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| Oscar Wilde | |
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Auteur | Message |
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Invité Invité
| | | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Oscar Wilde Mar 28 Juil 2009 - 17:27 | |
| Parallèlement à De profundis, il y a le poème Ballade de la geole de Reading, un plaidoyer contre la peine de mort. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Oscar Wilde Mar 28 Juil 2009 - 19:44 | |
| - kenavo a écrit:
- Marie a écrit:
- Ne pas oublier de lire
..tant qu'on y est.. peut être aussi ses contes.. il y en a de très beau en occurrence Le rossignol et la rose - à lire ici en version pdf Oui, les contes sont Je crois me rappeller qu'il y a une édition complète dans un volume de la Pléiade. Et puis aussi sa pièce Salomé écrite en Français utilisé par R. Strauss pour son opéra. | |
| | | lyana79 Envolée postale
Messages : 208 Inscription le : 04/04/2008 Age : 44 Localisation : Suisse
| Sujet: Re: Oscar Wilde Dim 13 Déc 2009 - 16:03 | |
| Le fantôme de Canterville suivi de "Le Prince heureux - Le Géant Egoïste et autres contes" 4è de couverture: Le fantôme de Canterville « Lorsque Mr Hiram B. Otis, le ministre américain, acheta le domaine de Canterville Chase, tout le monde lui dit qu'il faisait une folie car il n'y avait pas le moindre doute que le manoir fût hanté. » Mais le ministre américain et sa famille n'ont pas vraiment peur des apparitions nocturnes du spectre des lieux. Les jumeaux Otis lui jouent de bien mauvais tours, et les parents ont l'outrecuidance de lui offrir de l'huile pour graisser ses chaînes. Pauvre de lui, jadis si redouté, et désormais dépourvu de toute crédibilité ! Oscar Wilde nous livre les secrets de l'humour anglais, chic et grinçant, à travers cinq contes fantastiques empreints de poésie. Mon avis: Quelques petits contes très agréables à lire qui m'ont rappelé mon enfance. Le style est tout en fluidité et simplicité avec une morale à méditer à la fin de chaque conte. A découvrir ! | |
| | | Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
| Sujet: Re: Oscar Wilde Mar 4 Mai 2010 - 14:40 | |
| Encore un auteur que j'apprécie beaucoup. J'ai découvert Oscar Wilde avec le Crime de Lord Saville, puis avec le très fameux Portrait de Dorian Gray que j'ai savouré. Récemment, j'ai lu le Fantôme de Canterville qui est vraiment très drôle. Ce spectre désopilant cherche en vain à effrayer la famille Otis, nouveau acquéreurs du domaine qu'il hante depuis 1575. Mais rien à faire : Mr Otis lui propose de l'huile pour lubrifier ses chaines qui font un boucan d'enfer et l'empêche de dormir. Les enfants le bombardent avec leur sarbacane, des cordes sont tendues en travers des couloirs pour le faire tomber...
Etonnant, savoureux et sympathique ! | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Oscar Wilde Mar 4 Mai 2010 - 17:14 | |
| - Harelde a écrit:
- Encore un auteur que j'apprécie beaucoup.
J'ai découvert Oscar Wilde avec le Crime de Lord Saville, puis avec le très fameux Portrait de Dorian Gray que j'ai savouré. Récemment, j'ai lu le Fantôme de Canterville qui est vraiment très drôle. Ce spectre désopilant cherche en vain à effrayer la famille Otis, nouveau acquéreurs du domaine qu'il hante depuis 1575. Mais rien à faire : Mr Otis lui propose de l'huile pour lubrifier ses chaines qui font un boucan d'enfer et l'empêche de dormir. Les enfants le bombardent avec leur sarbacane, des cordes sont tendues en travers des couloirs pour le faire tomber...
