Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Gustave Flaubert

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MessageSujet: Re: Gustave Flaubert   Gustave Flaubert - Page 9 EmptyLun 22 Avr 2013 - 23:07

"Ces deux personnages en viennent au cours de leurs expériences, à connaître des dégoûts et des mélancolies fort proches de ceux de Flaubert lui-même." (Dictionnaire des Oeuvres, Bouquins).
Un peu plus haut : "C'est une grosse farce philosophique, dans laquelle, bien que ses intentions ne soient pas toujours claires, Flaubert a déversé tout son mépris pour l'esprit bourgeois." Il se moque particulièrement du "culte de la science".
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MessageSujet: Re: Gustave Flaubert   Gustave Flaubert - Page 9 EmptyMer 24 Avr 2013 - 21:58

eXPie a écrit:
colimasson a écrit:
eXPie a écrit:


Quand tu écris que "la connaissance ne s’acquiert ni dans les livres, ni ailleurs", c'est un peu radical.

Peut-être, mais c'est l'impression qui me reste à l'issue de cette lecture. Pourquoi s'enquiquiner à vouloir apprendre quoi que ce soit ? Puisque tout se contredit dans cette multiplication des vérités, alors rien n'a de valeur.

Si, on apprend quelque chose, mais il faut garder à l'esprit que ce n'est qu'une vérité sans doute approximative (tout comme Newton est vrai dans un certain cadre, mais faux dans un autre, Einstein l'englobant). Déjà qu'on ne se connaît pas forcément (bien) soi-même... Une vérité est transitoire, mais elle n'est pas à jeter pour autant. C'est simplement tout connaître, ou connaître un sujet de façon absolue qui n'est pas possible, et c'est ça qui est formidable, en somme, parce que sinon, que resterait-il à trouver ? Pourquoi épuiser un sujet ? (on n'aura jamais fini de lire tout ce qui nous intéresse - à moins qu'on n'ait perdu le goût ou l'intérêt pour la lecture avant). Si on avait fait le tour des mathématiques, il n'y aurait plus de mathématiciens qui s'escrimeraient à démontrer je ne sais quel théorème ; si on avait fait le tour de la physique, que feraient nos passionnés de physique, à part rejouer les grandes découvertes ?... (mais ce jour-là arrivera-t-il ? Je crois me souvenir d'une nouvelle de SF, Asimov peut-être, dans laquelle l'homme arrivait à percer un mystère quasi-divin, théoriser, mettre en équation toute la vie, ou quelque chose d'équivalent ; ainsi parvenu au bout du mystère de l'univers, Dieu rebat les cartes, et c'est reparti pour un tour de devinettes posées à l'Homme... et ainsi l'Homme s'occupe, Dieu joue avec lui).

Bref, pour moi ça n'est pas négatif du tout, au contraire : rien n'est figé, rien n'est absolu, et c'est tant mieux.

Mais je me trompe peut-être totalement dans mon interprétation (peut-être suis-je un Bouvard ou un Pécuchet). D'autant que Sullien dit que Flaubert n'est pas le chantre du relativisme, alors...
Je n'ai pas lu la bio de Winnock. J'ai celle de Pierre-Marc de Biasi. Mais j'attendais d'avoir lu tous les romans de Flaubert (ce qui est fait).

Dans ce cas, ce Bouvard et Pécuchet est beaucoup moins désespérant que prévu. Preuve encore une fois qu'il existe autant d'interprétations que de lecteurs différents (ou presque). Mais du coup, Flaubert m'apparaît sous un autre aspect. Un peu plus pédant, peut-être : il se ferait donc critique de la manière de se comporter vis-à-vis de la culture ? A mon tour, j'ai bien peur d'être une Bouvarde (ou Pécuchette)
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MessageSujet: Re: Gustave Flaubert   Gustave Flaubert - Page 9 EmptySam 29 Juin 2013 - 19:42

Madame B. a écrit:
J'aime beaucoup "La Légende de Saint-Julien-l'hospitalier". (sa source d'inspiartion si je me souviens bien ce sont les vitraux de la cathédrale de Rouen).

shanidar a écrit:
La légende de saint Julien l'Hospitalier est une tautologie zoologique pour les amoureux du douanier Rousseau

Gustave Flaubert - Page 9 32323386_6564437
NB: Ce n'est -malheureusement !- pas l'édition dont je dispose, encore que celle en ma possession soit plutôt "un bel objet": Editions nouvelles et romans de l'école des loisirs 1986, nombreuses illustrations de Philippe Dumas.


