Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]

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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   ramuz - Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 13 EmptyMer 9 Fév 2011 - 23:05

aaaah... ça fait plaisir à lire ! surtout que celui-ci m'attend encore. Et tu résumes, je crois, très bien le personnage et son écriture.

et ça te laisse pas mal de belles lectures pour le futur.
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Arabella
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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   ramuz - Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 13 EmptyVen 11 Fév 2011 - 19:36

Bon, je vais quand même me décider pour écrire quelques lignes sur La grande peur dans la montagne. dentsblanches

Ce qui est drôlement pratique c'est que le livre a déjà été résumé et commenté, je n'ai plus qu'à rajouter quelques petites impressions personnelles. Le récit (pour ceux qui ne suivent pas) est une sorte de film roman d'horreur : un pâturage dans lequel il y a une vingtaine d'années des terribles évènements ont eu lieu et évité depuis, un ambitieux Président pourvu d'un cousin cupide, des petits jeunes qui ont élu le Président et qui ne croient pas aux histoires racontées par les Vieux. Et voilà le village décidé à occuper de nouveau le Pâturage maudit. L'expédition part et nous savons par avance que cela va aller mal pour tout ce petit monde.

Malgré ce qu'on pu craindre certains, je ne suis pas vraiment réticente au style de Ramuz. Ces répétitions, lenteurs, s'accordent finalement très bien au contexte de son roman. On les voit ces paysans au pas lourd, ces bêtes tirant leurs charges dans la terre un peu collante, le rythme du sentier de montagne, ces montées que l'on doit prendre à une vitesse raisonnable. L'écriture nous ramène à ce paysage et à ces hommes et finalement c'est ce que j'ai trouvé le plus intéressant dans le livre.

Parce que l'histoire, elle n'a pas vraiment d'intérêt. Cela ne fait même pas peur. On sait à l'avance que cela va mal se finir, Ramuz nous dit d'ailleurs qu'il ne reste plus qu'un jour à un moment donné. Et comme on ne peut pas non plus dire qu'il approfondi les personnages, il n'y a pas vraiment de points d'accroches dans le récit. Le personnage satanique de Clou, à priori intéressant, et bien je trouve que l'auteur n'en fait rien. Et tout le reste est à l'avenant, approximatif.

Du coup je ne sais pas si j'ai envie d'aller plus loin avec l'auteur.
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rivela
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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   ramuz - Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 13 EmptyVen 11 Fév 2011 - 20:02

Il faut penser que le personnage principal est la montagne, que par une force que les hommes ne peuvent comprendre ( ils pensent au Diable) elle décide du sort de ces hommes qui sont vennus.

Bon je te comprend un peu, pour moi ce n'est pas mon préféré je dois dire. Si un jour tu veux refaire un essai prend Derborence celui-là il te convaincra autant pour les personnages que pour la montagne.
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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   ramuz - Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 13 EmptyVen 11 Fév 2011 - 22:36

décidément il y a toujours ce piège du cadre du film horrible auquel il est très difficile d'échapper et rend ce livre encore un peu plus hybride.

pour les personnages il est fort probable que tu retrouves la même impression, au moins en un sens, de mal dégrossi. c'est quand même à contrebalancer par la très forte présence de la collectivité... et des nuances, et quelques beaux personnages.

je te rejoins sur la frustration en ce qui concerne Clou, d'autant que plus ça va, plus j'apprécie les ramuziens personnages d'oiseaux de mauvais augure et leur place souvent ambigüe et révélatrice sur plusieurs plans : rapport à la croyance et l'extension marginale à la communauté.

je pense qu'il faut en tenter au moins un autre (parce que... vraiment je crois qu'il a fait ce qu'il devait faire) et que ça te plaise plus ou non lire Paris, notes d'un Vaudois. (et d'autres textes aussi en dehors des récits/romans sans doute mais je ne connais pas encore assez).

