Thomas Hettche, auteur allemand né en 1964, philosophe et germaniste de formation, a publié une dizaine de romans à ce jour.
Il vit actuellement à Berlin d’où il travaille comme journaliste du
Feuilleton et écrit des articles de fond sur des sujets d’actualité pour les meilleurs journaux de langue allemande, p.ex. la Neue Zürcher Zeitung et la F.A.S. (
Frankfurter Allgemeine Zeitung am Sonntag).
Gagnant plusieurs prix littéraires et des plus prestigieux, il a été lui-même juge du prix Ingeborg Bachmann ä Klagenfurt pendant plusieurs années (fin des années 1990).
De quoi nous sommes faitsLe roman « De quoi nous sommes faits » (
Woraus wir gemacht sind, traduit en français par Armand Beaume, Grasset & Fasquelle, 2009) a été publié en Allemagne en 2006 et généralement salué par la critique littéraire.
Niklas Kalf, ne se considère pas comme un écrivain, il est biographe. Il a près de 40 ans quand il arrive avec sa jeune épouse pour une première visite aux Etats-Unis, juste la veille du 11 septembre 2002 (deux mille deux !). Il doit y donner une lecture à l'institut Goethe, rencontrer sa traductrice, son éditeur et la veuve d’Eugen Meerkaz, un physicien juif allemand qui avait fuit l’Allemagne nazi pour rejoindre un laboratoire de recherche à Los Angeles. Le lendemain de l’arrivée de Niklas Kalf l’inimaginable s’est produit ; des inconnus ont enlevé sa femme enceinte et lui demandent des documents dont il n'a jamais entendu parler. Ils obligent Kalf de se procurer tout le matériel ayant cours à un épisode secret de la vie d’Eugen Meerkaz.
Cette recherche désespérée mène Kalf au fin fond des Etats-Unis, après New York, il part pour une petite ville au Texas, tout près de la frontière mexicaine, avant de rejoindre L.A. Le roman veut montrer le climat général aux Etats-Unis au moment où son président s'apprête à envahir l'Irak, tout en brossant le portrait d’un Allemand à l’étranger.
Thomas Hettche s’efforce d’esquisser le panorama d’un pays-continent aussi familier qu’étranger où son héros est confronté à la perte d’un être cher, à la solitude, à une menace mortelle finalement à la mort elle-même et au fait d’être amené à tuer. Niklas Kalf est aspiré par une histoire qui le laisse presque oublier femme et enfant à naître au point qu’il arrive à lire tranquillement dans sa solitude texane « Les Frères Karamazov » de Fiodor Dostoïevski. Enfin, les inconnus arrivent à dépister Niklas Kalf et l’obligent d’agir pour rester lui-même en vie.
L’histoire, l’intrigue policière sont invraisemblables, la contemplation onirique alors que sa femme enceinte est privée de sa liberté, frôlerait la psychose si le personnage de Niklas Kalf avait tant soit peu un profil littéraire ou montrait de caractère. Donc, l’auteur Thomas Hettche laisse toute psychologie de coté, hélas, il n’en fait pas de même d’une philosophie pseudo-ésotérique, de clichés métaphysiques. Et puis il y a la langue précieuse frôlant le ridicule (j’ai lu le roman en allemand).
Voici un auteur allemand qui cherche péniblement de réunir ses ambitions d’intellectuels avec ses besoins de gagner sa vie. Essai non réussi.