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| Ogawa Yôko | |
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Auteur | Message |
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eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Jeu 21 Mar 2013 - 22:34 | |
| Le Petit joueur d'échecs ( Neko wo Daite Zô to Oyogu, 猫を抱いて象と泳ぐ, 2009). Roman traduit du japonais en 2013 par Martin Vergne. 332 pages. Actes Sud. Le titre original semble se traduire par "Un chat dans les bras il nage avec l'éléphant" (ça a été le titre français temporaire, que j'aime bien : il a une jolie bizarrerie). Le titre français est plus direct : le roman va parler d'échecs. D'une certaine façon, au début du livre, Ogawa utilise le jeu d'échecs comme elle avait utilisé les mathématiques dans La Formule Préférée du Professeur : il y a un petit côté pédagogique, mais qui s'efface vite. Après, le roman se développe finalement mieux que La Formule. Le héros est un petit garçon qui est né avec les lèvres collées. Bien sûr, les médecins ont procédé à une opération pour lui permettre de s'alimenter. - Citation :
- "Une fois seulement le garçon demanda à sa grand-mère pourquoi on lui avait dessoudé les lèvres.
- Eh bien, mais parce que tu ne pouvais pas respirer, lui répondit-elle, pragmatique. - C'est par le nez qu'on respire. - Comment faire pour téter, alors. - Dans ce cas, pourquoi Dieu fabrique-t-il des hommes qui ne peuvent pas téter ? Sa grand-mère arrêta son raccommodage, et pour gagner du temps prit pour le triturer le fameux chiffon qui pendait de la ceinture de son tablier. - C'est qu'il lui arrive parfois de se précipiter, lui répondit-elle en regardant son chiffon changer de forme entre ses mains. Il a sans doute apporté un soin particulier à un autre endroit, et à la fin il n'aura pas eu le temps de séparer les lèvres, tu ne crois pas ? - Un autre endroit, lequel ? - Je ne sais pas, moi. C'est lui qui décide. Les yeux, les oreilles, la gorge, en tout cas il a dû mettre en place un mécanisme que les autres n'ont pas. C'est sûr et certain." (page 30). Son don à lui, ça va être les échecs. Comme souvent chez Ogawa, notre jeune héros va se trouver un maître hors normes. Lui-même n'est pas banal, comme on l'a vu ; mais, conséquence ou non de cette différence initiale qui a laissé des traces, il aspire au calme, à la tranquillité, et ne peut vraiment se concentrer qu'en se dissimulant : même son lit est clos. Comme de nombreux personnages ogawaiens, il se sent bien dans un espace étroit, renfermé, coupé du reste du monde, un peu comme s'il avait disparu (le grand thème ogawaien). Le jeu d'échecs lui-même s'inscrit dans les thèmes chers à l'auteur : la transcription d'une partie d'échecs, c'est la trace écrite, qui peut si facilement disparaître, d'une partie qui a eu lieu. Une partie belle, exceptionnelle, poétique, mais qui est éphémère et ne pourra survivre que grâce à quelques annotations sur une feuille ; et cette partie sera encore plus remarquable si la personne qui la transcrit aura eu une belle écriture. Notre jeune héros découvre donc les échecs, mais également les grands joueurs du passé. - Citation :
- "Le garçon était stupéfait de la beauté de Staunton qui était également acteur, impressionné par la notion d'harmonie produite par le génie de Morphy, semblable à une étoile filante, et il eut le coeur blessé en apprenant que Steinitz, qui avait analysé le mécanisme de la victoire d'un point de vue scientifique et non esthétique, avait souffert dans sa vieillesse de troubles psychiatriques. En découvrant parmi les écrits qu'il avait laissés la phrase qui disait : « Avec un pion de plus j'aurais pu aussi vaincre Dieu » il avait même éprouvé de la tristesse. [...]
Voir une transcription lui permettait d'imaginer le genre du joueur. S'il était précautionneux ou intrépide, ironique ou trop gentil, sociable ou incapable de s'exprimer... Pas seulement le caractère : lui revenait la manière dont il tenait les pièces, le ton de sa voix et même l'odeur de son corps. Qu'il s'agisse d'un joueur qui avait vécu trois cents ans auparavant ou d'un champion contemporain n'y changeait rien." (page 73). Il en vient à s'intéresser à la vie d'Alekhine. - Citation :
- "A la fin de l'autobiographie d'Alekhine, il vit la photographie de sa tombe que l"on disait se trouver au cimetière du Montparnasse, à Paris, mais chaque fois que le garçon ouvrait le livre à cette page, il ne pouvait s'y attarder. Parce que l'orientation de l'échiquier gravé au pied de la stèle était fausse. Quand les adversaires se trouvent de part et d'autre de l'échiquier, de chaque côté en bas à droite il doit y avoir une case claire, et c'était une foncée. Dans ce cas, Alekhine ne pouvait jouer." (page 76).
