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| Ogawa Yôko | |
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Auteur | Message |
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traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Mar 15 Juin 2010 - 11:43 | |
| Les tendres plaintes - Citation :
- Ruriko est calligraphe. Fuyant la brûlure des infidélités de son mari, elle part s’installer seule en pleine montagne, dans le chalet de ses parents. Elle rencontre Nitta, pianiste reconverti dans la fabrication de clavecins.
Des êtres blessés. Fragiles. En reconstruction. Dans un lieu isolé, comme envahi par une nature apaisante et/ou inquiétante. Les tendres plaintes, le roman de Yoko Ogawa (dont la traduction a mis une petite quinzaine d'années à nous parvenir) est narré uniquement par Ruriko, sans contrepoint qui pourrait remettre en question sa vision des faits. Une femme en équilibre précaire, qui a pris la décision de quitter son mari infidèle, dont on soupçonne que l'esprit flirte avec un type de névrose difficilement identifiable. Le lecteur n'a pas le choix, il ne peut que suivre les pensées de cet esprit torturé, la façon dont elle raconte son passé et ses rencontres présentes, ses poussées de jalousie, ses inquiétudes, sa solitude, ses fantasmes. Dans ce monde flottant, où l'on pressent que perversité est soeur de douceur, Yoko Ogawa pousse parfois le symbolisme un peu loin. Juste un peu. Mais sa minutie obsessionnelle pour transcrire les états d'âme de son héroïne a quelque chose de fascinant, avec cette balance permanente entre tendresse et morbidité. Et le plus impressionnant est le don de Yoko Ogawa pour nous faire ressentir les choses, physiquement. Il n'est pas innocent que les principaux protagonistes du livre travaillent de leurs mains : Ruriko, calligraphe ; Nitta, facteur de clavecins et son assistante, Kaoru. Les autre sens sont aussi en alerte avec la musique de Rameau, les yeux que soignent le mari de Ruriko, les odeurs de la nature, omniprésente, le goût des mets des repas partagés qui sont l'occasion de révélations et de passages à l'acte. Sans parler du chien, sourd et aveugle, spectateur attentif et catalyseur de l'histoire. Plus la narratrice s'épanche, plus son mystère s'épaissit. La dernière scène est comme un renoncement, ou un nouveau départ. Les deux, peut-être ? | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Mar 15 Juin 2010 - 13:03 | |
| merci pour ton avis.. je l'ai commencé, mais puisque je n'avance pour l'instant avec aucun livre, n'importe mon choix, cela va prendre encore un moment avant que je vais le terminer | |
| | | Epi Escargote Zen
Messages : 14255 Inscription le : 05/03/2008 Age : 64 Localisation : à l'ouest
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Mar 15 Juin 2010 - 13:15 | |
| Merci Traversay, ce livre me tente absolument, je crois que je deviens fan Kenavo, je crois que c'est la première fois que je te vois un peu en panne avec tes lectures | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Mar 15 Juin 2010 - 13:25 | |
| Pas encore tout a fait fini Les Tendres plaintes, mais je suis un peu plus réservé : le livre brasse les thèmes habituels, mais j'ai l'impression qu'Ogawa l'a mieux fait dans d'autres livres... que ce livre-ci est nettement moins mémorable... Cristallisation secrète m'a paru nettement mieux, pour parler du précédent paru en français... Je n'avais pas compris pourquoi Cristallisation secrète avait mis du temps à être traduit en français (il datait de 1994). Ce roman-ci, je comprends mieux. J'ai l'impression qu'il est un peu en roue libre. | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Mar 15 Juin 2010 - 17:48 | |
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| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Mer 16 Juin 2010 - 22:31 | |
| Les Tendres plaintes. (Yasashii uttae, 1996), traduit en 2010 par Rose-Marie Makino et Yukari Kometani. 239 pages. Actes Sud. Le roman commence ainsi : - Citation :
- "Quand je suis arrivée au chalet, tout autour il faisait déjà nuit."
La narratrice vient de quitter son mari, violent et infidèle. "Je m'étais rendu compte trois ans auparavant que mon mari avait quelqu'un d'autre dans sa vie, mais notre relation s'était déjà détérioré." (page 12). Le chalet, c'est celui où elle venait en famille pendant les vacances, lorsqu'elle était petite. - Citation :
- "Récemment, la fatigue de mon travail ne disparaissait pas facilement. Le majeur de ma main droite qui tenait la plume était déformé par un durillon. Mon mari ne l'aimait pas. Il disait que cette boule dure donnait l'impression qu'elle allait se fendre d'un moment à l'autre et que des chenilles allaient en sortir.
