Henry Bauchau [Belgique]

Merci coline pour cet article
Je suis rendue à la mort de Paule, demain je viendrai mettre mon commentaire.

Citation :

En réalité, Henry Bauchau est retiré en lui-même, et son regard, insaisissable. Assis droit sur une chaise adoucie d'accoudoirs et d'un coussin, ses longues mains qui continuent d'écrire chaque jour croisées sur ses genoux, l'homme est impénétrable. Sa lente élocution, la fatigue qu'il dissimule par courtoisie le conduisent plus d'une fois à abréger son propos. Voilà le visiteur renvoyé à ses livres.

Terminé Le boulevard Périphérique.
Je suis à peaufiner mon compte-rendu qui suivra sous peu.

Le Présent d'incertitude
Un petit bout de texte comme cela qui fait du bien.

Citation :

5 février 2003
Entretien heureux avec Isora Veron .
Elle me dit: " Retenons cet instant , le ciel bleu, le soleil, vous et moi,
le chocolat, le bon café que nous buvons ."
Et elle sourit avec une douce gaieté que je partage
immédiatement. Nous n'accorderons jamais trop d'importance
à ces instants heureux et glissants, aux petits bonheurs passagers
qui éclairent souvent nos existences si nous parvenons à les mener jusqu'au seuil souvent rétif de la conscience.

bulle a écrit:

Le Présent d'incertitude
Un petit bout de texte comme cela qui fait du bien.

Citation :

5 février 2003
Entretien heureux avec Isora Veron .
Elle me dit: " Retenons cet instant , le ciel bleu, le soleil, vous et moi,
le chocolat, le bon café que nous buvons ."
Et elle sourit avec une douce gaieté que je partage
immédiatement. Nous n'accorderons jamais trop d'importance
à ces instants heureux et glissants, aux petits bonheurs passagers
qui éclairent souvent nos existences si nous parvenons à les mener jusqu'au seuil souvent rétif de la conscience.

Les journaux de Henry Bauchau sont parsemés de petites phrases comme celle-là...Des paroles de sagesse toute simple...
Cela paraît banal pour certains peut-être de redire ces choses, mais nous oublions si souvent la nécessité et le bienfait qu'apporte la prise de conscience, dans l'instant, des "petits bonheurs passagers" tandis que nous courons après un hypothétique, chimérique, Bonheur...

coline a écrit:

bulle a écrit:

Le Présent d'incertitude
Un petit bout de texte comme cela qui fait du bien.

Citation :

5 février 2003
Entretien heureux avec Isora Veron .
Elle me dit: " Retenons cet instant , le ciel bleu, le soleil, vous et moi,
le chocolat, le bon café que nous buvons ."
Et elle sourit avec une douce gaieté que je partage
immédiatement. Nous n'accorderons jamais trop d'importance
à ces instants heureux et glissants, aux petits bonheurs passagers
qui éclairent souvent nos existences si nous parvenons à les mener jusqu'au seuil souvent rétif de la conscience.

Les journaux de Henry Bauchau sont parsemés de petites phrases comme celle-là...Des paroles de sagesse toute simple...
Cela paraît banal pour certains peut-être de redire ces choses, mais nous oublions si souvent la nécessité et le bienfait qu'apporte la prise de conscience, dans l'instant, des "petits bonheurs passagers" tandis que nous courons après un hypothétique, chimérique, Bonheur...

Tu as tout à fait raison
Il faut savoir profiter du moment présent avec ses petits bonheurs.

Le Boulevard Périphérique
Entre les visites de Paule à l'hôpital , (sa belle-fille atteinte d'un cancer.)
et ses pensées qui vont à son grand ami de jadis Stéphane
avec qui il a fait de vertigineuses escalades
Et qui est entré dans la résistance et qui en est mort.
Un personnage vient s'incruster. Au livre, c'est Shadow ,
cet homme maléfique à qui la mort ne fait pas peur.
Il fait parti du groupe SS que Stéphane essai de combattre.
Tout au long du livre, Stéphane nous accompagne
On part en voyage au pays des songes lointain.
On apprend en même temps ce qu'est l'escalade.
Chaque jour que dieu amène ou presque
Monsieur Bauchau se rend à l'hôpital par le Boulevard Périphérique.
Tout au long de la maladie de Paule il nous décrit ses déplacements.
D'un côté la mort évidente de Paule, de l'autre la mort de Stéphane
qu'il essaie d'élucider . Shadow cet officier nazi
offre à Monsieur Henry Bauchau la possibilitée de savoir comment
Stéphane est mort et dans quelle circonstance.

Un livre touchant empreint d'amour.

LA GRANDE MURAILLE, Journal de LA DECHIRURE

La Grande Muraille, paru en 2005 est le Journal 1960-1965 de Henry Bauchau. Celui qu’il écrit tandis qu’il prépare son premier roman, La déchirure, roman qui lui a pris cinq ans.

On y découvre des notes sur son quotidien, ses rencontres, son travail hors écriture (nécessaire pour des raisons économiques) mais aussi des commentaires sur ses lectures, des références à de nombreux auteurs, philosophes, artistes.

