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| Gustave Flaubert | |
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Auteur | Message |
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jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Re: Gustave Flaubert Ven 14 Nov 2008 - 1:29 | |
| Question de même, peut-on comparer Salammbo à certains ouvrages de Marguerite Yourcenar, ou bien, c'est vraiment deux univers par trop différents? | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Gustave Flaubert Jeu 7 Mai 2009 - 11:43 | |
| Pour ceux qui veulent (et peuvent) lire tout Bovary par écran Pour les fanas qui veulent découvrir Tout Madame Bovary, avec le manuscrit original, la version dactylographiée, les ratures, corrections...
C'est ici. | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Gustave Flaubert Dim 31 Mai 2009 - 12:07 | |
| Madame Bovary. Folio, 513 pages. Edition de Thierry Laget. Faire une critique de Madame Bovary, c'est un peu idiot, cent milliards de types plus calés que moi l'ont déjà fait, et mieux que moi. N'empêche. Madame Bovary, c'est aussi l'histoire de Charles Bovary, celui qui allait devenir le mari de Madame. Le roman commence ainsi : - Citation :
- "Nous étions à l'Etude, quand le Proviseur entra, suivi d'un nouveau habillé en bourgeois et d'un garçon de classe qui portait un grand pupitre. Ceux qui dormaient se réveillèrent, et chacun se leva comme surpris dans son travail." (page 47).
Tout de suite, le ton est donné : il y a de l'humour. Ce qui n'exclut pas le tragique, bien sûr. Le nouveau venu, c'est Charles Bovary. Il a quinze ans. Sa casquette est ainsi décrite : - Citation :
- "C'était une de ces coiffures d'ordre composite, où l'on retrouve les éléments du bonnet à poil, du chapska, du chapeau rond, de la casquette de loutre et du bonnet de coton, une de ces pauvres choses, enfin, dont la laideur muette a des profondeurs d'expression comme le visage d'un imbécile." (page 48).
Ah, le thème de l'imbécillité, un classique chez Flaubert ! Plus tard, une fois grand, Charles est veuf. Il se remarie avec Emma. Sa mère à lui n'est pas contente. Avant, du temps de la précédente femme de Charles, elle – la mère – restait la préférée. - Citation :
- "[…] mais à présent, l'amour de Charles pour Emma lui semblait une désertion de sa tendresse, un envahissement sur ce qui lui appartenait ; et elle observait le bonheur de son fils avec un silence triste, comme quelqu'un de ruiné qui regarde, à travers les carreaux, des gens attablés dans son ancienne maison." (page 94)
Donc, Charles est heureux. Le matin, il part faire sa tournée (il est médecin, bien sûr) sous le regard de sa tendre et douce. - Citation :
- "Charles, à cheval, lui envoyait un baiser ; elle répondait par un signe, elle refermait la fenêtre, il partait. Et alors, sur la grande route qui étendait sans en finir son long ruban de poussière, par les chemins creux où les arbres se courbaient en berceaux, dans les sentiers dont les blés lui montaient jusqu'aux genoux, avec le soleil sur ses épaules et l'air du matin à ses narines, le cœur plein des félicités de la nuit, l'esprit tranquille, la chair contente, il s'en allait ruminant son bonheur, comme ceux qui mâchent encore, après dîner, le goût des truffes qu'ils digèrent." (page 83).
Juste après, page 84, le drame pointe le bout de son nez. A propos de Charles et de son amour pour Emma : - Citation :
- "Il ne pouvait se retenir de toucher continuellement à son peigne, à ses bagues, à son fichu ; quelquefois, il lui donnait sur les joues de gros baisers à pleine bouche, ou c'étaient de petits baisers à la file tout le long de son bras nu, depuis le bout des doigts jusqu'à l'épaule ; et elle le repoussait, à demi souriante et ennuyée, comme on fait à un enfant qui se pend après vous.