C'est pourquoi devant lui je faisais en sorte de montrer mes mains le moins possible. Je ne portais ni bagues ni bracelets. Je ne me vernissais pas les ongles." (pages 20-21). Les mains, ou plus exactement le bout des doigts (ce qui permet de toucher, de connaître ?) une des nombreuses obsessions ogawaiennes. Le mari, comme on le voit, ne semble pas aimable, ni bien sympathique. Mais du peu qu'on le voit, il a l'air assez franc. Pourquoi ne se sont-ils pas quittés depuis longtemps, ça… Dans la longue liste des métiers originaux (ou rares dans les romans) que l'on rencontre chez Ogawa, on a ici la calligraphie. On va être confronté également au processus de fabrication des clavecins chez des voisins. On rencontre un vieux chien (ce n'est pas la première fois chez Ogawa), une piscine, des objets qui "à première vue en désordre étaient cependant alignés en respectant une certaine cohérence" (page 37 ; et hop, on a le thème du classement), une boîte "vieille mais solide" (page 91), bien sûr. On pourrait continuer ainsi : l'endroit comme hors du temps, … L'histoire (ou l'absence d'histoire) va tourner entre notre héroïne, le facteur d'instruments et son assistante. Le facteur d'instrument est un personnage que l'on rencontre de temps à autre chez Ogawa, mais qui étaient jusqu'à présent plus ouvertement dominateurs, ou plus vieux. Là, il est jeune et sympathique. Bien sûr, les personnages ont chacun leur petit traumatisme (chacun le sien), mais cela ne va pas bien loin. Le début du roman est globalement pas mauvais, et puis le livre et l'histoire patinent, il n'y a pas de tension, de progression, de but que l'on pourrait percevoir et attendre… Il faudrait une tension, une atmosphère, ou des personnages vraiment singuliers, originaux. Ici, ils sont très effacés (sauf l'assistante, dans une certaine mesure). Et c'est long, puisque le lecteur n'attend rien (quelle différence avec Cristallisation Secrète, ou L'Annulaire, ou Le Musée du Silence, ou… quasiment tous ses autres romans). Les deux dernières pages sont pas mal du tout, elles rejettent le reste du livre dans une parenthèse hors du temps, presque magique. Ogawa a fait nettement mieux avant, et nettement mieux après. Pour ce roman-ci, on comprend qu'il n'avait pas été traduit jusqu'à présent (même s'il y a peut-être d'autres raisons que la simple qualité). A noter que l'on a deux "solutionner" (pages 89 et 168), verbe vraiment très moche.
Dernière édition par eXPie le Mer 16 Juin 2010 - 22:38, édité 1 fois | |
| | | Epi Escargote Zen
Messages : 14255 Inscription le : 05/03/2008 Age : 64 Localisation : à l'ouest
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Mer 16 Juin 2010 - 22:35 | |
| Deux avis bien différents donc. Je poursuivrai ma découverte d'Ogawa avec d'autres titres alors. | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Mer 16 Juin 2010 - 22:39 | |
| - Epi a écrit:
- Deux avis bien différents donc. Je poursuivrai ma découverte d'Ogawa avec d'autres titres alors.
Oui, Traversay et moi avons apparemment été sensibles à des aspects différents du livre... | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Mer 16 Juin 2010 - 23:02 | |
| - eXPie a écrit:
- Epi a écrit:
- Deux avis bien différents donc. Je poursuivrai ma découverte d'Ogawa avec d'autres titres alors.
Oui, Traversay et moi avons apparemment été sensibles à des aspects différents du livre... Et la grosse différence c'est que je découvre Ogawa avec ce livre, alors que tu en es un amateur éclairé. Je ne voudrais pas être pédant mais l'atmosphère du livre m'a rappelé les films de Shimizu. | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Mer 16 Juin 2010 - 23:07 | |
| - traversay a écrit:
- eXPie a écrit:
- Epi a écrit:
- Deux avis bien différents donc. Je poursuivrai ma découverte d'Ogawa avec d'autres titres alors.
Oui, Traversay et moi avons apparemment été sensibles à des aspects différents du livre... Et la grosse différence c'est que je découvre Ogawa avec ce livre, alors que tu en es un amateur éclairé. Je ne voudrais pas être pédant mais l'atmosphère du livre m'a rappelé les films de Shimizu. Je suis peut-être éclairé par la mauvaise lumière Shimizu... le réalisateur de Ju-on (The Grudge) ? | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Mer 16 Juin 2010 - 23:09 | |
| - eXPie a écrit:
- traversay a écrit:
- eXPie a écrit:
- Epi a écrit:
- Deux avis bien différents donc. Je poursuivrai ma découverte d'Ogawa avec d'autres titres alors.
