Jean-Philippe Toussaint [Belgique]

aériale a écrit:

Je ne me suis pas ennuyée mais on ne peut pas dire que ce livre m'a scotchée. Et j'ai cette impression un peu dérangeante d'un auteur qui se complait dans les métaphores et les images sans se dévoiler vraiment.
Un avis entre deux donc!

Les critiques littéraires s'enflamment parfois de manière un peu disproportionnée et démolissent d'autres oeuvres avec le même excès. Mais on fait parfois un peu pareil sur parfum (moi le premier)! Merci de ton avis nuancé qui donne envie de le lire mais sans s'y précipiter.

aériale a écrit:

En gros, est-ce assez pour parler de roman génial dont la presse le qualifie presque unanimement?

je suis la première à avouer que j'étais un peu étonnée de voir ce livre dans la sélection pour le Goncourt.. à mon avis, il s'agit d'un bon livre.. mais à ce point?

Marie n'était pas aussi énigmatique pour moi, puisque je la suis depuis les deux autres livres, mais ton impression est tout à fait à considérer parce qu'on devrait pouvoir lire ce livre sans ceux d’avant..

Ah oui, Je voulais répondre à Kena hier soir...

kenavo a écrit:

je suis la première à avouer que j'étais un peu étonnée de voir ce livre dans la sélection pour le Goncourt.. à mon avis, il s'agit d'un bon livre.. mais à ce point?

Marie n'était pas aussi énigmatique pour moi, puisque je la suis depuis les deux autres livres, mais ton impression est tout à fait à considérer parce qu'on devrait pouvoir lire ce livre sans ceux d’avant..

Les critiques ont adoré tout simplement parce qu'il y ont vu "un livre théatral riche en symboles" autour du thème du désir: Les éléments naturels la pluie, l'orage, le feu etc, censés représenter l'embrasement des coeurs et la fuite du cheval, l'amour indomptable. Oui, ok, je veux bien, mais pour moi cela reste toutefois un peu surfait, trop intellectualisé, et si l'on peut extrapoler au maximum sur les symboliques (le cheval tel Icare qui s'envole et se venge par le feu. Bon) personnellement ce n'est pas ce qui me transporte le plus. Je suis restée spectatrice, pas impliquée. Peut-être Marko y serait plus sensible?

Epi dit à propos de Faire l'amour

Citation :

je n'ai ressenti moi-même aucune émotion, peut-être aussi parce que cette belle écriture est un peu trop froide à mon goût.Mais c'est un beau roman sur une rupture pas tout à fait assumée, pas tout à fait consommée et d'ailleurs, le livre n'a pas vraiment de fin, on se dit qu'il y a forcément quelque chose après

Toussaint emploie toujours la même approche on dirait. Les corps se frôlent, les coeurs se cherchent. C'est bien décrit, élégant et sensuel, mais pour moi cela reste un peu léger. Surement en partie parce que Marie n'est jamais tangible, toujours idéalisée, et qu' elle finit par être inexistante.

Alors je ne pense pas que lire les deux précédents nous révèle plus de choses, on tourne autour d'une image qui reste lointaine, insaisissable. Et le roman n'est jamais fermé...
Eh oui qu'il est fûté ce Toussaint

aériale a écrit:

Alors je ne pense pas que lire les deux précédents nous révèle plus de choses, on tourne autour d'une image qui reste lointaine, insaisissable. Et le roman n'est jamais fermé...
Eh oui qu'il est fûté ce Toussaint

Pour le coup, je me demande si je vais lire Fuir et La vérité sur Marie. J'ai bien aimé le premier mais d'après ce que vous dites des deux autres, j'aurais sans doute les mêmes réserves

Je viens de finir son roman , Monsieur, et franchement je n'ai pas aimé du tout, il ne se passe rien, le ton est monocorde, c'est plat ! je me suis ennuyée !

L’urgence et la patience

Tout petit livre qui offre comme un bonheur tranquille.