Etonnant, savoureux et sympathique ! Ah tiens ! allez je note le Fantôme de Canterville ! | |
| | | Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
| Sujet: Re: Oscar Wilde Lun 7 Mar 2011 - 16:35 | |
| - kenavo a écrit:
- Le rossignol et la rose - à lire ici en version pdf
Le lien a disparu. Dommage ! La Chasse à l’Opossum Cette courte nouvelle entraine le lecteur dans le bush du Sud-est australienne pour une partie de chasse sans grand intérêt : la chasse de l’Opossum. Un texte qui m’a évoqué les Neiges du Kilimandjaro d’Hemingway. Bien écrit mais somme toute peu attrayant. Un coup de feu par-ci, un coup de feu par là, une rencontre inopinée avec les aborigènes et une démonstration de l’habileté de ceux-ci au lancé de boomerang. Une nouvelle un peu fourre-tout qui ne m’a pas rappelé les autres écrits d’Oscar Wilde et qui aurait pu être l’œuvre de n’importe qui d’autre. Un récit qui ne me laissera pas un souvenir impérissable. Impossible de trouver la date de la première édition de cette nouvelle ! | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Oscar Wilde Lun 7 Mar 2011 - 20:41 | |
| - Harelde a écrit:
- Le lien a disparu.
Dommage ! oui dommage.. parfois des liens ne tiennent pas pour toujours.. mais heureusement Monsieur Google m'a aidé.. et au lieu de mettre un lien qui va s'éclipser dans quelques semaines, voilà donc ce conte - Spoiler:
Oscar Wilde - Le rossignol et la rose
"Elle a promis de danser avec moi si je lui apportais des roses rouges", s'écria le jeune Etudiant; "mais il n'y a pas une rose rouge dans tout le jardin."
De son nid dans le Chêne Vert, le Rossignol l'entendit; il regarda à travers le feuillage et s'étonna.
"Pas une rose rouge dans tout le jardin!" s'écria l'Etudiant, et ses beaux yeux s'emplirent de larmes. "Ah! de quelles petites choses dépend le bonheur! J'ai lu tout ce qu'on écrit les sages, et tous les secrets de la philosophie sont miens, et cependant, faute d'une rose rouge, ma vie devient infortunée."
"Voilà au moins un véritable amant", dit le Rossignol. "Nuit après nuit, je l'ai chanté sans le connaître; nuit après nuit, j'ai dit son histoire aux étoiles, et voici que je l'aperçois. Ses cheveux sont aussi sombres que la fleur de jacinthe et ses lèvres aussi rouges que la rose de son désir; mais la passion lui a fait un visage de pâle ivoire et la douleur lui a mis son sceau sur le front."
"Le Prince donne un bal demain soir", murmura le jeune Etudiant, "et ma bien-aimée sera de la fête. Si je lui apporte une rose rouge, elle dansera avec moi jusqu'à l'aube. Si je lui apporte une rose rouge, je la tiendrai dans mes bras, et elle penchera sa tête sur mon épaule, et ma main pressera la sienne. Mais il n'y a pas de rose rouge dans le jardin, et je resterai assis et délaissé, et elle m'ignorera; Elle n'aura de moi nul souci, et mon cœur se brisera."
"Voilà, en vérité, un véritable amant", dit le Rossignol. "Ce qui fait mon chant fait sa souffrance; ce qui est joie pour moi est peine pour lui. Vraiment, l'Amour est une chose merveilleuse. Il est plus précieux que l'émeraude et plus rare que la fine opale. Les perles et les grenades ne le peuvent acheter, on ne le trouve pas non plus au marché. On ne peut l'acquérir chez les marchands, ni le peser dans la balance contre de l'or."
"Les musiciens seront assis dans la galerie", dit le jeune Etdiant, "ils joueront de leurs instruments à cordes, et ma bien-aimée dansera au son de la harpe et du violon. Elle dansera si légèrement que ses pieds ne toucheront pas le sol, et les courtisans dans leurs gais atours s'assembleront autour d'elle. Mais elle ne dansera pas avec moi, car je n'ai pas de rose rouge à lui donner." Et il se laissa tomber sur l'herbe, enfouit dans ses mains son visage et pleura.
"Pourquoi pleure-t-il?" demanda un petit Lézard Gris en filant près de lui, la queue dressée.
"Pourquoi, en vérité?" dit un Papillon qui, en voletant, poursuivait un rayon de soleil.
