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| Mario Rigoni Stern [Italie] | |
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coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Mario Rigoni Stern [Italie] Dim 2 Aoû 2009 - 22:51 | |
| - bix229 a écrit:
Il me semble bien que c' est lui qui parle du chant des oiseaux après une bataille ou un combat...
Cela me rappelle le passage que j'ai posté un peu plus haut sur ce fil, dans mon commentaire de Saisons... « Quand, dans les endroits ensoleillés, les mélèzes fleurissent et se couvrent de chatons jaunes et rouge vif, c’est l’époque du Tetrao urogallus, notre grand tétras…il quitte sa branche d’un vol plané et, au milieu de la clairière toute illuminée, il se montre dans sa pleine beauté : il gonfle ses plumes, redresse la tête, fait la roue en glapissant, tourné vers le ciel ; il marque le sol en déployant ses ailes, ouvre sa queue à laquelle le soleil levant donne des reflets changeants, et son chant, semblable au bruit d’une pierre à aiguiser sur une faux, emplit l’univers… Une année, après l’époque des amours, la guerre passa par là. C’était en mai. Les femelles des grands tétras avaient déjà déposé leurs œufs dans le sous-bois parmi les myrtilles et les rhododendrons. Les mélèzes étaient en fleurs et le pollen de la forêt se posait sur les arbustes comme une poussière dorée. Alors trois éclairs très intenses, suivis de trois explosions d’une extrême violence firent trembler la terre, et secouèrent les arbres… Survint un déluge d’obus, de coups de fusil, de tirs à la mitrailleuse ; cris et flammes violèrent cette forêt et les nids furent abandonnés.» | |
| | | Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
| Sujet: Re: Mario Rigoni Stern [Italie] Ven 25 Mar 2011 - 14:05 | |
| Histoire de Tönle
Tönle vit sur le plateau d’Asiago. Il est né durant la première moitié du XIXe siècle alors que l’Italie n’était pas encore une nation mais une simple appellation géographique. Berger et contrebandier, Tönle voyage beaucoup à travers l’Europe. En 1866, alors qu’il avait quitté son hameau autrichien, ce dernier se trouvait à son retour sur le sol italien. Nouvelles lois, nouveau souverain, mais même dialecte germanique qui perdura longtemps dans cette province de la toute jeune nation italienne née du Risorgimento. Pris en flagrant délit de contrebande, Tönle s’enfuit en blessant un douanier. Il est contraint à l’exile, travaillant en temps que saisonnier à l’étranger (allant du Tyrol, à Prague, Cracovie…), et rentrant discrètement passer l’hiver auprès de sa famille. Mais bientôt la Première Guerre Mondiale éclate et son hameau frontalier devient le champ de bataille acharné des armées impériales et royales de l’Autriche-Hongrie contre les armées royales italiennes, changeant régulièrement de mains. Tönle, maintenant octogénaire, n’a pas voulu quitter ses montagnes et se cache avec son chien et sa vingtaine de moutons. Jusqu’au jour où il se fait prendre et conduire dans un camp de prisonniers près de Linz en Autriche. Car ce petit vieux déconcerte les militaires. Pas vraiment italien, mais plus tout à fait autrichien non plus, il parle tous les dialectes d’Europe centrale et pourrait bien être un espion. Tönle est un homme à part, qui croit aux hommes et non aux états et aux frontières (fluctuantes) qui les délimitent. Pour lui qui est né autrichien de Vénétie, qui est devenu italien du jour au lendemain et qui a mainte fois sillonné l’Europe, ces notions n’ont pas de sens. Un homme bon qui subit l’histoire des hommes sans véritablement la comprendre et qui n’aspire qu’à vivre tranquillement la rude existence des montagnards, chez lui avec les siens, son chien et ses moutons. Un livre court, à l’écriture très classique et sans attrait particulier. Peu de dialogues et un ton résolument narratif – le récit de la vie de Tönle est conté par une tierce personne, étrangère à l’histoire – garde le lecteur à distance et l’empêche, à mon sens, de s’impliquer et de s’intéresser véritablement au destin peu ordinaire de cet homme. L’écriture est assez sèche, et même assez froide, sans fioriture, sans ambiance, sans atmosphère. J’achève ma lecture un peu déçu.
