Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 George Orwell

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Sieglinde
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MessageSujet: Re: George Orwell   George Orwell - Page 3 EmptyDim 9 Mar 2008 - 22:42

Je vais avoir l'air totalement HS par rapport à la tournure qu'à pris le fil, mais comme je n'étais pas encore là quand vous parliez de 1984 et de La ferme des animaux, je me permets de revenir sur ces deux oeuvres (les seules que j'ai lu pour ma part).

Pour La ferme des animaux : si humour il y a bien, celui-ci est tellement noir, pessimiste, qu'il ne me serait jamais venu à l'idée de rire. La fin est monstrueuse comme l'a souligné Isidore. Mais le passage qui m'a le plus marquée reste quand même la triste fin du cheval Malabar. Travailleur assidu destiné à finir suspendu à un crochet de boucher.

Quant à 1984, le plus fort dans ce livre, c'est que je pense qu'on n'est pas nécessairement obligé de le mettre en parallèle avec le Stalinisme même si c'est de ce régime que s'est principalement inspiré Orwell pour l'écriture de son roman. Je pense même que le régime de Big Brother peut être le reflet de n'importe quelle forme de totalitarisme. Je parle ainsi de ceux qui ont vu le jour et se sont développés au XXème siècle mais aussi d'une forme de totalitarisme plus insidieux dont nous pourrions fort être les victimes dans les années à venir.
Le système capitaliste poussé à l'extrème (on en est pas encore là mais je trouve qu'on s'en rapproche de plus en plus) n'en est-il pas un exemple éloquent?
Je ne voudrais pas commencer à polémiquer sur la façon dans ceux qui nous gouvernent cherchent de plus en plus à nous empêcher de penser par nous-mêmes, à nous surveiller, etc. etc. parce que ce n'est pas mon but que de passer pour une anticapitaliste primaire, qui plus est hystérique. Razz

Mais toujours est-il que si 1984 nous délivre un message, c'est bien celui-ci : il y a pire qu'un régime autoritaire ayant tourné à l'édification d'un pouvoir personnel et au culte de la personnalité; parce qu'il a été démontré que ce genre de régime s'achève toujours avec le décès de son chef, ou quand bien même, celui-ci ferait appel à sa descendance pour rêgner à sa place, un chef, quand il est humain, peut toujours être renversé. Tandis que si on y regarde bien, dans 1984 la situation est toute autre : il n'y a pas vraiment de chef, puisque Big Brother est un personnage fictif, un pantin réclamé par le peuple et permettant à celui-ci d'idolâtrer un emblème. Finalement il n'y a personne à renverser, et tous les personnages (membres des différents partis, policiers etc. etc.) sont des rouages du système. Il n'y a personne dont les intérêts supérieurs soient servis ici, personne qui dirige et donne des ordres, personne qu'une Révolution populaire pourrait mettre hors-jeu puisque il n'y a pas de maître. Ici tous sont condamnés à servir le régime, à se montrer circonspects en toute situation, à se surveiller tous entre-eux, à recevoir des bribes d'informations concernant des travaux à éxécuter; mais tout le monde est finalement complice et victime du régime.

Ce livre est glaçant, vraiment.
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MessageSujet: Re: George Orwell   George Orwell - Page 3 EmptyDim 9 Mar 2008 - 22:52

mais tu n'es pas HS du tout, au contraire !

glaçant le mot est juste pour une bonne partie de ce que peut raconter le bonhomme. un bonhomme dont on sent qu'il s'est glacé lui même à un moment, et qui a du réussir à en revenir à sa manière.

je t'encourage vivement à ne pas t'arrêter là dans tes lectures (malgré la raréfaction des poches).
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MessageSujet: Re: George Orwell   George Orwell - Page 3 EmptyDim 9 Mar 2008 - 23:34

Sieglinde a écrit:

Mais toujours est-il que si 1984 nous délivre un message, c'est bien celui-ci : il y a pire qu'un régime autoritaire ayant tourné à l'édification d'un pouvoir personnel et au culte de la personnalité; parce qu'il a été démontré que ce genre de régime s'achève toujours avec le décès de son chef, ou quand bien même, celui-ci ferait appel à sa descendance pour rêgner à sa place, un chef, quand il est humain, peut toujours être renversé. Tandis que si on y regarde bien, dans 1984 la situation est toute autre : il n'y a pas vraiment de chef, puisque Big Brother est un personnage fictif, un pantin réclamé par le peuple et permettant à celui-ci d'idolâtrer un emblème. Finalement il n'y a personne à renverser, et tous les personnages (membres des différents partis, policiers etc. etc.) sont des rouages du système. Il n'y a personne dont les intérêts supérieurs soient servis ici, personne qui dirige et donne des ordres, personne qu'une Révolution populaire pourrait mettre hors-jeu puisque il n'y a pas de maître. Ici tous sont condamnés à servir le régime, à se montrer circonspects en toute situation, à se surveiller tous entre-eux, à recevoir des bribes d'informations concernant des travaux à éxécuter; mais tout le monde est finalement complice et victime du régime.

