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| LC Henry James | |
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+5Marko Exini Hanta Bédoulène shanidar 9 participants | |
Auteur | Message |
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bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: LC Henry James Mar 4 Oct 2016 - 19:48 | |
| Quelques remarques à propos de Maud Evelyn.
On trouve dans cette nouvelle quelques constantes dans l' oeuvre de James... Chaque évènement est vu et commenté à travers la vision de quelqu' un d'autre. On n' apprend quasiment jamais quelque chose directement. Ainsi dans Maud Evelyn, le narrateur écoute les confidences d' une dame qui a l' avantage de connaitre les deux protagonistes de l' histoire. Mais elle n' est pas la seule source d' informations. James aimait et cultivait cette vision indirecte. Il ne s' agit pas de montrer en pleine lumière l' objet de la perception. Mais de le laisser deviner (Cf L' Image dans le tapis) Et tant pis s' il est dans l' obscurité. Ou tant mieux. James écrit :
"Je trouve plus de vie dans ce qui est obscur, dans ce qui se prete à l' interprétation plutot que dans le fracas grossier du premier plan."
Dans sa thématique sur la mort, James pousse le paradoxe jusqu' à montrer dans Maud Evelyn que l' absence de la morte est nécessaire à l' intrigue. La présence physique tue l' amour. Et l' absence devient alors présence pour l' amoureux qui peut dès lors développer librement ses sentiments et son imagination. Meme si elle est délirante pour les autres. La mort est véritablement source de vie et l' amour nait de la mort au lieu de le détruire. Dans quelle mesure, James croyait-il à sa thématique ? Je l' ignore, mais elle est suffisamment présente dans son oeuvre pour qu' on se pose la question.
Dernière édition par bix229 le Mar 4 Oct 2016 - 20:50, édité 1 fois | |
| | | ArenSor Main aguerrie
Messages : 516 Inscription le : 16/11/2014
| Sujet: Re: LC Henry James Mar 4 Oct 2016 - 20:45 | |
| - bix229 a écrit:
- Dans La Mort du lion, ce qui est malgré tout interessant, c' est l' affirmation de James -par personnage interposé- que c' est l' oeuvre qui compte.
Bien plus que l' homme qui l' écrit. Et ce, à travers la mise en cause d' un directeur de revue avide de pitoresque et sans scrupules. De dames protectrices des arts et qui canibalisent les prsonnalités à leur profit exclusif. D' un patron de presse, propriétaire de" trente journaux influents", et déjà très people. Et qui, à eux tous, parviennent à étouffer un auteur trop fragile. Je suis d'accord avec ton analyse Bix, mais il me semble que James va encore plus loin dans cette nouvelle, insistant sur la vanité de la création elle-même. En effet, le manuscrit de l'auteur, architecture d'un chef d'oeuvre, déclaré publiable tel quel par l'auteur sur son lit de mort, a été perdu car confié à des personnes qui n'en ont que faire. Là, la fiction rejoint la réalité : si Max Brod avait obéi à la demande de Kafka ... | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: LC Henry James Mar 4 Oct 2016 - 21:06 | |
| Je ne suis pas sur que tu aies raison, ArenSor. Je pense plutot que James insiste sur la possibilité de l' écrivain -de l' artiste- de créer sans interférences commerciales ou contraintes pseudo amicales. Mais il est suffisamment complexe pour laisser une libre interprétation de ses écrits.
Je ne sais pas si ça t' aidera, mais j' ai trouvé un texte de Todorov qui m' a semblé interessant sur James et son oeuvre.