"Pourquoi, en vérité?" murmura une Pâquerette à sa voisine, d'une voix basse et douce.
"Il pleure pour une rose rouge", dit le Rossignol.
"Pour une rose rouge?" s'écrièrent-ils; "comme c'est ridicule!" et le petit Lézard, qui était quelque peu cynique, se mit à rire à gorge déployée.
Mais le Rossignol comprenait le secret du chagrin de l'Etudiant; il restait silencieux dans le Chêne et songait au mystère de l'Amour.
Il étendit soudain ses ailes brunes et prit son vol. Il traversa le bosquet comme une ombre, et comme une ombre il vogua par le jardin.
Au centre de la pelouse, il y avait un beau Rosier et, quand il le vit, il vola vers lui et se posa sur une branche.
"Donne-moi une rose rouge", s'écria-t-il, "et je te chanterai ma plus jolie chanson."
Mais le Rosier secoua la tête.
"Mes roses sont blanches, répondit-il, "aussi blanches que l'écume de la mer et plus blanches que la neige des montagnes. Mais va voir mon frère qui croît autour du vieux cadran solaire, peut-être te donnera-t-il ce que tu désires.
Et le Rossignol vola versle Roiser qui croissait autour du vieux cadran solaire.
"Donne-moi une rose rouge", s'écria-t-il, "et je te chanterai ma plus jolie chanson."
Mais le Rosier secoua la tête.
"Mes roses sont jaunes", répondit-il, "aussi jaunes que les cheveux de la sirène assise sur un trône d'ambre, et plus jaunes que le narcisse qui fleurit dans le pré avant que le faucheur ne vienne avec sa faux. Mais va voir mon frère qui croît sous la fenêtre de l'Etudiant, peut-être te donnera-t-il ce que tu désires."
Et le Rossignol vola vers le Rosier qui croissait sous la fenêtre de l'Etudiant.
"Donne-moi une rose rouge", s'écria-t-il, "et je te chanterai ma plus jolie chanson."
Mais le Rosier secoua la tête.
"Mes roses sont rouges", répondit-il, "aussi rouges que les pattes de la colombe, et plus rouges que les grands éventails de corail qui s'agitent sans cesse dans la caverne de l'océan. Mais l'hiver a glacé mes veines et le froid a détruit mes bourgeons, et l'orage a brisé mes branches, et je n'aurai pas de roses cette année."
"C'est une rose rouge que je désire", s'écria le Rossignol, "rien qu'une rose rouge! N'y a-t-il aucun moyen de l'obtenir?"
"Il y a bien un moyen", répondit le Rosier, "mais il est si terrible que je n'ose te le dire."
"Dis-le moi", pria le Rossignol, "je n'ai pas peur."
"Si tu veux une rose rouge", dit le Rosier, "il faut que tu la crées avec de la musique, au clair de lune, et que tu la teintes du propre sang de ton cœur. Il faut que tu chantes pour moi avec ta gorge contre une épine. Toute la nuit, il faut que tu chantes pour moi et que l'épine perce ton cœur, et le sang de ta vie doit couler dans mes veines et devenir mien."
"La Mort est un grand prix à payer pour une rose rouge", s'écria le Rossignol, "et la Vie est très chère à tous. Il est agréable de s'asseoir dans le bois vert et de contempler le Soleil dans son char d'or, et la Lune dans son char de perles. Doux est le parfum de l'aubépine, et jolies sont les campanules qui se cachent dans la vallée, et la bruyère qui fleurit sur la colline. Mais l'Amour vaut mieux que la Vie, et qu'est-ce que le cœur d'un oiseau comparé au cœur d'un homme?"
Et il étendit ses ailes brunes et prit son vol. Il parcourut le jardin comme une ombre, et comme un ombre il vogua vers le bosquet.
Le jeune Etudiant était encore couché sur l'herbe, là où il l'avait laissé, et il y avait encore des larmes dans ses beaux yeux.