Ce livre est glaçant, vraiment.
très très juste. Le besoin de se créer des modèles à idôlatrer, qui deviennent si ancrés qu'il en devient impossible à déloger !
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MessageSujet: orwell   George Orwell - Page 3 EmptyDim 9 Mar 2008 - 23:54

Le reve de tous les dictateurs et de tous les pouvoirs totalitaires, c'est

effectivement que les citoyens se fliquent entre eux, et se fliquent eux

memes. Et le pire du pire, c'est qu'ils y réussissent en grande partie.

L'histoire de l'occupation en France pendant les années 4O le montre

clairement... C'est pour cela que les historiens français ont tardé à en

parler. Il a fallu attendre que l'américain Robert Paxton, commence le

travail... A lire...
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MessageSujet: Re: George Orwell   George Orwell - Page 3 EmptyMer 3 Sep 2008 - 12:21

Comme le dit Animal, au café littéraire, il ne faudrait pas que les lecteurs intéressés par Orwell s’imaginent qu’il ne parle que de politique. nonnon

En fait, Orwell s’intéresse à l’humain, à ses sentiments et à ses comportements, bien souvent en contradiction avec son discours. Il nous tend un miroir, reflétant une partie de nous même pas toujours très reluisante et surtout…il le fait avec subtilité et talent. attentif


L’humour est parfois présent (La ferme des animaux) et parfois non (1984) mais la qualité de l’histoire et la précision de sa plume sont toujours là… oui
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MessageSujet: Re: George Orwell   George Orwell - Page 3 EmptyMer 3 Sep 2008 - 13:04

On peut bien sûr lire le blog d'Orwell qui est son journal, publié au jour le jour avec 70 ans de décalage.
Tendez l'oreille, Orwell vous parle !

Et il y a de quoi lire jusqu'en 2012, youpi ! (il ne s'agit pas d'un remâché de Fréquence Interdite, le film de Gregory Hoblit, 2000).
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MessageSujet: Re: George Orwell   George Orwell - Page 3 EmptyMer 3 Sep 2008 - 22:47

sousmarin a écrit:
Comme le dit Animal, au café littéraire, il ne faudrait pas que les lecteurs intéressés par Orwell s’imaginent qu’il ne parle que de politique. nonnon
En fait, Orwell s’intéresse à l’humain, à ses sentiments et à ses comportements, bien souvent en contradiction avec son discours.… oui

Entièrement d'accord. Je pense que l'on peut dire cela de 1984. Si c'est l'aspect politique qui m'avait frappée à la première lecture, c'est l'aspect humain, et même la sensualité qui m'a touchée lors d'une récente relecture du roman. Dans cette analyse d'une société totalitaire, on peut sentir, par contraste, ce qui est essentiel pour l'auteur : il y a bien sûr l'indépendance et la liberté des médias, la liberté de se déplacer, de parler et de penser, ce qui n'est pas rien. Mais il y a surtout celles de pouvoir établir des relations affectives de manière individuelle et celle de laisser s'épanouir ses sens; car la destruction de toute relation affective est méthodique, on voit dans la première partie comment des enfants sont dressés à espionner (et dénoncer) leurs parents, comment le mariage est contrôlé (juste autorisé si les prétendants ne s'aiment pas et veulent procréer), comment les relations amoureuses sont interdites.

Et la relation amoureuse, entre Winston (le personnage principal) et Julia (une de ses collègues de travail), occupe la plus grande partie du roman (la deuxième); vécue en cachette par les deux protagonistes, elle leur permet de libérer leurs sens, bridés dans leur vie habituelle. Voici un extrait :
Lors d'un rendez-vous clandestin, ils se retrouvent à la campagne, mangent du "vrai" chocolat, trouvé au marché noir.

