Canek Sànchez Guevara [Cuba]

Canek Sànchez Guevara



Canek Sànchez Guevara est le petit fils du Che, il est né à La Havane en 1974. Fils de militants d’extrême gauche, il les a suivis dans leurs pérégrinations intercontinentales, de Mexico à Barcelone en passant par l’Italie. Écrivain, musicien, photographe, graphiste, anarchiste et fan de rock, il a publié des articles dans des revues mexicaines comme Letras Libres, Proceso et Milenio Semanal, ainsi que des chroniques de ses voyages sur les traces du Che dans Le Nouvel Observateur, sous le titre “Journal sans motocyclette”. Il a écrit avec Jorge Masetti Les Héritiers du Che (Presses de la Cité), un témoignage sur leur enfance à Cuba et leur désillusion croissante. Canek Sánchez Guevara est mort à Mexico en janvier 2015 des suites d’une opération du cœur. 33 révolutions est son premier et unique roman.

Source éditeur

33 révolutions



C'est un petit livre très court, lu en une heure, avec 33 chapitres, et 33 révolutions est à prendre dans les deux sens du terme : celles qui construisent et détruisent les états, et celles qui font tourner les 33 tours.

Il s'agit d'un jeune noir cubain, pris dans le désespoir d'une vie sans horizon qu'il compare à un disque rayé: une île comme une prison, un travail sans intérêt, une météo insupportable, des compromissions, des contrôles au faciès, des gens qui tentent de s'évader sur des bateaux de fortune… Il erre au milieu de ce désastre, et la fin montrera qu'il n'est pas totalement un Bartleby.

Il y a un certain charme dans ce texte, pour qui s'attache au délitement des êtres, mais aussi une certaine lourdeur : si l'expression "disque rayé"ne revient pas 50 fois en 80 pages, on n'en est pas loin...

Merci Toplol tu as attisé ma curiosite, par contre qu'est ce qu'un Bartelby.??? je pense que je vais le lire, entre autre pour avoir  la vision d'un noir cubain (cette approche n'est pas frequente dans la littérature cubaine)...


(Canek prénom d'origine Maya...)

Excuse-moi, c'est Bartleby, je vais corriger.
C'est le héros d'une nouvelle éponyme de Melville, un symbole de la passivité et de la résignation.

(Je me demandais il y un moment si en fait l'expression "disque rayé" n'était pas là 33 fois dans le livre, ça pourrait être drôle. Mais je dois dire qu j'ai la flemme d'aller compter...)

merci Topocl,
je ne relevais pas une faute, je l'aurai dit différement si cela avait été le cas , c'est que je ne connais pas ce personnage écrit d'une façon ou d'une autre d'ailleurs , passivité et résignation..ok ces deux traits de caractères sont fréquents chez les Cubains, ils me faisaient rager d'ailleurs, mais avec le temps j'ai compris que c'était pour eux un moyen de survivre. J'en avais parlé avec un vieil artiste connu de tout Cuba alors qu'il vivait au pied d'un HLM miteux de la banlieue de La Havane, "el gallo" et sa grande barbe blanche, à ma question : pourquoi le peuple cubain ne réagit pas aux injustices du gouvernement il m'a répondu : tu ne mods pas la mains qui te donne le strict minimum pour vivre.....Ils attendent des jours meilleurs...qui malheureusement au vu des actualités ne sont pas près de venir...


précision pour ceux qui me lisent pour la première fois : je ne suis pas un gourou, je n'exprime pas l'opinion d'un touriste de 10 jours à Varadero, je dis ce que j'ai vécu et vu pendant trois ans sur place avec des cubains de l'interieur, pas ceux que l'on exhibe aux touristes ou aux politiques sympathisants...

Quand même, dans le livre, la passivité n'est pas lelot commun. pas mal essayent de se barrer sur des rafiots de fortune

topocl a écrit:

Excuse-moi, c'est Bartleby, je vais corriger.
C'est le héros d'une nouvelle éponyme de Melville, un symbole de la passivité et de la résignation.

(Je me demandais il y  un moment si en fait l'expression "disque rayé" n'était pas là 33 fois dans le livre, ça pourrait être drôle.  Mais je dois dire qu j'ai la flemme d'aller compter...)

Bartleby résigné, passif ? Je ne le vois pas ainsi. Je considère au contraire qu' à sa façon humble mais obstinée, il représente une
forme de révolte qu' il n' a meme pas besoin de formuler.

C'est intéressant ce que tu dis bix. Je n'y avais pas pensé, à ce quelque chose qui se cache(rait) derrière..

topocl a écrit:

C'est intéressant ce que tu dis bix. Je n'y avais pas pensé, à ce quelque chose qui se cache(rait) derrière..

L' attitude de Bartleby a étonné les contemporains de Melville. Mais après la lecture de Kafka, les formes de résistance pacifique,
la reconsidération de l' aliénation du travail, Bartleby a été interprété autrement.
Mon opinion va un peu dans ce sens :

www.article11.info/?Je-prefererais-ne-pas-variations

topocl a écrit:

Quand même, dans le  livre, la passivité n'est pas lelot commun.

dans la vie de tous les jours c'est aussi le cas, effectivement il y en a qui partent et d'autres qui restent. Ils restent pour diverses raisons : il y a ceux qui partagent les idéaux du pouvoir, d'autres qui les utilisent à des fins personnelles pour s'enrichir (en faisant attention de pas se faire pincer, sinon c'est la taule), d'autres qui subissent passivement et crois moi ils sont tres nombreux, et d'autres surtout les plus jeunes qui s'en moquent completement et se refugient dans la musique ou d'autres activités. Pour cela Leonardo Padura en parle bien dans "les hérétiques" notamment...

merci Topocl et Chamaco et Bix du complément.

Merci pour nous faire part de cette découverte, Topocl. Par rapport à Bartleby, je partage l'optique de Bix selon laquelle Bartleby est un être subversif. Il y a notamment un essai littéraire de Patrick Tillard qui y revient longuement, tout comme il y a des ouvrages qui reviennent sur la figure du Bartleby. Pour en revenir au petit-fils du Che et le quotidien des Cubains, du moins leur perspective... je peux tracer un parallèle avec le quotidien de la communauté sourde qui vit en milieu dominé. Donc, oui, il y a une forme de résistance, consciente ou non, qui rêve à des jours meilleurs. Merci de nous mettre un peu de couleur du quotidien des Cubains, Chamaco, c'est ce qui donne une part d'irréductibilité à notre «village»... :)