"Sois heureux", s'écria le Rossignol, "soi heureux; tu auras ta rose rouge. Je la créerai avec de la musique au clair de lune, et la teinterai du propre sang de mon cœur. Tout ce que je te demande en retour, c'est que tu sois un amant véritable; l'Amour est plus sage que la Philosophie, bien qu'elle soit sage, et plus puissant que le Pouvoir, bien qu'il soit puissant. Ses ailes sont couleur de flamme, et couleur de flamme est son coprs. Ses lèvres sont douces comme miel et son haleine est comme l'encens."
L'Etudiant leva les yeux et écouta, mais il ne pouvait comprendre ce que lui disait le Roissignol, car il ne savait que les choses qui sont écrites dans les livres.
Mais le Chêne Vert comprit, et il s'attrista, car il aimait chèrement le petit Rossignol qui avait fait son nid dans ses branches.
"Chante-moi une dernière chanson", murmura-t-il, "je serai bien seul quand tu seras parti."
Et le Rossignol chanta pour le Chêne Vert, et sa voix était comme de l'eau qui coule en murmurant d'un vase d'argent.
Quand il eut fini son chant, l'Etudiant se leva et tira un carnet et un crayon de sa poche.
"Il a de la technique", se dit-il en traversant le bosquet, "on ne peut le lui dénier; mais a-t-il du sentiment? Je crains bien que non. En réalité, il est comme la plupart des artistes; il est tout style et sans sincérité. Il ne se sacrifierait pas pour les autres. Il ne pense qu'à la musique, et chacun sait que les arts sont égoïstes. Et pourtant il faut admettre qu'il a quelques belles notes dans la voix. Quel dommage qu'elles ne signifient rien ou ne servent à pas grand-chose!" Et il rentra dans sa chambre, s'étendit sur son grabat, et se mit à songer à son amour; et après un certain temps, il s'endormit.
Et quand la lune brilla dans le ciel, le Rossignol vola vers le Roisier et mit sa gorge contre l'épine. Toute la nuit, il chanta, avec sa gorge contre l'épine, et la froide Lune de cristal se pencha pour écouter. Toute la nuit il chanta, et l'épine entra de plus en plus profondément dans sa gorge, et le sang de sa vie s'en alla de son corps.
Il chanta d'abord la naissance de l'amour dans le cœur d'un jeune homme et d'une jeune fille. Et sur la plus haute branche du Rosier fleurit une rose merveilleuse, pétale après pétale, comme chant après chant. D'abord elle fut pâle, pâle comme les vapeurs suspendues au-dessus de la rivière, pâle comme les pieds du matin, et argentée comme les ailes de l'aube. Comme l'ombre d'une rose dans un miroir d'argent, comme l'ombre d'une rose dans un étang, ainsi était la rose qui fleurit sur la plus haute branche du Rosier.
Mais le Rosier cria au Rossignol de se presser plus fort contre l'épine. "Presse-toi plus fort, petit Rossignol", cria le Rosier, "sinon le Jour viendra avant que la rose soit finie."
Et le Rossignol se pressa plus fort contre l'épine, et son chant s'éleva de plus en plusn car il chantait la naissance de la Passion dans l'âme d'un homme et d'une femme.
Et une délicate rougeur apparut sur les pétales de la rose, comme la rougeur sur le visage de l'époux quand il baise les lèvres de l'épousée. Mais l'épine n'avait pas encore atteint son cœur, de sorte que le cœur de la rose demeurait blanc, car seul le sang d'un Rossignol peut empourprer le cœur d'une rose.
Et le Rosier cria au Rossignol de se presser plus fort contre l'épine. "Presse-toi plus fort, petit Rossignol", cria le Rosier, "sinon le Jour viendra avant que la rose soit finie."
Et le Rossignol se pressa plus fort contre l'épine, et l'épine toucha son cœur, et une douleur cruelle le transperça. Plus cruelle était la douleur et plus farouche devint son chant, car il chanta l'Amour qui est parachevé par la Mort, l'Amour qui ne meurt point dans le tombeau.
Et la rose merveilleuse devint pourpre, comme la rose du ciel d'Orient. Pourpre était le cercle des pétales, et pourpre comme un rubis était le cœur.
Mais la voix du Rossignol s'affaiblit de plus en plus, et ses petites ailes se mirent à battre, et un voile descendit sur ses yeux. Son chant s'affaiblit de plus en plus et il se sentit étouffer.
