Jean-Marc Ligny

Il publie sa première nouvelle en 1978 dans l'anthologie Futurs au présent de Philippe Curval. Temps blancs, son premier roman, paraît l'année suivante. Il s'agit d'une œuvre étrange, plutôt expérimentale, qui use d'une narration éclatée au service d'une ambiance plus que d'une intrigue.

Depuis, il a écrit près d'une quarantaine de romans, dont une dizaine pour la jeunesse.

Une de ses œuvres les plus surprenantes est Yurlunggur, qui intègre des concepts de la mythologie australienne, dont Yurlungur et le temps du rêve, pour former un roman fantastico-ethnique. Citons aussi La mort peut danser, hommage au groupe Dead Can Dance.

Jihad, qui décrit une France du futur proche aux mains d'un pouvoir fasciste, a reçu le prix Rosny aîné 1999. Les Oiseaux de lumière, space opera en collaboration avec Mandy, a obtenu le prix Tour Eiffel 2001.

Son roman Aqua™, paru en 2006, décrit la lutte d'un petit pays d'Afrique contre une multinationale pour la possession de la ressource la plus précieuse qui soit : l'eau potable, dans un contexte de réchauffement climatique global. Il a reçu le prix Bob-Morane 2007 du meilleur roman francophone, le prix Rosny aîné 2007, le prix Julia-Verlanger 2007 et le prix Une autre Terre 2007, remis au festival Imaginales d'Epinal pour le meilleur roman traitant d'écologie de l'année.

En 2012 sort Exodes, qui reprend le thème du réchauffement climatique en le poussant à son extrême, au point où le climat s'emballe et où la Terre devient une planète hostile à la vie. L'humanité est condamnée à court terme et elle le sait. Nous suivons les itinéraires de six personnages qui, chacun à sa manière, tentent de trouver une issue ou une raison de vivre. Mais il n'y a plus d'issue, ni de raison de vivre… Roman profondément noir, Exodes a été salué par la critique pour sa force d'évocation. Ce roman a reçu le prix Européens, aux Utopiales 2013.

source : wikipedia

Aqua™

Dérèglement climatique ; attaque terroriste ; sécheresse en Afrique ; jeune américain s'adonnant au cybermonde… Le livre de Ligny s'affiche comme étant un livre d'anticipation (écrit en 2006 il raconte le monde en 2030) mais c'est comme si Ligny nous parlait d'aujourd'hui, comme si, en ne faisant que grossir quelques traits il nous parlait de nous, de notre monde, de ses tornades et de ses ouragans, de la peur du terrorisme, du transhumanisme…

Alors que les riches propriétaires de firme ww se cachent dans des résidences ultrasécurisées, le paradoxe mondial est simple : la montée des eaux ici et la sécheresse là poussent un nombre considérable de récos (réfugiés écologiques) à trouver refuges dans des camps infâmants. Encore une fois, on touche du doigt une réalité 'presque' contemporaine ; ici la guerre là le climat… Alors que les récos ont le choix entre devenir des terroristes ou s'engager dans La Légion de Dieu, sorte de secte apocalyptique appelant à la rédemption ; ou encore céder à la violence la plus gratuite, les africains se battent pour de l'eau croupie et les vautours dansent autour des cadavres qu'ils dépècent.

J'ai beaucoup apprécié ce léger décalage qui donne un peu le vertige mais surtout permet d'envisager les insécurités et les rêves de demain. Le recours à des chapitres très courts passant de l'Europe au Kansas, du Burkina Faso assoiffé aux digues éventrées des Pays-Bas permet à l'auteur de tenir les 950 pages de ce roman sans ennuyer son lecteur. J'ai aussi beaucoup aimé les passages traitant du désert et ceux évoquant la magie africaine (ici le bangré) qui permet d'ajouter un ressort fantastique à l'intrigue.

En revanche, j'ai été un peu déçue par le style particulièrement lisse de Ligny ('honnête' écrivait d'harkey à propos d'une biographie sur Victor Hugo et le vocable convient bien ici aussi). J'avoue préférer le style poétique de Damasio bousculant la syntaxe ou l'inventivité high-tech d'un Gibson cherchant à rendre compte d'une future modernité plutôt que la prose lénifiante et un peu trop pleine de 'bons sentiments' de Ligny.

Un tourne-pages efficace, ni renversant ni totalement irrésistible mais qui a au moins le grand mérite de nous emmener en terre d'Afrique et de nous montrer sans détour ce que la sécheresse et les dérèglements climatiques pourraient (vont ?) infliger à ce continent. J'ai apprécié ce voyage.

merci Shanidar, "qui a au moins le grand mérite de nous emmener en terre d'Afrique et de nous montrer sans détour ce que la sécheresse et les dérèglements climatiques pourraient (vont ?) infliger à ce continent" cela me suffit, je le note et j'ajoute (disposé de temps pour ce pavé)

oui, d'autant que ce roman est suivi par deux autres, qui d'après ce que j'ai compris ne reprennent pas les mêmes personnages mais poursuivent la thématique climatique et qui s'intitulent : Exodes et Semences, tout un programme...

Ces livres répondraient surement à certaines de mes questions.