Avant qu'elle ne se mariât, elle avait cru avoir de l'amour ; mais le bonheur qui aurait dû résulter de cet amour n'étant pas venu, il fallait qu'elle se fût trompée, songeait-elle. Et Emma cherchait à savoir ce que l'on entendait au juste dans la vie par les mots de félicité, de passion et d'ivresse, qui lui avaient paru si beaux dans les livres." Pauvre Charles ! Il est bien gentil, c'est un brave homme, mais cela ne suffit pas à Emma. - Citation :
- "La conversation de Charles était plate comme un trottoir de rue, et les idées de tout le monde y défilaient dans leur costume ordinaire, sans exciter d'émotion, de rire ou de rêverie. Il n'avait jamais été curieux, disait-il, pendant qu'il habitait Rouen, d'aller voir au théâtre les acteurs de Paris. Il ne savait ni nager, ni faire des armes, ni tirer le pistolet, et il ne put, un jour, lui expliquer un terme d'équitation qu'elle avait rencontré dans un roman.
Un homme, au contraire, ne devait-il pas tout connaître, exceller en des activités multiples, vous initier aux énergies de la passion, aux raffinements de la vie, à tous les mystères ?" (page 92) Ah, qu'elle aimerait aller à Paris ! - Citation :
- "Elle s'acheta un plan de Paris, et, du bout de son doigt, elle faisait des courses dans la capitale. Elle remontait les boulevards, s'arrêtant à chaque angle, entre les lignes des rues, devant les carrés blancs qui figuraient les maisons." (page 111).
"Tout ce qui l'entourait immédiatement, campagne ennuyeuse, petits bourgeois imbéciles, médiocrité de l'existence, lui semblait une exception dans le monde, un hasard particulier où elle se trouvait prises, tandis qu'au-delà s'étendait à perte de vue l'immense pays des félicités et des passions. Elle confondait, dans son désir, les sensualités du luxe avec les joies du cœur, l'élégance des habitudes et les délicatesses du sentiment. Ne fallait-il pas à l'amour, comme aux plantes indiennes, des terrains préparés, une température particulière ?" (page 113).
"Au fond de son âme, cependant, elle attendait un événement. Comme les matelots en détresse, elle promenait sur la solitude de sa vie des yeux désespérés, cherchant au loin quelque voile blanche dans les brumes de l'horizon." (pages 116-117). A propos de Léon, clerc de notaire, on peut lire - Citation :
- "[…] car tout bourgeois, dans l'échauffement de sa jeunesse, ne fût-ce qu'un jour, une minute, s'est cru capable d'immenses passions, de hautes entreprises. Le plus médiocre libertin a rêvé des sultanes ; chaque notaire porte en soi les débris d'un poète. "(pages 378-379)
"Ô vie heureuse des bourgeois", écrivait Jean Richepin et chantait Brassens… Il faudrait bien sûr parler de M. Homais, l'apothicaire, qui a un rôle ô combien important... et également de Rodolphe… Mais ce qu'il vaut mieux faire, c'est lire le livre, un grand chef-d'œuvre. Les films qui en ont été tirés ne peuvent donner qu'une idée très pâle, et pour ainsi dire fausse et lourde, du livre. Comment traduire visuellement un tel style, si beau, si fluide ? Et comment ne pas simplifier à l'excès les mouvements de l'âme d'Emma ? Comment retranscrire l'humour du livre, celui que l'on trouve dans les détails, la scène des Comices, avec le discours du conseiller de préfecture, etc. ? Chabrol n'y est pas parvenu. Il a fait un film lourd. Ce que le livre n'est pas. Notes vraiment très intéressantes de Thierry Laget (des notes intéressantes, ce n'est pas si courant que cela). Il cite à propos des passages de la correspondance de Flaubert qui parle des problèmes qu'il a dans l'écriture du passage que l'on s'apprête à lire, et de ses intentions. De plus, il cite le Dictionnaire des idées reçues dès que le besoin s'en fait sentir. Là encore, il éclaire les intentions de Flaubert non pas en coupant les cheveux en quatre, mais en étant simplement factuel. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Gustave Flaubert Dim 31 Mai 2009 - 18:37 | |
| Madame Bovary est en effet un très grand livre, l'écriture de Flaubert est un sommet, dans le genre d'analyse des moindre mouvements du coeur et de la raison, on a pas fait mieux, et on ne ferra jamais mieux, seulement autrement. Le genre de livre où il faut prendre le temps de faire attention au moindre, mot, à la moindre virgule, car rien n'est là par hasard mais a été réfléchi, dix fois, cent fois, et le mot qui est là est tout simplement le mot juste, le seul qui peut venir à cet endroit. Une écriture orfèvre, qui polit son bijou pendant des années jusque dans le plus petit détail. Si tu ne le connaît pas encore, il te reste encore un immense chef-d'ouevre, L'éducation sentimentale à découvrir. | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Gustave Flaubert Dim 31 Mai 2009 - 18:57 | |