Fort agréable lecture que ce conte-là. D'ailleurs disponible sur la Toile: http://clicnet.swarthmore.edu/litterature/classique/flaubert/julien.1.html Et dire que j'étais disposé au travail de copiste sur quelques extraits attentif !

J'aime la limpidité du propos, le ton très approprié, très "conte". La légère, vraiment jamais pesante, ornementation de termes de vènerie, ou de médiévismes.

S'il est exact -et je n'ai, a priori, pas de raison d'en douter - qu'enfermé dans son "gueuloir", Flaubert rature, amoncelle les boulettes de papiers, sans se lasser, jusqu'à trouver la phrase qui ira et la ponctuation qui la servira, bref celle qui peut être "gueulée" sans dommage, alors nous avons une bonne excuse pour lire le conte entier ou certains passages à voix haute: Comme par exemple la fin, une apothéose.  

Chez Grimm ou tout conteur, chercher le sens caché, symbolique ou à portée psychologique, est un exercice de style couru.
Ce conte-là s'inscrit dans cette suite. L'ivresse de la chasse et de la guerre, le goût pathologique de tuer y sont décrits, tout en retenue et en phrases pesées à la lettre et la virgule près. Mais que dire du pardon, de la rédemption, de la rémission, cachés sous l'apparence du pire envoyé, un lépreux tyrannique, jamais satisfait ?  

Illustration, extrait à lire hors tout contexte, vraiment pour lui-même, un de ces passages Flaubertiens ciselés, un travail de joailler:

(...) et leurs visages, d'une majestueuse douceur, avaient l'air de garder comme un secret éternel. Des éclaboussures et des flaques de sang s'étalaient au milieu de leur peau blanche, sur les draps du lit, par terre, le long d'un christ d'ivoire suspendu dans l'alcôve. Le reflet écarlate du vitrail, alors frappé par le soleil, éclairait ces taches rouges, et en jetait de plus nombreuses dans tout l'appartement. Julien marcha vers les deux morts en se disant, en voulant croire que cela n'était pas possible, qu'il s'était trompé, qu'il y a parfois des ressemblances inexplicables. Enfin, il se baissa légèrement pour voir de tout près le vieillard; et il aperçut, entre ses paupières mal fermées, une prunelle éteinte qui le brûla comme du feu. Puis il se porta de l'autre côté de la couche, occupé par l'autre corps, dont les cheveux blancs masquaient une partie de la figure. Julien lui passa les doigts sous ses bandeaux, leva sa tête; - et il la regardait, en la tenant au bout de son bras roidi, pendant que de l'autre main il s'éclairait avec le flambeau. Des gouttes, suintant du matelas, tombaient une à une sur le plancher.

A la fin du jour, il se présenta devant sa femme; et, d'une voix différente de la sienne, il lui commanda premièrement de ne pas lui répondre, de ne pas l'approcher, de ne plus même le regarder, et qu'elle eût à suivre, sous peine de damnation, tous ses ordres, qui étaient irrévocables.

Les funérailles seraient faites selon les instructions qu'il avait laissées par écrit, sur un prie-Dieu, dans la chambre des morts. Il lui abandonnait son palais, ses vassaux, tous ses biens, sans même retenir les vêtements de son corps, et ses sandales, que l'on trouverait au haut de l'escalier.

Elle avait obéi à la volonté de Dieu, en occasionnant son crime, et devait prier pour son âme, puisque désormais il n'existait plus.