"Ils étaient debout à l'ombre d'un buisson de noisetiers. Ils sentaient sur leurs visages les rayons encore chauds du soleil qui s'infiltraient à travers d'innombrables feuilles.(...) Une grive s'était posée sur une branche à moins de cinq mètres, presque au niveau de leurs visages.(...) Elle ouvrit les ailes, les replia ensuite soigneusement, baissa la tête un moment comme pour rendre hommage au soleil, puis se mit à déverser un flot d'harmonie."

D'autres sensations seront ensuite explorées... Embarassed

La dernière partie, dont je me souvenais pourtant, m'a encore plus épouvantée que lors de ma première lecture.
Ma vision de ce roman a donc changé; j'ai eu l'impression que ce qui devenait essentiel pour l'auteur, c'était les réseaux affectifs, amicaux, amoureux, familiaux qui doivent pourvoir se créer autour des individus.
tousensemble
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MessageSujet: Re: George Orwell   George Orwell - Page 3 EmptyMer 10 Sep 2008 - 21:42

J'ai récemment lu pour la première fois 1984 et le roman m'a choqué, mais dans le bon sens du terme.

J'avais découvert Orwell avec "La ferme des animaux" que j'avais lu en cours durant ma tendre jeunesse et je ne l'avais pas tellement aimé, j'étais surement trop jeune pour apprécier la portée critique du roman.
Bref, je n'avais pas tellement envie de lire 1984 malgré les conseils avisés d'une amie mais j'ai finalement franchi le pas.
Et je me dis que j'aurais du le dire bien avant.
La portée politique du roman est considérable et à vrai dire, plutôt terrifiante tant le tout est crédible et convainquant.
Mais ce qui m'a le plus plu, c'est la structure du roman et de ses différentes parties.
Le première partie est plus une sorte d'introduction qui pose les bases de la société totalitaire imaginée par Orwell, partie interressante certes mais le reste l'est plus.
La seconde partie se base plus sur la relation Winston/Julia ainsi que sur la "résistance" au parti, elle instaure une lueure d'espoir et un désir de révolte aussi bien chez les personnage que chez le lecteur qui souhaite voir le régime tomber. Et tout ceci s'effondre en quelques pages, le temps d'un chapitre, montrant la puissance du parti ce que je trouve absolument brillant.
La partie finale quant à elle est à mon avis la partie la plus interressante du roman et également la plus desesperée et terrifiante. Les conditions d'enfermement de Winston sont effroyables ainsi que tout le processus de double-pensée, bien sûr ce processus était étudié auparavent mais il ne s'est pas montré aussi terrifiant avant.

Bref, la qualité et l'interet du roman augmente crescendo et la dernière partie devrait être lue par tous tant elle est brillante (dans tous les sens du terme) et effrayante. Une lecture indispensable selon moi.
Ca m'a donné envie de relire La Ferme des Animaux, mais il faut déjà que je retrouve mon exemplaire.
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MessageSujet: Re: George Orwell   George Orwell - Page 3 EmptyVen 19 Sep 2008 - 21:22

depuis que j'ai dit que je reviendrai sur ce fil, je me demande ce que je vais raconter. je reparcours les extraits et quelques messages. Quoi ajouter.

Faut aller jeter un oeil à ces extraits. Ce type a planté ses pieds dans son monde, ses idées y sont accrochées. A le lire on a l'impression qu'il y a cherché quelque chose, qu'il a essayé d'y apporter quelque chose, qu'il avait besoin de l'éprouver...

La lecture de Traven en ce moment me rappelle un peu Orwell dans la manière. Une volonté d'expression pleine de bon sens et simple, simple dans la forme... et dans la grandeur de son fond, mais pas si simple. Accessible. Large... Partageuse !

Des histoires pour nous raconter le monde et notre coeur, des histoires avec des morceaux durs et palpables de réalité.

J'adore son matin à se flanquer la tête dans le four à gaz...
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MessageSujet: George orwell   George Orwell - Page 3 EmptyVen 19 Sep 2008 - 22:10

Je crois que je vois ce que tu veux dire, Animal...