| Sans oublier la Correspondance où l' on découvre un Flaubert différent mais tout aussi interessant. J' ai un livre qui s' appelle : Extraits de la correspondance ou Préface à la vie d' écrivain. C' est un choix de lettres par Geneviève Bolleme publiée par Le Seuil et très bien fait. Je rajouterai Les Trois contes. Un coeur simple fait partie de ce qu' il y a de meilleur dans l' oeuvre de Falubert. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Gustave Flaubert Dim 31 Mai 2009 - 19:09 | |
| Le coeur simple est prodigieux. Et il faut l'avoir entendu dit par Luchini. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Gustave Flaubert Dim 31 Mai 2009 - 19:12 | |
| Dans Les trois contes, j'avais adoré La légende de St Julien l'Hospitalier. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Gustave Flaubert Dim 31 Mai 2009 - 19:43 | |
| Ah Flaubert ! J'ai lu Salambô à 13 ans, et je devrais le relire, car à l'époque j'avais bien compris que j'étais devant quelque chose de trop grand pour moi dont je ne saisissais pas bien toute la force. J'ai ensuite dévoré Madame Bovary, et j'ai lu plusieurs fois les magnifiques Trois contes, que je recommande à tous. ( Tout particulièrement Un coeur simple ). Par contre j'avais abandonné l'éducation sentimentale, ce n'était pas le bon moment. Il faudra un jour que je remédie à cette lacune. Pour ceux comme Kenavo qui aiment la Bretagne, le Voyage en Bretagne par les champs et par les grèves, bien qu'inabouti, comporte tout de même de savoureux moments. La description de Carhaix est Un petit extrait sur les menhirs de Carnac pour le plaisir : "Voici donc ce fameux champs de Carnac qui a fait écrire plus de sottises qu'il n'a de cailloux ; il est vrai qu'on ne rencontre pas tous les jours, des promenades aussi rocailleuses. Mais, malgré notre penchant naturel à tout admirer, nous ne vîmes qu'une facétie robuste, laissée là par un âge inconnu pour exerciter l'esprit des antiquaires et stupéfier les voyageurs. On ouvre, devant, des yeux naïfs et, tout en trouvant que c'est peu commun, on s'avoue cependant que ce n'est pas beau. nous comprîmes donc parfaitement l'ironie de ces granits qui, depuis les Druides, rient dans leurs barbes de lichens verts à voir tous les imbéciles qui viennent les visiter. Il y a des gens qui ont passé leur vie àchercher à quoi elles servaient et n'admirez-vous pas d'ailleurs cette éternelle préoccupation du bipède sans plume de vouloir trouver à chaque chose une utilité quelconque ? Non content de distiller l'océan pour saler son pot-au-feu et de chasser les éléphants pour avoir des ronds de serviette, son égoïsme s'arrête encore lorsque s'exhume devant lui un débris quelconque dont il ne peut deviner l'usage. " Suivent ensuite les différentes théories, toutes plus farfelues les unes que les autres et commentées de façon drôlatique par Flaubert. Un exemple : "On a ensuite été chercher les Grecs, les Egyptiens et les Conchinchinois. Il y a un Karnak en Egypte, s'est-on dit, il y en a un en Basse-Bretagne, nous n'entendons ni le cophte, ni le breton ; or, il est probable que le Carnac d'ici descend du Karnak de là-bas, cela est sûr, car là-bas, ce sont des sphinx alignés, ici ce sont des blocs, des deux côtés de la pierre. D'où il résulte que les Egyptiens (peuple qui ne voyageait pas) seront venus sur ces côtes (dont ils ignoraient l'existence), y auront fondé une colonie (car ils n'en fondaient nulle part) et qu'ils y auront laissé ces statues brutes (eux qui en faisaient de si belles), témoignage positif de leur passage (dont personne ne parle). "
Dernière édition par Armor-Argoat le Dim 31 Mai 2009 - 20:39, édité 3 fois |
| | | Madame B. Zen littéraire
Messages : 5352 Inscription le : 17/07/2008 Age : 51
| Sujet: Re: Gustave Flaubert Dim 31 Mai 2009 - 19:48 | |
| J'aime beaucoup "La Légende de Saint-Julien-l'hospitalier". (sa source d'inspiartion si je me souviens bien ce sont les vitraux de la cathédrale de Rouen). Quant à "Un coeur simple", c'est un petit bijou, un mélange de cruauté et de pathétique.