On enterra les morts avec magnificence, dans l'église d'un monastère à trois journées du château. Un moine en cagoule rabattue suivit le cortège, loin de tous les autres, sans que personne osât lui parler.

Il resta pendant la messe, à plat ventre au milieu du portail, les bras en croix, et le front dans la poussière.

Après l'ensevelissement, on le vit prendre le chemin qui menait aux montagnes."
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MessageSujet: Re: Gustave Flaubert   Gustave Flaubert - Page 9 EmptyLun 23 Sep 2013 - 3:29

Chatperlipopette a écrit:
Salammbô


Spoiler:
En peu de mots, Flaubert met en scène un spectacle étourdissant où les couleurs, les odeurs, les zones de lumières et d'ombre, les cris, la poussière, la chaleur étouffante, le bruit métallique des armes qui s'entrechoquent, ne peuvent que saisir le lecteur du XIXè comme celui du XXIè! On s'y croirait, on y est, on est au coeur des batailles, on entend les gémissements, les ahanements, les râles et les soupirs. Parfois d'ailleurs, le lecteur en a la tête qui tourne, proche de la nausée mais toujours fasciné par la beauté baroque et violente d'une Carthage violentée par les mercenaires.
Avec un sens évident du sensationnel, du grand spectacle, Flaubert décrit, avec un plaisir et une volupté évidents, les peuples composant les cohortes de barbares: c'est Babel qui vient à Carthage, c'est la multitude de l'altérité qui se déverse sur les peurs primaires d'une civilisation construite sur les ruines fumantes des peuples soumis. Entre réalisme et grotesque (dans l'excès descriptif), le lecteur voit défiler sous ses yeux un monde antique venu des limites du connu et apportant les promesses d'un inconnu fascinant qui suscitera moult convoitises.
Salammbô est une oeuvre magistrale, fascinante tant par la beauté de l'écriture flaubertienne que par la violence qui s'en dégage à chaque mot: la guerre et son cortège d'horreurs et de souffrances sont décrits minutieusement, paysages déments d'une folie rougeoyante. C'est une débauche de couleurs raffinées, d'odeurs et de bruits. La scène de crucifiction des lions, symboles de la force militaire et du rayonnement culturel de Carthage, est un morceau d'anthologie, parmi beaucoup d'autres! Flaubert gorge son lecteur d'une myriade de sensations, de couleurs, de raffinements dans la cruauté jusqu'au plongeon écoeurant dans la noirceaur de l'âme humaine qu'il souhaitait montrer: la bassesse, l'avidité inextinguible des richesses de l'autre, la méchanceté, la vilenie, l'orgueil (le terrible orgueil d'Hannon qui failli perdre Carthage) ou la lâcheté. Tout l'éventail des pulsions humaines est exposé sous le soleil écrasant des plaines carthaginoises....un spectacle technicolor réalisé grâce au pouvoir évocateur des mots justement choisis et assemblés avec grand art!
SCOman a écrit:
Salammbo


Salammbô est mon oeuvre préférée de Gustave Flaubert, incontestablement elle fait partie des plus grands romans historiques de tous les temps.
Spoiler:
Je rejoins SCOman et Chaperlipopette dans la dithyrambe. Quelques ressentis un peu distincts des leurs, toutefois, normal, quoi !
Ma première lecture est lointaine, j'étais lycéen, et je me souvenais assez de la puissance de cette oeuvre pour avoir envie de m'y replonger si longtemps après. Du coup il n'est pas impossible que Madame Bovary, l'Education Sentimentale, Bouvard et Pécuchet, le Dictionnaire des Idées Reçues soient appelés à relecture, tant celle de Salammbô fut intense. Il est à noter que Salammbô fut le plus grand succès de librairie de Flaubert de son vivant, mais que cette oeuvre semble, de nos jours et si j'en crois la préface à l'édition dont je dispose (Flammarion), complètement éclipsée par l'Education Sentimentale et Madame Bovary.