Puis son chant jaillit pour la dernière fois. La Lune l'entendit, elle en oublia l'aube et s'attarda dans le ciel. La rose rouge l'entendit, et elle trembla toute d'extase, et ouvrit ses pétales à l'air frais du matin. L'écho le porta jusqu'à sa caverne violette, sur la colline, et éveilla de leurs rêves les bergers endormis. Il flotta à travers les roseaux de la rivière, qui portèrent son message jusqu'à la mer.
"Regarde, regarde!" s'écria le Rosier, "la rose est finie, maintenant"; mais le Rossignol ne répondit pas, car il était mort et couché dans l'herbe haute, avec l'épine dans son cœur.
Et à midi, l'Etudiant ouvrit sa fenêtre et regarda dehors.
"Quoi, quelle chance merveilleuse!" s'écria-t-il; "voici une rose rouge! Je n'ai jamais vu de ma vie une rose pareille. Elle est si belle qu'elle doit avoir, j'en suis sûr, un nom latin très long"; et il se pencha et la cueillit.
Puis il mit son chapeau et courut à la maison du Professeur, avec la rose dans sa main.
La fille du Professeur était assise sur le seuil, enroulant de la soie bleue sur un dévidoir, et son petit chien était couché à ses pieds.
"Vous avec promis de danser avec moi si je vous apportais une rose rouge", s'écria l'Etudiant. "Voici la rose la plus rouge du monde. Vous la porterez ce soir près de votre cœur, et, tandis que nous danserons ensemble, elle vous dira combien je vous aime."
Mais la jeune fille fronça le sourcil.
"Je crains qu'elle n'aille pas avec ma robe", répondit-elle; "et, de plus, le neveu du Chambellan m'a envoyé quelques vrais joyaux, et tout le monde sait que les joyaux coûtent beaucoup plus que les fleurs."
"Eh bien! sur ma parole, vous êtes une ingrate", dit l'Etudiant avec colère; et il jeta la rose dans la rue, où elle tomba dans le ruisseau et fut écrasée par une voiture.
"Ingrate!" dit la jeune fille. "Je vous dis, moi, que vous êtes bien impoli; et, après tout, qu'êtes-vous donc? Vous n'êtes qu'un étudiant. Vraiment, je ne crois même pas que vous ayez à vos souliers des boucles d'argent, comme en a le neveu du Chambellan." Et elle se leva de sa chaise et rentra dans la maison.
"Quelle chose absurde que l'Amour", dit l'Etudiant en s'en allant. "Il n'est pas à demi aussi utile que la Logique, car il ne prouve rien, et il raconte toujours des choses qui n'arrivent jamais, et il vous force à croire des choses qui ne sont pas vraies. En fait, ce n'est rien de pratique, et comme à cette époque être pratique est l'essentiel, je retournerai à la Philosophie et j'étudierai la Métaphysique."
Et il revint dans sa chambre, tira un gros livre poussiéreux et se mit à le lire.
