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| Marguerite Duras | |
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Auteur | Message |
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animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Marguerite Duras Jeu 16 Aoû 2012 - 19:53 | |
| - bix229 a écrit:
- Au fait, Des journées entières dans les arbres, c' est quoi, en dehors du film ?
Je l'ai lu celui là non ? ce n'est pas dans celui là que ça parle de choucroute ? | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Marguerite Duras Jeu 16 Aoû 2012 - 22:10 | |
| bix, La Douleur est un livre inoubliable, pour ce qu'il a de sale et de sublime, de torturé et d'attendu, de subversif et d'étonnant. Peut-être le livre d'une certaine maturité chez Duras (après l'épisode viet-namien qui prend la majeur partie de ces débuts littéraires), peut-être le livre le plus difficile à publier (et non pas à écrire) parce qu'il dit d'elle l'inadmissible et ne peut l'effacer. Ce livre m'a donné envie de lire Antelme et puis... je n'ai pas trouvé son livre sur l'espèce humaine... et le temps a passé mais La Douleur révèle cette impossibilité du couple quand existe soudain la pitié et non plus la compassion... quand on a passé des heures à attendre l'autre et que soudain surgit un mort, un squelette, ce que l'on voudrait oublier, les années de lutte, de peur, d'espoir réduit à un sac d'os. Sans compter toutes les compromissions pour le retour de l'autre (ce sac).
Dernière édition par shanidar le Jeu 16 Aoû 2012 - 22:37, édité 1 fois | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Marguerite Duras Jeu 16 Aoû 2012 - 22:27 | |
| j'ai donc eu la veine d'avoir la version sur planches et belle expérience mais je crois me souvenir que le texte n'échappe à ces morceaux politiques qui font un peu rajouté et qui me déroutent pas mal ou me font décrocher de ce qu'il y a de très accrocheur dans la sensualité de la langue.
(pour ça que j'ai beaucoup aimé Le Camion d'ailleurs, le mélange étant étonnamment homogène). | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Marguerite Duras Ven 17 Aoû 2012 - 0:37 | |
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Marguerite Duras Dim 26 Aoû 2012 - 11:17 | |
| La vie tranquilleCe deuxième roman, écrit entre 1942 et 1944, s’inscrit dans une période trouble pour M. Duras, déjà fort éprouvée par des deuils successifs mais qui connaît aussi à cette époque les aléas de l’amour et de la guerre. Un titre très paradoxal donc, qui ne s’inscrit ni dans la réalité ni dans le texte. Le roman s’ouvre d’ailleurs sur un meurtre qui a tout du conte mythologique, celui d’un homme par les mains d’un autre homme avec lequel il partage des liens de sang mais aussi l’amour charnel d’une femme, cause de sa perdition. Un châtiment brutal, animal, qui remonte à la nuit des temps. L’agonie longue et douloureuse d’un homme qui tarde à mourir : - Citation :
- Il me semblait avoir laissé un enfant ; je ne connaissais plus sa voix. Ses plaintes avaient grandi. Elles n’étaient plus criées, mais râlées, raclées du fond du ventre, dépouillées d’une dernière pudeur, à vif ; on croyait percevoir le froissement de l’air du plateau lorsqu’elles le traversaient. On en était gêné.
L’indifférence des membres de la famille qui attend patiemment qu’il trépasse enfin : - Citation :
- Nous l’avions attendu si longtemps ; j’en rêvais la nuit. Je rêvais qu’il était arrivé ce qui devait nous rendre libres.
[…] Qu’est-ce que c’était que la mort de Jérôme ? Jérôme qui criait là-haut, comme notre commencement de liberté, ce n’était pas beaucoup. Ce meurtre fait suite à la délation de Françou, qui révèle à son frère cadet Nicolas que sa femme Clémence couche tous les soirs avec leur oncle Jérôme. Il s’inscrit d’emblée dans la passion fraternelle : - Citation :
- Pour la première fois, je trouvais de la grandeur à mon frère Nicolas. Sa chaleur sortait en vapeur de son corps et je sentais l’odeur de sa sueur. Elle était la nouvelle odeur de Nicolas. Il ne regardait que Jérôme. Il ne me voyait pas. J’avais envie de le prendre dans mes bras, de connaître de plus près l’odeur de sa force. Moi seule pouvais l’aimer à ce moment-là, l’enlacer, embrasser sa bouche, lui dire : « Nicolas, mon petit frère, mon petit frère. ».