Ce qui est évident c’est l’état dépressif contre lequel lutte cet homme de 50 ans alors. Ce qu’il appelle « sa dégoûtante tristesse ». Il est un « écrivant, pas encore écrivain » qui se heurte à la difficulté d’écrire un roman alors qu’il s’est plutôt consacré à la poésie et au théâtre (Gengis Khan, pièce créée par Ariane Mnouchkine en 1960 et jouée en Avignon en 2004). La création est largement relatée dans le Journal.

Henry Bauchau doute et souffre de n’être pas mieux reconnu.
Son réconfort lui vient souvent de la nature qu’il observe et décrit magnifiquement.
Ecrivant son roman, (avec le conseil et le soutien de son grand ami Jean Amrouche* qui va malheureusement décéder), il continue à travailler à ses poèmes. Beaucoup sont cités, ou mêmes transcrits dans le Journal, certains apparaissent dans leur ébauche, puis leur évolution.

Qu’y a-t-il d’intéressant à lire le journal d’un auteur comme Henry Bauchau ? Pourquoi sais-je que je lirai tous les volumes de son Journal (j’ai déjà pas mal commencé) ?
La réponse est peut-être dans ces mots qu’il écrit à propos de sa propre lecture du journal de Delacroix :
« En lisant ce Journal ce n’est pas seulement Delacroix que j’apprends à connaître, c’est moi-même. »

Extraits :

« Je me déçois beaucoup. Mon incapacité à surmonter la tristesse, le découragement, ma perpétuelle tendance à la dépression, tout cela est finalement assez lâche. »
« Ce que je déteste, je crois, c’est le sérieux qui entraîne la dépression, le manque de gaieté et d’aisance, l’animal solitaire et ruminant ses vieux malheurs, ses impuissances et s’en faisant une sorte de morale de tension et de faux héroïsme. »
« Le courage est dans la gaieté. »

(une petite fille)« Elle m’a accueilli avec un si gentil sourire que je me suis senti fondre. Dans ces moments de lassitude il suffit parfois que je m’aperçoive que je compte pour quelqu’un. »

« Un mouvement du cœur, un mouvement vers l’autre peut parfois me réconcilier avec moi-même. »

« J’écoute les trois quarts deWozzek. J’ai peine à suivre, il me faudrait l’écouter une deuxième fois en suivant le livret pour pénétrer cette œuvre. Je ressens une impression à la fois moderne et barbare. »

« Je frappe, je frappe contre ton nom
Je ne sais plus que l’attente impossible
Je crie tes syllabes à voix basse
J’oublie ton visage
Je perds le son de ta voix
Ce qui était l’amour
Est-ce à nouveau l’autre et le cœur séparé »

« Ce matin bain et trampoline. Mais j’éprouve, lorsqu’il y a du monde, une sorte de gêne à m’exercer au trampoline parce que je ne le fais pas assez bien. Ainsi l’âge nous repousse par une sorte de respect humain vers des activités toujours plus restreintes. Il faut réagir et maintenir le goût d’essayer. »

« J’aimerais découvrir des choses neuves sans m’asservir au goût des autres, mais j’ai beaucoup de mal à croire que je puisse y trouver du plaisir tout seul. »

« J’avance dans mon passé comme dans un futur. »

« Je sais aujourd’hui que je ne serai jamais sage. Malgré les années, les masques que m’a imposé la vie, je ne serai jamais qu’un enfant émerveillé. »

« J’ai cinquante ans. Non pas un jour de fête, plutôt un jour de deuil. Pas à cause de l’âge mais du temps perdu et du poids de tout ce que je n’ai pas fait. »

« Parmi les bonheurs non extatiques, l’un des plus grands est celui de se posséder soi-même dans le cours d’un acte créateur. »

« Les glaciers en face de moi apparaissent au fond de la vallée avec une majesté de théâtre. Un théâtre du silence où les plis des rochers se nouent et retombent avec une grandeur calme. Ce théâtre du silence et de la gloire naturelle entoure le théâtre de la cruauté qui est celui de l’homme. »

(Printemps) « Dans le Jura de mon enfance on voyait les feuilles monter la vallée, enfin elles approchaient du village et j’entends encore cette phrase qui a ravi ma jeunesse : »La feuille est au grand contour. »

« Je ne suis pas vraie dit l’aube. Je suis là »

*Chiara Elefante : « Henry Bauchau et Jean El-Mouhoub Amrouche : histoire d’une amitié poétique »

intéressant! N'hésite pas mettre des citations. Je ne sais pas si je lirai ce journal un jour (j'ai surtout ses romans qui m'attendent, n'ayant lu que l'enfant bleu) mais c'est bien de pouvoir en apprécier des extraits.

Des mots très forts que tu nous proposes Coline.Impressionnant.Les références littéraires sont-elles accessibles.J'ai peur de rester un peu sur le seuil.

Bellonzo a écrit:

Des mots très forts que tu nous proposes Coline.Impressionnant.Les références littéraires sont-elles accessibles.J'ai peur de rester un peu sur le seuil.