"Dans son chapitre « Le secret du récit : Henry James » [2], Tzvetan Todorov s’intéresse à ce qui déroute lecteurs et critiques dans l’œuvre d’Henry James. Ceux-ci reconnaissent en général à ses nouvelles et romans une perfection technique mais un « manque de grandes idées, l’absence de chaleur humaine. […] James était rangé parmi les auteurs inaccessibles au lecteur commun ; on laissait aux professionnels le privilège de goûter son oeuvre par trop compliquée ». Todorov explique que ce qui déroute ainsi le lecteur d’aujourd’hui est à ses yeux ce qu’il appelle « le secret du récit jamesien » (surtout dans ses œuvres conçues entre 1892 et 1903) : James fait reposer ses histoires sur « une cause absolue et absente », qu’il s’agisse d’un personnage, d’un événement, d’un objet dont le récit est une conséquence et une recherche, mais qui n’est jamais entièrement dévoilé, sauf dans quelques rares cas. Le lecteur qui attend que lui soient dévoilés les ressorts – même superficiels – de la réalité ne peut donc qu’être désarçonné par la plupart des nouvelles et romans de James. Todorov termine son analyse en s’intéressant à une variante du récit, « où la place qu’occupaient successivement le caché, le fantôme et le mort se trouve prise par l’œuvre d’art », faisant des nouvelles de James sur l’art « de véritables traités de doctrine esthétique ». Dans la nouvelle La Mort du lion (1894), l’intérêt que porte le public à un écrivain célèbre s’attache uniquement à sa vie et non à son œuvre. Or, pour le narrateur, rien ne sert de connaître la vie pour comprendre l’œuvre. Le thème est similaire dans La Maison natale (1903), où les conservateurs de la maison natale d’un poète, transformée en musée, s’interrogent sur la vraisemblance et l’utilité des traces laissées dans la maison par la vie du poète. « En fait, il n’y a pas d’auteur […] Il y a tous ces gens immortels – dans l’œuvre ; mais il n’y a personne d’autre », dit le conservateur, qui, pour pousser plus loin la logique de l’absurde, invente des moments faux mais vraisemblables de la vie du poète… et voit son salaire doubler !"
Tzvetan Todorov : L' Art du récit. | |
| | | Exini Zen littéraire
Messages : 3065 Inscription le : 08/10/2011 Age : 51 Localisation : Toulouse
| Sujet: Re: LC Henry James Mar 4 Oct 2016 - 22:42 | |
| Oulah! J'ai commencé à lire ton dernier post sur "Le tour d'écrou". Je n'en suis pas encore là, mais même si je connais la fin, tout n'est pas resté et je préfère garder le suspens... Je lirai ton post après mon commentaire. Mais j'ajouterai qu'en plus de l'idée de respectabilité, il y a aussi une ferme conviction de la narratrice, qui n'a aucun doute sur quoi que ce soit.
"Après avoir ramené le petit Miles à la maison, en raison de ma stupéfaction et de mon état d'âme en général, nous devînmes plus intimes que jamais. J'étais prête à qualifier de monstrueux le fait qu'on puisse jeter l'interdit sur un enfant tel que celui que j'avais découvert. J'étais arrivée un peu en retard sur les lieux et, en le voyant me chercher du regard, l'air rêveur, devant la porte de l'auberge où la diligence l'avait déposé, j'avais sur l'instant perçu chez lui, à l'extérieur comme à l'intérieur, dans le vif éclat de sa jeunesse, le même parfum de pureté que j'avais tout de suite senti chez sa soeur."
Il y a plein d'autres exemples, mais je ne vais pas tous les reprendre. | |
| | | églantine Zen littéraire
Messages : 6498 Inscription le : 15/01/2013 Age : 59 Localisation : Peu importe
| Sujet: Re: LC Henry James Mar 4 Oct 2016 - 23:41 | |
| - bix229 a écrit:
Et que, la fréquentation des morts peut etre dangereuse et que parfois, les morts saisissent et entrainent les vivants.
Mais ceci est une autre histoire. [/i] J'ai récupéré mon ouvrage en fin d'après-midi chez mon méchant et brillant libraire donc . Je viens de terminer la nouvelle . Naturellement je souscris à tout ce qui a été dit : voilà un texte bien représentatif des thématiques récurrentes dans l'ensemble de son oeuvre . La mort , l'amour , une façon unique proprement Jamesienne d'aborder la psychologie sans en faire et avec une approche indirecte uniquement induite par les situations et qui pourtant explorent plus profondément encore l'âme humaine que les plus grands portraits psychologiques classiques . Il en découle ainsi de ce procédé , une grande liberté d'interprétation et surtout une impression de mystère . Et de ce fait ....ma perception : oui ton hypothèse ci dessus me plait bien Bix mais je me suis dis aussi à contrario tout au long de ma lecture que c'est peut être l'inverse de cela : le réel demande implication et courage . Aimer une âme défunte "à la vie à la mort " peut être vécue comme une forme "d'engagement désengagée ": qui sait , plus facile pour ceux qui n'emboîtent le pas de la vie qu'avec frilosité et crainte de l'implication . Un bijou cette nouvelle ! Merci Bix pour la découverte ! | |
| | | églantine Zen littéraire
Messages : 6498 Inscription le : 15/01/2013 Age : 59 Localisation : Peu importe
| Sujet: Re: LC Henry James Mer 5 Oct 2016 - 0:03 | |
| - bix229 a écrit:
[color=#000000] La présence physique tue l' amour. Et l' absence devient alors présence pour l' amoureux qui peut dès lors développer librement ses sentiments et son imagination.
