Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Barbara Kingsolver

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sousmarin
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MessageSujet: Barbara Kingsolver   Barbara Kingsolver - Barbara Kingsolver EmptyMer 31 Jan 2007 - 19:50

Barbara Kingsolver - Barbara Kingsolver A246

Deux citations caractérisent Barbara Kingsolver :

"L’aventure, c’est ouvrir de nouvelles portes la bouche fermée et les yeux grands ouverts."
"Si tu n’as jamais marché sur les pieds de quelqu’un, tu n’es jamais allé te promener."


Bibliographie

Citation :
Index: (cliquez sur les numéros de page pour y accéder directement)
1996 L'Arbre aux haricots, Pages 1, 2, 3, 4, 5
1996 Les Cochons au paradis, Pages 1, 3, 4
1999 Les Yeux dans les arbres, Pages 1, 2
2002 Un Été prodigue, Page 1
2002 Une Rivière sur la lune,
2004 L'Île sous le vent, Page 1
2007 Un Jardin dans les Appalaches, avec Steven L. Hopp et Camille Kingsolver. Pages 2
2010 Petit miracle et autres essais,
2010 Un autre monde, Page 2
2013 Dans la lumière,

Citation :
mise à jour le 26/08/2013, page 5

Voilà, ses romans nous ouvrent les yeux et marchent allégrement sur nos pieds de certitudes…
Ces Livres sont des bijoux finement ciselés et nous parlent des dégâts du fanatisme (Les yeux dans les arbres), d’un "road roman" entre une jeune femme qui n'a pas l'intention de finir ses jours dans le Kentucky, où les filles commencent à faire des bébés avant d'apprendre leurs tables de multiplication, et une petite fille indienne de 3 ans (« L'arbre aux haricots » suivit de « les cochons au paradis ») ou encore d’un endroit où l’on affirme que les montagnes respirent (Un été prodigue).

4 romans superbes, à déguster sans modération !


Un été prodigue : 3 superbes personnages de femmes qui donne en fait l'impression de lire trois histoires différentes, éloignées l'une de l'autre, qui finissent par se croiser et s'entrecroiser, pour finalement devenir une seule histoire: celle de la vie.
Une femme au foyer, qui à la suite du décès de son mari va se révéler une fermière aguerrie, une autre qui à force d’attaques plus ou moins subtiles va faire tourner casaque à son puritain de voisin (le rêve féminin ?) et une troisième, garde forestière au fin fond des bois, qui retrouve le goût de l’homme…

Maman, j’en veux une comme ça pour mon noël, sniff…


Les Yeux dans les arbres : Un pasteur baptiste américain Nathan Prico arrive en mission au Congo belge avec toute sa famille (sa femme et ses 4 filles…).
Face à l’arrogance et au fanatisme du père, chacune réagira à sa façon ; l’une court le « nouveau monde » sans se méfier de ses dangers, l’autre veut rester au lit, une autre encore va inventer une nouvelle langue…

Comment partir loin de ce qui vous brise ? Voilà la question que pose ce livre…chacune des 5 femmes y répondra à sa manière.
Le pasteur, quant à lui, est sourd au chemin de l’indépendance qui s’ouvre devant lui et qu’il refuse à lui-même, aux autres et au pays qu’il « occupe ».
L’imperfection de l’homme, la mort des idéaux, l’acception que les âmes pures n’existent pas ; voilà de quoi parle ce roman foisonnant d’émotions comme la jungle de végétations…


L'Arbre aux haricots : Missy est une jeune fille qui essaie d’éviter les pneus (elle a vu un de ses voisins projeté en l’air par l’explosion d’un pneu de tracteur) et les grossesses (très courantes chez les jeunes filles dans son « patelin »).
Un jour, elle achète une vieille voiture d’occasion et « taille » la route sans se retourner…Désormais elle s’appellera Taylor décide t-elle!
Sur la route, elle récolte des ennuis mécaniques, de la fatigue…et un bébé (une petite fille indienne) sans même avoir besoin de le faire !
La première chose que fait ce bébé est de s’accrocher, littéralement parlant, à Taylor qui, de ce fait, lui donnera le prénom de Turtle…
Par la suite, Taylor trouvera l’amitié chez un marchand de pneus (son garage s’appelle Seigneur Jésus) et se battra bec et ongles pour garder Turtle mais chut…il vous faudra lire le roman pour en savoir plus…

