Arto Paasilinna [Finlande]

Steven a écrit:

Peut-être qu'il n'est pas pour moi. Mais, influencé par ce qu'il y a écrit sur la quatrième de couverture, je m'attendais à une sorte de Rabelais moderne, un San-a en quelque sorte. Avec de la vie, plus dans les mots que dans l'histoire. Il y a de la picole dans ce livre, mais sans vie, sans liquide qui coule, dégouline le long des pages. Ca reste trop froid, les bastons n'en sont pas les colères non plus. J'essaierai plus tard un autre roman.

Son livre généralement le plus apprécié, c'est le Lièvre de Vatanen.

C'est vrai que ses personnages ne sont pas très fouillés psychologiquement, et qu'ils ressemblent parfois plus à des archétypes qu'à des personnages en chair et en os...

archétypes, ça convient bien à l'industriel Rauno Ramekorpi.

Steven a écrit:

archétypes, ça convient bien à l'industriel Rauno Ramekorpi.

Ah bah voilà, en fait c'était un livre très profond, une réflexion sur la forme et ses rapports avec le fond... On va bientôt voir Paasilinna apparaître dans les listes des prétendants au Nobel (de littérature, hein, pas de picole).

Tu es membre du jury pour le Nobel ? Traversay et toi et il aura une chance. Coline et moi, un peu moins sur ce que j'ai lu. Mais je ne l'abandonnerai pas.

En fait, il est un peu je m'en foutiste, l'ami finlandais. Une idée de roman, une bonne bouteille de vodka ou d'aquavit à portée de main et hop c'est parti pour 250 pages. Je ne sais pas, je ne l'imagine pas travailler ses textes, ciseler et peaufiner. A quoi bon, ça marche de toute façon. Le problème est que ses livres débarquent en France dans le plus grand désordre chronologique. Moi qui aime bien voir évoluer un auteur, ça me frustre.

Apparemment, il procède un peu comme Amélie Nothomb : un roman par an (sauf que lui n'en écrit pas trente-six dans l'année).
Il y avait eu un article dans Télérama, il y a quelques années, il était dit (de mémoire) qu'il commence à écrire son livre tous les ans à peu près au même moment, et qu'il finit à peu près toujours au même moment. C'est assez réglé.
Le problème de ce genre de trucs, c'est que même quand l'inspiration n'est pas trop là, ils publient quand même... Il a du métier, Paasilinna.

Steven, non, malheureusement je ne vote pas au Nobel ! (dommage...)

eXPie a écrit:

Le problème de ce genre de trucs, c'est que même quand l'inspiration n'est pas trop là, ils publient quand même... Il a du métier, Paasilinna.

Ca pourrait faire l'objet d'une étude sur les limites naturelles de l'imaginaire humain.

Ca y est : je viens de terminer mon premier Paasilina.
J'ai beaucoup aimé. Et je sais maintenant où Jonas Jonasson a pris bon nombre de ses idées (et le ton de l'ensemble de son livre) pour écrire son Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire.
Ca me déçoit un peu. Pas vraiment du plagiat, mais une bonne inspiration tout de même. Même si l'écriture de Jonasson est beaucoup plus vive car bien moins narrative.



La douce empoisonneuse

Linnea est la veuve du colonel Ravaska qui a vaillamment combattu dans l’armée finlandaise au cours d’une vie de militaire de carrière exemplaire. Le colonel s’est notamment illustré au cours de la Seconde Guerre Mondiale sur le front russe contre l’Armée rouge (la Finlande était engagée dans le conflit aux cotés de l’Allemagne nazie). La veuve ne touche aujourd’hui plus qu’une petite retraite qui lui permet de vivre décemment dans une ancienne petite métairie qu’elle a achetée et retapée dans une campagne bucolique non loin d’Helsinki.
Vieillesse qui aurait dû être tranquille et confortable si son abominable neveu Kauko Nyyssönen n’avait pris l’habitude de lui rendre une visite mensuelle pour lui extorquer sa rente le jour de son versement. A tel point que Linnea en est venu à redouter l’échéance. Ce nouveau terme ne fait pas exception : le neveu débarque avec deux acolytes ; association de malfaiteurs, sales, braillards, alcooliques et un net penchant pour la violence. Caricaturaux, mais le trait est forcé volontairement : on imagine sans peine les trois vauriens la mine patibulaire et bave aux lèvres. Kauko délesta sa tantine de ses sous en prenant soudain conscience que celle-ci n’était pas éternelle (Lienna est âgée de 78 ans). Il lui fit aussitôt signer un papier écrit rapidement sur un coin de table et faisant de lui son légataire universel. C’en est trop pour la vieille dame : elle réunit quelques affaires et s’enfuit dans la forêt bordant sa propriété avec l’intention d’appeler la maréchaussée. Forces de l’ordre qui débarquent en fanfare obligeant les délinquants à se cacher. Le ressentiment de Kauko à l’endroit de Lienna augmenta alors brutalement. Décision fut prise de lui faire passer le goût du pain. Désespérée, tantine se réfugia chez un vieil ami où elle mit au point un violent poison qui lui permettrait de mettre fin à ses jours si la bande parvenait à la retrouver : plutôt mourir que de subir une nouvelle fois la tyrannie des trois hommes.
Mais les choses ne se passèrent pas tout à fait comme l’espérait. Quand le premier membre du trio (le plus décidé et le plus dangereux) lui mis la main au collet, le triste sir se piqua accidentellement à la seringue que Linnea se destinait. La vieille dame avait prévu une mort, mais pas celle-ci. Elle fut bouleversée, mais nullement peinée. Au cours de cet été finlandais, le trio criminel devait encore se réduire au fur et à mesure de ses tentatives d’assassinat.
Arto Paasilinna signe un livre drôle, loufoque, fantasque dans lequel règne un humour débridé, déjanté. L’ironie est l’une des pièces maitresse de son texte. Très narratif, il décrit les déboires de Linnea qui tue par inadvertance et finalement avec une certaine légèreté d’âme. Le cadavre n’est jamais traité gravement pas l’auteur : la mort n’est jamais un drame mais au contraire chaque fois une délivrance accueillie avec sérénité et une certaine nonchalance.
Un très bon moment de lecture.