[/i] Pour l'âme romantique c'est l'amour de l'amour qui est le piment de la vie et c'est plus facile de le nourrir inlassablement dès lors qu'il est inaccessible .Même si c'est bien souvent dans la douleur . Du reste le réel induit une notion de finitude .... Dès lors il est plus confortable de se tourner vers l'imaginaire . | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: LC Henry James Mer 5 Oct 2016 - 7:45 | |
| pour Shanidar et ceux qui ont lu le tour d'écrou - Spoiler:
oh la ! tu la charges l'instit de toute façon quelle que soit son intention, même si elle l'a "délivré" il en meurt, alors oui on peut la considérer qu'elle l'a tué, d'ailleurs Exini dit très justement qu'elle a des certitudes, et elle n'en a pas démordu
je continue doucement Maisie. dans la préface de ce livre il est expliqué que James n'était considéré ni par les américains et peu par les européens, à part quelques uns, Wells lui reprochait de faire de l'art avec l'écriture alors que pour lui l'écriture était un moyen, elle devait servir (une cause, un message ?) | |
| | | ArenSor Main aguerrie
Messages : 516 Inscription le : 16/11/2014
| Sujet: Re: LC Henry James Jeu 6 Oct 2016 - 19:47 | |
| - bix229 a écrit:
- Je ne suis pas sur que tu aies raison, ArenSor. Je pense plutot que James insiste sur la possibilité de l' écrivain -de l' artiste- de créer
sans interférences commerciales ou contraintes pseudo amicales. Mais il est suffisamment complexe pour laisser une libre interprétation de ses écrits.
Je ne sais pas si ça t' aidera, mais j' ai trouvé un texte de Todorov qui m' a semblé interessant sur James et son oeuvre.
"Dans son chapitre « Le secret du récit : Henry James » [2], Tzvetan Todorov s’intéresse à ce qui déroute lecteurs et critiques dans l’œuvre d’Henry James. Ceux-ci reconnaissent en général à ses nouvelles et romans une perfection technique mais un « manque de grandes idées, l’absence de chaleur humaine. […] James était rangé parmi les auteurs inaccessibles au lecteur commun ; on laissait aux professionnels le privilège de goûter son oeuvre par trop compliquée ». Todorov explique que ce qui déroute ainsi le lecteur d’aujourd’hui est à ses yeux ce qu’il appelle « le secret du récit jamesien » (surtout dans ses œuvres conçues entre 1892 et 1903) : James fait reposer ses histoires sur « une cause absolue et absente », qu’il s’agisse d’un personnage, d’un événement, d’un objet dont le récit est une conséquence et une recherche, mais qui n’est jamais entièrement dévoilé, sauf dans quelques rares cas. Le lecteur qui attend que lui soient dévoilés les ressorts – même superficiels – de la réalité ne peut donc qu’être désarçonné par la plupart des nouvelles et romans de James. Todorov termine son analyse en s’intéressant à une variante du récit, « où la place qu’occupaient successivement le caché, le fantôme et le mort se trouve prise par l’œuvre d’art », faisant des nouvelles de James sur l’art « de véritables traités de doctrine esthétique ». Dans la nouvelle La Mort du lion (1894), l’intérêt que porte le public à un écrivain célèbre s’attache uniquement à sa vie et non à son œuvre. Or, pour le narrateur, rien ne sert de connaître la vie pour comprendre l’œuvre. Le thème est similaire dans La Maison natale (1903), où les conservateurs de la maison natale d’un poète, transformée en musée, s’interrogent sur la vraisemblance et l’utilité des traces laissées dans la maison par la vie du poète. « En fait, il n’y a pas d’auteur […] Il y a tous ces gens immortels – dans l’œuvre ; mais il n’y a personne d’autre », dit le conservateur, qui, pour pousser plus loin la logique de l’absurde, invente des moments faux mais vraisemblables de la vie du poète… et voit son salaire doubler !" Tzvetan Todorov : L' Art du récit. Merci Bix pour ces informations très intéressantes. Pour moi "La Mort du lion" est une nouvelle basée sur une série de paradoxes : celui d'un écrivain inconnu devenu tout à coup célèbre grâce à un article de journal, celui d'une foule d'admirateurs qui n'ont que faire de sa production, celui du chef-d'oeuvre disparu qui aurait permis à l'auteur de passer à la postérité (probablement utilisé pour allumer un feu, suggère le narrateur) et enfin, la quête vaine du narrateur et de sa compagne pour le manuscrit disparu. En fin de compte tout est virtuel dans cette histoire. Un point sur lequel tout le monde ici je pense sera d'accord, sir James est trop malin pour ne pas laisser au lecteur le choix de son interprétation | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: LC Henry James Sam 8 Oct 2016 - 0:22 | |
| j'ai terminé Ce que Maisie savait !