Que vous apportera ce roman : de l’émotion, des personnages plus attachants et loufoques les uns que les autres, de l’humour et même en prime, sans en avoir l’air, une belle réflexion sur la vie et… si vous aimez il existe une suite (les cochons au paradis) toute aussi prenante...
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MessageSujet: Re: Barbara Kingsolver   Barbara Kingsolver - Barbara Kingsolver EmptyMer 23 Mai 2007 - 20:00

L’ARBRE AUX HARICOTS de Barbara KINGSOLVER
Ed Rivages/278p
Trad : Martine Bequié


Taylor Greer a quitté le Kentucky pour Tucson en Arizona afin d’échapper « la malédiction des filles qui commencent à faire des bébés avant d’apprendre leurs tables de multiplication» qui semble être une règle de vie de sa petite ville. Lors d’une halte dans l’Oklahoma, elle se voit confier malgré elle un bébé, une petite indienne qu’elle baptise Turtle.

Un livre comme je les aime, une petite chronique autour d’un garage appelé Seigneur Jésus, Pneus d’occasion, où l’héroïne trouve un emploi, d’une mère divorcée chez qui elle vit, un couple d’immigrés fuyant la dictature de leur pays et des souvenirs horribles qui deviendront des amis, et les autres. Tous les ingrédients sont là, des personnages humains, fascinants, attachants, courageux dans certaines de leurs actions, de l’émotion, la naissance du lien mère/fille entre Taylor et sa fille adoptive par la force des choses, des décors splendides, une intrigue passionnante et voilà que l’on reste scotché du début à la fin, que l’on verse quelques larmes d’émotion aussi. Drôle, émouvant, tendre avec une écriture toute simple et douce sans fioriture, un beau, très beau roman.
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MessageSujet: Re: Barbara Kingsolver   Barbara Kingsolver - Barbara Kingsolver EmptyMer 27 Juin 2007 - 17:42

Les yeux dans les Arbres
Barbara Kingsolver - Ed. Rivages
Traduction de Guillemette Belleteste

Je me permets de rajouter un commentaire à ce fil ouvert par sousmarin, non pas pour rectifier, mais juste parce que...

ce livre est, je crois, mon préféré de ces cinq dernières années de lecture. Barbara Kingsolver a mis plus de 20 ans à l'écrire, contrairement à ses autres livres, intéressants mais moins achevés. Celui-ci se passe dans les années soixante au Congo, dans la tourmente de la libération du pays quand Lumumba le démocrate est renversé par Mobutu le dictateur avec l'appui de la CIA, mais ceci n'est que la toile de fond.

Un prêtre évangélique baptiste pur et dur, Nathan Price arrive au Congo dans un petit village de la brousse avec pour mission de convertir les habitants. Il vient des Etats Unis avec sa femme et ses quatre filles. Le récit sera conté tout à tour par sa femme et ses quatre filles. Lui est obsédé par la mission qu'il s'est fixée, jusqu'à en ignorer les souffrances endurées par sa famille complètement isolée dans un village de brousse. La routine familiale consiste à purement et simplement survivre : trouver de l'eau, la rendre potable, faire cuire de la nourriture, rester propre, se maintenir dans une bonne santé relative, s'intégrer autant que possible à la vie du village. Le désarroi des femmes est terrible mais le pasteur , guidé "par la main de dieu" jusqu'à l'aliénation, ignore ce désespoir. Tout comme il ignore les remous et le trouble qu'il sème dans la population locale, bien peu préparée à suivre les dogmes énoncés par cet homme rigide. Tout est prêt bien sûr pour que le pire arrive....

Un très beau livre à cinq voix, cinq perceptions différentes des mêmes faits, qui se complètent et se répondent, avec un effet kaléidoscopique très riche. Un livre sur l'enfance perdue, l'aliénation (qui est ici mystique renforcée par l'isolement) et l'extrémisme. Ce côté m'a fait penser au 'Coeur des Ténèbres' de Conrad. Barbara Kingsolver n'est pas tendre avec les Etats Unis et leur rôle déstabilisateur en Afrique, pas plus qu'avec les illuminés religieux 'made in the USA'. Un beau récit africain aussi, car l'amour de l'Afrique transpire à travers chaque chapitre.

