Les bibliothèques brûlent-elles?

Les bras m'en tombent...
Ce matin sur le blog de Passou, comme si la malinformation télévisée ne suffisait pas à stigmatiser toujours les mêmes, j'apprends comment et pourquoi brûleraient nos bibliothèques!
Il nous est donné à mesurer, dans les 260 commentaires qui suivent, la gravité de la haine et du mépris qu'éprouvent certains contre les incendiaires comme s'ils étaient des milliers. Les responsables sont de gauche (bien sûr).
Le pays où l'on brûle les livres

Hum... Parce que ce ne serait pas si grave que ça de brûler les bibliothèques?

L'article sur le blog d'Assouline donne un lien qui mène :
ICI

Très intéressant...

Parfois, on cherche trop de symboles là où il n’y en a pas…quand ils sont en colère, la plupart des humains détruisent ce qu’ils ont sous la main sans stratégie, ni même réflexion, sinon ce serait les quartiers riches et les voitures de luxe qui brûleraient…

D'autant qu'il n'y a pas vraiment d'éducation au livre dans ce pays. Comment voulez vous qu'on les respecte quand on va chez Gibert pour revendre ses livres scolaires parce qu'on a besoin de l'argent pour autre chose? Quelque chose d’intégrant, donc de plus important dans un sens, du moins pour eux.
L’éducation nationale n’est pas exclue de toute responsabilité dans ce non-respect du lieu des livres.
Mais en même temps comme le dit sous marin ça n’a rien de symbolique, on le voit il brûle aussi bien des écoles, que des bibliothèques, que des gendarmeries ou des salles omnisport. Tout ce qui peut être associé à un facteur excluant en somme.
On en revient à l’argent qui manque pour acheter les choses intégrantes au moins dans une communauté restreinte. L’idée d’appartenir à, ne pas arpenter sans cesse sa solitude. Etc.

Mouais. Ben excusez moi, moi je viens d'un milieu modeste, et je vois du symbole dans cela. J'ai toujours respecté les livres! Le livre n'a rien d'excluant, au contraire, c'est un facteur d'intégration!


Et moi quand je vois une bibliothèque qui brûle, c'est avec mes larmes que je l'éteins...

Citation :

la plupart des humains détruisent ce qu’ils ont sous la main sans stratégie, ni même réflexion,

Je n'en suis pas certaine...brûler des livres a toujours été d'ordre symbolique.Ils ne brûlent pas les supermarchés ni les télés, enfin je ne crois pas...

Certains sont exclus de la culture ET de la consommation. Pas étonnant qu'ils brulent des écoles ou des bibliothèques et des voitures. C'est débile, injustifiable, mais compréhensible...

Je suis d'un milieu TRES "modeste". Et après ?

Marie a écrit:

Citation :

la plupart des humains détruisent ce qu’ils ont sous la main sans stratégie, ni même réflexion,

Je n'en suis pas certaine...brûler des livres a toujours été d'ordre symbolique.Ils ne brûlent pas les supermarchés ni les télés, enfin je ne crois pas...

Je pense en effet que c'est tout de même un peu symbolique. Dans le sens que dit l'article pointé par PAssouline. Les institutions, les profs, les bibliothèques, plein d'autres choses sont en même temps qu'un moyen de s'élever, d'accéder, un outil comme étranger, appartenant à l'ennemi. On entend dans l'excellentissime documentaire de Pierre Carles (qui vient de sortir en DVD) sur Pierre Bourdieu, La Sociologie est un sport de combat, des banlieusards s'exprimer sur leur sentiment à propos précisément des professeurs. Quelque chose comme "on nous envoie des bleus, les jeunes forcément ils les testent, c'est instinctif, plus tard ces profs, je les ai rencontrés en train de dire qu'ils viennent des zep, que c'était dur, ils sont contents de montrer des blessures de guerre, mais nous on veut des bons profs, qui ont de l'expérience, qui n'y vont pas en se disant qu'il faut en passer par cette galère pour être ensuite mutés où ils veulent". Et pas seulement les profs, tout est perçu comme "ils" nous envoient, "ils", là-bas, ceux qui décident, où notre bagage de nous permettra jamais d'aller.

Alors oui, peut-être qu'une bibliothèque est perçue comme l'"ennemi", pas seulement parce qu'elle contient la culture qu'ils ressentent qu'on n'a pas su leur donner, mais parce que c'est un lieu dont l'existence est le fait de "ils", un moyen trop dérisoire dans leur pensée et visiblement dans les faits pour les sortir de leur prison psychologique et réelle et enfin, quelque chose dont ils ont conscience de la gravité de la détérioration, que ça nous fait bien chier, que ça choque.

En tout cas, c'est mon avis.

Mais je pense comme Pierre Bourdieu, nonobstant mon amour des livres, qui ne sont que des objets, pas du tout uniques dans ces bibliothèques : ok, brûlez des voitures, brûlez, mais, faites-le dans un but précis et conscient.

bix229 a écrit:

compréhensible...

Non. Mille fois non. Encore et toujours non.

Alfred Teckel a écrit:

bix229 a écrit:

compréhensible...

Non. Mille fois non. Encore et toujours non.

mille fois oui, je suis un produit de classe moyenne, je n'ai qu'entrevu, de loin des choses que j'ai la faiblesse de ne pas vouloir imaginer. des situations (au sens large) pourries ou les chances de... de construction pour ne pas, pour vraiment envisager autre chose sont probablement infimes et c'est horrible et ça doit se ressentir. Mille fois oui et c'est horrible.

Teckel, as tu vécu dans une cité ghetto...? En as tu traversé une au moins une fois dans ta vie...? Peux tu imaginer ce que c'est que d'y vivre, si on peut appeler cela vivre ?

Moi j'en ai traversé plusieurs dans les banlieues "chaudes" de Toulouse...
La 1ere fois, c'était il y a longtemps, et je me suis demandé comment ces cités là n'avaient pas encore cramé...

Pour moi, le débat est clos...

Très bien si tu ne souhaites pas discuter plus. N'empêche que pour moi, cela n'est pas justifiable et il n'y a pas de "fatalité". C'est une vision des choses.

Il n'y a pas de fatalité quand on n’est pas ou peu touché par la misère au final. Quand on a la chance d'être "populaire" dans les quartiers du centre ville ou proche.

En fait, je fais souvent ce parallèle, mais le pire ça n'est pas d'être pauvre dans une "cité ghetto", le pire c'est quand même d'être pauvre à la campagne, il n'y a rien de possible, il n'y a pas d'association, pas de "distraction", on mange à sa faim parce qu'on y a un jardin.

Mais de plus en plus on voit les mêmes dégradations que dans les cités à la campagne, on ne peut pas brûler les voitures parce qu'on en a réellement besoin, que c'est le seul lien intégrant visible, mais on casse les abris bus, on dégrade les mairies, les magasins, les bibliothèques...

Je crois que le problème est bien compréhensible, mais je crois également qu'on ne peut que s'en mordre les doigts, parce qu'on a vraiment rien fait pour que ça change...

lekhan a écrit:

L’éducation nationale n’est pas exclue de toute responsabilité dans ce non-respect du lieu des livres.

Pourrais-tu préciser ta pensée, s'il te plaît, Lekhan ?
Cette remarque m'intrigue un peu...
Parles-tu du ministère, des enseignants, du personnel d'administration et d'encadrement des établissements, des documentalistes ?....
Et quelle serait cette part de responsabilité ?