encore une très bonne lecture pour cette histoire d'une fillette dont les parents sont divorcés et chacun remarié ce qui fait dire à la fillette qu'elle a 2 maman et 2 papa. Elle sera un prétexte que chacun accaparera ou se renverra pour se mieux haïr et ce n'est qu'auprès d'une gouvernante vieille, laide qu'elle trouvera l'affection dont elle a toujours manqué. Son beau-père et sa belle-mère l'aimeront aussi, mais cette dernière plus égoïstement, le beau-père, de faible caractère prouvera cependant son amour en lui laissant décider avec qui elle veut vivre.
L' innocente fillette comprendra assez rapidement la situation dans laquelle elle se trouve, l' abandon de ses parents au profit des beaux-parents et se découvrira le "sens moral" dont la gouvernante l'accuse de manquer, après bien des revirements, des emballements, des peurs et des situations inconfortables.
En fond une critique sur une certaine société de l'époque.
Dernière édition par Bédoulène le Lun 10 Oct 2016 - 17:22, édité 1 fois | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: LC Henry James Dim 9 Oct 2016 - 19:04 | |
| Pour James, on, l' a vu la vie et l' amour sont souvent associés. Suffisamment pour que ce soit autre chose qu' un thème littéraire. Mais dans le cas de Poe, la mort est une obsession constante. La mort est plus forte que l' amour. La mort est ce qui le fascine le plus.
"Je ne pouvais aimer que là où la mort melait son souffle".
Ou encore :
"Le plus beau sujet du monde est la mort d' une jeune femme."
L' homme est responsable de la mort de la femme qu' il aime et c' est pour cela qu' elle vient le hanter. Poe est non seulement morbide , mais voyeur et nécrophile dans sa vie comme dans son oeuvre. Ce qui peut réunir James et Poe -et tant d' autres personnes- c' est d' avoir vu précocement la mort de proches et d' aimés au point d' en garder une trace ineffaçable.
Cette différence entre les deux auteurs apparait clairement à la lecture de leurs textes. | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: LC Henry James Dim 9 Oct 2016 - 19:07 | |
| Merci bix pour cette réponse éclairante, je vois mal en effet James en nécrophile même si les fantômes le hantent et s'il n'hésitent pas à mettre en scène, à écrire, les ténèbres qui nous habitent et les violences qui nous forgent. | |
| | | ArenSor Main aguerrie
Messages : 516 Inscription le : 16/11/2014
| Sujet: Re: LC Henry James Lun 10 Oct 2016 - 8:58 | |
| J’interviens ici et non sur le fil de l’auteur car je souhaiterais rebondir sur plusieurs commentaires de Shanidar qui me semblent importants pour la compréhension de cette nouvelle : - « Le tour d’écrou » n’est pas une histoire de fantômes habituelle, mais pratiquement de vampires. En effet, les deux apparitions souhaitent pervertir les deux enfants (et eux seuls). James se garde bien de définir la nature de cette perversion, mais l’emploi de termes comme horreur, abomination etc font que le lecteur peut imaginer le pire. Le processus a commencé du vivant des deux individus puisque c’est Quin qui a perdu miss Jessel. - A ce propos, Shanidar souligne judicieusement le rôle de « respectabilité » présent dans le récit, mais aussi dans beaucoup d’autres de l’auteur. James reflète les conceptions de la société victorienne selon laquelle chacun doit rester à sa place. L’individu bien né, ayant reçu une bonne éducation, se doit de respecter un code moral pour pouvoir être qualifié de « gentleman » - Enfin, Shanidar fait remarquer que le récit repose uniquement sur le récit de la gouvernante. J’ai vu que ce point, particulièrement important puisqu’il renverse l’interprétation de l’histoire, avait été souligné rapidement par des critiques, certains au XXe siècle allant jusqu’à une interprétation freudienne du Tour d’écrou : le refoulement sexuel de la gouvernante, source d’hallucinations. Pour terminer, il serait peut-être judicieux de méditer l’appréciation de James lui-même concernant cette nouvelle : «C’est une œuvre d’ingéniosité pure et simple, produit d’un froid calcul artistique, une amusette destinée à attraper ceux qui ne se laissent pas facilement attraper, les blasés, les désenchantés, les difficiles ». Autrement dit, l’auteur a construit un très beau piège doté de faux-semblants dans lesquels vient s’égarer le lecteur. J’imagine volontiers James, dans un intérieur cosy, assis dans un fauteuil devant la cheminée, souriant en pensant aux diverses interprétations que les lecteurs peuvent donner de ses histoires. (J’ai été frappé par certains parallèles entre le Tour d’écrou et le film Shining d’après une nouvelle de S. King) | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: LC Henry James Lun 10 Oct 2016 - 15:04 | |