Réunissant divers textes plus ou moins anciens, d'une merveilleuse écriture ample et sobre à la fois, Jean Philippe Toussaint partage avec une grande intelligence, et un humour pétillant, son rapport à la lecture et à
l’écriture, intimement mêlés : comment il écrit (dans l’urgence et la patience justement) , ses outils d’écriture (machines à écrire et petits carnets), ses lieux de lecture et d’écrivain (fauteuils, bus, villes, hôtels) , quelques personnages : Jérôme Lindon, Proust , Dostoïevski, Beckett.
Doux comme une soirée de confidence antre amis.
Indispensable pour qui s’essaye à l’écriture

Spoiler:

topocl a écrit:

Spoiler:

oh mais je ne suis pas si méchante de vouloir imposer des auteurs que j'aime bien aux autres
surtout que j'aurais penseé que J.P.Toussaint fait partie des auteurs qui te laissent plutôt sur ta faim
d'autant plus contente de voir que tu as passé un bon moment dans sa compagnie

kenavo a écrit:

topocl a écrit:

Spoiler:

oh mais je ne suis pas si méchante de vouloir imposer des auteurs que j'aime bien aux autres

Je ne crains pas ta méchanceté, je voulais juste ne pas te faire de peine...

kenavo a écrit:

[
surtout que j'aurais penseé que J.P.Toussaint fait partie des auteurs qui te laissent plutôt sur ta faim

Certes... ce n’est sans doute pas un hasard!
Celui-ci avait été encensé au masque et la plume. Ses fictions ne me tentent pas trop, mais là c'était réellement une petite merveille!

Nue

Citation :

Nue est le quatrième et dernier volet de l'ensemble romanesque Marie Madeleine Marguerite de Montalte, qui retrace quatre saisons de la vie de Marie, créatrice de haute couture et compagne du narrateur (Faire l'amour, hiver, 2002 ; Fuir, été, 2005 ; La Vérité sur Marie, printemps-été, 2009 ; Nue, automne-hiver, 2013).

Voilà, c'est fait, la boucle est bouclée... le destin de Marie a accompagné le lecteur pendant quatre livres et selon les dires de l'auteur nous voilà à la fin.
En quelque sorte c'est bien puisqu'il l'a terminé avec le plus beau texte de tous les quatre, mais d'autre part je suis triste de voir partir Marie... je m'étais attachée à elle... et ses lubies!

Pour ce dernier volet, Jean-Philippe Toussaint reprend quelques scènes et personnages des trois livres d’avant, surtout le premier lors de leur séjour au Japon, et en quelque sorte on reçoit aussi avec ce roman le « plan » de cette année (bien que les livres sont parus sur un temps de  presque dix ans, l’histoire même de Marie et du narrateur se fait dans une année, un livre pour chaque saison).

Quand vous lisez mes commentaires pour les autres livres de ce cycle, inutile de dire que j’ai aimé, inutile de dire plus…

Pour ceux qui veulent aller à la découverte, sur le site du livre chez l’éditeur on peut lire des extraits

Et voici une interview plus qu'intéressante avec l'auteur où il dit entre autre:

Citation :

Les quatre romans se complètent, s'enrichissent mutuellement. Chaque livre fait partie d'un ensemble, mais on peut très bien les lire séparément, et dans l'ordre qu'on souhaite.

Je pourrais même, pour chacun d'eux, trouver une bonne raison de dire que c'est par celui-là qu'il faut commencer: «Faire l'amour», parce que c'est le premier que j'ai écrit, «Fuir», parce que c'est le premier dans la chronologie de l'histoire du narrateur et de Marie, «la Vérité sur Marie», parce qu'il offre la structure romanesque la plus complexe et qu'il ravira les amateurs de chevaux, et «Nue», parce que c'est le dernier et que j'apporte un élément narratif déterminant qui s'apparente à un dénouement au regard de l'ensemble du cycle.

Nue


Marie-Madeleine-Marguerite de Montalte (« Marie ») est styliste de haute couture. Chef d’entreprise moderne et avisée, un œil sur ses créations et l’autre sur les cours de la bourse. Un défilé à Tokyo, un rendez-vous à New York, un appartement à Paris et à l’instar de l’Empereur, un pied à terre sur l’île d’Elbe.

Marie, c’est aussi la compagne du narrateur. Ou plutôt l’ex-compagne car le couple s’est séparé. Dissocié. Physiquement du moins. Car pour ce qui est de l’esprit, les choses n’ont pas l’air de suivre : le narrateur pense sans cesse à elle, escalade le toit d’une salle de gala tokyoïte – gala auquel il n’est pas invité – pour apercevoir sa muse à travers un hublot, campe à côté du téléphone espérant l’entendre sonner bientôt tandis que madame invite monsieur à passer deux semaines en sa compagnie pour des vacances tyrrhéniennes.