C'est mon préféré parmi ceux que j'ai lus de lui.

Si je peux me permettre un conseil, il vaut mieux un peu espacer les lectures de cet auteur, parce que cela reste léger, ce qui d'ailleurs fait en parti son charme, mais qui dans un temps trop rapproché peur lasser.

Arabella a écrit:

C'est mon préféré parmi ceux que j'ai lus de lui.

Si je peux me permettre un conseil, il vaut mieux un peu espacer les lectures de cet auteur, parce que cela reste léger, ce qui d'ailleurs fait en parti son charme, mais qui dans un temps trop rapproché peur lasser.

C'est noté, chère Arabella.

Harelde a écrit:

Arabella a écrit:

C'est mon préféré parmi ceux que j'ai lus de lui.

Si je peux me permettre un conseil, il vaut mieux un peu espacer les lectures de cet auteur, parce que cela reste léger, ce qui d'ailleurs fait en parti son charme, mais qui dans un temps trop rapproché peur lasser.

C'est noté, chère Arabella.

C'est vrai...
J'avais été un peu déçu par la Douce Empoisonneuse, parce que j'en attendais plus, je pensais que ça allait plus exploser de partout, comme dans La Cavale du Géomètre. J'ai eu l'impression d'un remake, ou du moins d'une forte inspiration de Tueurs de Vielles dames (le film de Mackendrick).
Mais c'était bien sympa quand même.

eXPie a écrit:

Harelde a écrit:

Arabella a écrit:

C'est mon préféré parmi ceux que j'ai lus de lui.

Si je peux me permettre un conseil, il vaut mieux un peu espacer les lectures de cet auteur, parce que cela reste léger, ce qui d'ailleurs fait en parti son charme, mais qui dans un temps trop rapproché peur lasser.

C'est noté, chère Arabella.

C'est vrai...
J'avais été un peu déçu par la Douce Empoisonneuse, parce que j'en attendais plus, je pensais que ça allait plus exploser de partout, comme dans La Cavale du Géomètre. J'ai eu l'impression d'un remake, ou du moins d'une forte inspiration de Tueurs de Vielles dames (le film de Mackendrick).
Mais c'était bien sympa quand même.

C'est vrai, je m'attendais aussi à un livre plus explosif, davantage comme le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire qui, lui, part en tout sens.
J'ai trouvé au contraire une certaine... j'allait dire "sobriété" : mais non, le terme est un peu fort. Un certain "contrôle", des "limites". L'auteur veille à rester dans son sujet, à conter la même action, à suivre le même fil directeur.
C'est très plaisant, mais pas jubilatoire.

Petits suicides entre amis

Deux Finlandais volontaires au suicides se rencontrent par hasard et font capoter leur double tentative. Ils sympathisent et décident de prendre contact avec d'autres compatriotes qui ont la même pulsion. Un symposium est organisé. Un certain nombre décide de rester ensemble et de se suicider en groupe. Un car prend la direction du grand Nord. Mais d'aventure en beuverie, le groupe continue le voyage et traverse l'Europe.

Comme souvent avec Paasilinna, le début est accrocheur et réussi, et plutôt amusant. Et comme souvent avec cet auteur, au bout d'un moment cela donne le sentiment de patiner, de tourner en rond, devient trop prévisible et répétitif. Mais si le besoin d'une petite lecture récréative se fait sentir, ce livre vite lu, pas déplaisant au final, peut parfaitement faire l'affaire.

Arabella a écrit:

Petits suicides entre amis

Comme souvent avec Paasilinna, le début est accrocheur et réussi, et plutôt amusant. Et comme souvent avec cet auteur, au bout d'un moment cela donne le sentiment de patiner, de tourner en rond, devient trop prévisible et répétitif. Mais si le besoin d'une petite lecture récréative se fait sentir, ce livre vite lu, pas déplaisant au final, peut parfaitement faire l'affaire.

C'est pourquoi j'ai abandonné cet auteur, on sait à l'avance ce qu'on va y trouver et on s'y ennuie un peu, mais sympathiquement.

Quand même, la moitié du livre a été divertissante, j'ai même pas mal ri à certains passages. Mais je pense que je vais faire comme toi et abandonner aussi. Mais j'avais celui-ci dans ma PAL, et comme je suis dans la grande opération de vidage de ladite PAL, voilà.

Si quelqu'un le veut, je peux l'offrir. Envoyez un MP.