René Barjavel

Pour moi, Barjavel est reliée à mes lectures d'adolescente, mais je garde un excellent souvenir de La nuit des Temps et de l'Enchanteur par exemple. Par contre, Ravage... Là j'avais été rebutée pour des raisons idéologiques (la polygamie pour des raisons de reproduction de l'espèce). Ca fait tellement d'années que je n'en ai pas lu, faudrait que je m'y replonge, un jour, pour me faire une idée d'adulte sur cet auteur.

IzaBzh a écrit:

Pour moi, Barjavel est reliée à mes lectures d'adolescente, mais je garde un excellent souvenir de La nuit des Temps et de l'Enchanteur par exemple. Par contre, Ravage... Là j'avais été rebutée pour des raisons idéologiques (la polygamie pour des raisons de reproduction de l'espèce). Ca fait tellement d'années que je n'en ai pas lu, faudrait que je m'y replonge, un jour, pour me faire une idée d'adulte sur cet auteur.

Exactement comme toi! J'ai dévoré (à plusieurs reprises) L'Enchanteur et j'ai adoré La Nuit des Temps, en revanche j'ai été très déçu par Ravage. Le coup de la polygamie, j'ai très moyennement accroché, et la résignation des femmes quant à cette situation est assez agaçante... Mais si l'on regarde de plus près, des trois livres que j'ai lu de Barjavel (les trois précédemment cités donc), les femmes de L'Enchanteur n'ont jamais grand chose à dire, et la conception de la "société idéale et pacifiste" selon Barjavel est très... opposée à la mienne (en tous cas, je ne la conçoit pas avec sélection des gènes et encore moins avec toute cette propagande...). Bref, Barjavel écrit merveilleusement bien, mais je ne suis pas sûr d'être d'accord avec lui sur tous les points, et cette opposition m'a vraiment gêné dans Ravage

La faim du tigre n'est pas un roman mais un essai. Un essai qui pose quelques questions essentielles : qui, pourquoi (surtout pourquoi) et se moque un peu du comment. Tout commence par la rencontre d'un spermatozoïde et d'un ovule, se poursuit par une reflexion sur la guerre, l'évolution des espèces et l'homme (qui pour réguler sa présence sur terre n'a trouvé comme arme dernière que la bombe...), et puis bien sur le livre s'achève sur l'angoissante question de Dieu... Avec un ton non dénué d'humour (et même de sarcasme) et un style extrêmement limpide, Barjavel nous convie à une reflexion qui pourrait sembler surannée mais qui ne peut pas l'être. Nous ne savons pas ce que nous faisons sur cette terre, nous savons l'abimer, nous savons en tirer abusivement les richesses (le constat date de 1969 et n'a pas évolué), nous savons comment faire (ou pas) des enfants mais nous ne savons toujours pas pourquoi nous sommes là.

A cette question Barjavel n'apporte pas de réponse, mais des pistes de reflexion : par exemple redonner la clef des symboles qui a été perdue, réinvestir le religieux avec plus de concret (je crois ce que je vois), cesser de nous prendre pour des demi-dieux alors que nous n'avons à notre disposition que 5 malheureux sens, chercher à repenser le passé pour redonner du sens à l'avenir...

Voilà des pistes de lecture, des voyages à l'intérieur de l'oreille, des questionnements sur le symbolisme qui n'ont rien de didactiques mais ouvrent le monde sur une perception différente : stable, terrienne, un brin cynique, pas désagréable de temps en temps.

Un peu fouillis quand même tu ne trouves pas ?

Son discours aurait gagné à être un peu mieux structuré. Dans la dernière partie, concernant ses réflexions sur Dieu, j'ai bien failli le lâcher à plusieurs reprises...

euh non, j'ai bien aimé le côté 'écriture à bâtons rompus' qui mélange allègrement souvenir d'enfance, dénonciation à demi mots des prêtres, exégèse biblique, petit détour par la Table Ronde... mais tu as raison les liaisons sont un peu floues. Et comme je viens de lire un Michel Onfray qui est plutôt du genre 'péremptoire', j'ai apprécié le fait que Barjavel ne soit ni pontifiant, ni catégorique dans son discours, mais se laisse porter au fil de sa plume, de ses démangeaisons, de ses facilités...