C'est en lisant La guérison des maladies après La grande peur dans la montagne que j'ai été frappé. Cet état, comme toute (autre) "rencontre" avec un écrivain qui nous marque profondément, restera probablement une balise dans mon parcours de lecteur, et ce bien que ce qui la constitue je ne le trouve encore que petit à petit.
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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   ramuz - Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 13 EmptyVen 11 Fév 2011 - 23:02

Arabella a écrit:
Parce que l'histoire, elle n'a pas vraiment d'intérêt. Cela ne fait même pas peur. On sait à l'avance que cela va mal se finir, Ramuz nous dit d'ailleurs qu'il ne reste plus qu'un jour à un moment donné. Et comme on ne peut pas non plus dire qu'il approfondi les personnages, il n'y a pas vraiment de points d'accroches dans le récit. Le personnage satanique de Clou, à priori intéressant, et bien je trouve que l'auteur n'en fait rien. Et tout le reste est à l'avenant, approximatif.

Du coup je ne sais pas si j'ai envie d'aller plus loin avec l'auteur.
Ouf, je ne suis plus le seul avec un avis mitigé sur ce livre rire

Je tenterai peut-être bien un autre Ramuz un jour, d'ici là j'aurai le temps de me décider pour le titre...
Ramuz est dans la Pléiade, je me dis qu'il doit me manquer quelque chose, comme pour Tunström dont tout le monde dit du bien et pourtant je n'ai pas accroché à son Oratorio de Noël.
Franchement, parfois, ça fait se poser des questions, en dehors du "j'ose critiquer un bouquin que les autres aiment". On n'est bien sûr pas là pour dire du mal gratuitement de livres que d'autres ici ont aimé... C'est vraiment mystérieux, le fait qu'on accroche ou pas, qu'on trouve des choses qui nous touchent ou qu'on trouve profond, la psychologie qu'on trouve bateau ou bien vue, un style qu'on trouve admirable ou quelconque, une histoire qu'on trouve prenante ou sans intérêt... scratch
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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   ramuz - Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 13 EmptySam 12 Fév 2011 - 0:49

Oui, c' est une conclusion très raisonnable !
D' autant que Ramuz ne cherche visiblement pas à plaire ni à séduire, son style est un cheminement
parfois obscur et quelques fois rebutant.
Mais comme l' a très bien dit Rivela, l' histoire est parfois moins importante que les éléments naturels, cosmiques...
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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   ramuz - Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 13 EmptySam 12 Fév 2011 - 8:13

C'est vraiment bizarre eXPie, je n'aime pas Tunström non plus. dentsblanches

Quand à Ramuz peut être une tentative un jour, parce que le style m'a intéressé, mais vraiment dommage qu'il ne soit pas contenté d'observer cette communauté et la montagne, plutôt que plaquer cette histoire de grande peur, pas du tout crédible et même pas effrayante.
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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   ramuz - Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 13 EmptySam 12 Fév 2011 - 13:32

tu mets le doigt à la fois sur la manque perçu de la grande peur et sur une des bases de Ramuz qui est le lien entre la communauté (et pas une communauté) et le monde ou la nature par l'intermédiaire souvent d'une croyance (donc le mélange d'habitude, de rite quotidien et de croyance proprement dite). Base sur laquelle il ajoute ou injecte l'individu et son pouvoir, à moins que ce ne soit une extraction ? Il me semble que c'est un des sens de sa modernité.

la grand peur on ne peut malheureusement la lire qu'en la cherchant effrayante alors que l'inquiétude, la grande inquiétude est peut-être ailleurs... il parvient souvent à dégager la plus belle grandeur de apparemment dérisoire ou banal (ou commun pour ne pas trop trahir le propos) en le traitant avec le plus grand respect et le plus grand sérieux.
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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   ramuz - Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 13 EmptyVen 18 Fév 2011 - 22:08

je ne crois pas que nous l'ayons déjà postée, pas forcément très originale mais concise interview : «Pour Ramuz, l'écrivain est un artisan» - Doris Jakubec, directrice de l'édition des romans de Ramuz dans la Bibliothèque de la Pléiade, esquisse pour swissinfo un portrait de l'écrivain vaudois.
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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   ramuz - Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 13 EmptySam 19 Fév 2011 - 11:09

Déjà mise à la page 3 cette interview
Bon puisque je suis là un petit poème en guise d'intermède