Ce roman se situe, dans la chronologie, après Madame Bovary, dont la couleur est le gris, tandis que Salammbô serait pourpre et noir.
Il est assez dans le goût orientalisant de l'époque (1862 comme date de parution de la première édition, c'est Gustave Moreau, le Parnasse, Théophile Gautier, etc...), goût qui avait eu pour précurseurs, dans la première moitié du siècle, les géants du romantisme (Byron, Chateaubriand, Delacroix). Cette précision pour mieux comprendre la perspective de ce livre, lorsque Flaubert se prétend "romantique enragé".

Après le succès de Madame Bovary (et le procès qui avait suivi), Flaubert estime que la peinture de cette petite bourgeoisie le dégoûte, sa plume a besoin de sortir de l'étriqué.
Tout en restant dans le style du roman réaliste, où ses descriptions chirurgicales excellent.
Il se tourne vers l'Antiquité, mais pas n'importe laquelle: De Carthage, on sait peu (encore aujourd'hui, d'ailleurs, à l'aune de son rayonnement passé). Certes, Gautier, Walter Scott, Alexandre Dumas avaient porté le genre "roman historique", mais là, les sources sont ténues, vraiment faibles.

Surtout quand on choisit la première des trois guerres puniques ! - de punicae, pourpre, qui évoque le sang, le culte de Moloch, et la peinture dont s'enduisaient parfois certains contingents carthaginois avant le combat. La première, donc la plus obscure, celle sur laquelle on en sait le moins (pour mémoire il n'est pas aberrant de considérer avec Michelet que c'est le sort de ce qu'allait devenir l'européen, l'homme occidental qui s'est joué lors de la troisième guerre punique).

De cette histoire de mercenaires non payés qui menacent Carthage au point que l'issue est indécise (et le restera jusqu'aux deniers chapitres), Flaubert, après un très long séjour sur les lieux puis dans ce qu'on appelait alors l'"Orient" en général, compile les sources avec l'acharnement d'un bénédiction, et planche cinq années pleines, pour environ 300 pages plus une préface, qui sera ôtée par ses soins (deux mois de travail pour cette seule préface) puis ré-aparaîtra à partir de l'édition Conard (ça ne s'invente pas Laughing !) de 1909. Pour une préface, Elle est bien étrangement publiée à...la fin, en postface donc, de l'édition Flammarion 2001.

Des phrases ciselées, passées au crash-test du "gueuloir", un délicieux vocabulaire (comme le lecteur du XIXème siècle, nous cherchons, vous chercherez un mot par page, et c'est un minimum), une érudition et une volonté du mot rare et juste qui pourrait passer pour de la fatuité, ou de la préciosité, mais qui ne l'est jamais, et l'usage du subjonctif, qui sert la langue plus qu'il ne la décore selon moi, et que le XXème a eu grand tort de fossoyer.
Tout cela concoure à l'exotisme de l'ouvrage, exotisme qui n'a pas pris une ride.
Un rythme assez trépidant (Flaubert est dans la recherche permanente de l'effet d'intensité dans ces pages).

L'ensemble est historiquement parlant plausible à l'époque de mise sous presse. Même si un critique, au moins aussi acharné que l'auteur, y trouve à redire. C'est toute la volonté de Flaubert, qui veut son roman possible.
Mais pas que.
Exactement, comme il le dit à Louise Colet dans une lettre du 6 avril 1853, donc antérieure au tout premier projet, initial, de Salammbô, il veut "l'extraordinaire, le fantastique, la hurlade métaphysique, mythologique".
Ce que percevra bien Philippe Druillet dans sa version BD de Salammbô (je n'aime pas, mais c'est une autre histoire Laughing ).

En plus de cela, il gagne à dépeindre des moeurs rapportés à une antiquité peu connue, une grande liberté vis-à-vis de l'opinion en général (et de la censure).
Sa poétique de la violence, sa poétique du cru et de la cruauté, les moeurs sensuelles ou sexuelles, les sacrifices d'enfants, ses descriptions gore ad libinum (ou ad nauseam), tout ces épandages d'hémoglobine contés avec des raffinements de détail dignes du voyeur le plus complaisant.