A noter aussi que ce livre que j'ai lu en anglais puis acheté en français pour mon mari et mes amis a été très bien traduit. Probablement le meilleur de Kingsolver à ce jour.
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MessageSujet: coup de coeur   Barbara Kingsolver - Barbara Kingsolver EmptyMer 4 Juil 2007 - 0:30

Un été prodigue | Barbara Kingsolver]

Un régal que ce livre, cela faisait longtemps que je n'avais pas éprouvé un tel plaisir en lisant un roman. Barbara Kingsolver écrit comme une conteuse, je veux dire par là qu'en lisant ses mots c'est comme si on écoutait un conteur, vous savez ces personnes douées pour nous emmener avec eux dans un ailleurs, qui savent nous donner l'impression que nous sommes au coeur même de l'histoire.......bref j'ai ressenti cela, j'étais dans la forêt avec Deanna , j'en ai senti les odeurs, j'ai vu les animaux......je voyais la coquine Nannie et je comprenais tellement bien ce pauvre Garnett......et Lusa...j'étais un de ses fantômes.... !!
C'est cette forme d'écriture que je veux saluer ici, sachant que l'histoire en elle même devient de plus en plus intéressante dès lors que le destin de ses 3 femmes commence à s'assembler comme les pièces d'un puzzle......mais .....CHUT..... !!
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MessageSujet: Re: Barbara Kingsolver   Barbara Kingsolver - Barbara Kingsolver EmptyJeu 26 Juil 2007 - 17:25

"Une île sous le vent"


J'aime beaucoup les recueils de nouvelles malgré mon goût des longues histoires. J'ai l'impression d'être transportée dans diverses ambiances et croiser des personnages de manière forte et fugace à la fois et de lire des tranches de vie sur le vif.

« Une île sous le vent » est mon premier contact avec Barbara Kingsolver (j'ai un de ses romans en attente dans ma bibliothèque) et cette première lecture a été très agréable.
Douze nouvelles, douze récits parfois drôles souvent émouvants. Dans la première nouvelle « Retour à Hiwassee Valley » est l'histoire d'une petite fille qui écoute son arrière-grand-mère cherokee lui raconter le monde traditionnel, celui des « petites personnes » qui illuminent le quotidien en remettant tout à sa place, tout dans l'ordre des choses ou en faisant mille gentilles facéties. C'est aussi le monde des désillusions indiennes: la tradition est emplacée par son avatar le folklore « Je me demande bien ce qu'ils fabriquent. Les Indiens Cherokees ne portent pas de plumes » dit l'aïeule en observant un couple indien souhaitant la bienvenue aux touristes....et la petite-fille ne pouvant absolument imaginer les indiens sans plumes sur la tête!
Dans d'autres nouvelles, « Histoire naturelle » « Songes de pierre », Barbara Kingsolver met en scène des couples en bout de course ou qui s'éloignent peu à peu jusqu'à la séparation ou qui se retrouve enfin plus unis. Plus loin, dans « Une île sous le vent », une fille et sa mère se retrouvent et se parlent à nouveau quand elles se découvrent toutes les deux enceintes, récit où la rancoeur filiale se mêle à une grande tendresse et où la fille comprend, des années plus tard, combien sa mère fut désorientée et seule à la mort de l'époux. Une femme s'interroge sur l'avenir de sa fille, regarde ce qu'a été la sienne et qui année après année protège chaque hiver un pied d'azalée. Une jeune voleuse repentie se lie d'amitié avec une vieille dame qui perd la mémoire et accuse un voleur invisible, jusqu'au jour où elle assiste, impuissante et triste, au vol d'un objet de collection (un chapeau « Vallon et Argod, exposition universelle de 1925 » porté par son mari le jour de leur mariage) qui aura une douloureuse conséquence pour Nola, la vieille dame. Une jeune femme d'origine mexicaine, abandonnée par son mari, syndicaliste engagée, se bat pour de meilleures conditions de travail et se voit arrêtée et mise en détention. Une fillette, en Guadeloupe, aide un sorcier à renvoyer un zombie sous terre. Une jeune femme de couleur dont on a nié la féminité pour la sauver du racisme et de l'intolérance, est parée d'atouts par l'amitié d'une petite fille. Le désir de maternité d'une femme allergique aux piqûres d'insectes, étouffé par la peur de laisser derrière soi des enfants.