(photo Wikipedia) Peut-être que l'intention du concepteur n'était pas que Alekhine puisse jouer (un tel joueur avait-il besoin d'un échiquier ?) mais que l'on puisse lui rendre hommage en jouant sur sa tombe, auquel cas on s'installe à droite et à gauche ? Les années vont passer... On va suivre l'évolution de notre héros, ses aventures. Petites remarques concernant le texte français : pourquoi utiliser ce verbe horrible qu'est solutionner (par exemple page 252), quand résoudre existe ? (certes, il arrivait à Rose-Marie Makino-Fayolle de l'utiliser aussi - en tout cas dans les traductions publiées sous son nom. A noter qu'il est intéressant de voir les changements dans le style lors d'un changement de traducteur ; Martin Vergne aime beaucoup couper des phrases, en mettre deux là où j'ai l'impression qu'il aurait très bien pu n'y en avoir qu'une - par exemple, dans la citation ci-dessus, page 76 - ; mais comme je ne connais pas le Japonais...). Et pourquoi utiliser si souvent "jouer" de façon transitive ? Il est pourtant facile d'écrire "jouer contre quelqu'un" au lieu de "Jouer quelqu'un" : même le Petit Robert (en tout cas la version 2006) écrit qu'il s'agit d'un emploi critiqué. C'est bon pour les commentateurs sportifs, mais pas pour un Ogawa, quand même... On trouve également "lorsqu'il a gagné le maître" (page 301). Usage familier, dit le Petit Robert. Mouais. Pourquoi nous donner une phrase laide alors qu'il est tellement simple d'écrire "lorsqu'il a gagné contre le maître" ? ou bien "lorsqu'il a battu le maître" ? Le Petit joueur d'échecs est un très joli livre, dans la lignée de ce qu'écrit Ogawa actuellement (on est dans sa période "douce"), mais sans qu'on ait une impression de répétition. De plus, il n'est nul besoin de connaître les règles du jeu pour l'apprécier (on n'est pas dans Le Maître de Go de Kawabata).
Dernière édition par eXPie le Jeu 21 Mar 2013 - 23:28, édité 3 fois | |
| | | Heyoka Zen littéraire
Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Jeu 21 Mar 2013 - 23:23 | |
| Ton joli commentaire me conforte dans l'idée que cette auteure va me plaire | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Ven 22 Mar 2013 - 15:03 | |
| - Kannskia a écrit:
- Ton joli commentaire me conforte dans l'idée que cette auteure va me plaire
A condition de tomber sur un bon. Car la dame écrit beaucoup et se palnte de temps en temps. Mais elle sait se racheter... Un peu comme JCO, en somme ! | |
| | | Heyoka Zen littéraire
Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Ven 22 Mar 2013 - 15:04 | |
| - bix229 a écrit:
- A condition de tomber sur un bon. Car la dame écrit beaucoup et se palnte de temps en temps. Mais elle sait se racheter... Un peu comme JCO, en somme !
Lesquels sont "à éviter" selon toi ? | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Ven 22 Mar 2013 - 15:51 | |
| - Kannskia a écrit:
- bix229 a écrit:
- A condition de tomber sur un bon. Car la dame écrit beaucoup et se palnte de temps en temps. Mais elle sait se racheter... Un peu comme JCO, en somme !
Lesquels sont "à éviter" selon toi ? Je pense n' avoir pas assez lu d' elle. Mais je peux te dire quand meme que ses nouvelles m' ont rarement déçu. Notamment La Mer, le dernier que j' ai lu. Et j' ai bien envie de lire Cristallisation secrète. | |
| | | darkanny Zen littéraire
Messages : 7078 Inscription le : 02/09/2009 Localisation : Besançon
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Ven 22 Mar 2013 - 17:01 | |
| - Kannskia a écrit:
Lesquels sont "à éviter" selon toi ? Hôtel Iris, en tous cas moi j'ai pas aimé du tout alors que j'ai aimé tous ceux que j'ai lus (et il y en a pas mal) | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Ven 22 Mar 2013 - 17:52 | |
| - darkanny a écrit:
- Kannskia a écrit:
Lesquels sont "à éviter" selon toi ? Hôtel Iris, en tous cas moi j'ai pas aimé du tout alors que j'ai aimé tous ceux que j'ai lus (et il y en a pas mal) en principe je te donne raison, si on n'accompagne pas ce livre d'un grand avertissement, la lecture peut ne pas bien se passer... je l'ai découvert avec ce roman, c'était mon premier Ogawa, j'ai adoré et je suis devenue une adepte par après, mais ce roman figure en effet plus du côté de ses écrits "tordus" | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Ven 22 Mar 2013 - 17:55 | |
| Elle est trop "tordue" pour moi Ogawa... | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Ven 22 Mar 2013 - 18:01 | |
| Je n'ai pas aimé L'hôtel Iris ni La formule préférée du professeur (ce dernier n'est pas du tout, mais pas du tout tordu Coline, je dirais même trop plein de bons sentiments). Les seuls textes qui m'ont intéressés d'elle sont les nouvelles : La piscine, L'annulaire... | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Ven 22 Mar 2013 - 18:07 | |
| J'ai cru comprendre en effet, d'après les avis, que le dernier était plus soft. La formule préférée du professeur l'était aussi mais je n'ai pas accroché du tout. Et ce sont les nouvelles qui m'avaient horrifiée. | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Ven 22 Mar 2013 - 18:56 | |
| - coline a écrit:
- J'ai cru comprendre en effet, d'après les avis, que le dernier était plus soft.