Jean-daniel

Ce jour-là, quand je t'ai vue,
j'étais comme quand on regarde le soleil ;
j'avais un grand feu dans la tête,
je ne savais plus ce que je faisais,
j'allais tout de travers comme quelqu'un qui a trop bu,
et mes mains tremblaient.
.
Je suis allé tout seul par le sentier des bois,
je croyais te voir marcher devant moi,
et je te parlais,
mais tu ne me répondais pas.
.
J'avais peur de te voir, j'avais peur de t'entendre,
j'avais peur du bruit de tes pieds dans l'herbe,
j'avais peur de ton rire dans les branches ;
et je me disais : "Tu es fou,
ah ! si on te voyait, comme on se moquerait de toi ! "
Ca ne servait à rien du tout.
.
Et, quand je suis rentré, c'était minuit passé,
mais je n'ai pas pu m'endormir.
Et le lendemain, en soignant mes bêtes,
je répétais ton nom, je disais : "Marianne..."
Les bêtes tournaient la tête pour entendre ;
je me fâchais, je leur criais : "Ca vous regarde ?
allons tranquilles, eh ! Comtesse, eh ! la Rousse."
et je les prenais par les cornes.
.
Ca a duré ainsi trois jours
et puis je n'ai plus eu la force.
Il a fallu que je la revoie.
Elle est venue, elle a passé,
elle n'a pas pris garde à moi.
.
II
.
Les amoureux, c'est pour les filles
comme un écureuil dans un arbres ;
elles s'amusent à le voir grimper :
sitôt qu'il est loin, il est oublié.
.
Elles ne pensent qu'à des bagues,
à des chapeaux, à des colliers ;
qu'est-ce que ça leur fait qu'on souffre ?
Sitôt qu'on est loin, on est oublié.
.
C'est des miroirs à alouettes,
ça brille de loin, mais, quand on est près,
ça n'est plus rien que des morceaux de verre.
Il faut être bien fou pour leur courir après.
.
Ces filles, c'est comme des poupées
faites avec des ficelles et du carton ;
ça a des joues en porcelaine,
ça a le ventre plein de son.
.
Mais on a beau dire et beau faire,
on n'y peut rien :
quand on est pris, c'est qu'on l'est bien.

¤¤¤¤¤
Charles-Ferdinand Ramuz

Et encore un extrait de son journal

A la fin octobre 1943, CF. est victime d’une hémorragie cérébrale qui l’handicapera pour longtemps et lui fera vivre des moments de désespoir. Il décrit longuement dans le Journal sa lutte pour la récupération de ses moyens.
Citation :

3 mai 1944» : «Je m’applique. La peine que je prends fait que je n’ai plus de plaisir. Je m’applique : je ne vois plus rien qu’une multiplicité sans vie. Je m’aperçois que je ne fais qu’énumérer. Est-ce mon état ? Ou est-ce que j’ai simplement oublié que regarder est le contraire de voir. Que s’appliquer à faire empêche de faire. Qu’on ne <fait> guère qu’à son insu et malgré soi ?»

Citation :
«23 septembre 1944» : «Ruine - Je l’examine pour tâcher de voir ce que je puis encore en tirer. Infirme : la jambe, je ne peux pas faire cent pas sans être arrêté par d’affreuses crampes : impossibilité (et définitive, j’en ai peur) de sortir de chez moi. Impotent : la main gauche restée maladroite et peu libre de ses mouvements (et, j’en ai peur, pour toujours). Enfin privé de tout plaisir : ces vifs mouvements de joie que je tirais de tout et qui étaient l’occasion, chaque fois, de tout un réveil intérieur, cause lui-même d’inspiration ; rien, une fleur, une couleur sur le mur, une musique, un chant d’oiseau : eh bien, maintenant, j’y reste insensible ; une espèce de bizarre indifférence aux choses et aux événements (qui, j’en ai peur, risque bien d’être définitive elle aussi). C’est la plus fine pointe de mes sens et de ce qui utilise la sensation, qui est émoussée. Il n’y a plus contact direct : il y a comme une très mince feuille de papier de soie entre moi et ce que je touche. Elle suffit pour que je ne perçoive plus avec fraicheur. Et puis j’ai perdu la mémoire ; et puis je ne retrouve plus mes mots : d’où l’impossibilité (définitive ?) de travailler. Les essais que j’ai faits ont été désastreux. Faut-il essayer de nouveau ? Faut-il quand même et désespérément tâcher de tirer parti de ma destruction même ?
Pluie fine et froide. Septembre désastreux. Octobre menace de l’être plus encore. Plus de charbon, pas de feu.
Humilité, car je suis sans cesse humilié et je le supporte mal. Humilié d’être arrêté brusquement en pleine marche par une crampe. Humilié, d’autre part, si je prends des précautions, de marcher à petits pas, avec une canne, comme un vieillard. Je n’ai jamais consenti à être vieux ; je veux faire le jeune homme. Humilié par ma figure, mes rides, mon vêtement même, rabaissé au-dessous de moi-même, et bien plus au-dessous encore de celui que je voudrais être. D’où un sentiment d’infériorité, qui a tôt fait de me convaincre, et d’avance, que je ne puis rien faire de bon.
23 septembre 1944» : «Peut-être commencer, et désespérément, par griffonner des notes au jour le jour dans ce cahier. N’importe quoi, mais écrire. Obliger quand même sa main à un mouvement machinal. Mettre des lignes sous des lignes. Se donner l’illusion de faire quelque chose. Peut-être que de là, avec beaucoup de patience, de persévérance et d’humilité pourrai-je m’élever à mieux. Et je n’en suis pas moins attaché à la vie.>