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| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Mario Rigoni Stern [Italie] Ven 25 Mar 2011 - 15:28 | |
| Je dirai plutot écriture sobre que froide ou sèche dans Tonle. Rigoni Stern utilise ce style-là pour dissimuler sa pudeur et son émotion.De plus Tonle est un taiseux comme beaucoup de montagnards et de paysans. Tonle n' est pas une "tierce personne", en fait, il était le grand-père de l' auteur. Il a vécu les horreurs de la Première guerre mondiale, tandis que son petit fils subissait celles de la Deuxième guerre sur le Front russe... Une partie de l'oeuvre de Rigoni Stern est consacrée à ces souvenirs-là. Pour exorciser ces années terribles, mais aussi par volonté de ne pas oublieret pour que les générations suivantes essaient d' en tirer profit. Tout comme Levi, Antelme, Hyvernaud, Biason, et d' autres qui ont réchappé à l' enfer de la guerre et des camps de concentration, Rigoni Stern est devenu pacifiste, humaniste. | |
| | | Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
| Sujet: Re: Mario Rigoni Stern [Italie] Ven 25 Mar 2011 - 16:05 | |
| - bix229 a écrit:
- Je dirai plutot écriture sobre que froide ou sèche dans Tonle.
Sobre ? Oui... Totalement dénuée de sentiment. C'est ce que je voulais dire par "froid". Le terme n'était peut-être pas bien choisi. - bix229 a écrit:
- Tonle n' est pas une "tierce personne", en fait, il était le grand-père de l' auteur.
La tierce personne est le narrateur qui nous conte le livre à la troisième personne. Le narrateur n'apparaissant réellement que dans le prologue te à la dernière page en épilogue. - bix229 a écrit:
- Il a vécu les horreurs
C'est sûr, oui. Mais le ton donné au récit nivelle beaucoup ces horreurs. A tel point que le lecteur n'en a pas réellement conscience. Si c'est un homme de Primo Levi est, pour moi, beaucoup plus efficace. | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Mario Rigoni Stern [Italie] Ven 25 Mar 2011 - 18:42 | |
| Le récit à la 3e personne, c' est effectivement le romancier Rigoni Stern. ... Et le prologue, c' est Mario Rigoni Stern, le petit fils de Tonle... Du coup, le sachant, je croyais me souvenir que le récit était entièrement à la 3e peronne.
Rigoni Stern, heureusement pour lui, n' a pas été interné dans un camp d' extermination comme Primo Levi. Mais il a combattu sur tous les fronts dans l' armée italienne, en France, en Albanie et en Russie. Il est capturé par les allemands en 1943 et envoyé dans un camp en Lituanie où il se retrouve prisonnier avec des russes qu 'il avait combattu. Il réussit à s' évader et rentre à pied à Asiego, exténué. Et ensuite, il se mit à écrire... | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Mario Rigoni Stern [Italie] Ven 25 Mar 2011 - 19:51 | |
| Je crois que tout le monde reçoit et réagit différemment à un texte. Harelde l'a fait de façon spontanée, sans connaître les détails de la vie de l'auteur. Je me dis que c'est peut être la façon la plus naturelle, quitte à approfondir cet aspect si la rencontre avec l'auteur s'est faite, mais que la rencontre avec l'oeuvre soit première, pour qu'il n'y ait pas d'interférences, si on a de la sympathie ou de l'admiration pour quelqu'un on va peut être "se forcer", sans même s'en rendre compte, à aimer les écrits. On aura plus de mal à déprécier les écrits d'un homme admirable, alors que la personne et l'oeuvre sont deux choses bien distinctes.
Personnellement j'ai été plus réceptive que Harelde à l'univers de Mario Rigorni Stern, mais je comprends que l'on puisse ne pas vraiment entrer dedans. Le "froid" est une mise à distance, volontaire je pense pour ne pas trop sentimentaliser le malheur, une sorte de pudeur. Mais du coup cela peut empêcher l'adhésion de certains lecteurs. | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Mario Rigoni Stern [Italie] Ven 25 Mar 2011 - 20:20 | |
| Oui, tout à fait ! Aucune critique envers Harelde... J' essaie moi meme de lire un livre spontanément, sans lire les critiques, meme celles du forum... Ou de les oublier !