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| | | mimi54 Zen littéraire
Messages : 6043 Inscription le : 02/05/2010
| Sujet: Re: Oscar Wilde Jeu 21 Juil 2011 - 21:11 | |
| De profundis - Citation :
- Oscar Wilde écrivit De profundis de janvier à mars 1897, c'est-à-dire au cours des derniers mois de son incarcération à Reading. C'est le seul ouvrage qu'il rédigea dans sa prison (La ballade de la geôle de Reading est postérieure à sa libération) et son dernier ouvrage en prose. C'est sans doute aussi son chef-d’œuvre et une des plus belles lettres d'amour qui existe, où résonne toute la plainte de l'amour perdu, toute la plainte de l’amour perdu
S’il y a une oeuvre où l’objet d’une lettre prend tout son sens, c’est bien celle –ci. En effet ce long monologue adressé à son amant, dont le père est à l’origine de son incarcération, est une mise à nu, un dépouillement sans précédent de l’auteur. Celui –ci est emprisonné pour 2 ans du fait de son homosexualité. Dans la solitude de sa cellule, c’est à son amant qu’il s’exprime en montrant une extrême sensibilité, en révélant une personnalité complexe, assez torturée. J’ai senti, au travers de ses écrits, une relation ambiguë, faite d’amour et de haine, d’un certain commensalisme de la part du compagnon, Lord Alfred Douglas. Tout au long de ces pages j’y ai plus vu du remord, des reproches, de la douleur, du désespoir. Plus que de l’amour, j’y ai plus perçu un certain attachement. Si le style est impeccable, très beau, fluide, avec comme de la noblesse dans l’expression, j’ai ressenti à un moment de l’ennui, voir de la lassitude, en particulier aux 2/3 du livre lorsqu’il aborde la religion et le Christ. J’ai trouvé ce passage là particulièrement abscons et repoussant. Si pour le style, et la beauté du texte, cette lecture aura été intéressante, elle ne me laissera pour autant pas un souvenir impérissable, la trouvant probablement un peu trop dépassée, trop poussiéreuse. | |
| | | Heyoka Zen littéraire
Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède
| Sujet: Re: Oscar Wilde Mer 20 Fév 2013 - 23:17 | |
| - eXPie a écrit:
- Bibliothèque du Trinity College de Dublin, Irlande. (Photo de Ahmet Ertug).
Oh c'est superbe ! Le rêve... - lyana79 a écrit:
- Le Portrait de Dorian Gray
Comme Basile (le peintre) la personnalité de Gray m'a intriguée et même fascinée. Dorian Gray est un être intrigant c'est vrai, d'ailleurs, il semble charmer chaque personne qu'il croise mais aussi étrange que ça puisse paraître, j'étais encore plus troublée par Lord Henry. Presque frustrée qu'il ne soit pas l'objet du livre. Lors des longs passages centrés sur Dorian, je me languissais de retrouver l'insolence du Lord. " Je crois bien que les femmes apprécient la cruauté, la cruauté pure et simple, plus que tout autre chose. Elles ont des instincts merveilleusement primitifs. Nous les avons émancipées, mais elles restent tout de même des esclaves cherchant des maîtres. Elles adorent être dominées. " Dès le début du roman, Dorian Gray apparaît comme un pantin à l'esprit faible, influençable et manipulable, qui se laisse glisser avec délectation vers les enfers. A l'écrit et malgré la plume aiguisée d'Oscar Wilde, sa beauté ne transperce pas comme une beauté palpable pourrait le faire. Nous avons tous connu ce genre d'êtres physiquement magnétiques à qui la nature a tout donné sans retenue et l'attraction qu'ils exercent passent par les sens. Le récit nous permet tout juste d'imaginer son effet sur les autres mais la barrière du papier est là, je n'ai pas pu la ressentir. Seule sa personnalité nous atteint et dans ce cadre, le blondinet perd de son éclat... " Dorian ferma la porte à clef et mis la clef dans sa poche. ll se sentait en sécurité maintenant. Personne ne regarderait plus jamais l'horrible chose. Nuls yeux que les siens ne verraient jamais sa honte. " A contrario, Lord Henry, lui, fascine. Aussi maléfique soit-il, il ne subit pas, il mène la danse et ça le rend naturellement séduisant. Il s'amuse avec son nouveau jouet, se divertit tout en conduisant une étude sur l'âme humaine. A ce sujet, l'auteur écrit à un moment, que les expérimentations que l'on fait sur les autres, sont en réalité des expérimentations sur nous-même. Gray est un