Oui, Traversay et moi avons apparemment été sensibles à des aspects différents du livre... Et la grosse différence c'est que je découvre Ogawa avec ce livre, alors que tu en es un amateur éclairé. Je ne voudrais pas être pédant mais l'atmosphère du livre m'a rappelé les films de Shimizu. Je suis peut-être éclairé par la mauvaise lumière
Shimizu... le réalisateur de Ju-on (The Grudge) ? Non, Hiroshi Shimizu, cinéaste des années 30 et 40, sorte de précurseur de Naruse et Ozu. | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Mer 16 Juin 2010 - 23:12 | |
| - traversay a écrit:
Non, Hiroshi Shimizu, cinéaste des années 30 et 40, sorte de précurseur de Naruse et Ozu. Ah... Je n'ai jamais vu de film de lui... Tant mieux, d'un côté, ça voudrait dire qu'il y a un petit stock de films nippons intéressants à voir ! | |
| | | Epi Escargote Zen
Messages : 14255 Inscription le : 05/03/2008 Age : 64 Localisation : à l'ouest
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Mer 16 Juin 2010 - 23:30 | |
| - traversay a écrit:
- eXPie a écrit:
- Epi a écrit:
- Deux avis bien différents donc. Je poursuivrai ma découverte d'Ogawa avec d'autres titres alors.
Oui, Traversay et moi avons apparemment été sensibles à des aspects différents du livre... Et la grosse différence c'est que je découvre Ogawa avec ce livre, Ah, c'est important ça ! Bon, de toute façon, j'ai Hôtel Iris dans ma PAL donc le prochain sera très certainement celui-là mais c'est intéressant de voir que les points de vue divergent selon que l'on est familier de l'oeuvre de l'auteur ou pas. | |
| | | odrey Sage de la littérature
Messages : 1958 Inscription le : 27/01/2009 Age : 46
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Jeu 17 Juin 2010 - 9:06 | |
| - traversay a écrit:
- eXPie a écrit:
- Epi a écrit:
- Deux avis bien différents donc. Je poursuivrai ma découverte d'Ogawa avec d'autres titres alors.
Oui, Traversay et moi avons apparemment été sensibles à des aspects différents du livre... Et la grosse différence c'est que je découvre Ogawa avec ce livre, alors que tu en es un amateur éclairé. Je ne voudrais pas être pédant mais l'atmosphère du livre m'a rappelé les films de Shimizu. Ha mais c'est très pédant. Tu devrais avoir honte Traversay. Avoir de la culture sur un forum littéraire, non mais où va le monde?! | |
| | | Epi Escargote Zen
Messages : 14255 Inscription le : 05/03/2008 Age : 64 Localisation : à l'ouest
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Sam 10 Juil 2010 - 19:04 | |
| Cristallisation secrète
La narratrice vit sur une île où les choses peu à peu disparaissent et avec elles, le souvenir qu'en ont les habitants et les sentiments qui s'y rattachent. Tout le monde n'oublie pas cependant, certains gardent la mémoire et les émotions intactes et se cachent pour échapper à la police qui les traque sans relâche.
Une sorte de conte, très triste, très poétique, empreint d’une certaine douceur peut-être due à la nostalgie des choses perdues et à la façon dont tous acceptent sans regrets et sans questionnement ces disparitions.
Mais cette histoire fait peur parce qu’elle nous rappelle comme il est facile d’oublier ce que nous ne voyons plus. Au début, on en est surpris ou attristé mais ça ne dure pas très longtemps et au bout d’un moment, cette chose n’existe même plus dans notre cœur. Et c’est tellement vrai. Notre capacité à oublier est telle qu’on ne s’en aperçoit pas toujours et pourtant, cela nous arrive à nous aussi, c’est moins spectaculaire, ce n’est pas collectif mais nous en faisons tous l’expérience tout au long de notre vie.
Ce qui est effrayant aussi c'est la façon dont les habitants de l'île acceptent, sans état d’âme, ces disparitions imposées et avec elles, la perte de leur mémoire et de leur liberté, c’est ce qui m'a le plus troublée. Ce n'est pas tant la disparition en tant que telle mais la facilité avec laquelle chacun se résigne. Les oiseaux disparaissent mais on ne s’en émeut guère, on se débarrasse tout simplement de tout ce qui touche aux oiseaux et on passe à autre chose. Alors j'ai du mal à interpréter ce qu'à voulu dire l'auteur exactement. Dit-elle que quoiqu'il puisse arriver, l'être humain s'adapte à tout sans mal, même aux évènements les plus extrêmes -la disparition totale, c'est quand même autre chose qu'une simple interdiction de posséder- ou bien n’a t-elle tout simplement pas traité le sujet à fond et laissé cet aspect de côté ? Je ne connais pas suffisamment Ogawa pour décider mais cette question restée en suspens m'a mise un peu mal à l'aise.
Ce qui m’a surtout plu, c’est cette ambiance très étrange et cette mélancolie qui s’en dégage. Un récit qui nous dit combien les êtres et les choses sont fragiles, combien le monde est vulnérable, combien la manipulation des peuples est facile. Un sujet banal mais traité ici de façon originale.
Ce livre est extrêmement agréable à lire parce que malgré la violence du sujet, l'écriture est tout le contraire, un style très simple, pur, sans détours, pas larmoyant malgré la tristesse qui se dégage de ces mots. Il raconte la fin du monde mais sans apitoiement et ça coule tout seul, presque sans peine.
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| | | | Ogawa Yôko | |
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