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| LC Henry James | |
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+5Marko Exini Hanta Bédoulène shanidar 9 participants | |
Auteur | Message |
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Quasimodo Main aguerrie
Messages : 402 Inscription le : 29/05/2016 Age : 29 Localisation : Rennes
| Sujet: Re: LC Henry James Dim 2 Oct 2016 - 18:39 | |
| Je le commence demain. J'ai pas pu ce week-end ... | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: LC Henry James Lun 3 Oct 2016 - 10:31 | |
| Pas de problème, Quasimodo.
@ Bédou : non, je n'ai pas fini (peut-être aujourd'hui), je fais durer le plaisir bien réel de cette lecture extrêmement riche.
Deux éléments en cours de lecture m'ont sauté aux yeux, d'abord j'ai l'impression que le sujet principal du roman (ou de cette courte nouvelle) n'est pas l'apparition de fantôme mais plutôt une question de respectabilité. Tout tourne autour de cette notion. Respectable l'Oncle des enfants qui embauche l'institutrice, laquelle est une jeune 'dame' de bonne famille, ensuite le petit Miles est suspecté d'avoir déshonoré son rang auprès de ses camarades (d'où son renvoi), du moins qu'il a une mauvaise influence sur eux, qu'il les attire vers le mal, le Mal qui est représenté par Quint, le 'mercenaire', l'homme qui a séduit Miss Fessel (l'ancienne institutrice des enfants), qui l'a déshonorée, elle-même semble mourir de ce déshonneur. Si, l'institutrice-narratrice ne dit rien à l'Oncle, ne fait pas appel à lui pour l'aider dans sa situation délicate, ce n'est pas parce qu'elle craint d'être prise pour une folle (j'y reviendrai) mais parce qu'elle ne veut pas que son autorité, sa responsabilité, sa respectabilité soient mise en doute par une incapacité professionnelle, ni sentimentale (elle fait bien comprendre son penchant pour l'Oncle à Mrs Grose et son désir de ne pas être dévoilée). Elle veut 'sauver' les enfants du mal, elle veut les protéger de l'ignominie, ce ne sont pas l'apparition de visions qui lui fait peur, mais l'idée que les enfants pourraient être souillés par les fantômes de Bly qui lui donne des ailes et un courage incroyable.
Après l'idée de respectabilité, qui en elle-même 'fausse' les réactions des personnages, puisqu'en se rattachant à cette notion ils occultent en partie le rationnel contre la bien-pensance, l'autre idée qui sous-tend le roman est que les fantômes sont comme des maladies. Ils peuvent contaminer les enfants, ils sont comme une lèpre qui prendrait peu à peu des morceaux d'enfants avec eux. Ils ne sont pas effrayants parce qu'ils sont morts mais par leurs actions, parce qu'ils sont dangereux. Ce n'est pas l'idée des fantômes qui effraie mais les actes qu'ils commettent et l'influence qu'ils répandent sur leurs anciens petits protégés. Je me demande donc ce que cette maladie préfigure dans l'esprit de James, ce qu'elle représente vraiment pour lui. Ce qui est très étonnant dans ce livre c'est de lire le renversement des valeurs : l'enfance qui devrait être le temps de l'innocence est au contraire celui de la connaissance, et de la connaissance maléfique sous des allures charmantes ; alors que le monde des adultes est celui de la pureté et de l'aveuglement.
Ce qui m'amène à une troisième articulation. Ce qu'églantine appellerait peut-être le petit caillou au bout de la chaussure... Qui raconte l'histoire ? L'institutrice. Qui a des visions ? L'institutrice. Il est d'ailleurs curieux que Mrs Grose n'ait jamais vu les morts... jamais. Qui surveille et protège les enfants au point de ne leur laisser aucun temps de solitude pour éviter que les morts ne les hantent ? Qui s'impose une totale immersion dans le manoir sans jamais en sortir sauf pour aller, en groupe, à la messe ? Qui tergiverse avant d'écrire à l'Oncle ? Qui, si ce n'est cette institutrice dont nous devons croire l'histoire sur parole. Elle qui ne pose, ne se pose jamais la question de l'apparition des fantômes, elle qui ne parvient pas à questionner les enfants sur ces/ses visions, elle qui nous manipule et manipule le monde qui l'entoure. Méfiance. Méfiance.