Suite à la rediffusion d'un entretien avec René Barjavel sur France Inter, j'ai eu une ENORME envie de lire 'Ravage'.
J'ai le souvenir d'avoir beaucoup aimé L'enchanteur et La nuit des temps.

Citation :

"-Vous ne savez pas ce qui est arrivé ? Tous les moteurs d'avions se sont arrêtés hier à la même heure, juste au moment où le courant flanchait partout. Tout ceux qui s'était mis en descente pour atterrir sur la terrasse sont tombés comme une grêle. Vous n'avez rien entendu là-dessous ? Moi, dans mon petit appartement près du garage, c'est bien un miracle si je n'ai pas été aplati. Quand le bus de la ligne 2 est tombé, j'ai sauté au plafond comme une crêpe ... Allez donc jeter un coup d'oeil dehors, vous verrez le beau travail !"

4 ème de couverture

Et voilà,plus rien ne fonctionne.
La fée électricité n'existe plus. Dans un monde chaotique, les hommes vont devoir ré-apprendre à vivre sans elle.

Je rejoins plusieurs avis de parfumés :
- Le début est un peu long.
- La morale de l'histoire ne m'a pas entièrement convaincue : ce retour en arrière avec un rejet total du progrès et une sacrée régression au niveau du statut de la femme ne m'a pas enthousiasmé !

Par contre, j'ai apprécié cette idée que les hommes sont devenus trop dépendants des machines, que l'argent ne peut pas toujours nous sauver la vie ... La fierté de l'être humain en prend un coup lorsque les éléments se déchaînent. Finalement, nous ne sommes vraiment pas grand chose.
J'ai eu parfois l'impression de me retrouver sur La route, lorsqu'un des groupes de rescapés traversent des zones détruites par le feu ou l'eau. C'était assez oppressant.

Une lecture agréable tout de même, mais pour l'instant L'enchanteur reste encore mon préféré !

J'ai lu "Ravage" dans l'avion qui m'a amené en Nouvelle Calédonie et j'ai trouvé qu'il était très puissant, à mon sens trop pour qu'il soit compris par des collégiens. Je l'ai trouvé d'autant plus pertinent car j'ai lu il y a quelques mois "Malevil". Le contraste est saisissant, et les réflexions comparée des deux auteurs devraient être étudiée je pense.

Je viens de terminer la lecture de "La nuit des temps".

Je l'avais lu en devoir imposé lorsque j'étais ado. Je ne me souvenais plus de l'histoire mais j'en avais conservé une sensation de merveilleux.

L'histoire est fabuleuse de précision. Elle maintient le suspens tout au long des près de 400 pages du livre. J'ai été intrigué par les passages en italique, les regrets de Simon. Puis, par le récit de la réaction de la société actuelle à la découverte de ces témoins d'une civilisation de 900 000 ans beaucoup plus avancée que la nôtre. Enfin, par la description des derniers jours de Gondawa.

L'intérêt, vif dès le début, est allé croissant jusqu'à la limite du soutenable.

J'ai vu venir la fin en ce qui concerne l'identité des personnages (je n'en dis pas plus) sans toutefois deviner les causes du drame final.

On sent bien que l'auteur était un véritable écrivain de science-fiction des années '50-'60. René Barjavel nous abreuve de détails réalistes qui donnent une cohérence sans faille à l'histoire. Et la poésie de son phrasé apporte une dimension encore plus extraordinaire à son histoire. Point trop de philosophie cependant - il ne s'agit pas d'un roman d'Heinlein - et c'est tant mieux !

