Mario Rigoni Stern [Italie]

Mario Rigoni Stern est né à Asagio, en Italie.

Son oeuvre porte essentiellement sur deux thèmes : la guerre et sa région.

Mario Rigoni Stern a combattu -contre son gré- sur le Front russe en 1942-43 et a vécu la terrible retraite qui s'en suivit.
L'essentiel dans son oeuvre, c'est l'empathie constante qui le lie à l'humanité humble et souffrante, si souvent trompée, manipulée, humiliée.
Il partage cette qualité remarquable avec Francesco Biamonti.

A cette empathie est associée la région d'Italie où il est né et où il vit toujours. Et plus particulièrement le plateau d'Asagio, dans les Alpes italiennes, qui furent l'objet de nombreux bouleversements historiques.
Quand il parle de son pays, c'est toujours avec l'affection de ceux qui vivent ancrés à une terre de montagne apre et difficile, et qui se succédèrent de génération en génération.

Il est évident que leur patience et leur courage furent récompensés.
Mario Rigoni Stern parle, aussi, avec simplicité mais avec lyrisme des paysages, des animaux, des arbres...
Pour lui, les animaux sont doués de raison, de sensibilité, de noblesse parfois.

Mario Rigoni Stern était lié d'amitié à Primo Levi, et pour moi, c'est important.

"Les livres, écrit il, n'empechent pas la barbarie, mais ils aident à vivre."
Je trouve que les écrivains comme lui m'aident à vivre...


Bibliographie

Citation :

Index: (cliquez sur les numéros de page pour y accéder directement)

Œuvres
1954 Le Sergent dans la neige, Pages 1, 5,
1956 La Dernière partie de cartes,
1964 La Chasse aux coqs de bruyère, Page 6,
1973 Retour sur le Don,
1978 Histoire de Tönle, Pages 1, 3, 4, 6,
1985 L'Année de la victoire,
1991 Arbres en liberté,
1995 Les Saisons de Giacomo, Pages 4, 5
1998 Sentiers sous la neige, Pages 3, 4,  

et aussi
1990 Le Livre des animaux, Page 5
1986 Le Vin de la vie,
1994 En attendant l'aube,
2000 Lointains hivers, Page 6,
2000 Entre-deux-guerres,Page  6,
2000 En guerre : campagnes de France et d'Albanie, 1940-1941,
2004 Le poète secret, Pages 1, 2,
2006 Requiem pour un alpiniste,
2006 Saisons, Page 3,
2007 Pour Primo Levi,

Essais
1980 Hommes, bois et abeilles,

Citation :

mise à jour  le 15/11/2016 à la page 6

Mario Rigoni Stern. - Histoire de Tonle. - Collection 1O/18

Il y a des etres humains qui ont vraiment la foi dans l'humanité chevillée au corps. Quoiqu'il advienne...

Pour le vérifier, il suffit de lire L'histoire de Tonle de Mario Rigoni Stern.
C'est l'histoire d'un homme simple, dont la maison -pour son malheur-
était située du coté italien de la frontière austro-italienne, et cela se passait au tout début du 2Oe siècle.

Tonle était un berger pauvre, très pauvre et pour nourrir sa famille, il devait de temps en temps franchir la frontière en question en tant que contrebandier, pour aller en Autriche...
Tonle n'aimait pas les fontières, mais la pauvreté ne lui laissait pas le choix. Il détestait encore plus la guerre, mais celle de 14-18 ne lui demanda pas son avis.
Plusieurs fois, il dut s'enfuir, et la dernière fois qu'il revint chez lui, sa maison était détruite et lui-meme mourut au pied d'un olivier.

Voilà. C'était juste l'histoire d'un homme qui a cru jusqu'au bout en l'humanité. Et croyez moi, ce n'est pas une histoire désabusée.
Car la foi de Tonle, c'est aussi la philosophie de l'écrivain Mario Rigoni Stern, meme idéal, meme lieu de vie que son aieul, et qui alla se battre
sur le Front russe pendant la 2e Guerre mondiale.
Et qui n'a jamais renoncé à sa foi dans la fraternité et la paix malgré l'horreur de la guerre qu'il a connue.