Un meurtre fondateur qui soude tous les autres membres d’une famille : « nous étions ensemble comme jamais. » Et puis il y a Tiène, cet homme étranger au clan mais qui s’installe dans la demeure : - Citation :
- Pourquoi est-il si désirable, si déroutant, tellement empli de silence que toute parole prononcée en sa présence est un mensonge ?
- Citation :
- De profil, il était si beau que ses traits semblaient s’arracher de vous dans la douleur.
La passion destructrice de son jeune frère Nicolas pour Luce : - Citation :
- Elle bondissait là, tout de suite, sans honte. Elle venait dans un élan si fougueux qu’elle forçait la honte, à peine née, à se terrer, honteuse d’elle-même. Elle voulait Nicolas sans attendre, tout frais encore du meurtre de Jérôme, tout maladroit de la liberté du départ de Clémence.
[…] Ce n’était plus le même frère. Je le gênais vaguement. Il ne savait plus que regarder, que dire, comment se servir de ses mains pour boire et manger. Une joie dangereuse l’étouffait ; elle giclait parfois de lui dans un mot, dans un rire, dans un geste qu’il n’avait pas su retenir. J’avais l’impression qu’il pouvait en mourir. […] Et c’est pourquoi, très loin, au-delà de ma joie, je me sentais un corps triste, sans frère.
D’un côté la passion et la révélation des sens, de l’autre un ennui incommensurable, une vision désespérée de la vie, une indifférence qui lorgne parfois du côté de L’étranger de Camus. Le thème du double, de l’inceste, de la passion amoureuse, de la fatalité, de l’argent qui manque mais aussi celui du deuil, du manque de confiance en soi, du manque de l’autre, la solitude et la nostalgie du temps qui passe. - Citation :
- Comment Tiène peut-il m’aimer ? Je me suis sentie âgée de cent ans, je suis née en des jours malheureux et je n’ai pas la force et je n’aurai jamais l’idée d’espérer quoi que ce soit pour moi seule.
- Citation :
- Comment Tiène peut-il me désirer de son visage que l’on hume comme un bois frais du matin ? Moi, qui suis laide, pourquoi veut-il me force à sourire ?
Une sourde mélancolie, un vide incommensurable, un creux sans fond : - Citation :
- Tout est déjà passé. Tout est déjà passé de l’autre côté, déversé dans le gouffre où les jours s’entassent lorsqu’ils ont été vidés, et la mort de Jérôme, et ma vie qui traîne le long des années et de mon âge sans y entrer jamais.
- Citation :
- (…) j’avais un corps resté tout jeune encore à travers d’épaisses et anciennes fatigues.
- Citation :
- Je n’étais personne, je n’avais ni nom ni visage. En traversant l’août, j’étais : rien. Mes pas ne faisaient aucun bruit, rien n’entendait que j’étais là, je ne dérangeais rien.
- Citation :
- Des journées, des journées entières, du soir au matin, combien il a fallu en user pour arriver à cette après-midi. On n’a rien à faire. On n’a rien sous la main. Que la mer toujours pareille. On croit toujours que c’est aujourd’hui qu’on est le plus seule. Mais ce n’est pas vrai, on l’est tous les jours davantage.
Puis la mort qui s’invite, comme à l’affût, toujours à guetter sa proie : - Citation :
- Elle aura le museau glacé des jeunes chats, une respiration brûlante. On se regardera enfin de tout près.
« La vie tranquille », deuxième roman dédicacé « à ma mère », est nettement meilleur que son premier roman « Les impudents », que ce soit dans l’élaboration des textes que la richesse et la complexité des thèmes abordés. Beaucoup d'extraits, mais nous sommes chez Duras, impossible de ne pas souligner des passages entiers. Une lecture très intéressante avant de commencer son prochain roman, à savoir Un barrage contre le Pacifique. Une relecture en ce qui me concerne. |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Marguerite Duras Dim 26 Aoû 2012 - 16:40 | |
| merci pour ton commentaire Sentinelle, comme je n'ai rien lu (encore) de cette auteure (eh oui !) tu m'y invites.
Tu as commencé par ordre chronologique ? | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Marguerite Duras Dim 26 Aoû 2012 - 17:18 | |
| J'ai cru comprendre que Sentinelle les lisait dans la récente édition de la Pléiade, donc chronologique.
