Albert Camus

odrey a écrit:

Tu me donne envie de le relire.

de même chez moi.. en plus je n'ai quand même pas pu résister à cet exemplaire (qui n'est pas nouveau, mais date de 2005)




en plus il y a pour l'instant un hors série en vente:

Si je relis un jour Camus, ce sera la "Peste" et non "L'etranger". Ce dernier ne me touche pas trop, mais dans "La peste" il y a des personnages tres differents, tres vifs, inspirant parfois un double sentiment.
La version officielle, c'est que c'est une allusion du nazisme C'est le comportement humain au cours d'annees de tenebres. Rieux est-il un chef de la résistance, Cottard, un représentant des trafiquants du marché noir, Tarrou un résistant et l'évêque naturellement un représentant du Vatican?
Je me rappelle tres bien les deux romans, dans les deux il y a l'isolement de l'homme tel que l'existencialisme le voit.

Profitant d'un moment de répit, j'écoute Albert Camus - l'Étranger.

En exclusivité sur le site de Radio-Canada, écoutez le texte intégral de L'étranger, enregistré par Albert Camus en avril 1954. En ligne jusqu'au 30 mars 2010.

http://www.radio-canada.ca/emissions/vous_men_lirez_tant/2009-2010/chronique.asp?idChronique=99983

Merci Bulle pour le site-écoute de "l´Etranger" sur Radio-Canada.

Une phrase qui à mon avis résume bien CAMUS, cet homme de la mi-distance et du mi-chemin, souvent si mal compris , cet homme du MIDI:

« Celui qui, souvent, a choisi son destin d’artiste parce qu’il se sentait différent apprend bien vite qu’il ne nourrira son art, et sa différence, qu’en avouant sa ressemblance avec tous. L’artiste se forge dans cet aller-retour perpétuel de lui aux autres, à mi-chemin de la beauté dont il ne peut se passer et de la ­communauté à laquelle il ne peut ­s’arracher. » CAMUS . Discours de Stockholm.

un hors-série du Magazine Littéraire vient de sortir:

Pourquoi pas ?
http://www.europe1.fr/Culture/Hommage-a-Albert-Camus-sur-Europe-1/(gid)/263546

J'espère que ce sera podcastable !

Je disais sur un autre fil avoir eu une super après-midi hier avec un topo sur Camus par une prof agrégée en prépa Hipocâgne. C'était en fait plutôt une relecture de certaines oeuvres (L'Etranger, La Chute, Le premier homme) Un super moment , ça m'a donné envie de le relire.

C'est vrai qu'on a souvent vu de l'absurde dans l'Etranger. Elle nous a démontré qu'il en était assez loin, qu'il s'agissait plus de dissonances, de l'image d'un monde pas cohérent, d'une absence de liens chez Meursault, mais pas forcément d'absurde au sens propre. Il y a surtout un destin, ironique et tragique...

J'ai lu un recueil de deux nouvelles, qui porte le nom de la première : Jonas ou l'artiste au travail.

Citation :

Quoi qu'il puisse arriver, Jonas, peintre au talent reconnu, croit en sa bonne étoile — jamais elle ne cessera de l'aider et de le guider. Pourtant la vie, ses proches, ses amis, ses disciples l'acculent peu à peu à la stérilité artistique…

Cette nouvelle, éponyme, et celle qui m'a le plus séduite. Elle est décalée, ce qui correspond à l'image (peut-être tout à fait fausse?) que je me fais de Camus, moi qui n'ai lu qu'un seul de ses romans jusqu'à présent.
Cet humour fin et mordant est présent dès les premières lignes :
"Gilbert Jonas, artiste peintre, croyait en son étoile. Il ne croyait d'ailleurs qu'en elle, bien qu'il se sentît du respect, et même une sorte d'admiration devant la religion des autres. Sa propre foi, pourtant, n'étant pas sans vertus, puisqu'elle consistait à admettre, de façon obscure, qu'il obtiendrait beaucoup sans jamais rien mériter".
C'est particulier, mais moi je suis très fan de cet humour "l'air de rien"!
Outre ce ton plaisant, la nouvelle présente aussi de nombreux passages dénonciateurs, là encore avec détachement, ce qui accroît l'effet, évidemment! Ces petites pointes qui font mouche touchent essentiellement à l'art, thème de la nouvelle. Ainsi ces petits passages franchement criants de vérité et toujours d'actualité :
"[...] un disciplie n'était pas forcément quelqu'un qui aspire à apprendre quelque chose. Plus souvent, au contraire, on se faisait disciple pour le plaisir désintéressé d'enseigner son maître [...]. Jonas découvrit ainsi dans son oeuvre beaucoup d'intentions qui le surprenaient un peu, et une foule de choses qu'il n'y avait pas mises".
"Il comprit rapidement que ses disciples ne lui demandaient pas des critiques, dont ils n'avaient que faire, mais seulement des encouragements et, s'il le pouvait, des éloges".
Mais on ne s'y trompe pas, cette légèreté n'est qu'apparente, et la solitude prend le pas. C'est le coeur désespéré et désabusé qu'on termine la lecture de cette nouvelle. C'est caractéristique de Camus, non?

Citation :

Un ingénieur français, en mission au Brésil, est confronté aux superstitions et au mysticisme des indigènes. Mais l'amitié qu'il éprouve pour l'un d'entre eux aura raison de son scepticisme.

Cette seconde nouvelle, La pierre qui pousse, nous plonge au coeur d'un monde superstitieux, constuit autour de rituels et de croyances qui déroutent l'ingénieur français. Elle m'a moins séduite ; à aucun moment je ne suis réellement parvenue à me sentir accrochée à l'histoire... Mais c'est un ressenti fréquent chez moi lorsque je lis des nouvelles, genre que je trouve assez frustrant!

