Charles Le Brun (1619-1690)
Tout le monde connait ou presque par des souvenirs scolaires : le peintre de Louis XIV, le directeur des Gobelins, de l'Académie, créateur de la galerie des glaces, entre autres. Le Brun est souvent mal aimé, considéré comme une sorte de maître-absolu des artistes, associé au style Louis XIV, pompeux, emphatique. Bref, du riche et du lourd...
Des mises en scène grandioses, à la Robert Hossein
Réputation injuste. Certes Le Brun mit ses talents au service de la royauté, mais ce n'était pas rien que de coordonner tant d'artistes et contrairement à une opinion reçue, il n'a nullement contraint le talent de ses équipiers. Surtout, Le Brun est un artiste complet, à la fois théoricien et praticien, sensible et raffiné. Un rétrospective au Louvre-Lens cet été lui a rendu justice (c'était la 1ère depuis 50 ans !)
Sous la protection du chancelier Séguier, il se forme avec Vouet puis se rend à Rome.
Très rapidement, il assimile le style de Poussin, artiste qu'il admire énormément
De retour, il va travailler pour Fouquet à Vaux-le-Vicomte, à la disgrâce de celui-ci, il est récupéré par Louis XIV et mène la carrière que l'on connait. Les dernières années sont assombries par l'arrivée au pouvoir de Louvois et sa préférence pour Mignard. Mais le roi lui reste fidèle jusqu'à sa mort.
Souvent la qualité de l'artiste est perceptible dans les détails :
noblesse dans ce profil de Daniel devant Suzanne :
Aspects de la vie quotidienne comme ce chat qui se chauffe au brasero
Le Brun est un grand portraitiste
Et un incomparable dessinateur
Peut-être, plus proche de notre sensibilité : les thèses qu'il présente à l'Académie sur les passions qui se lisent dans les traits des humains et les rapprochement avec des animaux (nous sommes au siècle de La Fontaine !)
L'homme boeuf
L'homme chat
L'homme chat-huant et corbeau
L'homme chat-huant et perroquet
L'homme lion
L'homme perroquet
Je termine par le dernier tableau peint par Le Brun une émouvante "Adoration des bergers". Petite anecdote : l'esquisse était destinée à sa femme, mais à la mort du peintre, Louvois la fit saisir pour le roi. La loi d'airain du Prince !