Tranches de vie où la défense de la nature, l'attention envers les enfants, la philosophie ancestrale des indiens sont en filigrane au même titre que la force empreinte de fragilité des femmes.
Barbara Kingsolver parle de destins de femmes dans une Amérique marquée par la religion, l'argent, un racisme toujours latent et la consommation. Des femmes proches de la nature, à l'écoute de leur environnement et de leurs enfants: elles les protègent au mieux des souffrances du monde adulte tout en sachant qu'ils y seront un jour confrontés, parfois à un prix élevé (celui d'une absence de maternité). Sous sa plume, l'idéalisme et le réalisme se disputent et se côtoient et s'estompent dans la magie exercée par la nature, les plantes, les paysages parcourant les divers récits. La beauté des lieux citadins comme campagnards accompagnent les personnages et enchantent le lecteur.
Un joli voyage dans l'âme humaine et dans le coeur des fillettes et des femmes.
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MessageSujet: Re: Barbara Kingsolver   Barbara Kingsolver - Barbara Kingsolver EmptyLun 6 Aoû 2007 - 11:56

(Oh les misères d'ordinateur, mon message s'est effacé Sad).

Vraiment, merci de m'avoir fait découvrir cette Barbara Kingslover. Je me suis régalée avec L'arbre aux haricots. Je rejoins ce que vous en avez dit. Ecriture toute simple, originale parfois, très agréable à lire. Personnages attachants, histoire touchante. Des passages très drôles aussi, il y avait longtemps que j'avais ri à haute voix dans un livre.

Citation :
Turtle, brandissant une baguette dans chaque main, avait réussi à attraper un morceau d'ananas. Petit à petit elle l'a soulevé jusqu'à sa bouche grande ouverte, mais les baguettes étant plus longues que ses bras, l'ananas est resté suspendu en l'air au-dessus de sa tête. Puis il est tombé par terre derrière elle. Nous avons ri et l'avons encouragée, mais Turtle était si surprise qu'elle s'est mise à pleurer.

(C'est pas un extrait vraiment représentatif, mais, bon, j'ai pas retenu les autres passages que j'avais relevés.)

Je ne vais pas tarder à lire d'autres choses de cet écrivain. Grande découverte. Merci encore !
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MessageSujet: Re: Barbara Kingsolver   Barbara Kingsolver - Barbara Kingsolver EmptySam 11 Aoû 2007 - 19:54

Les yeux dans les arbres

Une lecture pénible. Pas parce que c'était mauvais, au contraire, mais j'avais de la peine pour ces 4 filles totalement perdu. Surtout pour la sale gosse un peu bête en fait, habituée qu'elle est au confort et un mode de vie américain, elle est incapable de faire face à la situation au Congo. Là-bas les gens ne trouvent pas sa coiffure admirable, mais fausse, et ils lui tirent les cheveux.

Le père bien sûr est détestable persuadé de sa mission divine, il effraie à moitié les habitants avec son histoire de baptême dans une eau pleine de crocodile. Et lorsqu'il n'essaie pas d'évangéliser les habitants, il tyrannise sa famille avec des règles idiotes et des pratiques inadaptées. Il refuse absolument de changer, mais tente de changer les autres en fonction de principe n'ayant alors plus aucun sens.

Un livre dur en fait.
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MessageSujet: Re: Barbara Kingsolver   Barbara Kingsolver - Barbara Kingsolver EmptyMar 25 Déc 2007 - 13:40

Les cochons au paradis.

Quel plaisir de retrouver les personnages que j'avais tant aimé dans L'arbre aux haricots ! Les cochons au paradis est en fait la suite de ce livre-là, et l'histoire se passe trois ans plus tard. Fidèle à elle-même, l'auteur poursuit son tableau mouvant des aventures de Taylor et de Turtle, sa fille adoptive, dans son style épuré, simple, profond, prenant, parfois poétique, drôle et émouvant. Ce qui me surprend vraiment, c'est le ton est extrêmement juste qu'elle emploie. Jamais une phrase en trop, un passage désagréable ou tiré en longueur. Et puis ces personnages, ces scènes de vie presque trop réelles, omniprésentes.