Orwell et Traven ont en commun une vision de l'humanité et de l'avenir
qui n'est pas définitive, mais ouverte.
Parceque c'est par trop injuste qu'il y ait des riches et des pauvres, des
exploités et des exploiteurs. Des affamés et des affameurs. Des maitres
et des sous humains. Des etres inommés et que Marx appelait mais
-du bout des lèvres- lumpen prolétariat... Autrement dit, rien du tout.
Et ce qui est à l'honneur de Traven et Orwell c'est qu'ils pensent autrement meme si toute
l'histoire est tragiquement identique et a tendance à se répeter et à recréer
ces éternelles et binaires oppositions.
Humanistes, progressistes ? moi je dirai plutot idéalistes...
Je les aime bien aussi indépendamment de leurs qualités d'écrivains...
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MessageSujet: Re: George Orwell   George Orwell - Page 3 EmptyVen 19 Sep 2008 - 22:16

Ils ont comme une façon connectée de mettre les pieds dans le plat, ou les mains dedans...

un petit extrait de l'univers du type moyen, le représentant de commerce commençant à se sentir vieux de Un peu d'air frais, un drôle de regard posé dans un drôle d'équilibre... (encore une fois la réflexion ne vieillit pas... ) :

Citation :
Le placier pris une autre de mes allumettes pour se curer les dents et me renvoya la boîte. Un petit geste désinvolte. Le train franchissait à grand bruit un pont métallique. Tout en bas, j'apercevais la voiture d'un boulanger et une file de camions chargés de ciment. La chose bizarre, je me disais, c'est qu'en un sens on ne se trompe pas sur les gros. C'est vrai qu'un homme gros, surtout s'il est gros de naissance - enfin, disons depuis l'enfance -, n'est pas tout à fait comme les autres. Il traverse la vie sur un autre plan, un peu celui de la comédie légère - quoique dans le cas des phénomènes de foire, et en général des types qui dépassent les 125 kg, ce soit de grosse farce qu'il faut parler. Dans ma vie, j'ai été mince, j'ai été gros - je sais à quel point la corpulence modifie votre façon de voir. On dirait qu'elle vous empêche de prendre les choses trop au sérieux. Je me demande si un homme qui a été toujours été obèse, un homme qu'on a toujours appelé Bouboule depuis ses premiers pas, éprouve des émotions vraiment profondes. Comment le pourrait-il ? Il n'en a jamais fait l'expérience. Il ne peut jamais assister à une scène tragique, puisque la présence d'un obèse fait qu'elle scesse d'être tragique. C'est drôle tout de même. Imaginez par exemple un Hamlet obèse ! Ou Oliver Hardy dans le rôle de Roméo. Chose curieuse, je me disais quelque chose comme ça voici quelques jours, en lisant que je m'étais procuré au drugstore. Passion perdue, c'était le titre. Le héros de l'histoire s'aperçoit que son amie a filé avec un autre. C'est un de ces types comme il y en a dans les romans, avec un visage pâle et tourmenté, des cheveux noirs et un comfortable revenu. Je me rappelle à peu près le passage :
"David arpentait la pièce, le front dans ses mains. Il avait l'air atterré par la nouvelle. Sheila infidèle ! Il n'en revenait pas ! Soudain la réalité lui apparut dans toute son horreur. C'en était trop. Il se jeta au sol, en sanglotant, au comble du désespoir."
En tout cas, quelque chose dans ce genre. Et tout de suite, ça m'a donné à penser. Car c'est bien ce qu'il en est, comprenez-vous. C'est de cette façon que les gens - une certaine catégorie de gens - sont censés réagir. Mais qu'en est-il d'un type comme moi ? Supposons qu'Hilda file pour le weekend avec un monsieur - non que ça puisse me toucher le moins du monde, en fait ça me plairait assez de voir qu'elle a encore assez de ressort pour ça -, mais supposons que j'en sois touché, est-ce que je me jetterais à terre en sanglotant ? Qui s'attendrait à me voir agir de la sorte ? Impensable avec une dégaine comme la mienne. Ce serait tout simplement obscène.

(avec une petite pensée pour la dame en rose terreur des parfumés...)
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MessageSujet: Re: George Orwell   George Orwell - Page 3 EmptyVen 26 Sep 2008 - 17:08

conciliabule j'ai la forte impression que Le Monde Des Livres consulte Parfum de Livres..
en tout cas un livre sur George Orwell fait la Une du supplément aujourd'hui Very Happy


Citation :
"De la décence ordinaire", de Bruce Bégout : Orwell militant de la tendresse

Jean Birnbaum
Le Monde 26/09/08


Qui veut parler fidèlement de George Orwell (1903-1950) doit utiliser certains mots aujourd'hui démodés, qui font rire à peu près tout le monde : rébellion, lutte, solidarité. Il faut en prendre son parti, pourtant. Car, sous la plume de l'écrivain-reporter britannique, ce vocabulaire engage une expérience qui fonde l'existence vraiment humaine : l'élan de sympathie envers les opprimés.