- Bon je vois que personne n'émet d'idée sur ce Tour d'écrou (de vis) du titre... - Quasimodo, as-tu vu l'opéra que Britten a tiré du texte de James ? Je serai curieuse d'avoir ton avis. | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: LC Henry James Lun 3 Oct 2016 - 17:26 | |
| je partage en grande partie ton analyse. Mais quant à l'Instit elle dit qu'elle a le don de voir et puisqu'elle décrit parfaitement, sans les avoir jamais connus les deux maléfiques je crois que l'on ne peut douter de ses visions.
l'attente de ce qui pourrait advenir est plus dramatique que la réalité.
L'expression "Donner un tour d'écrou" (The Turn of the Screw) signifie « exercer une pression psychologique sur quelqu'un »
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| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: LC Henry James Lun 3 Oct 2016 - 18:53 | |
| Maud Evelyn
Je ne voudrais pas dévoiler le déroulement de l' histoire, mais je peux difficilement passer sous silence ce qui constitue l' interet principal de la nouvelle.
Un homme peut il aimer une morte ? Peut-il vivre et assumer une passion amoureuse posthume pour une fille morte quinze ans auparavant ? A cela il faut ajouter que le protagoniste ne l' a pas connue de son vivant. Mais seulement par l' entremise de ses parents qui lui vouent un culte absolu. Les témoins de l' histoire jugent le héros fou ou, à tout le moins déraisonnable.
"Etait-il complètement assoté, ou entièrement vénal ?"
Pourtant si l' on se fie à eux, ils finissent par reconnaitre qu' il n' est pas cupide mais tout à fait sincère. Et que la situation lui profite visiblement. Comme l' écrit l' un d'eux, il a l' allure d' un "qui aurait une situation et une histoire." Et d' ailleurs, contrairement à L' Autel des morts, cette passion n' est pas morbide. Jamais il n' a recours aux mediums. Il n' en a pas besoin. Tout ce qu' il vit est simplement réel. Cette histoire est-elle un triomphe de l' imagination et de l' amour fou ?
Le lecteur -moi-meme- pourrait ajouter que la passion amoureuse est une pulsion irrationnelle. Et il est interessant de voir jusqu' où elle peut conduire. Dans le cas du personnage, son histoire amoureuse se poursuit normalement, du début à la fin. Et je n' en dis pas plus. Sinon que le pouvoir des morts sur les vivants est un thème récurrent dans l' oeuvre de James. Et que, la fréquentation des morts peut etre dangereuse et que parfois, les morts saisissent et entrainent les vivants.
Mais ceci est une autre histoire.
Dernière édition par bix229 le Mar 4 Oct 2016 - 21:08, édité 1 fois | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: LC Henry James Mar 4 Oct 2016 - 9:38 | |
| Merci bix, ça donne envie de lire cette nouvelle étrange (qui fait un peu penser à certains textes de Poe, non ? Ligeia, par exemple). | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: LC Henry James Mar 4 Oct 2016 - 9:51 | |
| - Bédoulène a écrit:
- je partage en grande partie ton analyse. Mais quant à l'Instit elle dit qu'elle a le don de voir et puisqu'elle décrit parfaitement, sans les avoir jamais connus les deux maléfiques je crois que l'on ne peut douter de ses visions.
oui mais ce n'est pas parce que notre institutrice est une medium que les enfants le sont également... - Bédoulène a écrit:
- l'attente de ce qui pourrait advenir est plus dramatique que la réalité.
tu résumes parfaitement ce qu'est un texte fantastique !! et j'y souscris totalement. - Bédoulène a écrit:
- L'expression "Donner un tour d'écrou" (The Turn of the Screw) signifie « exercer une pression psychologique sur quelqu'un »
j'ajoute une citation du texte de James qui apporte quelques explications (ou pas d'ailleurs, car ce qui fait aussi le charme de James c'est que son texte a besoin d'une traduction permanente pour être compris, il faut le reprendre, le décortiquer pour être bien sûr de comprendre ce qu'il dit, et encore, parfois, cela reste obscur) : à la toute fin du roman, alors que l'institutrice se prépare à affronter le petit Miles, il est écrit : Je ne pouvais tenir qu'en appelant, pour ainsi dire, "la nature" à mon secours et en me fiant à elle, en me disant que ma monstrueuse épreuve me poussait dans une direction anormale, sans doute, et déplaisante, mais qu'elle ne demandait, après tout, pour y opposer un front serein, qu'un tour de vis supplémentaire à l'humaine et quotidienne vertu.La pression, ici, porte son action sur la vertu, un mot à méditer... J'ajoute que j'ai été très surprise par l'absence de descriptions dans le texte, James s'appesantit longuement sur les inquiétudes, les états d'âme, les sentiments de l'institutrice mais il ne s'intéresse au paysage ou aux lieux qu'à partir du moment où ils peuvent servir son histoire. On remarquera ainsi l'importance de la fenêtre, sorte de lieu de passage entre l'ouvert et le fermé, l'intérieur et l'extérieur, une sorte de frontière qui marque l'impossible passage entre les morts et les vivants , d'où la scène finale où Miles ne peut échapper aux questions de l'institutrice par la fenêtre close dont elle le détourne. Tu avais des questions par rapport à la fin, Bédou ?? (on peut peut-être utiliser le spoiler pour en parler ou mettre nos réflexions en couleurs pour prévenir leur effet de révélation...) En tout cas j'ai adoré cette lecture et je compte bien lire d'autres James (un roman, peut-être !!?). | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: LC Henry James Mar 4 Oct 2016 - 10:27 | |
| - Spoiler:
Miles meurt parce qu'il ne verra, ou ne sentira plus le lien avec Quint, puisqu'il le cherche éperdument dans la dernière scène, mais est-ce de bonheur ou d'une perte ?