Je vous recommande donc ce roman-ci, ainsi que le précédent bien-sûr. De vraies pièces d'humanité.
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MessageSujet: Re: Barbara Kingsolver   Barbara Kingsolver - Barbara Kingsolver EmptyJeu 31 Juil 2008 - 15:38

Un été prodigue



L'été approche, une effervescence fait bruisser la forêt et la montagne en une douce explosion d'arômes, de camaïeux verts, d'éclosions plantureuses. L'été qui approche à grands pas ne sera pas comme les autres pour les trois personnages principaux de ce roman verdoyant, rempli des beautés de la nature encore laissée tranquille par les hommes.
Deanna Wolfe est garde pêche et garde forestier et vit en solitaire dans la montagne depuis près de deux ans. Elle a une passion: les prédateurs et notamment celui qui a été inlassablement chassé par l'homme et qui inlassablement s'adapte et revient plus superbe que jamais...le coyote! Cette partie du Kentucky semble être devenu le territoire d'une meute discrète, augurant d'une belle harmonie pour la faune et la flore de son coin de paradis. Deanna garde cette découverte pour elle afin de ne pas attirer les foudres peureuses et inadaptées des fermiers du coin.
Las, son fragile équilibre va être mis à mal avec l'apparition d'un jeune homme, Eddie Bondo, fils d'éléveur de moutons et ennemi inconditionnel du coyote! Partagée entre sa folle attirance envers cet homme et sa passion protectrice pour le coyote, Deanna ne se reconnaît plus. Chaque minute passée avec l'homme qui deviendra son amant, est une tentative pour lui faire comprendre combien la haine du coyote est sans fondement et dangereuse pour l'équilibre environnementale. Lors des pérégrinations de Deanna et Eddie au coeur du domaine fédéral, on découvre des paysages grandioses, l'utilité de la moindre petite bestiole dans le grand cycle de dame Nature. On a l'impression de se retrouver dans un Paradis perdu pour ceux qui ne savent pas ouvrir leurs yeux, leurs bras, leurs mains, leur nez mais aussi leur coeur: l'Amérique mâle, le fusil en bandoulière en prend pour son grade de même que les lâchetés du pouvoir fédéral (on offre des primes d'abattage de prédateur, c'est à dire ours et surtout coyote tout en créant des réserves naturelles pour se donner bonne conscience.).
Lusa a épousé Cole, un fermier, et a quitté son labo de recherche pour le suivre au milieu de nulle part. C'est qu'elle avait rêvé de devenir fermière, au coeur de la nature, entourée d'arbres et de papillons, et pourtant elle ce demande en ce jour de mai, où les senteurs de chèvrefeuille embaument l'air, comment elle a pu en arriver là: elle lit en cachette, elle est rejetée par ses belles-soeurs et surtout doit partager l'espace de la maison familiale avec le fantôme de sa belle-mère! Lusa ne supporte plus ses querelles conjugales et pense sérieusement à quitter Cole. Le destin en décidera autrement: Cole meurt brutalement dans un accident de voiture, la laissant seule, désemparée de chagrin et de solitude, avec une ferme endettée et un avenir plus que sombre. Les relations familiales évoluent: doutes, silences pesants, regards fuyants jusqu'au jour où Lusa apprend d'un part qu'une de ses belles-soeurs, Lois, se meurt du cancer et qu'elle décide de se charger des deux enfants et d'autre part que la famille craint de voir la maison familiale, pleine de souvenirs et de doux fantômes, ne plus jamais leur appartenir (si Lusa se remarie un jour). Les arômes de confiture de cerise, de conserves de tomates, de courgettes et autres légumes foisonnant de son jardin, adoucissent les chagrins des uns et des autres. Cependant, comment faire pour survivre sans se lancer dans la culture cynique du tabac? Lusa, arabe par sa mère et juive par son père, se souvient de l'importance des fêtes religieuses et regardant le calendrier s'aperçoit que les fêtes musulmane et juive se dérouleront en même temps! Une idée, saugrenue et folle, germe dans son esprit: un de ses cousins vend de la viande de chèvre à New-York et est partant pour s'associer avec elle. Lusa parcourt le comté pour récupérer les chèvres dont les fermiers veulent se débarasser: le troupeau grandit, le bouc fait son office et les bêtes défrichent et entretiennent les champs! Lusa réussira-t-elle son pari? Dès le départ, le lecteur sent que la réponse ne peut être que positive sans que cette perpective soit gênante pour le déroulement du récit. Certes, on peut arguer le fait qu'un happy end semble un peu trop naïf et facile mais l'argument littéraire n'est pas, à mon sens, à ce niveau. Le coeur de la narration est la nature, ses beautés et ses interactions essentielles pour l'équilibre de tous. L'histoire de Lusa est celle d'une femme qui souhaite vivre de sa terre sans préjudice à la nature qui l'entoure: les papillons sont utiles, les herbes folles aussi tout comme les insectes butineurs et les animaux à poils ou a plumes et l'activité humaine doit s'harmoniser avec cela plutôt que de les combattre aveuglement.