défi pour le Lord. Son esprit brillant prend l'ascendant sur la beauté éclatante de Dorian tandis que l'âme emprisonnée dans le tableau l'emportera elle aussi sur la jeunesse éternelle du corps de Dorian. Le triomphe de l'esprit sur la matière est totale. Dorian Gray a été loué de tous pour sa beauté, sa jeunesse et son innocence mais tout cela n'était que malédiction. Il a été réduit à l'état de vulgaire jouet entre des mains bien moins innocentes que les siennes et a payé le prix de la grâce. " A chacun sa vie et le prix à payer pour la vivre. Le seul ennui, c'est qu'on doit payer tant de fois pour une seule faute. Oui, on paye et on repaye. Dans ses affaires avec les hommes, le destin ne clôt jamais ses comptes. " Mais si l'âme de Dorian est noire, que penser alors de celle de Lord Henry ? Il est le leader, il donne la ligne de conduite. Or, à aucun moment on ne sait s'il agit vraiment en suivant sa doctrine hédoniste ou si ce n'est qu'une image irrévérencieuse qu'il se donne. Quant à la décadence du jeune bellâtre, elle n'est que suggérée la plupart du temps, en conséquent, il est difficile de savoir s'il est plus dépravé que Lord Henry. Je regrette que la démarcation ne soit pas plus claire, ou peut être était-elle voulue. On ne peut qu'imaginer les prouesses malsaines de Dorian et ainsi, y voir ce qu'on veut... " Mais le tableau ? Que devait-il en penser ? Il contenait le secret de sa vie et en racontait l'histoire. Il lui avait appris à aimer sa beauté. Lui apprendrait-il à détester son âme ? " J'ai pris cet angle d'attaque là, parce que c'est ce que m'a inspiré le chef d'oeuvre d'Oscar Wilde à l'instant T mais il y aurait tellement plus à en dire... Et une relecture est nécessaire pour pénétrer la richesse du récit, d'ailleurs, ça ne m’entonnerait même pas que mon analyse soit boiteuse ! Un vrai bijou littéraire comme le disait Miss Tics. " Chacun d'entre nous porte le ciel et l'enfer en lui. " | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Oscar Wilde Jeu 21 Fév 2013 - 9:36 | |
| après ton commentaire je suis sure que je dois re-lire ce livre, merci Kannskia ! | |
| | | Heyoka Zen littéraire
Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède
| Sujet: Re: Oscar Wilde Jeu 21 Fév 2013 - 10:16 | |
| - Bédoulène a écrit:
- après ton commentaire je suis sure que je dois re-lire ce livre, merci Kannskia !
Pourquoi cela ? Je suis contente de susciter une (re)lecture ! J'avais tellement de choses à dire, que j'aurais pu écrire un commentaire 3 fois plus long. D'ailleurs, il y a une explication de texte au début de l'édition de Poche. Je l'ai soigneusement évité pour être d'une virginité irréprochable en attaquant la lecture et en la commentant mais maintenant, je pense la lire. | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Oscar Wilde Mer 26 Fév 2014 - 14:25 | |
| Le portrait de Dorian Gray (1891) Le portrait de Dorian Gray écrit par Oscar Wilde est à la fin du 19e siècle ce que fut, par exemple, 99 F de Frédéric Beigbeder à la fin du 20e siècle. Même goût pour la vie mondaine, frivolité revendiquée –le nom du personnage est inspiré d’un véritable « Gray » qu’Oscar Wilde essayait d’emballer- et attitude de nonchalance savamment étudiée : voici les caractéristiques des mirliflores, d’un siècle à un autre. Littérairement parlant ? On aurait plutôt tendance à louer la fluidité sophistiquée de l’écriture d’Oscar Wilde au détriment du style moins recherché de Beigbeder, mais ce dernier aurait-il passé plus de temps à peaufiner son roman, n’aurait-il pas lui aussi atteint une noblesse d’écriture qui fait défaut au roman dandy du 20e siècle ? Bien que le Portrait de Dorian Gray glisse onctueusement des pages exquises sous le palais de son lecteur, son écriture demanda des efforts considérables de la part de son auteur. Oscar Wilde frise parfois le plagiat et quelques-unes de ses plus belles réflexions sont directement extraites de ses sources d’inspiration majeures, Walter Pater et John Ruskin en tête. Et puis alors ? Le résultat est là : Le portrait de Dorian Gray est un condensé de pensées profondes et essentielles qui se lit avec l’aisance d’un roman de gare –aphorismes d’humour noir tissés et reliés par la trame d’une fiction. Avec l’habilité d’un