Charles Williams

Charles Williams voit le jour au Texas à San Angelo le 13 août 1909. Petit voyou, il avoue ne pas se souvenir du nombre d'établissements où il a usé ses fonds de culottes. Il navigue sur toutes les mers en tant qu'opérateur radio pour la marine marchande puis rejoint le plancher des vaches et se fait inspecteur radio au Texas, à Washington et à San Francisco.
Il se consacre à l'écriture à partir de 1950 et commence à publier en 1951 avec La Fille de la Colline et L'Ange du Foyer. S'en suivent une bonne vingtaine de romans noirs, dont le truculent Fantasia chez les Ploucs, monument d'humour, sera le chef d'œuvre.
En 1960 Charles Williams part avec sa famille pour s'installer à Lausanne mais sa femme a le mal du pays et ils rentrent aux USA en 1965. Sa femme meurt d'un cancer. Williams, dont les problèmes d'argents s'accroissent, devient dépressif. Il se suicide le 7 Avril 1975 en laissant une lettre à sa fille contenant la somme d'argent nécessaire à son incinération.

Fantasia chez les ploucs

4e de couverture :
La plus fantastique chasse à l'homme du siècle... confusion indescriptible... véritable ruée de volontaires... une prime de 500 dollars... recherchée par le EBI, la police de 23 Etats et autant de gangsters notoires, la ravissante et déjà célèbre Caroline TchouTchou se serait enfuie presque nue dans les marais... toute la région participe aux recherches...

Décidément, on ne s'ennuie pas à la campagne et, s'il y a des ploucs, ils gagnent à être connus... Finley le prédicateur azimuté... Gimerson qui pleure ses cochons... Le shérif qui devient fou... Et l'oncle Sagamore ! Celui-là, dans son genre, il confine au génie... Ce n'est peut-être pas pour rien si tout se trame sur ses terres... De quoi faire pleurer les z'honnêtes gens... Mais allez prouver quoi que ce soit...


Mon avis :
Sagamore Noonan est le gangster le plus fourbe et le plus malin du comté, qui fait s’arracher les cheveux au pauvre shérif du coin qui n’en dort plus. Il essaie par tous les moyens de le coincer, mais rien n’y fait, Sagamore trouve toujours une feinte pour lui échapper.

Les choses empirent le jour où arrive un deuxième Noonan, Sam, le frère de Sagamore, qui mène plus ou moins la même vie.

Toute cette histoire est racontée par Billy, sept ans, le fils de Sam, qui prend tout au premier degré et n’a absolument pas conscience de tout ce que trafiquent les adultes autour de lui. Ce décalage est très amusant et participe à rendre le roman franchement comique.

L’autre grand point de rigolade, c’est la mauvaise foi à déplacer les montagnes de l’oncle Sagamore. On finit par prendre en pitié le shérif, face à tant de perversité dans le mensonge ! Ca m’énerve, mais ça m’a fait penser à cette publicité pour une assurance bien connue qui passe sans cesse à la télé : « je l’aurai un jour, je l’aurai ! ».


Un petit extrait :
"Ah! ça, pour un été, c'était un fameux été!

Comme dit Pop (Pop, c'est papa), les fermes, c'est fortifiant, et pour ce qui est d'en trouver une plus fortifiante que celle à mon oncle Sagamore, on peut chercher. Il y avait un lac où on pouvait attraper des poissons vivants, j'avais un chien, et puis il y avait tous les chasseurs de lapins avec leurs mitraillettes, et aussi Miss Harrington. Elle était rudement gentille et c'est elle qui m'a appris à nager.
Miss Harrington? Eh bien! c'est elle qu'avait le liseron qu'a été la cause de tout ce raffut. Vous savez bien! C'est passé dans tous les journaux. Un liseron tatoué, avec des petites feuilles bleues, qui grimpait tout autour d'une de ses poitrines, comme un sentier grimpe après la montagne, avec une rose en plein milieu. Pop a fait un foin du diable parce que je ne lui en avais pas parlé avant, mais zut alors! comment j'aurais pu savoir que tout le monde n'en avait pas? Moi je pensais tout naturellement que les dames des bonnes oeuvres en avaient aussi, un liseron tatoué dessus, mais jamais je leur ai demandé, vu que quand j'étais avec elles, je ne connaissais pas encore Miss Harrington, ni son liseron.
Mais tout ça, ça vient après. Vaut mieux que je commence par le commencement ..."

Tout cela est bien vrai.

Je crois que le titre original de "Fantasia chez les ploucs" est "The Diamond bikini". La 1ère éd. fr. Gallimard 1957 (série noire 400)

Ajoutons un autre chef d'oeuvre, dans un style autre, "Bye, bye bayou" Gallimard 1964 (série noire 867)

j'espère que le livre de Fantasia chez les ploucs est (très, mais alors très très) loin de son (immonde ?) adaptation cinématographique... ?

quelques années plus tard je n'ai pas vraiment la réponse, mais...



Mieux vaut courir

quatrième de couverture a écrit:

"J'avais tué un inspecteur et ridiculisé la police pendant quatre jours. Le journal ne parlait d'aucun autre suspect. Pour les flics, il n'y avait aucun doute, c'était moi le coupable. Il ne leur restait qu'à me mettre la main dessus pour considérer l'affaire comme classée. Il n'y avait plus entre eux et moi qu'une fille, Suzy, que mon histoire distrayait de sa solitude et de son ennui..."

Rondement mené dans un style direct nous voilà avec la fuite en avant de Foley, rouquin marin tendance loser qui heureusement à la tête dure. Il court beaucoup, perd des chapeaux, prend plus de coups qu'il n'en donne mais il est toujours là.