Garnett, un vieux monsieur solitaire et veuf, et Nannie Rawley passent leur temps à se chamailler: ils sont voisins depuis toujours mais ont des vues différentes sur l'usage des pasticides et autres joujous chimiques. Le premier, issu d'une famille autrefois argentée, ne jure que par le Roundop et autres poudres de perlimpinpin nocives au point d'avoir remplacé sa belle toiture de tuiles anciennes pour une couverture d'amiante (ah les belles années 70!!!), la seconde est une écologiste convaincue qui s'est lancée dans la production bio. Le duel est caricatural à souhait (mais il faut bien cela pour marquer les esprits): le potager de Garnett n'est qu'un fiasco tandis que celui de Nannie regorge de légumes splendides, luisants et charnus à souhait....comme ceux que vendent les Amishs au marché (mais Garnett accepte leur vision du monde puisque c'est une vision religieuse!). "Aujourd'hui Garnett se proposait de se rendre directement là-haut et de frapper à sa porte grillagée, mais, en remontant l'allée, il avait remarqué que ses échelles et son matériel de cueillette étaient dispersés en vrac dans la partie ouest du verger. Il traversa juste en contrebas de son grand jardin potager, qui paraissait bien entretenu aussi, il fallait l'admettre. Comme par magie, elle obtenait brocolis et aubergines sans employer de pesticides. Garnett avait lui-même renoncer à planter du brocoli - réduit à du fourrage pour chenilles arpenteuses -, quant à ses aubergines, elles grouillaient tellement de puces terrestres qu'on les aurait dit grêlées d'une volée de chevrotines. Il inspecta son maïs, dont le plumet venait bien, avec deux semaines d'avance sur le sien. Avait-elle tout de même des vers dans son maïs? Il s'interdit de l'espérer." (p 310)
En effet, Garnett est le prototype même de l'Américain rural moyen: Dieu et la Bible sont à la base de tout mode de vie. B.Kingsolver, en filigrane, égratine doucement mais sérieusement, la pensée créationiste qui ne développe qu'une seule chose: l'obscurantisme et l'intolérance. La bataille de Garnett est de faire renaître le chataîgner d'Amérique laminé par une maladie: lorsque les arbres ont commencé à être atteints et que le mal s'est avéré ne pas pouvoir être endiguer, les Garnett du comté se sont précipiter pour les abattre sans réfléchir au fait, scientifique, qu'il y a toujours des survivants aux épidémies! Le pauvre Garnett essaie sans relâche les croisements qu'il replante et entoure de tous ses soins chimiques...jusqu'au jour où il apprend que des spécimens ont survécu sur les terres de Nannie! Bien entendu, ce couple de voisins qui se détestent tellement qu'on ne peut s'empêcher de penser qu'ils s'apprécient au fond d'eux-mêmes, sans se l'avouer. D'ailleurs, au fil des disputes, Garnett se rend bien compte que sa défunte épouse a du développer son cancer en respirant la poussière des pesticides, il se rappelle des précisions écrites en tout petits caractères qu'il n'a jamais osé lire pour ne pas avoir à regretter l'utilisation de ses sacs de mort lente!
Les personnages principaux, au cours du récit, que l'on pourrait croire indépendants des uns des autres, vont subtilement se rapprocher: les menus faits de leur vie se croisent et convergent les uns vers les autres: de surprise en surprise, les liens se tissent et se nouent en une très belle histoire où l'espoir en la vie est plus fort que tout!
"Un été prodigue" est un roman foisonnant, emmenant le lecteur par monts et par vaux au cours de longues et belles descriptions de la région des Appalaches. B.Kingsolver embarque son lecteur dans son histoire, au rythme des courses de Deanna dans le domaine fédéral, des rêveries et des papillons de Lusa, des chamailleries de Garnett et Nannie, et le fait se passionner, à son grand étonnement, pour le sort des coyotes, des papillons de nuit, de la dure loi de la chaîne alimentaire et des alternatives agricoles! L'auteure sait jouer à merveille de la suggestion d'images provoquées par ses mots, ses phrases et leur rythme. "Un été prodigue" est un cri d'amour pour l'harmonie entre la Nature et l'Homme, pour la tolérance et le respect des espèces (dont fait partie l'Homme) mais aussi un beau roman écologique.
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MessageSujet: Re: Barbara Kingsolver   Barbara Kingsolver - Barbara Kingsolver EmptyLun 3 Aoû 2009 - 1:29