La formule préférée du professeur l'était aussi mais je n'ai pas accroché du tout. Et ce sont les nouvelles qui m'avaient horrifiée. Moi non plus ! J' ai failli arreter de la lire après ce livre-là. Mais les nouvelles sont à réexaminer... | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Ven 22 Mar 2013 - 20:38 | |
| - coline a écrit:
- Elle est trop "tordue" pour moi Ogawa...
Je me permets de te poster à nouveau la réponse faite sur un autre fil, et que tu n'as je crois pas vue. Je te conseillerais volontiers La marche de Mina, tout en tendresse et nostalgie, et dont les petites bizarreries qui semblent être la marque de fabrique de l'auteur n'ont rien de glauque. Ici, elles contribuent surtout à souligner l'univers onirique de la petite fille. Je peux me tromper, mais sachant que tu as tant aimé La vie rêvée des plantes, je pense que cet univers pourrait bien correspondre à ta sensibilité. De Yoko Ogawa, je n'ai lu que cet ouvrage et La formule préférée du professeur ( (sympathique certes, mais que j'ai moins aimé), et n'ai rien trouvé de dérangeant dans les deux cas. |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Ven 22 Mar 2013 - 20:46 | |
| Alors il te reste à découvrir le côté tordu de l'auteur Armor. C'est vrai qu'elle a en quelque sorte deux visages. | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Ven 22 Mar 2013 - 23:35 | |
| - Armor-Argoat a écrit:
- coline a écrit:
- Elle est trop "tordue" pour moi Ogawa...
Je me permets de te poster à nouveau la réponse faite sur un autre fil, et que tu n'as je crois pas vue.
Je te conseillerais volontiers La marche de Mina, tout en tendresse et nostalgie, et dont les petites bizarreries qui semblent être la marque de fabrique de l'auteur n'ont rien de glauque. Ici, elles contribuent surtout à souligner l'univers onirique de la petite fille. Je peux me tromper, mais sachant que tu as tant aimé La vie rêvée des plantes, je pense que cet univers pourrait bien correspondre à ta sensibilité.
Merci Armor de me le redire car, effectivement, ta remarque m'avait échappé. | |
| | | Noémie Sage de la littérature
Messages : 1290 Inscription le : 24/11/2010 Localisation : Au pied des Pyrénées...
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Lun 1 Avr 2013 - 11:04 | |
| J' ai tourné la dernière page du "Petit joueur d'échecs " hier soir et ce matin, je suis venue lire vos commentaires, kenavo et Expie, je ne l'avais pas fait volontairement avant la lecture.... C'était mon premier roman de cet écrivain et avant tout, je dois dire que je le range dans mes "Trésors de lecture", il restera un de mes livres préférés. Comme le dit Expie, Yoko Ogawa crée des mondes et c'est cela que j'ai aimé : le petit joueur d'échecs vit au milieu de "rêves" et en compagnie d'êtres chers vivants ou non et il y trouve la sérénité et l'acceptation de tous, ce n'est que lorsque le monde réel prend plus d'importance, qu'il n'y trouve plus sa place : au magasin, il ne va pas voir les articles à vendre mais la place où a vécu l'éléphante Indira et elle est toujours là auprès de lui, il quitte Miira à cause de la laideur des joueurs des échecs humains et surtout,il y a la présence de Pion, le chat, qui est toujours contre lui et celle encore plus forte de son Maître qui lui a apporté la Sagesse en lui enseignant les échecs...... Impossible pour moi de raconter davantage ce roman, il m'a touchée au coeur et j'ai hâte de poursuivre ma découverte de cet auteur .... Et je préfère vous laisser découvrir le cheminement de Little Alekhine par la lecture... En hommage au Petit joueur d'échecs : | |
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| Sujet: Re: Ogawa Yôko | |
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| | | | Ogawa Yôko | |
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