Au final, je retiendrai la nouvelle de Jonas ou l'artiste au travail, qui m'a semblée particulièrement réussie : un univers particulier, une apparente légèreté qui cache un profond désespoir... Elle ouvre à la réflexion, notamment sur le sens des choses et de nos vies.

Adolescente, j'ai a-do-ré L'Etranger, La Chute et La Peste.

Vous m'avez donné envie de le relire.

Avez-vous lu" L´envers et l´endroit?". Premier livre de Camus.
On dit ( sur Fluctuat) :
" A la fin de sa vie, Camus verra dans cette oeuvre de jeunesse la source secrète qui a alimenté ou aurait dû alimenter tout ce qu'il a écrit. L'envers et l'endroit livre l'expérience, déjà riche, d'un garçon de vingt-deux ans "

C´est par là que je reprendrai Camus quand je me serai procuré le livre.
Voici ce qu´écrit Camus à son ami Jean de Maisonseul, à propos de ce recueil d´essais.

" Voyez-vous, Jean, j'ai eu des critiques dans les journaux, je n'ai pas à me plaindre ; l'accueil qu'on a fait à ces pages a été inespéré. Mais je lisais chez ces gens les mêmes phrases qui revenaient : amertume, pessimisme, etc. Ils n'ont pas compris - et je me dis parfois que je me suis mal fait comprendre. Si je n'ai pas dit tout le goût que je trouve à la vie, toute l'envie que j'ai de mordre à pleine chair, si je n'ai pas dit que la mort même et la douleur ne faisaient qu'exaspérer en moi cette ambition de vivre, alors je n'ai rien dit. " CAMUS.

bonsoir,
en ce moment je suis entrain de lire LE MYTHE DE SISYPHE, j'ai du mal avec.
je suis au deuxième chapitre et j'avoue que je n'ai pas vraiment saisie la morale du livre.

Alfred Teckel a écrit:

Après, il y a eu l'Etranger, une autre claque dans la gueule: On pouvait donc écrire un chef-d'oeuvre en à peine plus de 100 pages! Et ces mots du début, gravés à jamais "Aujourd'hui maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas."

Le "je ne sais pas" est en effet terrible, témoin d'indifférence, qui, je trouve, est très présente dans ce roman.

J'ai relu l'Etranger il y a peu. Je l'avais lu quand j'avais quinze ans et j'étais un peu passée à côté... Mais cette fois ci, j'ai été vraiment impressionnée. Comment Camus arrive-t-il, dans une langue si simple, et si belle à la fois, à faire passer tant de choses, à donner une impression si dérangeante, si déstabilisante ? Tout ce roman semble montrer avec détachement l'absurdité de la vie et se finit pourtant par un véritable cri qui célèbre toute la puissance de cette même vie, sans que cela soit contradictoire. Cette philosophie touche quelque chose de très profond dans l'être humain, car il est par nature un être totalement contingent, et, sans aucune contradiction, Camus amène le lecteur de cette idée à un hymne au désir de vivre, justement parce que si la vie est absurde, nous pouvons en faire ce que nous voulons. Je pense lire bientôt le Mythe de Sisyphe, je trouve très séduisantes à la fois les idées et la langue de Camus.

De temps en temps surgit comme un éclair, dans la littérature de Camus, quelques solutions pour echapper à l´Absurde de la vie.
Cela peut-être: deux amis qui se baignent dans la tiédeur de la mer d´Automne ( Bulle a signalé ce magnifique passage, extrait de la Peste), ou bien cet autre exemple, dans Caligula Acte II, Sc. XIV:

-Le jeune Scipion:
" Tous les hommes ont une douceur dans la vie. cela les aide à continuer. C´est vers elle qu´ils se tournent quand ils se sentent trop usés"
Evidemment, Caligula interrogé sur "ce refuge silencieux, si proche des larmes" répondra de manière perverse, cruelle et désabusée.
"- Le mépris" dit-il.
Mais je sais bien que CAMUS, lui, a autre chose de bien plus beau en tête entre la question de l´un et la réponse de l´autre.

La bio de CAMUS " Une vie" d´Olivier Todd se construit à partir de correspondances la plupart du temps inédites, d´Albert CAMUS.



Lecture constamment interrompue, car je me sens obligée de retourner non seulement aux oeuvres de Camus, mais aussi à d´autres auteurs comme par exemple Dostoiëvsky, tant Camus part de l´analyse de ses personnages, pour expliquer l´Absurde.
Pour en revenir au "Mythe de Sisyphe" la position de Camus est très claire sur le suicide, ou "mourir de ses propres mains" comme il préfère le dire-car il a cet art de tout humaniser- il ajoute que" se tuer, c´est avouer qu´on est depassé ou qu´on ne comprend pas."
Ailleurs, toujours dans Sisyphe " Le suicidé se tue parce que, sur le plan métaphysique, il est vexé.
Plus loin, il continue sur sa pensée : " Pour un homme sans oeillères, il n´est pas de plus beau spectacle que celui de l´intelligence aux prises avec une réalité qui le dépasse.
Plus que tout, il veut y voir clair. Comment?
" Quelques uns ont parlé de génie, mais le génie c´est bien vite dit, je préfère l´intelligence. Il faut dire qu´elle peut être alors magnifique. Elle éclaire ce désert et le domine. Elle connaît ses servitudes et les illustre. Elle mourra en même temps que ce corps. Mais le savoir, voilà sa liberté.
Tout Sisyphe est merveilleusement condensé dans l´exergue de Pindare, que choisit Camus.
"O mon âme, n´aspire pas à la vie immortelle, mais épuise le champ du possible". (3ºPythique).
Il serait difficile de plus ancrer la philosophie dans las vie quotidienne et ordinaire, celle de tous les jours.