Pour moi, c'est la musicalité de la langue.

Puis, les thèmes qui n'en ont pas l'air, mais sont universels. Je veux dire : Proust touche à l'universel quel que soit le sujet qu'il aborde, y compris en partant dans des directions apparemment frivoles (les salons, la mode...). Je ne suis sans doute pas très claire mais je ne sais pas dire mieux.

Un extrait, lu ce soir, quand le Narrateur évoque quelqu'un de son entourage : "ce n'était pas un figurant, c'était une Figure".

Voilà ! Il a résumé ce qu'il capte, sur tous les sujets abordés. Le suc ! Le coeur ! Le dénominateur commun de tout (d'une pensée, d'une situation, d'une psychologie, d'une époque, d'une oeuvre, etc...).

C'est ce qui explique qu'on adhère car on est tous concernés, y compris les hétéros qui ont de quoi méditer sur leur nature profonde et celle des autres.

J'aime bien écouter Enthoven, en ce moment, pour son bouquin. Il a dit : "Proust est un exhausteur du réel." Très vrai. .

Sacrée expérience !

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MessageSujet: Re: Marcel Proust   proust - Marcel Proust - Page 17 EmptyLun 7 Oct 2013 - 21:25

[quote="GrandGousierGuerin"]@Tina : avec de tels commentaires, je souhaite que tu n'arrives jamais au bout de l'oeuvre de Proust :dentsblanches: [/quote]
Merci GGG, mais figure-toi qu'à la fin du cycle, je continue avec Tadié !
Après l'oeuvre, j'attaque le bonhomme !


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MessageSujet: Re: Marcel Proust   proust - Marcel Proust - Page 17 EmptyLun 7 Oct 2013 - 22:16

tina a écrit:
Heyoka a écrit:
je pensais naïvement que vous étiez des cas à part mais visiblement
Euh... rire 

"des cas à part" : c'est très drôle ! Plus je le lis, plus je me dis qu'il faut en effet être un peu maboul pour l'aimer !
Laughing Merci pour ton explication mais je crois qu'il faut le lire pour comprendre votre langage.
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MessageSujet: Re: Marcel Proust   proust - Marcel Proust - Page 17 Empty

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