Suite et quelques extraits demain. Après ce que j'ai dit sur Druillet, je vous dois bien quelques images sur Salammbô vu par divers artistes: Salammbô
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MessageSujet: Re: Gustave Flaubert   Gustave Flaubert - Page 9 EmptyLun 23 Sep 2013 - 7:12

Merci pour ce commentaire, Sigismond, qui donne envie de relire Salammbô !

Flaubert était vraiment un dingue de la documentation... J'aime bien, aussi : deux mois pour la préface enlevée rire
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MessageSujet: Re: Gustave Flaubert   Gustave Flaubert - Page 9 EmptyMer 25 Sep 2013 - 12:16

eXPie a écrit:
J'aime bien, aussi : deux mois pour la préface enlevée rire
C'est de l'acharnement !

et merci pour ce beau commentaire qui me donnerait presque envie de lire ce roman... sachant que, a priori, c'est celui de Flaubert qui m'attire le moins.
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MessageSujet: Re: Gustave Flaubert   Gustave Flaubert - Page 9 EmptyJeu 26 Sep 2013 - 8:01

Pourtant, je vous conseille de lire ce roman. Je sais bien que j'ai un parti-pris dès qu'on aborde un pan plus historico-politique en littérature, mais Flaubert y a écrit un de ses meilleurs romans. S'il est mieux connu pour d'autres romans, cet étrange opus de son oeuvre vaut un détour, n'est-ce que pour comprendre le style flaubertien et à quel point il est méticuleux.
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MessageSujet: Re: Gustave Flaubert   Gustave Flaubert - Page 9 EmptyJeu 26 Sep 2013 - 15:24

Sigismond a écrit:
Suite et quelques extraits demain.
L'auto-quote, c'est mal Embarassed . Suite à quelques soucis beaucoup plus à leur place sur le fil "vie de merde" que sur celui-ci, qui m'accaparent cette semaine et dont on peut pronostiquer qu'ils me retiendront jusqu'au milieu de la semaine prochaine, je diffère la suite et les extraits. Partie remise, pas abandonnée ange  !
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MessageSujet: Re: Gustave Flaubert   Gustave Flaubert - Page 9 EmptyJeu 26 Sep 2013 - 18:02

Sigismond a écrit:
Ce roman se situe, dans la chronologie, après Madame Bovary, dont la couleur est le gris, tandis que Salammbô serait pourpre et noir.
Je comprends que cette phrase est à percevoir dans un sens atmosphérique mais ce qui m'a justement frappé dans Madame Bovary (il faut que je me décide à faire mon post!) c'est bien la forte densité des textures et des couleurs. Que ce soit les étoffes, les objets, les habitations... il y a quelque chose de très pictural comme des tableaux de Courbet ou de Gérôme par exemple si on se situe à la même époque. L'écriture de Flaubert est extrêmement élégante en même temps qu'ironique. Je disais que Loti écrivait comme un peintre impressionniste lorsqu'il décrivait l'Islande ou Ankgor, tandis que Flaubert utilise un univers graphique qui fait le lien entre le romantisme et le réalisme. Il y a une forte présence du lieu et des personnages dans l'espace comme dans des tableaux. En tout cas c'est ce que j'ai ressenti en lisant Madame Bovary comme précédemment avec Maupassant avec "Une vie" où chaque environnement successif était un état d'âme.
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MessageSujet: Re: Gustave Flaubert   Gustave Flaubert - Page 9 EmptySam 28 Sep 2013 - 7:30