Et c' est vrai aussi que j' ai une très grande sympathie pour l' homme Rigoni Stern, et pour l' auteur... Au point d' etre favorablement impressionné avant meme de lire un de ses livres... | |
| | | Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
| Sujet: Re: Mario Rigoni Stern [Italie] Lun 28 Mar 2011 - 13:15 | |
| - bix229 a écrit:
- Mais il a combattu sur tous les fronts dans l' armée italienne, en France, en Albanie et en Russie.
Il est capturé par les allemands en 1943 et envoyé dans un camp en Lituanie où il se retrouve prisonnier avec des russes qu 'il avait combattu. Je ne pige plus. Sauf erreur de ma part, les armées de Mussolini et d'Hitler étaient aliées, non ? Ou dois-je réviser d'urgence mon Histoire... - Arabella a écrit:
- Je crois que tout le monde reçoit et réagit différemment à un texte. Harelde l'a fait de façon spontanée, sans connaître les détails de la vie de l'auteur. Je me dit que c'est peut être la façon la plus naturelle, quitte à approfondir cet aspect si la rencontre avec l'auteur s'est faite, mais que la rencontre avec l'oeuvre soit première, pour qu'il n'y ait pas d'interférences, si on a de la sympathie ou de l'admiration pour quelqu'un on va peut être "se forcer", sans même s'en rendre compte, à aimer les écrits. On aura plus de mal à déprécier les écrits d'un homme admirable, alors que la personne et l'oeuvre sont deux choses bien distinctes.
Personnellement j'ai été plus réceptive que Harelde à l'univers de Mario Rigorni Stern, mais je comprends que l'on puisse ne pas vraiment entrer dedans. Le "froid" est une mise à distance, volontaire je pense pour ne pas trop sentimentaliser le malheur, une sorte de pudeur. Mais du coup cela peut empêcher l'adhésion de certains lecteurs. Tout à fait d'accord avec Arabella. C'est effectivement comme ça que j'ai découvert ce livre, sans connaïtre Mario Rigoni Stern, sa vie, son oeuvre. C'est la période qui m'intéressais et qui m'a donné envie de le lire. Car j'ai un ancêtre lombard (donc pas très éloigné de la région d'Asiego) et qui a vécu les bouleversements de la création italienne, ainsi que l'émigration. C'est en cherchant à pénétrer son existence que je suis venu à l'Histoire de Tönle. | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Mario Rigoni Stern [Italie] Lun 28 Mar 2011 - 16:14 | |
| Pour revenir à l' Histoire, Harelde, il faut se souvenir que l' Italie capitule face aux troupes Alliées qui se préparent à envahir le Sud de l' Italie sous la conduite d' Eisenhower en septembre 1943. Et c' est là que la situation devient critique pour l' armée italienne dispersée sur les divers fronts. Des centaines de milliers de soldats vont se trouver abandonnés à eux memes et leurs alliés d' hier (les Allemands) deviennent leur ennemi. D' où la situation de Mario Rigoni Stern, acteur et victime des aléas de la guerre. Et de cette situation, Il en fera une partie de son oeuvre. | |
| | | Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
| Sujet: Re: Mario Rigoni Stern [Italie] Mar 29 Mar 2011 - 9:56 | |
| - bix229 a écrit:
- Pour revenir à l' Histoire, Harelde, il faut se souvenir que l' Italie capitule face aux troupes Alliées qui
se préparent à envahir le Sud de l' Italie sous la conduite d' Eisenhower en septembre 1943. Et c' est là que la situation devient critique pour l' armée italienne dispersée sur les divers fronts. Des centaines de milliers de soldats vont se trouver abandonnés à eux memes et leurs alliés d' hier (les Allemands) deviennent leur ennemi. D' où la situation de Mario Rigoni Stern, acteur et victime des aléas de la guerre. Et de cette situation, Il en fera une partie de son oeuvre. Merci Bix pour cette précision. | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Mario Rigoni Stern [Italie] Mar 17 Mai 2011 - 22:34 | |
| - Marie a écrit:
- J'ai lu par petits chapitres Sentiers sous la neige .
En silence, nous regarderons le feu et tout à coup Carlo me demandera: - Mais toi, Mario, tu écris toujours? - Comme ça. Je raconte de vieilles histoires qui seraient oubliées.
Des histoires de la guerre et de ceux qui y sont morts, des histoires de la montagne, des histoires de beurre. Des histoires de chevreuils, d'oiseaux, qui cognent contre les vitres et mangent les graines du jardin. Il leur parle, Mario, il leur explique que ses épinards, il ne faut pas les manger. Je pense que les oiseaux ont une explication très valable, parce qu'ils les mangent quand même. Des histoires de promenades avec des compagnons. Et peu importe que ceux ci soient absents physiquement pour cause de mort, rien n'empêche de leur parler toujours.