« Nue » de Toussaint, c’est pour moins le trait d’union entre Philippe Claudel et ses réminiscences parfumées et Jean Echenoz. Les senteurs du premier, la poésie et la concision du second. Après avoir lu l’interminable « Canada » de Richard Ford, ce court roman est un bonheur absolu. Une écriture fort belle faite d’images et d’odeurs (de miel et de chocolat).

Une magnifique histoire d’amour.

Harelde, pour bien comprendre Nue, il vaut mieux avoir lu les livres précédents, ou pas forcément ?

J'ai fini La réticence, Toussaint est un auteur que j'ai découvert par hasard et que j'aime beaucoup; j'ai du mal à qualifier ses livres, il s'attarde toujours sur un détail, une manière de vivre, enfin quelque chose vu sous un regard  singulier (voir la Télévision ou la Salle de bain par exemple). Dans ce roman, comme toujours, on ne sait rien du narrateur, sinon qu'il loge dans un hôtel avec son fils, quelque part au bord de la mer (en Italie ?). Cette réticence qui s'exprime est celle que ressent le narrateur à l'idée d'aller voir Biaggi, un de ses amis qui possède une grande maison tout près. A aucun moment on ne verra ce fameux individu mais le narrateur l'imagine, le fantasme, se persuade qu'il le suit, croit le voir mort dans la mer, etc. En fait, tout le roman est construit sur un gigantesque fantasme, c'est assez impressionnant à lire car paradoxalement, à aucun moment je ne me suis ennuyée. Il y a beaucoup de répétitions (j'ai été frappée par l'emploi des relatives, omniprésentes), il y a peut-être un côté "exercice de style" (pas si étonnant puisque Toussaint est publié chez Minuit :)) mais qui me convainc à chaque fois !

Fantaisie héroïque a écrit:

Harelde, pour bien comprendre Nue, il vaut mieux avoir lu les livres précédents, ou pas forcément ?

dans mon commentaire, qui se trouve au-dessus de celui d'Harlede, j'a cité l'auteur tout en bas de mon commentaire qui donne un avis concernant la lecture du cycle autour de Marie  
j'ai lu les quatre et je pense comme lui, qu'on peut les lire sans se ternir à un ordre, bien que j'ai aimé la façon dont évolue l'histoire et surtout le dernier, Nue, est à mon avis toujours à lire en dernier...

Fantaisie héroïque a écrit:

quelque part au bord de la mer (en Italie ?)

sur la page du livre sur le site de Minuit, on peut lire:

Citation :

arrive avec son petit garçon de huit mois dans un village de bord de mer, Sasuelo. Un indicatif téléphonique, donné dans le dernier tiers du livre, révèle que Sasuelo est une localité corse (imaginaire ?), dans la région de Bastia.

il y a d'ailleurs deux bien bons commentaires sur cette page

Fantaisie héroïque a écrit:

Harelde, pour bien comprendre Nue, il vaut mieux avoir lu les livres précédents, ou pas forcément ?

Je n'ai lu que celui-ci. Ce qui ne m'a pas du tout gêné pour lire "Nue".
 

j'ai découvert Jean Philippe toussaint par hasard à la bibliothèque. Comme quoi, flâner dans cet endroit peut être utile. J'ai commencé par "faire l'amour", la barre était donc assez haute. Puis j'ai tout lu. Il y en a que je n'ai pas aimés : "monsieur", "la salle de bain". Et d'autres que j'ai adoré : " la réticence". Mais surtout, il a écrit ce que je considère être comme un chef d'œuvre d'humour, de poésie et de tendresse et d'optimisme:  "la télévision". La scène ou il dit que son fils de 5 ans est nul comme gardien de but est extraordinaire. Lorsqu'il raconte qu'il met son doigt dans la motte de terre de la fougère je riais tout seul. Bref je crois que c'est un de mes livres préférés.  ce livre je l'ai acheté uniquement pour pouvoir le prêter à mes amis. Et je le relirai bientôt.

J'aime bien l'humour de Toussaint, mais j'étais restée sur ma faim avec Faire l'amour. Je note La télévision Marc and co

Et bienvenue à toi au passage