eXPie a écrit:
J'aime bien, aussi : deux mois pour la préface enlevée rire
En même temps c'est cohérent avec la perspective artistique que Flaubert prône, ainsi, dans deux lettres (1853 & 1854) à L Colet, il affirme (il a dû se faire quelques "amis" avec la deuxième affirmation Laughing !):
Flaubert, lettres à L Colet a écrit:
"l'Art est une représentation, nous ne devons penser qu'à représenter", et surtout il condamne avec fermeté les jugements d'auteur: "la conclusion, la plupart du temps, me semble un acte de bêtise".
A noter que Mâtho et Salammbô sont un peu des "malgré eux" qui se trouvent aux rôles-clefs, cruciaux, de l'action du roman. A la différence de Spendius, qui surmonte sa pleutrerie et aiguillonne son ambition à coup de revanche sur le sort. A la différence d'Autharite, chef de bande militaire à figure classique. A la différence de Narr'Havas, le félon-calculateur-ambitieux. Tous ceux-ci jouent leur intérêt dans ces batailles. Salammbô et Mâtho, pas du tout. Ce sont les instruments du destin, formule peu heureuse à laquelle je préfère "les instrumentalisés par les situations irréversibles en opposition".

Ou à la différence, c'est sans doute encore plus criant, des Suffètes:
Hannon -portraitisé, c'est très réussi, en cupide assoiffé et pourrissant, et Hamilcar, le père de Salammbô, dans lequel je me plais à voir le général tant militaire que d'entreprise, et au fond pas loin d'une incarnation d'un type -réussi aussi- de surhomme nietzschéen.  
C'est anecdotique, mais la victoire est donnée par un piège, "le défilé de la hache", qui, à titre personnel, me semble être de la plus haute invraisemblance. J'ai beau me représenter la situation à grands renforts d'imagination, ça ne tient pas debout. Mais passons sur la vraisemblance, l'important est la symbolique !

C'est aussi une victoire de Moloch sur Tanit, du Dieu ravageur, du mal, sur le Dieu de la fécondité et de l'apaisement. Salammbô est une mystique, en quelque sorte une prêtresse du culte de Tanit. La symbolique de cette victoire définitive de Moloch, qui "donne" la victoire à Carthage, est très nette.
Là est la vraie moralité de l'histoire contée.
A partir du moment où, dans le roman, Schahabarim le grand-prêtre eunuque de Tanit, qui figure l'érudition, la sagesse, la curiosité intellectuelle (et qui est aussi le directeur de conscience de Salammbô) doute, de plus en plus définitivement, de Tanit et finit par rallier le culte de Moloch, le lecteur a compris...


Extraits:

Marko a écrit:
Sigismond a écrit:
Ce roman se situe, dans la chronologie, après Madame Bovary, dont la couleur est le gris, tandis que Salammbô serait pourpre et noir.
Je comprends que cette phrase est à percevoir dans un sens atmosphérique mais ce qui m'a justement frappé dans Madame Bovary (il faut que je me décide à faire mon post!) c'est bien la forte densité des textures et des couleurs. Que ce soit les étoffes, les objets, les habitations... il y a quelque chose de très pictural comme des tableaux de Courbet ou de Gérôme par exemple si on se situe à la même époque. L'écriture de Flaubert est extrêmement élégante en même temps qu'ironique. Je disais que Loti écrivait comme un peintre impressionniste lorsqu'il décrivait l'Islande ou Ankgor, tandis que Flaubert utilise un univers graphique qui fait le lien entre le romantisme et le réalisme. Il y a une forte présence du lieu et des personnages dans l'espace comme dans des tableaux. En tout cas c'est ce que j'ai ressenti en lisant Madame Bovary comme précédemment avec Maupassant avec "Une vie" où chaque environnement successif était un état d'âme.
Alors je m'explique:
Selon les frères Goncourt, Flaubert voulait, dans Salammbô, rendre une "coloration, une nuance". Et "faire quelque chose de pourpre". Tandis qu'il avait donné à Madame Bovary un ton gris, "cette couleur de moisissure d'existence de cloportes".
Comme j'ai pris la rocade et tous les raccourcis en traduisant punicae (qui est le terme latin) par pourpre, je profite de ton intervention, Marko, pour préciser:
Phoenice, phoenicia et leur traduction latine puniceus) signifient en grec rouge, rouges, ou encore les hommes rouges, et, en grec (très) ancien, ce terme désignerait le meurtre. De fait, le rouge pourpre est la couleur du sang, la couleur de Moloch et même de la tunique de ses prêtres...
Flaubert s'en donne à coeur joie, quand nous lisons une description de ciels "aux reflets empourprés", on comprend, on comprend !
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MessageSujet: Re: Gustave Flaubert   Gustave Flaubert - Page 9 EmptySam 28 Sep 2013 - 8:05