Je viens de terminer la lecture de l'Arbre aux haricots. Je ne connaissais pas du tout Barbara Kingsolver. La personne qui m'a prêté ce livre pour les vacances m'avait dit que c'était son livre "fétiche". Il y a des livres qui vous marque plus que d'autres, aussi je comprends que celui-ci puisse en faire partie. Elle m'avait dit qu'il se lisait vite et qu'après l'avoir lu, on était "sur un nuage" et je voyais bien qu'à chaque fois qu'elle m'en parlait, elle l'était "sur son nuage"!! Comme je l'interrogeais, elle me disait qu'il était plein d'humour. Drôle ? Non, pas vraiment, il est triste aussi mais quand tu sors de la lecture, tu te sens bien et le monde te parait meilleur.

Wouah ! Un livre qui fait rire mais triste à la fois et qui se lit vite, ça faisait beaucoup de choses. Fallait que j'aille voir ! Et si le monde, par dessus le marché paraît plus doux et s'ouvre à tous les possibles, l'espace d'un instant... J'aime bien le petit extrait qui suit mais n'allez pas croire qu'il résume tout, le style, le genre et la forme. Non, le livre, comme il est dit plus haut par les autres lecteurs est l'histoire d'une jeune américaine qui part avec sa veille bagnole et taille la route puis se retrouve avec un bébé qu'on lui colle dans les bras... Pour le reste et si vous voulez en savoir plus sur Esperanza et Estevan, les Cherokees et le lac Oologah, faudra que vous alliez voir.


Voilà le petit extrait pris dans les dernières pages.

- Taylor, tu te rappelles le jour où t'étais en colère après moi parce que tu voulais pas qu'on ressemble à une famille ? Tu disais qu'il ne nous manquait plus qu'un petit chien appelé Spot ? Ben, t'énerve pas, mais j'ai dit à quelqu'un que toi, Turtle et Dwayne Ray, vous étiez ma famille. Quelqu'un au travail qui m'a dit dit : "T'as une famille chez toi ?"
Et j'ai répondu : "Ben oui", sans même réfléchir.
Je voulais parler de vous tous. C'est sans doute parce qu'on en a vu de toutes les couleurs. On se connaît par nos bons et nos mauvais côtés, des choses que personne d'autre ne sait".

Je savais pas trop quoi répondre.

"Je veux pas dire, jusqu'à ce que la mort nous sépare et tout le tintouin. Mais sur cette terre rien n'est garanti, si on réfléchit bien, tu crois pas ? J'ai beaucoup pensé à tout ça. Tes enfants, ils sont pas vraiment à toi, c'est juste des gens dont tu essaies de t'occuper, en espérant que plus tard ils continueront à t'aimer et qu'ils seront toujours entiers. Ce que je veux dire, c'est que tout ce qu'on a, c'est comme un prêt, tu comprends ?

- Ouais, Comme les livres de bibliothèque. Tôt ou tard, il faudra les ramener.

- Exactement. Alors, à quoi bon se rendre malade. Autant en profiter tant qu'on les a.

- Oui, après tout, on pourrait dire qu'on est une famille", j'ai dit.
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MessageSujet: Re: Barbara Kingsolver   Barbara Kingsolver - Barbara Kingsolver EmptyLun 3 Aoû 2009 - 1:41

Oui, c' est cela, Barbara Kingsolver...

Une vision un peu sublimée des années 70, ou inspirée par ces années-là... je ne me souviens plus très bien...