Très joli livre. Oui, très beau livre avec ces récits courts qui disent l'amour de l'écrivain pour sa montagne natale. Les histoires les plus émouvantes ont trait à la guerre, celle du retour du soldat Rigori Stern au pays et, surtout, celle de cette jeune femme qui retrouve les partisans que son grand-père a côtoyé 50 ans plus tôt. Un concentré d'émotions qui touche jusqu'aux larmes. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Mario Rigoni Stern [Italie] Dim 10 Fév 2013 - 19:32 | |
| A l'heure où les média font leurs gros titres sur l'incongruité de la neige, du froid et du verglas en hiver, un petit passage des Saisons assez d'actualité:
Mais où est donc ce froid auquel journaux et messages télévisés veulent nous faire croire ? Froid polaire, froid sibérien, tempêtes de neige, routes bloquées…L’été aussi, on entend parler de chaleur africaine, de sécheresse qui craquelle la terre ; et, quelques jours plus tard, il est question de violents orages, de pluies persistantes, de froid automnal. Si, à l’heure actuelle, devait nous parvenir la nouvelle qu’un amandier a fleuri quelque part en Italie, voilà que tout le monde dirait que le printemps est arrivé.
C’est que nous autres humains nous avons la mémoire courte, et ceux qui veulent nous la rafraîchir n’en ont pas du tout. Rares sont ceux qui écrivent sur leur agenda les températures, les précipitations, les changements de temps. Rien que des affaires, des rendez-vous. Autrefois, les hommes qui avaient l’habitude de noter aussi les choses de la nature étaient sûrement plus nombreux ; maintenant, on vit au milieu d’artifices, de subterfuges visant à obtenir des effets étrangers à l’ordre naturel.
Essaye, lecteur, de te rappeler un événement important de ta vie en le replaçant à l’endroit et à la saison où il a eu lieu, et essaye de te souvenir du temps qu’il faisait. Froid ? Chaud ? Le ciel était-il sans nuage ? Etablis un rapprochement avec l’actualité et tu verras que nos excès, nos exagérations sont le plus souvent déplacés. Quand, dans ma chambre, le thermomètre marque seize degrés, il me semble, maintenant, qu’il fait frais, mais si je pense à mon enfance, quand l’urine gelait dans le pot, alors j’ai l’impression qu’il fait presque trop chaud, aujourd’hui, dans cette pièce. Quand je sors de chez moi et que, sur la place du bourg, au mur de la pharmacie, le thermomètre marque moins dix-huit, j’estime qu’il fait très froid, et mon nez me picote. Mais si je repense aux moins trente-neuf de janvier 1942, je me dis que nous sommes presque au printemps !
Bref, cessons de nous plaindre. Tout cela vient de ce que nous vivons dans des maisons surchauffées, et que nous ne nous donnons pas de mouvement. Les femmes s’habillent légèrement pour faire voir leurs formes, et leur manteau de fourrure, elles le mettent en demi-saison pour paraître ; quant aux jeunes, ils mettent des jeans et ne mettent pas de caleçons de laine ; ils boivent des boissons fraîches au lieu de thé chaud.
Nous sommes faits comme cela. Mais quand je vois un Maghrébin déblayer la neige sans manteau, ou un Slave, sous la neige, faire un travail de maçon sur un échafaudage, ou encore un Noir en quête de chaleur dans la salle d’attente d’une gare, je me dis que, pour eux, il fait vraiment froid.
Le grand froid, il existe dans les villes de Sibérie où l’approvisionnement ne parvient pas, et pour les marins bloqués par les glaces de l’Arctique, pour les vagabonds vivant en Russie, pour les enfants de la Moldavie, les clochards de Paris, les sans-abri de Milan et Turin. Le grand froid, les victimes des tremblements de terre du sud de l’Italie l’ont supporté avec beaucoup de dignité et de courage. Nous qui vivons dans des maisons bien chauffées, qui sommes bien nourris, qui avons des vêtements de laine confortables, n’oublions pas qu’eux aussi sont des êtres humains. Sans doute, ces derniers mots semblent une paraphrase de ce qu’a écrit Primo Levi, mais nous devons nous en souvenir. Rappelons-nous qu’il y a soixante ans 221 875 soldats italiens se trouvaient dans le froid de la Russie : 74 800 d’entre eux ne sont pas rentrés au bercail ; 26 690 revinrent avec des blessures et des gelures.