Je classe "La nuit des temps" parmi ces romans que j'ai envie de relire dès la dernière page tournée. D'autant que l'histoire m'a tellement intéressé que je l'ai lu en deux jours, et je me demande si j'ai bien remarqué tous les détails...

Comme toi : un livre lu il y a fort longtemps et dont je garde une forte impression.
Mais je me souviens encore de pas mal de détails. Et notamment la fin et de "qui est qui". Et du pourquoi.
C'est le cas pour la plupart des Barjavel que j'ai lu : Le grand secret, Ravage...
Un auteur que j'ai toujours eu plaisir à lire.

Et l'Enchanteur m'a réellement enchanté.

Tiens c'est bizarre, je viens de le retrouver dernièrement dans un coin caché de ma bibliothèque. Je vais l'ajouter à ma PAL!

Ravage:

J’aime les romans catastrophes où la technologie humaine déborde, ce roman en ai une réussite.

Il est très bien construit, une première partie nous décrit le monde vu par Barjavel au milieu de XXI° siècle, l’électricité statique est le moteur des villes nouvelles et des exploitations agricoles ; bien que son imagination soit fertile, il était loin de s’imaginer ce que serait le XXI° siècle et l’Internet, toutefois son monde est une anticipation très probable de l’évolution technologique du XX° siècle.

La deuxième partie est la catastrophe, alors que l’homme ne peut vivre sans ses machines électriques, un phénomène inconnu le détraque, et oblige l’humanité à se suffire à elle-même, nous somme dans la nouvelle ville de Paris quand cela survient, au coté de 2 personnages principaux, François, un jeune étudiant de 22 ans et son ami Blanche qui commençait une carrière de chanteuse. La catastrophe va les réunir, ils vont s’entourer d’amis afin de survivre.

La troisième partie est le voyage de notre petite bande mené par François, vers la Provence où vit la famille de notre héros, le feu et le manque d’eau vont les accompagner durant ce long périple.

L’écriture est belle, même si ce n’est pas le premier livre du genre que je lis, la plume de Barjavel et son imagination sont plaisantes à lire, le coté démodé de la première partie ne m’a aucunement gêné.

La nuit des temps - René Barjavel

Un excellent scénario pour cette Nuit des temps, lequel ne suffit malheureusement pas à sauver le livre.
J'ai bien accroché à cette expédition polaire, dans un monde qui ressemble fort au nôtre, dépassant étape après étape tous les obstacles posés sur le chemin de sa quête folle d'une civilisation enfouie sous la glace depuis 900 000 ans : une espèce de quête du Graal mâtinée de « stop ou encore ».
Je me suis par contre beaucoup ennuyée et ai sauté beaucoup de pages dans la description de cette civilisation antique censément lumineuse, ayant perdu toute lucidité dans sa quête du bonheur avec des relents de fatalité voulant sans doute évoquer certaines mythologies grecques. Le texte devient là ampoulé et lassant, et, dans cette description des amants éternels d’Eléa et Païkan, on se demande toujours s’il est bêtement naïf ou porteur d'un humour caché, et je crois bien que c'est souvent la première hypothèse qui l'emporte.(D'ailleurs, quand l'humour se montre vraiment, il est plutôt un peu lourdingue)

Ca me rappelle bien ce que j'avais moi-même pensé de ce livre ! Mais c'était il y a longtemps, j'étais en 5e je crois, je ne m'en souviens plus très bien...
L'humour lourdingue, ah, ah, c'est exact !

Rho les filles, vous avez perdu votre romantisme en cours de route

Citation :

Dans l'immense paysage gelé, les membres des Expéditions Polaires françaises font un relevé du relief sous-glaciaire. Un incroyable phénomène se produit : les appareils sondeurs enregistrent un signal. Il y a un émetteur sous la glace... Que vont découvrir les savants et les techniciens venus du monde entier qui creusent la glace à la rencontre du mystère ? "La nuit des temps", c'est à la fois un reportage, une épopée mêlant présent et futur, et un grand chant d'amour passionné.