| James est un excellent manipulateur (comme tous les grands écrivains ?) et je continue à penser que cette nouvelle est d'une étonnante modernité (en montrant la possible perversion enfantine par exemple et en proposant une fin à mon sens criminelle -mais Bédou n'a pas la même interprétation). C'est justement très intéressant de lire sous la plume d'un écrivain qui semble des plus tranquille, des plus bonhomme, une intrigue aussi vicieuse... car sous couvert d'ingéniosité ce que décrit James est purement effrayant.
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| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: LC Henry James Lun 10 Oct 2016 - 16:41 | |
| - shanidar a écrit:
- James est un excellent manipulateur (comme tous les grands écrivains ?) et je continue à penser que cette nouvelle est d'une étonnante modernité (en montrant la possible perversion enfantine par exemple et en proposant une fin à mon sens criminelle -mais Bédou n'a pas la même interprétation). C'est justement très intéressant de lire sous la plume d'un écrivain qui semble des plus tranquille, des plus bonhomme, une intrigue aussi vicieuse... car sous couvert d'ingéniosité ce que décrit James est purement effrayant.
Tranquille, James ? Jamais. Sous l' apparence d' un style plutot lisse on a, vite fait de déceler, la cruauté, la perversité meme, la dissimulation, le calcul, l' ambition, le mensonge. Tout au long des pages de son oeuvre, on voit des personnages s' acharnant à vouloir résoudre des énigmes qui les renvoient à l' échec. Et à eux-memes. On a meme accusé James d' etre "cachottier". Alors meme que son style est parfaitement clair, James évite de dévoiler la face cachée des choses. Et plus encore les intentions cachées de l' auteur. Il y a peu de certitudes dans le dénouement des histoires (jamais James ne pourrait envisager une conclusion à son oeuvre comme Le Temps retrouvé), mais beaucoup d' hypothèses, de possibilités, de causes, parfois si infinitésimales qu' elles sont inaperçues par le lecteur surpris. Au point qu' il peut se sentir frustré. Avoir l' impression d' avoir affaire à un illusionniste qui cache le secret de ses tours, sinon un mystificateur. Mais c' est un peu le drame de ceux qui sont trop intelligents. Et James l' était. Je dis le drame, parce que je ne crois pas que James ait été heureux. En tout cas c' est ce qu' on ressent en lisant Le Maitre de Colm Toibin.
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| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: LC Henry James Lun 10 Oct 2016 - 17:21 | |
| je trouve ton analyse très juste Bix (serait-ce que James ce venge de son "malheur" ? ou bien est-ce un moyen de l' étrangler ?) Quant à l'interprétation Freudienne qu' évoque Arensor donc aux hallucinations qui y conduisent je suis sceptique car tout de même l'Instit fait des descriptions des personnages de ses visions qui conduisent Mrs Grose à reconnaître Miss et Quint alors était-ce des hallucinations ? je me répète mais puisque certains croient aux médiums et que l'Instit évoque justement son aptitude "à voir" me semble que cela aussi peut-être cohérent. Quant au "crime" physique comme Shanidar le pense là aussi je n'adhère pas, s'il y a "crime", il est moral car l'intention était de sauver l'enfant même si le résultat est tragique. Alors la lettre point de départ de l'histoire serait pour se déculpabiliser ? James a poser des petits cailloux comme le petit Poucet, mais pour nous perdre............. quelle perversion ! et l'important c'est bien que le lecteur trouve son plaisir dans la lecture. et Bix nous propose une autre lecture Le Maître de Colm Toibin | |
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| | | | LC Henry James | |
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