J'en rêve de cette édition. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Marguerite Duras Dim 26 Aoû 2012 - 18:40 | |
| Tout à fait, j'ai fait l'acquisition des deux premiers volumes parus dans l'édition de la Pléiade et je les lis donc par ordre chronologique, quitte à relire ceux que j'ai déjà lus auparavant. Et c'est un régal |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Marguerite Duras Dim 26 Aoû 2012 - 18:49 | |
| J'en meure d'envie. Mais je me retiens pour l'instant. Je dois faire diminuer ma PAL avant de la mériter. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Marguerite Duras Dim 26 Aoû 2012 - 18:53 | |
| J'ai quant à moi profité des soldes de la Fnac |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Marguerite Duras Dim 26 Aoû 2012 - 19:04 | |
| En France, il n'y a pas vraiment de soldes sur les livres. Heureusement. | |
| | | odrey Sage de la littérature
Messages : 1958 Inscription le : 27/01/2009 Age : 46
| Sujet: Re: Marguerite Duras Dim 26 Aoû 2012 - 21:58 | |
| Tu me donnes envie de relire du Duras, Sentinelle. Je l'ai un peu oublié alors que je l'adorais adolescente. Par contre, La Pléiade est un peu (beaucoup) hors budget pour moi. Je me contenterai de la bibliothèque et des éditions de poches miteuses. | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Marguerite Duras Dim 26 Aoû 2012 - 22:01 | |
| Et au dcu sur Duras, Une masison, un écrivain, vous y pensez ? C' est tout de suite, et j' y vais. | |
| | | domreader Zen littéraire
Messages : 3409 Inscription le : 19/06/2007 Localisation : Ile de France
| Sujet: Re: Marguerite Duras Lun 27 Aoû 2012 - 8:33 | |
| - odrey a écrit:
- Tu me donnes envie de relire du Duras, Sentinelle. Je l'ai un peu oublié alors que je l'adorais adolescente. Par contre, La Pléiade est un peu (beaucoup) hors budget pour moi. Je me contenterai de la bibliothèque et des éditions de poches miteuses.
Oui moi aussi, senti me fait envie avec Duras et son édition; La Pléiade, c'est pratique parce que qu'on a tout sous la main, mais depuis déjà quelques années les petits caractères me font reculer. Sinon bonne idée qu'a eu la Pléiade d'éditer Duras. - bix229 a écrit:
- Et au dcu sur Duras, Une masison, un écrivain, vous y pensez ? C' est tout de suite, et j' y vais.
J'ai vu l'émission, c'était un plaisir d'écouter M. Duras et d'entendre quelques extraits, de relier les écrits à un lieu, mais c'était trop court !.... | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Marguerite Duras Lun 27 Aoû 2012 - 19:45 | |
| - domreader a écrit:
- odrey a écrit:
- Tu me donnes envie de relire du Duras, Sentinelle. Je l'ai un peu oublié alors que je l'adorais adolescente. Par contre, La Pléiade est un peu (beaucoup) hors budget pour moi. Je me contenterai de la bibliothèque et des éditions de poches miteuses.
Oui moi aussi, senti me fait envie avec Duras et son édition; La Pléiade, c'est pratique parce que qu'on a tout sous la main, mais depuis déjà quelques années les petits caractères me font reculer. Sinon bonne idée qu'a eu la Pléiade d'éditer Duras. Et puis, si tu as besoin d'un argument pour l'acheter, tu te dis que tu fais des économies, en fait (vu tous les roman/livres qu'ils regroupent, si tu les achètes à l'unité, je crois que tu en as pour plus cher), enfin si tu veux tout avoir d'elle. C'est quand même une idée "commerciale" qu'ils ont eue, et de plus en plus, à la Pléiade. Après Duras, Jules Verne, Simenon (ça a été un best-seller, Kundera, Nabokov... il va y avoir Francis Scott Fitzgerald (le 20 septembre), Stefan Zweig (2013). Ils sont sûrs de vendre plus que Le Ramayana ou les oeuvres complètes de Tacite ou encore le Somadeva... L'un n'empêche pas l'autre, j'espère... mais j'ai l'impression qu'il n'y a plus beaucoup de publications "anciennes" ou à la marge, des vraies découvertes : ils sortent en édition "luxe" des textes déjà disponibles par ailleurs, et je ne sais pas si l'appareil critique vaut vraiment le coup (je ne veux bien sûr pas cracher dans la soupe, hein, vous pouvez m'offrir autant de livres de la Pléiade que vous voulez ) Je me demande juste s'ils n'auraient pas peu fait le tour des textes anciens "de référence"... | |
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