Arabella a écrit:

Si je devais résumer ce livre par un mot, celui qui me viendrait en premier à l'esprit serait « désuet ». Je ne voudrais pas que vous y voyez quelque chose de péjoratif, en fait ce livre a le charme un peu vieillot mais persistant de certains très vieux romans d'anticipation, de Jules Verne ou d'autre auteurs anciens, cela se lit tout seul, avec le plaisir de savourer des tournures de phrases qui n'ont plus forcement cours dans la vie quotidienne, mais qui sont tellement agréables à lire.

Cet aspect désuet de l'écriture est, en effet, charmant et il contraste beaucoup avec l'actualité du récit.

Invité a écrit:

C'est étrange... je n'avais jamais ressenti La Nuit des Temps comme "désuet", à l'époque où je l'ai lu... et même aujourd'hui, en reprenant des passages, je reste toujours aussi émerveillée par le réalisme (oui, tant du contexte de l'action, que de la description précise de la société où vivait Eléa).

C'est là que je rejoins les dires de l'invité mystère. On trouve, dans ce récit, un savant mélange d'ancien et de modernité. J'ai pensé plusieurs fois à des histoires de SF modernes (Prometheus par exemple), pour un livre datant de 1968, c'est fort de réussir à ne pas être dépassé. Ça ne me semble pas évident dans le monde de la science-fiction surtout vu les évolutions gigantesques de la technique au siècle dernier. La description de cette société à la fois proche et lointaine de la notre était fascinante. Je serais très curieuse de voir une adaptation ciné d'ailleurs.

topocl a écrit:

Un excellent scénario pour cette Nuit des temps
[...]
Je me suis par contre beaucoup ennuyée et ai sauté beaucoup de pages dans la description de cette civilisation

Oui, c'est le bémol du livre : il y a pas mal de longueurs qui essoufflent le rythme. Je me suis lassée du long passage de la fuite sur Gondawa par exemple. L'auteur aurait pu tailler une centaine de pages sans que le récit en pâtisse, au contraire même, ça l'aurait dynamisé. C'est vraiment dommage cet ennui parce qu'en dehors de ça, le livre m'a beaucoup plu... Mais un livre qui ennuie, ça craint du sapin.

The Valuk a écrit:

J'avais lu La nuit des temps qui m'avait énormément plu. Cette romance à travers les âges avait vraiment un goût tragique très intéressant. Une sorte de mythe de l'amour impossible.

C'est marrant, moi je l'ai vu comme un amour infini, sans limite de temps ou d'espace, un amour pur que rien ne peut empêcher justement. Bon, je suis un peu d'accord avec Coli et Topocl, c'est vrai que par moment, l'auteur en fait un peu trop mais cette relation fusionnelle entre Eléa et Païkan reste touchante.


Tout ça pour dire que...

Je veux être un oiseau boule de Gondawa !

Pouvoir rentrer mes pattes et ma tête pour m'élancer dans les couloirs en pente à toute berzingue !

Complètement oublié cet auteur, merci Kannskia. Bon, je ne supporte pas la science-fiction... Il m'a fallu du courage et beaucoup de bonne volonté pour lire Ravages, un roman d'anticipation censé susciter la défiance du lecteur vis-à-vis de l'ère technologique où se rejoue le vieux schéma du maître et de l'esclave pour conclure logiquement, trop logiquement d'ailleurs, à un retour nécessaire à la vie simple, en harmonie avec la nature (à la Rousseau !). Je dis "trop logiquement" parce que, justement, Barjavel est tombé dans l'écueil du message, et son livre prend par moment les allures excessivement démonstratives de l'apologue, voire du manifeste, si bien que le récit, l'histoire (très caricaturale à mon goût) n'a d'intérêt qu'en tant qu'elle étaye plus ou moins bien l'idée qu'elle annonce.

L'Enchanteur pourrait davantage me plaire...