Bien qu'il doive sa célébrité à La Ferme des animaux et à 1984, ce serait une erreur de présenter Orwell comme un théoricien du politique. Son œuvre est celle d'un poète militant, qui cherche à maintenir l'espoir vivant. Dans ses romans comme dans ses enquêtes de terrain, il a inventé un style de la tendresse, tout entier au service des rencontres. Il a fait de sa plume un outil de reconnaissance, qui doit permettre aux humbles de retrouver l'estime de soi.

Si Orwell décrit avec tant de finesse le pouvoir totalitaire et ses perversions, c'est d'abord parce que ce pouvoir étouffe les sentiments qui permettent de faire la différence entre un troupeau résigné et des hommes révoltés : la colère devant l'injustice faite à autrui, l'aptitude à s'identifier, la loyauté.

En 1938 déjà, à son retour du front espagnol, où il a combattu aux côtés des révolutionnaires antistaliniens du POUM (Parti ouvrier d'unification marxiste), Orwell publie son Hommage à la Catalogne. Il y salue la bienveillance du peuple, et ces "éclats de grandeur d'âme" qui l'ont aidé à tenir malgré la souffrance, les désillusions : le geste de deux miliciens anarchistes qui lui donnèrent leur ration de tabac, le fou rire d'une vieille paysanne aux abords de Huesca, ou encore son coup de foudre pour ce jeune camarade italien, dans une caserne de Barcelone : "C'est étrange, l'affection qu'on peut ressentir pour un inconnu ! Ce fut comme si la fougue de nos deux coeurs nous avait momentanément permis de combler l'abîme d'une langue (...), et de nous rejoindre dans une parfaite intimité."

Ici commence la révolution. Pour changer le système, elle doit d'abord se déployer au ras du quotidien, au coeur des relations humaines, à partir de ce qu'Orwell nomme "common decency", la "décence ordinaire". Plutôt qu'une posture morale, il s'agit d'un ensemble de pratiques, une certaine manière de se tenir dans le monde, une capacité à aider, à donner, à admirer.

Avant Bruce Bégout, qui publie un essai intitulé De la décence ordinaire, au moins deux ouvrages avaient souligné l'importance de cette notion chez Orwell : Bernard Crick, dans la biographie de référence qu'il lui a consacrée, laquelle reparaît aujourd'hui sous une forme enrichie (George Orwell, Flammarion, "Les Grandes Biographies", 720 p., 26 €) ; et Jean-Claude Michéa, dans son Orwell, anarchiste tory, également réédité (Climats, 192 p., 16 €). Curieusement, Bruce Bégout, qui cite le premier, ignore le second, dont le travail a pourtant mis en valeur la "décence ordinaire" comme "base psychologique" d'un socialisme orwellien qui cherche moins à bâtir l'homme "nouveau" qu'à généraliser les nobles dispositions des simples gens.

Mais Bruce Bégout ne fait pas que reprendre la même idée. D'une plume douce et précise, il la développe, il l'affine aussi, et montre que chez Orwell l'apologie des petits et des dominés ne va pas sans un certain "populisme". En allant vivre parmi les déclassés de Londres et de Paris, à la fin des années 1920, l'écrivain anglais avait voulu inscrire leurs souffrances dans sa propre chair, et il en était revenu avec la certitude que "l'homme ordinaire" était doué d'une bonté spontanée. A ses yeux, c'est là que résidait le creuset de toute résistance collective et de toute émancipation universelle.

Cela dit, pourquoi certaines qualités morales seraient-elles réservées aux pauvres ? L'homme du commun n'est-il pas, comme les autres, travaillé par la violence, la cruauté ? L'auteur de 1984 sait très bien que si, lui qui décrit la société totalitaire comme une machine à exploiter les plus bas instincts. Mais il veut croire que, chez les exploités, les mauvaises pulsions ne se libèrent que dans certaines circonstances exceptionnelles : "Orwell ne nie pas la présence d'inclinations perverses chez l'homme, mais il met en doute leur caractère ordinaire, comme si ces dernières ne pouvaient naître et se développer que dans des contextes particuliers", note Bruce Bégout.