Citation :
«3 décembre 1944» : «Je vois avec anxiété cet être qui s’est installé en moi, qui n’est pas moi, qui habite mes dedans et qui cependant ne communique avec l’extérieur que par mon truchement, me trahissant ainsi sans cesse. Car ce qu’il dit et ce qu’il fait, on l’estime dit et fait par moi, et ce n’est pas moi – c’est quelqu’un d’autre qui n’est pas moi. […] Un être plein d’imaginations maladives, à quoi il me force de participer, bien que je me refuse à y croire. Un être qui n’obéit plus qu’à un seul sentiment, c’est la peur, et j’ai beau lui résister, il m’entraîne à ses paniques. Un être veule, pour qui le moindre geste représente un effort qu’il est incapable de fournir et je proteste, mais l’imite. […] Un être qui est comme ces démons dont parle l’Ecriture et dont je serais la tanière dont il s’agirait de le débusquer, mais il y faudrait un Sauveur.»


Citation :
«31 décembre 1944» : «Sinistre. Une mauvaise année derrière moi. Et une plus mauvaise encore, sans doute, devant moi.»
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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   ramuz - Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 13 EmptyDim 20 Mar 2011 - 18:53

J’ai découvert Ramuz grâce à Rivela qui m’a donné deux oeuvres à lire lors d'un échange de romans helvético-nippons.

Les Servants et autres nouvelles
J’ai commencé avec ce recueil de nouvelles publié en 1946, donc à la fin de la vie de Ramuz et au sommet de son art littéraire. J’aime bien les nouvelles en général et je dois dire que celles-ci sont vraiment bien écrites et construites.
Chaque histoire se suffit à elle-même mais semble aussi être une tranche de vie échappée d’un roman plus vaste qui dépeindrait la vie d’une communauté villageoise montagnarde.
Ce sont souvent les drames dus à une existence difficile et un environnement naturel rude qui sont évoqués, chutes en montagne, accident de bucheron, mais aussi le désordre et la violence des sentiments, ceux d’une femme rendue folle par le départ de son amant, ceux de garçons qui convoitent des filles inaccessibles…
Ramuz nous fait toujours entrer et sortir de façon un peu abrupte de ces histoires, comme pour nous faire sentir qu’elles avaient commencé sans nous, et continuerons de même sans nous. Il y a donc pas mal de non-dit mais son écriture évocatrice et surtout son talent de conteur font rapidement prendre vie aux personnages, aux décors, aux ambiances. J’ai souvent lu ailleurs que son style était décrit comme rude ou rugueux, mais je ne l’ai pas ressenti de cette manière. Ces répétitions, ces changements de temps fréquents (passage du passé au présent) donnent comme une sorte de rythme au récit qui capte l’attention du lecteur, le replace sans arrêt dans le présent et la réalité de l'histoire. Un rythme un peu irrégulier et surprenant pour qui n’est pas habitué mais plutôt efficace. Pour le reste, c'est une belle écriture saisissante, poétique et même harmonieuse j'ai trouvé.