C' est cela dans l' Arbre aux haricots, un peu moins ailleurs, elle frole la
mièvrerie parfois.
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MessageSujet: Re: Barbara Kingsolver   Barbara Kingsolver - Barbara Kingsolver EmptyLun 3 Aoû 2009 - 1:53

Bonsoir Bix !
A aucun moment, je n'ai ressenti cette impression de "mièvrerie" ni d'ailleurs ce sentiment de "vision sublimée". "Vision sublimée" ? tu es sûr qu'on parle du même bouquin laugh
A vrai dire, l'Amérique dépeinte n'est pas du tout sublimée mais nous montre, bien au contraire, pas mal de "tares". Et même si tout cela est fait gentiment et sans en avoir l'air, parler de mièvrerie me parait un peu fort.
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MessageSujet: Re: Barbara Kingsolver   Barbara Kingsolver - Barbara Kingsolver EmptyLun 3 Aoû 2009 - 8:19

Jviens de lire tout le fil : eh ben je note l'arbre aux haricots!
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MessageSujet: Re: Barbara Kingsolver   Barbara Kingsolver - Barbara Kingsolver EmptyLun 3 Aoû 2009 - 8:24

Allez, un autre petit extrait :

Turtle, brandissant une baguette dans chaque main, avait réussi à attraper un morceau d'ananas. Petit à petit elle l'a soulevé jusqu'à sa bouche grande ouverte, mais les baguettes étant plus longues que ses bras, l'ananas est resté suspendu en l'air au-dessus de sa tête. Puis il est tombé par terre derrière elle. Nous avons ri et l'avons encouragée, mais Turtle était si surprise qu'elle est mise à pleurer. Je l'ai prise sur mes genoux.

"Tortolita, je vais te raconter une histoire, lui a dit Estevan. C'est une incroyable histoire indienne d'Amérique du Sud sur l'enfer et le paradis. "Mrs Parson a pris un air pincé et Estevan a poursuivi.
"Si un jour tu vas visiter l'enfer, tu verras une pièce comme une cuisine. Sur la table, il y a une casserole pleine d'un délicieux ragoût qui dégage l'arôme le plus délicat que tu puisses imaginer. Tout autour, des gens sont assis, comme nous. Seulement, ils meurent de faim. Ils baragouinent et ils jacassent", il a regardé de façon particulièrement insistante Mrs. Parsons, "mais ils ne peuvent pas toucher à ce merveilleux ragoût que Dieu a fait pour eux. Pourquoi donc en est-il ainsi ?

- Parce qu'ils sont en train de s'étouffer ? Pour l'éternité ?" a demandé Lou Ann. L'enfer, pour Lou Ann, était forcément un endroit rempli d'objets pointus et de petites choses rondes à manger.
"Non, a-t-il répondu. Bonne idée, mais non. Ils meurent de faim parce qu'ils n'ont que des cuillères avec de très longs manches. Longues comme ça." Il a désigné le balai-brosse que j'avais oublié de ranger. "Avec ces abominables cuillères ridicules les gens en enfer peuvent atteindre la casserole mais ils ne peuvent pas mettre la nourriture dans leur bouche. Dieu, comme ils ont faim ! Comme ils jurent et s'insultent !" Son regard s'est à nouveau posé sur Virgie Mae. Il s'amusait.
"Maintenant, a-t-il poursuivi, tu peux aller visiter le paradis. Surprise ! Tu vois une pièce exactement comme la première, la même table, la même casserole de ragoût, les mêmes cuillères aussi longues que des balais-brosses. Mais les gens sont toujours heureux et gras.
- Vraiment gras, ou alors tu veux dire bien nourris ? a demandé Lou Ann.
- Simplement bien nourris. Parfaitement, magnifiquement bien nourris, et très heureux. Pourquoi, à ton avis ?"
Il a coincé un morceau d'ananas entre ses baguettes, sans bavure s'il vous plaît, et lui a fait traverser toute la table pour l'offrir à Turtle. Elle l'a pris comme un oisillon qui vient de naître.
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MessageSujet: Re: Barbara Kingsolver   Barbara Kingsolver - Barbara Kingsolver EmptyLun 3 Aoû 2009 - 8:31

Coucou Mimi ! ça fait plaisir de te revoir poster !

(Merci pour l'extrait, ça a l'air tout tendre et meugnon)
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