j'ai commencé "Ce que Maisie savait" j'accroche bien | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: LC Henry James Mar 4 Oct 2016 - 10:42 | |
| - Spoiler:
Ah, c'est intéressant ça, parce que moi j'ai surtout vu l'institutrice tuer Miles en l'étouffant dans ses bras... un infanticide en somme.
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| | | Hanta Agilité postale
Messages : 723 Inscription le : 04/07/2014 Localisation : Vitrolles
| Sujet: Re: LC Henry James Mar 4 Oct 2016 - 10:47 | |
| Toujours pas pu le commencer... | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| | | | Hanta Agilité postale
Messages : 723 Inscription le : 04/07/2014 Localisation : Vitrolles
| Sujet: Re: LC Henry James Mar 4 Oct 2016 - 10:52 | |
| J'ai beaucoup de transports pour un entretien cet aprem, peut être sera-ce l'occasion si je ne suis pas top stressé :) . | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: LC Henry James Mar 4 Oct 2016 - 11:01 | |
| - Hanta a écrit:
- J'ai beaucoup de transports pour un entretien cet aprem, peut être sera-ce l'occasion si je ne suis pas top stressé :) .
on croise les doigts ! | |
| | | Quasimodo Main aguerrie
Messages : 402 Inscription le : 29/05/2016 Age : 29 Localisation : Rennes
| Sujet: Re: LC Henry James Mar 4 Oct 2016 - 18:50 | |
| - shanidar a écrit:
- Quasimodo, as-tu vu l'opéra que Britten a tiré du texte de James ? Je serai curieuse d'avoir ton avis.
Non ... mais je m'y intéresse de près en ce moment. Peut-être que Marko pourra nous en dire plus, s'il nous lit ? J'avance assez lentement dans ma lecture, faute de temps. J'essaie de ne pas lire tous vos commentaires avant d'avoir un peu avancé. Mais dans ce que nous dit Shanidar du témoignage de l'institutrice, qui est la seule source de l'histoire, invérifiable et plus que douteuse, j'ai une sorte de confirmation de mes pressentiments. En tout cas, on peut dire que c'est prenant. | |
| | | ArenSor Main aguerrie
Messages : 516 Inscription le : 16/11/2014
| Sujet: Re: LC Henry James Mar 4 Oct 2016 - 19:25 | |
| La Mort du lionJ'ai eu un peu de mal à entrer dans cette nouvelle (mais Maud-Evelyn est d'une telle intensité !). Pourtant c'est un récit qui est loin d'être inintéressant. Sur un mode ironique, voire sarcastique, James met en scène la vanité de l'écrivain, celle de ses "groupies", voire de la création même. Robert Altman aurait pu tirer un scénario formidable de cette nouvelle | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: LC Henry James Mar 4 Oct 2016 - 19:40 | |
| Dans La Mort du lion, ce qui est malgré tout interessant, c' est l' affirmation de James -par personnage interposé- que c' est l' oeuvre qui compte. Bien plus que l' homme qui l' écrit. Et ce, à travers la mise en cause d' un directeur de revue avide de pitoresque et sans scrupules. De dames protectrices des arts et qui canibalisent les prsonnalités à leur profit exclusif. D' un patron de presse, propriétaire de" trente journaux influents", et déjà très people. Et qui, à eux tous, parviennent à étouffer un auteur trop fragile. | |
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