Ouais, en tout cas Flaubert travaille beaucoup le matériau de sa langue. Je ne suis pas si certain que tant de préciosité dans l'usage des mots plaise à quiconque fait l'effort de le lire avec de bonnes intentions... :)

Edit : J'ai modifié quelque peu la conclusion de ma phrase, pour rester dans l'intention originale de ma pensée. Je ne modifie pas le mot «préciosité» ici, car je veux faire la démonstration que parfois, la «préciosité» peut être connotée de façon négative tout autant qu'elle peut parfois être considéré comme positive.


Dernière édition par jack-hubert bukowski le Mar 1 Oct 2013 - 7:52, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Gustave Flaubert   Gustave Flaubert - Page 9 EmptySam 28 Sep 2013 - 8:55

Un auteur qui plaît à tout le monde, ça n'existe pas.
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MessageSujet: Re: Gustave Flaubert   Gustave Flaubert - Page 9 EmptySam 28 Sep 2013 - 12:07

eXPie a écrit:
Un auteur qui plaît à tout le monde, ça n'existe pas.
et on s'en réjouit, faire l'unanimité, quelle pauvreté, à ne souhaiter qu'à son pire ennemi chut !

jack-hubert bukowski a écrit:
Je ne suis pas si certain que tant de préciosité dans l'usage des mots plaise à quelques personnes par ici
Nous avons un léger point de divergence, à ce qu'il semble, sans jouer sur les mots: pour ma part j'y vois du raffinement et non de la préciosité, le mot rare et juste confine à la quête obsessionnelle chez Flaubert, et sert ses phrases si bien balancées. Il ne me semble pas que cet auteur, qui a soin d'amasser une documentation d'une ampleur considérable avant de se risquer à l'écriture, cherche le mot peu usité en potiche décorative de son paragraphe. Tout au contraire, celui-ci sert la justesse du propos, et il découle de la documentation; pour rester dans les extraits postés ce matin, ça ne m'a pas dérangé de me reporter à la note, ou à défaut à un dictionnaire ou à un moteur de recherches web pour, par exemple: Le joueur de kinnor,  sa longue simarre blanche, quelque phalarique , du bout de son cothurne, etc...

En fait, si vous me permettez de caricaturer un peu Laughing , plus ça va moins je supporte les auteurs qui écrivent comme parle le journal télévisé, un point tous les quatre mots et jusqu'à cinq phrases par ligne.
Deux cent cinquante mots de vocabulaire parfois teinté de néologismes jargonnants, la conjugaison réduite au présent, au futur simple, à l'imparfait et au passé composé.
La littérature, ne l'appauvrissons en la cantonnant au style journalistique basique et au français pour notes de service Laughing  !
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Sullien
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MessageSujet: Re: Gustave Flaubert   Gustave Flaubert - Page 9 EmptySam 28 Sep 2013 - 12:43

Superbe commentaire ! Et très bel hommage à Flaubert ! aime 
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Sekotyn
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MessageSujet: Re: Gustave Flaubert   Gustave Flaubert - Page 9 EmptySam 28 Sep 2013 - 13:01

Sigismond a écrit:

[...] plus ça va moins je supporte les auteurs qui écrivent comme parle le journal télévisé, un point tous les quatre mots et jusqu'à cinq phrases par ligne.
Deux cent cinquante mots de vocabulaire parfois teinté de néologismes jargonnants, la conjugaison réduite au présent, au futur simple, à l'imparfait et au passé composé.
!
Bravo Sigismond. cheers 
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MessageSujet: Re: Gustave Flaubert   Gustave Flaubert - Page 9 Empty

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