Grâce à Suzy Patton, écrivain d'un certain succès ayant du mal à se supporter et surtout grande et belle femme. C'est elle qui tire malgré lui notre type dans la fuite en avant plutôt que dans la fuite tout court. Forcément il s'agit de démêler ce qui a pu réellement se passer tout en échappant à la police et à de peu commodes adversaires.

Ce qu'il y a de bien c'est qu'on sait tout de suite ce qui plait à l'auteur : la mer, les bateaux, les femmes, les bouquins (et un peu d'alcool). Il y a tout plein de livres partout dans ce livre c'est amusant !

Sinon c'est un peu trop vite lu, très sympathique, donne une vraie impression de moment, ça ne joue pas l'introspection torturée, ça ne joue pas non plus la surenchère du cradingue. En clair, un attachant moment de lecture riche en actions et rebondissements.

ça donne le sourire et j'espère bien y revenir.

presque six ans pour risquer la lecture d'un auteur, tout ça à cause d'un film ? et grâce à quelqu'un qui en remet une couche de temps en temps dans ses suggestions. c'est dingue !  

Hum. Je note, ta présentation du livre me plait bien.

Un extrait quand même ?

Citation :

   Le lendemain matin, il pleuvait toujours, mais les violentes rafales avaient été remplacées par un sale petit crachin régulier qui paraissait installé pour huit jours. Je me fis du café et branchai la radio pour avoir des nouvelles. La police était toujours convaincue de m'avoir coincé dans la région de Carlisle et poursuivait ses recherches. Il ne me restait rien d'autre à faire que de rester là le plus longtemps possible. Je ne comprenais absolument pas pourquoi Suzy Patton n'était pas allée à la police, mais le fait était là. Elle n'avait rien dit et dirait sans doute rien. Je fouillai la maison, à la recherche d'un rasoir, mais n'en trouvai pas. Mon œil était enflé et livide. Le coquard ne disparaîtrait pas avant plusieurs jours. Et, d'ici là, ma barbe rousse l'aurait avantageusement remplacé. De toute façon j'attirerai l'attention. Tout cela était assez désespéré.
   La journée traîna lamentablement. J'examinai la rangée des œuvres de Suzy jusqu'à ce que je trouve une édition en anglais. J'essayai de lire. L'histoire se passait à la Nouvelle-Orléans, pendant la guerre de de Sécession et fourmillait d'intrigues diverses et de scènes de boudoir. La plupart des héroïnes étaient petites et blondes avec des tempéraments brûlants et un point de fusion très bas. Ces descriptions ressemblaient à des portraits de Suzy, à une échelle réduite. Ce qui me fit penser à Suzy et me mit mal à l'aise. Je refermai le livre. Et puis juste quand la nuit allait tomber, j'entendis une voiture s'arrêter devant le garage. Je glissai un regard entre les rideaux. C'était Suzy.

Fantasia Chez Les Ploucs
Charles Williams

Voilà un livre foutraque, loufoque à souhait, qu’on lit l’oeil amusé par les aventures de Sagamore Noonan, vieux renard et propriétaire d’une ferme dans le grand sud sud américain. L’histoire commence alors que son frère vient le rejoindre accompagné du neveu de sept ans Billy.

Sagamore Noonan est un fraudeur accompli dans toutes sortes de trafics et de combines alors que le shérif local rêve depuis des dizaines d’années de le coincer, cela tournerait même à l’obsession. Et tout devient encore plus compliqué quand un ‘docteur’ et sa ‘nièce’ trop sexy viennent se mettre au vert un moment à la ferme et y attirent tout un tas d’individus mal intentionnés.

Ce qui fait le comique du livre n’est pas tant les faits qui y sont rapportés bien que la rouerie matoise de Sagamore y contribue, mais c’est surtout le fait que soit l’enfant de 7 ans qui raconte tout cela de façon très candide.

Un livre bien sympathique qui se lit comme une friandise.

Merci domreader de me rappeler ce livre !

domreader a écrit:

Fantasia Chez Les Ploucs
Charles Williams

Voilà un livre foutraque, loufoque à souhait, qu’on lit l’oeil amusé par les aventures de Sagamore Noonan, vieux renard et propriétaire d’une ferme dans le grand sud sud américain. L’histoire commence alors que son frère vient le rejoindre accompagné du neveu de sept ans Billy.

Sagamore Noonan est un fraudeur accompli dans toutes sortes de trafics et de combines alors que le shérif local rêve depuis des dizaines d’années de le coincer, cela tournerait même à l’obsession. Et tout devient encore plus compliqué quand un ‘docteur’ et sa ‘nièce’ trop sexy viennent se mettre au vert un moment à la ferme et y attirent tout un tas d’individus mal intentionnés.  

Ce qui fait le comique du livre n’est pas tant les faits qui y sont rapportés bien que la rouerie matoise de Sagamore y contribue, mais c’est surtout le fait que soit l’enfant de 7 ans qui raconte tout cela de façon très candide.

Un livre bien sympathique qui se lit comme une friandise.

Tout à fait ! C' est une thérapie, un remède à la mélancolie !
Aux urnes les ploucs, est un peu comme toutes les suites obligées, un ton en dessous.

Une adaptation cinématographique (de Hell Hath No Fury) cosignée par l'auteur, projet récupéré quelques années plus tard par Dennis Hopper et qui peut donner envie de lire : The Hot Spot

(rien à voir avec Fantasia chez les ploucs...)