UN REGARD GÉNÉREUX ET FRANC


La guerre est l'un de ces contextes. De 1943 à 1947, George Orwell tient une chronique hebdomadaire dans Tribune, un journal dont les idées se situent à la gauche du Parti travailliste. Intitulées "A ma guise", ces chroniques traitent de sujets très divers, depuis l'arrivée du printemps jusqu'aux annonces matrimoniales, en passant par la fête de Noël, l'état de la presse, la hausse des prix ou encore l'antisémitisme. La plupart de ces textes étaient déjà disponibles en français, mais les éditions Agone ont eu la bonne idée d'en publier l'intégralité en un seul volume.

Semaine après semaine, Orwell pose sur ses semblables un regard à la fois généreux et franc. Il répond aux courriers de ses lecteurs, et par exemple à cette dame qui fait valoir que consacrer une chronique à l'éloge des rosiers revient à s'attarder sur un "sujet bourgeois"... De même n'hésite-t-il pas à mettre en garde les candidats au concours de nouvelles que lui et son journal ont organisé : "Je dois dire tout de suite que la grande majorité des cinq cents ou six cents nouvelles que nous avons reçues étaient, selon mon opinion, très mauvaises..."

Là encore, le chroniqueur prend soin de distinguer entre l'humilité du peuple et la morgue des puissants : si l'agressivité des receveurs d'autobus doit être mise au compte d'une "névrose provoquée par la guerre", les propos xénophobes de deux hommes d'affaires s'expliquent avant tout, selon lui, par la "méchanceté active" liée à leur condition.

C'est un peu caricatural, dira-t-on. Oui, mais Orwell n'est ni philosophe ni sociologue. Pour lui, l'écriture n'a qu'une vocation : briser la solitude des hommes, les aider à créer des liens. "Comment rendre les gens conscients de ce qui se passe en dehors de leur petit cercle, voilà un des principaux problèmes de notre temps, et une nouvelle technique littéraire va devoir être inventée", assure-t-il. Loin de former un programme doctrinal, ses textes désignent le point de fragilité propre à toute espérance socialiste : privée de son élément émotionnel, la révolution est sans âme ; coupée de ses ressources fraternelles, la politique est sans entrailles.
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MessageSujet: Re: George Orwell   George Orwell - Page 3 EmptyVen 26 Sep 2008 - 19:57

Je ne suis pas sûr qu’Orwell nous dise que l’homme est "naturellement" bon mais qu’il est un animal qui s’adapte "naturellement" à son environnement pour survivre, qu’il est plutôt doué pour cela d’ailleurs ; d’où l’importance de la politique et de l’organisation de la société qui va induire des comportements qui eux même en impliqueront d’autres…

En simplifiant à l’extrême, il dit que l’homme répond "naturellement" de la même façon qu’il voit le résultat des comportements d’autrui.
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MessageSujet: Re: George Orwell   George Orwell - Page 3 EmptyJeu 9 Oct 2008 - 21:20

hum, je crois que c'est de Dans la dèche à Paris et à Londres !

Citation :
Une fois persuadé qu'il n'y avait plus rien à faire pour la victime, chacun était allé se recoucher. Nous avions une journée de travail qui nous attendait : il n'était pas question de perdre un seul instant de précieux sommeil pour une simple mort d'homme.
Le travail de l'hôtel m'enseigna la véritable valeur du sommeil, de même que la faim m'avait enseigné la véritable valeur de la nourriture. Le sommeil avait cessé d'être un simple besoin physique : c'était une volupté, une débauche allant infiniment au-delà du repos nécessaire.
...

ça correspond étrangement à la dernière remarque de sousmarin...
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MessageSujet: Re: George Orwell   George Orwell - Page 3 EmptyMer 24 Déc 2008 - 0:35

Dans la dèche de Paris à Londres

Une formidable enquête sur la misère qu'Orwell a lui-même vécue dans les deux capitales européennes. Méticuleuse peinture de l'envers du décor: la faim, les boulots miteux, l'alcool, le manque d'argent, la vie de clochard...
Au-delà de l'aspect "documentaire", Orwell esquisse aussi ses réflexions sur les problèmes qu'il découvre.
Anecdotes à la pelle, personnages hauts en couleur, un monde à part qu'Orwell décrit sans aucune pudeur, sans jugement, avec uniquement une noirceur plein d'humanité qui le compose.
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MessageSujet: Re: George Orwell   George Orwell - Page 3 Empty

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