(p. 21 à 23)
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| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Mario Rigoni Stern [Italie] Dim 10 Fév 2013 - 21:10 | |
| Merci Nezumi! | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Mario Rigoni Stern [Italie] Mer 13 Fév 2013 - 20:26 | |
| Les saisons de Giacomo - Citation :
- Présentation de l'éditeur
Après la Seconde Guerre mondiale, un homme retourne au hameau de la montagne vénitienne où il a passé son enfance. Si les pierres et les rues en ont été remodelées pour le transformer en un village de villégiature, les stigmates de l’horreur et le souvenir de ceux qui y vécurent sont demeurés bien vivaces. Lorsqu’il passe devant l’ancienne maison de Giacomo, son ami d’école, il décide de raconter son histoire et celle des siens. Giacomo est un petit gamin d’une famille pauvre qui, de l’entre-deux-guerres à la campagne de Russie, traversa toutes les vicissitudes réservées aux montagnards italiens. Ce sont les violences infligées à la terre, où se dissimule encore le cuivre des obus et des bombes de 14-18, que Giacomo exhume pour le revendre et apporter quelques sous à sa mère. C’est encore l’exil des pères, dans les mines de Lorraine ou en Afrique, afin de sauver les familles de l’absolue misère. Puis c’est la marche du fascisme qui s’empare du pays et envoie ses fils à la mort. Par une succession de tableaux brefs mais intenses, d’images fugitives mais puissantes, Mario Rigoni Stern offre un témoignage poignant sur l’absurdité lancinante des guerres, qui ne parvient pourtant jamais à détruire sa foi en l’homme et en la terre. Dans le magazine LIRE du mois de février, il y avait un dossier sur les « Livres pour vous rendre heureux » et parmi les témoignages de personnes connues, il y avait Philipe Claudel : "Un livre qui me rend constamment heureux est Les Saisons de Giacomo de Mario Rigoni Stern. J'aime de façon globale l'oeuvre de cet écrivain italien, mais j'ai une prédilection pour ce livre tout à la fois tendre, tragique, simple, et qui témoigne de l'existence d'hommes et de femmes confrontés aux rigueurs de la nature et à celles des guerres et de leurs conséquences. Ce n'est pas un livre qui fait rire, ni même sourire, mais il me plonge immédiatement dans un état de bien-être engourdi qui est chez moi le signe de la rencontre avec une grande lecture." Avec une présentation de l’éditeur qui dit tout le bien du livre et un témoignage de la sorte de Philippe Claudel, qu’est-ce qu’il m’en reste à dire? En plus je me retrouve sur un fil dont l’auteur fait l’unanimité de ceux qui l’ont lu. Il ne me reste que: je suis d’accord avec tout cela. Une écriture qui se veut ‘simple’ pour décrire des images ‘simples’, mais qui s’imprègnent avec une force dans l’imaginaire, des images qui vont rester ! Une vue sur des vies qui sont loin de tout ce qu’on connait en principe aujourd’hui si on regarde autour de soi, mais qui donne au moins l’idée de mettre quelques certitudes en suspens et réévaluer certains aspects qu’on prend comme garantis. Auteur à lire, relire, à retenir… seul grand, très grand bémol: cette couverture tout à fait hideuse!! | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Mario Rigoni Stern [Italie] Mer 13 Fév 2013 - 23:11 | |
| Oui, ce qui m' a toujours saisi chez Rigoni Stern, c' est l' extraordinaire qualité humaine qu' il avait et qu' il a gardé toute sa vie. Malgré les horreurs de la guerre et meme de deux guerres. Peut etre arrivait-il à se resourcer dans son petit village de montagne. Où les traditions de solidarité, d' amitié et de solidité perduraient. Et où la nature et les travaux des champs lui permettaient de se retremper dans la vie quotidienne et de garder un regard d' espoir.
Je crois qu' il aurait mérité le Nobel de la paix. Mais il était beaucoup trop modeste, trop libre pour penser qu' il en était digne. C' est un exemple, pourtant, et je pense très souvent à lui... | |
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