publicitaire avant l’heure, Oscar Wilde condense l’idée. Elle se boit pure et d’une traite, dans un verre en cristal qu’on tiendra le petit doigt en l’air. « Qu'est-ce qu'un rapport humain aujourd'hui? Il afflige par sa pauvreté. |...] Rencontrer quelqu'un devrait constituer un événement. Cela devrait bouleverser autant qu'un ermite apercevant un anachorète à l'horizon de son désert après quarante jours de solitude »Toute l’ambivalence du roman tourne autour de cette idée. Ses personnages sont des âmes exaltées, capables des plus vifs enthousiasmes pour ceux qu’ils imaginent être les plus intéressants. Toutefois, la loi de la sélection est dure et n’élit qu’un ou deux privilégiés parmi la masse insignifiante et médiocre des êtres humains qui constituent l’environnement direct de chacun. Cette exigence de l’autre toujours déçue permet à Oscar Wilde de manier le cynisme et de peaufiner son art de la réplique à l’extrême. En parlant de son roman, l’auteur écrivait : « je crains qu’il ne ressemble beaucoup à ma propre vie : tout en conversation et pas d’action ». Oscar Wilde ne s’était pas trompé, mais la conversation remplace l’action et parvient souvent à la transcender en divulguant des images plus marquantes et éternelles, là où l’action aurait peut-être seulement eu une efficacité éphémère. La réflexion esthétique qui cherche à s’accaparer les premiers plans de la thématiques du Portrait sous-tend en réalité cette quête effrénée de l’âme sœur : l’art peut alors se présenter en substitut mineur à la relation idéale ; l’art devient relation narcissique de soi aimant ses propres passions. A la fin du 20e siècle, Frédéric Beigbeder nous montrera que la société de consommation constitue une autre issue de secours. La facilité en plus. C’est d’ailleurs ce qui distingue le mieux les deux romans : si le Portrait de Dorian Gray relève du bijou tandis que 99F emprunte ses termes au prospectus publicitaire, sans doute faut-il en imputer le mérite à une époque moins désenchantée qui n’était pas encore définitivement guérie de « l’art pour l’art » et qui s’échinait à lui rendre un digne hommage. Lorsque la beauté de forme ne peut s’accompagner que du renouvellement de la beauté de fond, liée au paradoxe et aux idées de décadence, le Portrait de Dorian Gray devient figure-même de la dégénérescence. En apprécie-t-on les modalités ? A-t-on envie de s’exclamer au génie à chaque page tournée ? De longs et heureux jours attendent encore la décadence… Jamais loin d'A Rebours de Huysmans... - Citation :
- « C’était un roman sans intrigue, à un seul personnage. Ce n’était en effet que l’analyse du caractère d’un jeune Parisien qui consacrait sa vie à tenter d’éprouver, au dix-neuvième siècle, toutes les passions et toutes les pensées de tous les siècles hormis le sien, et cherchait, en quelque sorte, à résumer en lui-même les humeurs successives de l’âme humaine, aimant, pour leur artificialité même ces renoncements que les hommes ont inconsidérément appelé la vertu, aussi bien que ces révoltes naturelles que les sages appellent encore le péché. Ce livre était écrit dans le style curieusement orné, précis et obscur tout à la fois, plein d’argot, d’archaïsmes, d’expressions techniques et de périphrases compliquées, qui caractérise l’œuvre de quelques-uns des maîtres de l’école symboliste française. »
- Citation :
- « Un beau jour vous regarderez votre jeune ami et vous trouverez que ses lignes ne sont pas aussi harmonieuses, ou bien vous n’aimerez plus sa nuance, ou un autre détail. Vous lui en voudrez amèrement, au fond de votre cœur, et vous serez convaincu qu’il a fort mal agi envers vous. A sa prochaine visite, vous serez parfaitement froid et indifférent. Ce sera bien dommage, car vous aurez changé. »
« J’aime bien tout savoir de mes nouveaux amis, et rien de mes anciens. » *peinture d'Alfonso Rocchi | |
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| Sujet: Re: Oscar Wilde Ven 14 Nov 2014 - 14:55 | |
| Je me pose une question existentielle. Et je vais solliciter les english teacher of this forum. Une question sur la marque du possessif en anglais.
Pourquoi Picture of Dorian Grey et non Dorian Grey's picture ? Un effet de style ? | |
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