J'aime beaucoup cet homme-là, cet écrivain, c'est pourquoi, pour une fois, je me suis attardé sur sa biographie.

je note, je note, on ne refuse pas un écrivain qui aide à vivre et qui garde sa foi dans l'humanité!

Cette histoire me tente et Bix ton enthousiasme m'invite à cette littérature Italienne.

merci

bix229 a écrit:

J'aime beaucoup cet homme-là, cet écrivain, c'est pourquoi, pour une fois, je me suis attardé sur sa biographie.

Il est tout de même des biographies qui valent la peine qu'on s'y intéresse...et qui éclairent l'oeuvre...

Je viens d'en parler sur le fil des sorties en poche - mais je veux aussi profiter de l'occasion pour faire remonter ce fil



Histoire de Tönle

Citation :

Présentation de l'éditeur
Dans ce récit écrit sans artifices, Tönle, berger du plateau d'Asiago, à la frontière du royaume d'Italie et de l'Empire austro-hongrois, doit, pour survivre et nourrir sa famille, se faire contrebandier, soldat, mineur en Styrie, colporteur d'estampes jusqu'aux Carpates, jardinier à Prague, gardien de chevaux en Hongrie... Mais pour ce solitaire anarchisant, le monde finit avec la Première Guerre mondiale, quand le plateau se transforme en un champ de bataille où il erre obstinément en compagnie de ses moutons. C'est avec eux qu'il repassera la frontière, prisonnier civil sur ces terres où il fut libre. Il mourra au pied du plateau. Les romans de Mario Rigoni Stern (1921-2008) sont devenus en Italie comme en France des classiques.

Merci kenavo. Merci pour Mario Rigoni Stern...

Moi c'est à lui que j'aurais donné le Nobel et meme le Nobel de la paix. S'il n'était mort il y a quelques mois...Quand on lit son oeuvre on comprend mieux...

Mais lui, il s'en moquait des prix. Il vivait très simplement. Et l'amitié avait
bien plus de prix que l'argent et la gloire...

A fond d'accord avec Bix sur l'immense M.R.Stern.J"avais écrit ceci il y a deux ans:
Mario

Ceci est une réédition d'un article de 2006.Maintenant qu'il vient de mourir peut-être attirera-t-on un peu l'attention sur ce très grand écrivain.

J'adore parler des écrivains que j'aime et souvent je les appelle par leur prénom.Certains me sont si familiers.Voici Mario.Mario Rigoni Stern, octogénaire italien du nord du pays est un conteur fabuleux qui a publié de nombreux livres surtout sur la Guerre et son pays.Le sergent dans la neige,son oeuvre la plus connue retrace la retraite de Russie en 1943 vécue par quelque soldats italiens.Le travail de Rigoni Stern est une affaire d'artisan et c'est ainsi qu'il se revendique,montagnard de culture et de tradition.Il a écrit des souvenirs de la guerre,sous formes de récits s'apparentant à des nouvelles,la plupart du temps entremêlés d'épisodes d'enfance,de nature,de chasse dans ce Haut Pays d'Asiago qu'il habite encore le plus souvent.

Sa jeunesse passée dans les troupes fascistes l'a conduit à se questionner et à nous donner des écrits d'une humanité rare,homme de paix devenu sage que sa longue expérience des conflits a amené à rencontrer Primo Levi(très bel hommage lors du suicide de ce dernier en 87,dans Le poète secret),Italo Calvino,Mario Soldati,Elio Vittorini,les plus nobles des intellectuels italiens,tous poètes et romanciers universels.