Ce qui me frappe toujours chez Bauchau c'est que l'intelligence passe par une grande simplicité des mots et du style...De même pour les auteurs ou artistes qu'il cite et commente...Aucune complexité, aucun hermétisme...

Marko a écrit:

Je ne sais pas si je lirai ce journal un jour (j'ai surtout ses romans qui m'attendent, n'ayant lu que l'enfant bleu) mais c'est bien de pouvoir en apprécier des extraits.

Lis d'abord les romans avant le Journal. D'autant plus qu'il y a déjà au moins cinq volumes!
Et le complément idéal est Poésie complète (recueil paru cette année)

coline a écrit:

Qu’y a-t-il d’intéressant à lire le journal d’un auteur comme Henry Bauchau ? Pourquoi sais-je que je lirai tous les volumes de son Journal (j’ai déjà pas mal commencé) ?
La réponse est peut-être dans ces mots qu’il écrit à propos de sa propre lecture du journal de Delacroix :
« En lisant ce Journal ce n’est pas seulement Delacroix que j’apprends à connaître, c’est moi-même. »

Je te répondrais, tout. Ces petits bonheurs qu'il nous partage avec simplicité.

Marko a écrit:

intéressant! N'hésite pas mettre des citations. Je ne sais pas si je lirai ce journal un jour (j'ai surtout ses romans qui m'attendent, n'ayant lu que l'enfant bleu) mais c'est bien de pouvoir en apprécier des extraits.

Ne passe pas à côté , il y a une richesse dans chacun de ses journal.

Bellonzo a écrit:

Des mots très forts que tu nous proposes Coline.Impressionnant.Les références littéraires sont-elles accessibles.J'ai peur de rester un peu sur le seuil.

Allez entre Bellonzo, tu ne seras pas déçu.

Le Présent d'incertitude journal 2002- 2005
Un petit bout charmant

Citation :

Instant délicieux en sortant du square Trousseau.
Devant moi un homme grand qui tient par la main
une petite fille d'environ six ans . Il pousse la grille,
je me prépare à pousser la grille à côté. L'homme
veut entraîner la petite fille, mais elle résiste et
retire sa main de la sienne. Elle pousse la porte que
j'allais franchir pour me l'ouvrir et me céder le
passage . Je suis tout surpris et enchanté de ce
geste si unisité dans le Paris d'aujourd'hui . Je la
remercie chaudement en l'appelant mademoiselle.
Nous nous sourions . Le père, d'abord étonné
d'être arrêté par sa fille, comprend et sourit aussi.
Nous nous quittons tous les trois
sur cet instant joyeux, inespéré.

Vous avez déjà beaucoup parlé de ce "roman "autobiographique d'Henry Bauchau. J'ai beaucoup aimé aussi..

Citation :

La mort constitue le thème central du livre, mais d’autres thèmes sont abordés

Coline
Je dirais que ,pour moi, c'est un texte qui parle plus de la vie, la vie jusqu'au bout,la résistance et les éclaircies de vie jusqu'au dernier moment( de Paule, presque jusqu'au dernier instant, de Stéphane qui détermine le moment de sa mort).

C'est quelqu'un de très vivant pour ses 95 ans, Mr Bauchau...

Marie a écrit:

Vous avez déjà beaucoup parlé de ce "roman "autobiographique d'Henry Bauchau. J'ai beaucoup aimé aussi..

Citation :

La mort constitue le thème central du livre, mais d’autres thèmes sont abordés

Coline
Je dirais que ,pour moi, c'est un texte qui parle plus de la vie, la vie jusqu'au bout,la résistance et les éclaircies de vie jusqu'au dernier moment( de Paule, presque jusqu'au dernier instant, de Stéphane qui détermine le moment de sa mort).

C'est quelqu'un de très vivant pour ses 95 ans, Mr Bauchau...

Un esprit vif , un être au coeur d'or.

Merci pour ces extraits Coline. Il y en a de très beaux dans lesquels on ressent très vite toute cette humanité qui recouvre chacun de ses mots.
Comme tu le notes en répondant à Bellonzo il y a surtout une grande simplicité due sans doute à la sagesse de l'homme qui a vécu, à cette intelligence du coeur, à cette humanité bien sûr, mais aussi à cette faculté de garder les yeux ouverts sur le monde, réceptif aux autres et à lui-même.

Citation :

« Je sais aujourd’hui que je ne serai jamais sage. Malgré les années, les masques que m’a imposé la vie, je ne serai jamais qu’un enfant émerveillé. »

« J’ai cinquante ans. Non pas un jour de fête, plutôt un jour de deuil. Pas à cause de l’âge mais du temps perdu et du poids de tout ce que je n’ai pas fait. »

Comme dit Marie c'est quelqu'un de très vivant Mr Bauchau.
Je suis très admirative!

J'espère qu'Henry Bauchau qui a longtemps souffert du manque de reconnaissance, sait de quelle manière les lecteurs parlent de son oeuvre sur le Net...