Je suis ravie Armor que tu cites ce passage sur Carnac. C'est un de mes préférés dans ces Promenades. Tout l'esprit de Flaubert. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Gustave Flaubert Dim 31 Mai 2009 - 22:18 | |
| Flaubert est avec Maupassant un des auteurs que j'aime le plus. Devant le réalisme de Balzac et le naturalisme de Zola. Et encore il faut faire attention avec ces termes, puisque Flaubert lui même le dit le réalisme est une immense blague. J'ai lu Mme Bovari, je me rappelle de cette aspiration qu'elle a, à vouloir s'élever dans la société. Ce besoin de particule, particule qu'elle n'a malheureusement pas. Elle a aussi quelque chose de romantique dans ses rêveries, je me rappelle de parallèles fait avec la Jeanne de Maupassant. Il y a de humour dans ce roman! Je me rappelle de passages qui m'avaient beaucoup fait rire! Je me rappelle aussi d'une phrase qui m'avait beaucoup marqué. "Il faut faire attention aux idoles; la dorure en reste aux mains." Je ne cite pas au mot près, j'ai oublié... |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Gustave Flaubert Lun 1 Juin 2009 - 15:04 | |
| - eXPie a écrit:
- Madame Bovary, c'est aussi l'histoire de Charles Bovary, celui qui allait devenir le mari de Madame.
alors par après une petite lecture du livre Monsieur Bovary d' Antoine Billot paru dans cette sublime collection L'un et l'autre chez Gallimard.... | |
| | | Madame B. Zen littéraire
Messages : 5352 Inscription le : 17/07/2008 Age : 51
| Sujet: Re: Gustave Flaubert Lun 1 Juin 2009 - 18:38 | |
| Lara a écrit: - Citation :
- Il y a de humour dans ce roman!
(à propos de Madame Bovary) je suis ravie de te l'entendre dire, c'est drôle, féroce, vachard. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Gustave Flaubert Lun 1 Juin 2009 - 20:51 | |
| - Madame B. a écrit:
- J'aime beaucoup "La Légende de Saint-Julien-l'hospitalier". (sa source d'inspiartion si je me souviens bien ce sont les vitraux de la cathédrale de Rouen).
Moi ça m'a toujours fait penser à une peinture préraphaélite. C'est drôle comme personne ne mentionne Hérodias quand on parle des Trois contes. Pas mal pourtant, un peu dans la veine de Salambô. Ce dernier est pour moi le chef d'oeuvre de Flaubert...Dès son accroche magique " C'était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d'Hamilcar". |
| | | Chatperlipopette Zen littéraire
Messages : 7679 Inscription le : 24/02/2007 Age : 59 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: Gustave Flaubert Lun 1 Juin 2009 - 20:55 | |
| et dire que je ne l'ai toujours pas lu... "Salambô" Ce serait sympa d'en faire une lecture commune, non? (histoire de me motiver ) | |
| | | Madame B. Zen littéraire
Messages : 5352 Inscription le : 17/07/2008 Age : 51
| Sujet: Re: Gustave Flaubert Lun 1 Juin 2009 - 20:58 | |
| La phrase que tu cites, Nezumi, est magnifique mais j'ai toujours eu du mal avec Salambô et même "Hérodias". Qui se souvient de la parodie de Question pour un Champion par les Inconnus avec cette phrase de Flaubert justement? | |
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| Sujet: Re: Gustave Flaubert | |
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| | | | Gustave Flaubert | |
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