Souvent cité pour le Nobel,Mario Rigoni Stern n'a pas besoin de cela pour être l'immense écrivain qui appartient à tous.D'autre titres:[i]Histoire de Tönle,La chasse aux coqs de bruyère,La dernière partie de cartes,Le vin de la vie,Les saisons de Giacomo.[/i]Presque tous ses livres existent en français(Ed.10/18 et La Fosse aux

L'auteur nous conte la vie d'un berger, d'une petite région de l'Italie ou on parlait encore une vieille langue germanique, où la vie était rude. Le héros a le malheur de frapper un douanier et pour ne pas aller en prison doit fuir son pays et sa famille, ne peut revenir dans sa maison qu'en hiver, lorsque le village est protégé par la neige. Il connaît toutes sortes de pays, toutes sortes de métiers. Et dans sa vieillesse, alors que les choses semblent s'arranger, la première guerre mondiale ravage son plateau, et son village est détruit. Mais Tönle refuse d'abandonner sa terre, il s'y cache, y revient malgré les différentes armées qui l'occupent.

Un beau livre, sensible et touchant, simple en apparence mais rempli d'une grande humanité.

C'est avec plaisir que je lis que beaucoup de gens aiment Rigoni Stern.
Moi aussi je vis dans la Vénétie (region où se trouve Asiago). Moi, je n'habite pas en montagne, j'abite près de Venise, mais ici, on aime beaucoup Rigoni Stern. Moi, je n'ai lu que Le sergent sur la neige, et je l'ai aimé beaucoup.
Sa mort a touché beaucoup tout le monde.
On a perdu un grand-père.

Il y a un auteur de théatre, Marco Paolini, (vénétien lui aussi, et lui aussi très lié au dialecte) qui a écrit une adaptation théatrale du Sergent. Il a aussi publié un livre et un vidéo avec une longue interview à Rigoni Stern. Je ne sais pas s'il a été traduit en français, mais si vous aimez le théatre dit "civique", je vous le conseille.

Mario Rigoni Stern est un meveilleux romancier, qui a su analyser de l'intérieur l'italie fasciste et l'italie en guerre. Son oeuvre a un aussi un côté plus poétique, notamment avec des livres tels qu'arbres en liberté. Rigoni Stern évoque les arbres, mais sous tous leurs aspects, aussi bien sur leurs formes leurs mythes, que les problèmes d'aménagement du territoire. C'est un livre d'une grande intelligence, et d'une belle poésie.

Merci Hellois, je crois en effet que ceux qui aiment l'écrivain Rigoni Stern aiment
tout autant l' homme.
L' idéaliste qu'il y avait en lui. Ou l' humaniste. Ou simplement l'humain
qu'il était, fraternel, simple et universel...

Et Lucretius également, qui insiste justement sur le fait qu' il était profondément attaché à sa terre, à son milieu et qu'il savait en parler avec justesse et poésie.

Je ne me souviens plus si je l' ai dit, mais à une éppoque, une bonne partie de son oeuvre était éditée par la collection 10/18.

Merci à vous de m'avoir fait découvrir Mario Rigoni Stern! J'ai commencé avec Le poète secret et c'est presque immédiatement que j'ai reconnu comme un frère en humanité. Bellonzo réussissait si bien à décrire ces sentiments!
Le poète secret consite d'une quinzaine de récits dont presque tous "autobiographiques". C'est parmi ses derniers livres, publiés au début du millénaire. Et je veux aussi voir ces deux sujets: la guerre, la souffrance, la solidarité ET la proximité avec la nature, sa région, ensemble. Car ce qui me frappe dans ces récits aussi bien des hommes et de la nature, c'est l'empathie de Stern. Et peut-être la nature comme lieu de guérison?
S'il cite Primo Levi, il cite aussi - pour mon très grand bonheur - Ernst Wiechert!!! Je les vois très bien dans la même perspectif!

C'est absolument un auteur dont je veux lire plus! Merci encore!

Merci à toi aussi, Tom Leo : tu es un très bon lecteur et tu es convaincant !

As tu lu d' autres livres d' Anna Maria Ortese que Oh les beaus jours, ça pourrait l' aider !

Tom Leo merci.MRS est un très grand et si méconnu dans le grand brouhaha des lettres.