Aline
Ce court roman se situe à l’autre extrémité de la chronologie ramuzienne puisque qu'il a été écrit en 1906. Aline, sage jeune fille de 17 ans, vit de manière simple avec sa mère veuve. Un jour d’été, elle cède aux avances de Julien, fils d’un riche propriétaire terrien. Pour lui, coureur de jupons du village, il ne s’agit que d’une aventure et il va délaisser rapidement la pauvre et naïve Aline, mais elle, elle en est tombée passionnément amoureuse.
C’est une tragédie banale en somme, Ramuz reprend le thème vieux comme le monde de la fille séduite et abandonnée qui sombre dans la folie et la déchéance, fille-mère jugée et rejetée par une communauté villageoise bien-pensante.
Sous une autre plume, un tel drame aurait facilement pu virer au mélo. Ici rien de tel, et c’est une histoire qui m’a bien touchée et que j’ai lue d’une traite. C’est d’ailleurs étonnant comme l’écriture de Ramuz, qui semble concise et parfois même un peu sèche, arrive à émouvoir, probablement car elle retranscrit avec vérité les états d’âme et tourments de ses personnages. J’ai cru lire ailleurs que Ramuz avait été taxé de misogynie, or ici son analyse de la psychologie féminine sonne juste et semble prouver le contraire. A sa manière un peu sèche, on sent même sa compassion pour son héroïne.
La nature est également décrite de manière très évocatrice, et on peut ressentir les différentes ambiances des saisons d’une histoire qui s’étale sur une année, d’un été à l’autre. Un roman plutôt bien maîtrisé, dont on ne devinerait pas qu’il s’agit d’une œuvre de jeunesse, mais je connais encore mal Ramuz. Donc ça m'a bien donné l'envie de continuer la découverte de son oeuvre, merci Rivela ! bonjour
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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   ramuz - Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 13 EmptyDim 20 Mar 2011 - 19:41

Citation :
J’ai souvent lu ailleurs que son style était décrit comme rude ou rugueux, mais je ne l’ai pas ressenti de cette manière. Ces répétitions, ces changements de temps fréquents (passage du passé au présent) donnent comme une sorte de rythme au récit qui capte l’attention du lecteur, le replace sans arrêt dans le présent et la réalité de l'histoire. Un rythme un peu irrégulier et surprenant pour qui n’est pas habitué mais plutôt efficace. Pour le reste, c'est une belle écriture saisissante, poétique et même harmonieuse j'ai trouvé.
Bon commentaire et analyse pertinante du style. D'ailleurs je partage ton commentaire écrit ci-dessus.
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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   ramuz - Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 13 EmptyDim 20 Mar 2011 - 19:46

Merci à toi pour la découverte!
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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   ramuz - Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 13 EmptyVen 15 Avr 2011 - 19:57

La beauté sur la terre

Une écriture qui désarçonne, pointilliste et saccadée. Ce sont des bribes d'émotions, un contraste violent entre l'univers de Juliette, jeune orpheline cubaine, qui découvre un continent, un mode de vie et un quotidien ; et le regard d'êtres attachés à leur terre, à une stabilité que la jeune fille ne peut que bousculer et détruire. Les racines familiales reliant Juliette à ces paysages s'écroulent bien vite face au constat de sa solitude.
Elle semble insaisissable, dans sa fierté, son indépendance, mais devient consciente du tumulte des réactions qu'elle provoque. Chaque protagoniste est emporté vers une fuite en avant, affronte une remise en cause de ses valeurs et de ses certitudes.
Ramuz saisit alors une suite d'instantanés, par des séquences d'une brutale sincérité qui cernent une déchirure et interrogent les rapports entre homme et nature. Car l'introduction de Juliette a bouleversé un équilibre et la sérénité d'une vision du monde.
Un roman très intéressant, même s'il m'a manqué la pureté d'expression que j'avais pu trouver dans Vie de Samuel Belet.
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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   ramuz - Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 13 EmptyVen 15 Avr 2011 - 21:13

Tu as fais un bon commentaire sur ce livre. Je l'aime bien cette histoire de cette jeune demoiselle qui rien que part sa présence tout de même très discrète fait autant réagir les gens de ce vilage, et je comprend aussi ta préférence pour Samuel que je partage aussi.
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MessageSujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse]   ramuz - Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] - Page 13 Empty

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